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EAN : 9782715232723
128 pages
Le Mercure de France (17/01/2013)
3.83/5   9 notes
Résumé :

Ville de plaisir et de pensée, de rêves et de croyances, Kyoto est un site à la fois moderne, traditionnel, mythique et sacré, où l'art reflète et transfigure les charmes enchanteurs de la nature.

Avec ses 1600 temples bouddhistes, ses 400 sanctuaires shinto et d'innombrables jardins, Kyoto est un condensé de la culture japonaise. C'est le centre de la cérémonie du thé, où Sen no Rikyû formalisa, au XVIème siècle, la version moderne du rituel... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le goût de Kyoto c'est la quintessence du Japon.
J'ai commencé mon voyage, un mois avant de partir, avec ce livret. En finissant de le lire quelques heures après mon retour.
Une incursion japonaise se prépare. Par son aspect pratique bien sûr, mais aussi par sa matière spirituelle.

Je ne cherche pas à suivre la même orientation mystique. En revanche, je souhaite y trouver mes propres sensations basées sur la connaissance de l'autre.
Grâce à ce recueil initiatique où poésie, fables et nouvelles sont enrichies par l'appréciation de l'auteur, j'ai pu faire preuve d'une meilleure observation à la rencontre de cette région. Certains passages peuvent paraître naïfs, et c'est avec un grand respect que j'envisage notre différence. J'aurais juste attendu de Allen S. Weiss davantage d'anecdotes personnelles, basées sur son expérience, au-delà de sa culture élancée qui propose un ensemble de textes choisi avec affection. Avec sa gueule à faire rosir les joues d'une belle-mère, j'espérais plus de profondeur et de générosité.

J'y ai constitué un goût de Kyoto très intime.

Kyoto, havre de paix, m'a accueillie avec beaucoup de délicatesse.
Kyoto est faite de rencontres, de regards, de sourires, de contrastes, d'excès, de sons, de gestes raffinés, de saveurs délicates, d'effluves herbacées, de couleurs vives, de remerciements et de salutations.
Le Japon est gorgé de codes.

Les japonais aiment leurs touristes et viennent spontanément vous demander si vous avez besoin d'aide. Je me suis vue accompagner au métro par une étudiante qui s'exprimait dans un anglais parfait. Je lui ai dit, elle était enjouée !
Ce type de situations est fréquent au Japon. En revanche, il n'y a qu'en ville où l'anglais est fluide pour vous faciliter le parcours. À la campagne, c'est déjà beaucoup plus compliqué.

Des échanges, avec les serveurs, dans les restaurants, dans les bars. Concentrés sur leur tâche, ils ne manqueront pas de vérifier avec tact et discrétion si vous ne manquez de rien.
Un serveur qui m'observe du coin de l'oeil, droit comme un i, et qui finit par me demander ce que j'écris. Je lui parle de Babelio, lui explique. Ah, oh ! J'ai senti un grand enthousiasme.

Le compliment d'un homme japonais à ma gauche dans un des meilleurs établissements de la ville, pour me féliciter sur mon port de baguettes.

Des lèvres qui dessinent un léger sourire avec un hochement de tête élégant, pour vous saluer et vous remercier d'apprécier leur culture. de la bienséance.

Des saveurs inégalables à vous parfumer le palais pour la nuit des temps. Un feu d'artifice de matières généreuses qui vous explosent en bouche. Des yeux qui pétillent par tant de beauté et de charme. Kyoto c'est le caviar du Japon.

Une pause entourée de chats à la sortie d'un temple. Une chatte qui se faufile dans mes jambes et ronronne. Un matou blessé qui me crache dans le doute, puis se confond en clignements de paupières et me contemple avec douceur.
Assise au sol avec eux le temps d'une rencontre.

Cinq minutes aux côtés d'une Geisha qui engloutit une huître mutante deux fois plus grosse que la numéro 1 de nos côtes françaises. Son pied qui me frôle pendant que je déguste un oursin sur le marché.

Des jeunes filles qui portent la chaussette en ballerines, en sandalettes ou en tennis. Des chaussettes colorées, couturées de dentelle, d'étoffe transparente, de broderie, de pompons et égayées de dessins.
En contraste avec des femmes et des hommes Rock'n'roll, lookés "gothique" à l'extravagance, à rendre jalouse Nina Hagen et à faire suffoquer Marilyn Manson.

De la discipline, les uns derrière les autres, à l'entrée d'un bus, d'un escalator, au passage piéton, à la sortie du métro. de la courtoisie. Mais aussi de la soumission aux règles qui laisse peu de place à la spontanéité.

Des arbres sonores, des branches qui frétillent, des oiseaux qui vous étourdissent par leur chant perçant. Des animaux et des fleurs qui vivent autour de vous.

Des points d'eau pour la purification avant la prière. Les japonais sont une grande source d'inspiration.
Regardez-les vivre et agir. Puis osez. Écoutez, ouvrez les yeux, respirez, vous êtes au Japon.

Un photographe sur le marché, accompagné de sa douce, appréciant un repas de sashimis sur la même rangée que moi.
Il me demande élégamment s'il peut me prendre en photo. Il sourit. Il revient cinq minutes plus tard, en me disant : "look, you are so beautiful".... Who ? Me ?
Sa jeune et ravissante compagne qui laisse échapper une petite larme quand je découvre le cliché. de ma vie, c'est la plus belle photo que j'ai de moi. Un cadrage parfait, une distance absolue, le flou d'un arrière plan toute en finesse, une netteté centrale irréprochable. Et surtout, il a réussi à capter une âme, une présence, la paix intérieure qui m'est si chère. Je ne savais pas que j'avais un si joli sourire. Il m'a envoyé sa prise sur mon adresse mail avant de me saluer pour s'éclipser.
A Kyoto, je me suis sentie être humain, avant d'être une femme. Je suis femme dans les bras de mon amant. En public, le genre devrait s'effacer au profit du respect.

Kyoto, such a beautiful angel. With love. Celine-Ludmilla.

Lu du 31 juillet au 5 septembre 2019.
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Fidèle au concept de la collection "Le goût de", ce petit ouvrage regroupe divers textes sur l'ancienne capitale Kyôto. Les articles émanent de plumes japonaises ou internationales et sont classés selon une thématique et sont accompagnés de quelques commentaires.

Si la ville est présentée au départ comme une cité des traditions, des arts, de la culture mais également tournée vers l'avenir, j'avoue n'avoir guère ressenti la modernité de kyôto au-travers des textes.
D'autres textes, par trop philosophiques, m'ont laissée sur le bord de la route, faute de clés de compréhension suffisantes.

Je me suis amusée avec toutes les nuances des mots japonais signifiant pluie, j'ai rêvassé en compagnie de Dame Murasaki et de Dame Sei Shônagon, je me suis promené avec délices le long du chemin des philosophes, ...

Bref, cet ouvrage propose une petite balade littéro-touristique assez agréable. Mais je ne le trouve pas indispensable. du moins est-ce mon avis, qui vaut ce qu'il vaut;
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Il y a quelques temps, j'avais trouvé par hasard "le goût du noir", petite anthologie de textes disparates sur le thème du noir ( en peinture en particulier, mais aussi en littérature).

Il s'agit en fait une collection de très nombreux florilèges, et j'avais repéré entre autre "le goût de Tokyo" et "le Goût de Kyoto". Kyoto m'intéressant plus, lorsque je l'ai trouvé par hasard, j'ai sauté sur l'occasion.

Un petit recueil donc, 125 pages pas plus, qui regroupe des extraits d'oeuvres connues ou moins, d'auteurs Japonais ou non, sur la ville de Kyoto. Réelle.. ou rêvée, d'ailleurs
Articulé autour de 3 thèmes: les saisons, les jardins et la culture, certains textes font directement référence à la ville et à certains de ses lieux précis ( la philosophe Chantal Thomas qui parle de sa découverte du chemin de la philosophie - tetsugaku-no michi- un chemin un peu à l'écart de la ville, très agréable. Ou Paul Claudel qui évoque sa visite au Ryoanji ( mais décidément non, je n'accroche absolument pas à son écriture). Ou encore Kyoto, de Kawabata Yasunari. Mishima évoque l'incendie du Pavillon d'or en 1950.
D'autres sont plus vagues et parlent du thé et de sa cérémonie, de la poterie dédiée à cette cérémonie, de l'art des jardins secs, du nô, ou de la cuisine kaiseki. Tous arts encore bien présents et pratiqués à Kyoto, mais pas exclusivement.
Certains sont encore plus généraux ( le géographe Augustin Berque relève l'abondance de noms pour désigner la pluie en japonais, selon la saison, l'heure, la densité de la pluie...), ou parle des lieux communs- à tous les sens du terme- de la littérature: telle montagne devenue une référence qui évoque plus un texte qu'un lieu réel. Sasaki Sanmi qui propose l'almanach des fleurs de chabana ( un ikebana spécialement destiné à venir orner la cérémonie du thé) et pourraient figurer dans une anthologie sur le Japon.

Très drôle, l'extrait de "cinq amoureuses" de Ihara Saikaku... A votre avis, que font 4 amis, bambocheurs notoires, un soir de printemps au bord de la rivière Kamo au XVII° siècle? Exactement la même chose que nos contemporains: ils s'attablent dans un débit de boisson et débattent du physique des passantes qu'ils voient dans la rue (et même les notent!)
Preuve éclatante que " Ha les hommes.. ils ne changeront jamais!"

Un petit livre donc assez varié, plutôt sympathique dans son côté liste ( il fait d'ailleurs la part belle à celle qui a initié le principe de liste: Sei Shônagon, authentique résidente de la cour d'Heian, l'ancien nom de Kyoto, et à sa " rivale " et contemporaine en littérature Murasaki Shikibu, à qui l'ont doit "le dit de Genji" considéré comme le premier roman du monde) qui cite également Tanizaki, Etsujin, Nicolas Bouvier.. et bien sûr, Bashô. D'ailleurs il s'ouvre sur 4 haikus des saisons et se clôt sur son tout dernier texte.

(pour l'article illustré, suivre le lien ci dessous)
Lien : http://purplenosekai.blogspo..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Ugetsu (la pluie et la lune)

Un soir, pendant un de ses longs voyages, le poète Saigyô arriva devant une maison solitaire et délabrée au fond de la forêt, là où habitait un vieux couple. Il leur demanda de lui faire la faveur de le loger pour la nuit, mais le vieil homme répéta avec insistance que leur logement serait indigne de lui, tandis que sa femme, voyant que le voyageur était un moine bouddhiste, voulait l'accueillir. À vrai dire, leur but n'était pas du tout apte à recevoir qui que ce soit, [...] alors que la vieille dame aimait tellement le clair de lune qu'elle ne voulait pas faire réparer un grand trou dans le toit, son mari, au contraire, adorait écouter la belle musique de la pluie sur le toit [...]. Fallait-il choisir la lune ou la pluie ? L'automne, la plus belle saison pour contempler la lune, était arrivé. Mais c'est également la saison des douces pluies. Étant donné ce désaccord, il ne serait pas possible de recevoir un étranger, alors ils s'exclamèrent :
Notre humble hutte,
Faut-il la couvrir de chaume ou non ?
Saigyô répondit : "Voilà un poème à moitié composé !" Ce à quoi ils répondirent : "Si vous connaissez la poésie, complétez la strophe et en échange nous vous logerons". Sans hésitation il continua :
Le clair de lune doit-il ruisseler ?
La pluie doit-elle crépiter ?
Nous sommes partagés,
Et cette humble hutte,
Faut-il la couvrir de chaume ou non ?
Ainsi se fit-il inviter à passer la nuit, et au fur et à mesure que la nuit avançait, la lune brillait de plus en plus fort, illuminant les montagnes lointaines et entrant jusque dans la pièce. Et tout d'un coup il entendit l'orage qui approchait. Mais non, c'était des feuilles mortes qui fouettaient le toit, sous un ciel toujours clair. Une averse de feuilles au clair de lune.
Saigyô s'endort, le couple disparaît, et dans un rêve un "kami" (esprit) lui révèle qu'en fait le vieil homme est le dieu de Sumiyoshi, et par l'intermédiaire d'un prêtre possédé il lui divulge les secrets de la poésie.

Komparo Zenchiku (1405-1470)
Adapté par Allen S. Weiss
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Choses inspirantes

Au printemps, c'est l'aurore que je préfère. La cime des monts devient peu à peu distincte et s'éclaire faiblement. Des nuages violacés s'allongent en minces traînées.
En été, c'est la nuit. J'admire, naturellement, le clair de lune ; mais j'aime aussi l'obscurité où volent en se croisant les lucioles. Même s'il pleut, la nuit d'été me charme.
En automne, c'est le soir. Le soleil couchant darde ses brillants rayons et s'approche de la crête des montagnes. Alors les corbeaux s'en vont dormir, et en les voyant passer, par trois, par quatre, par deux, on se sent délicieusement triste. Et quand les longues files d'oies sauvages paraissent toutes petites ! C'est encore plus joli. Puis, après que le soleil a disparu, le bruit du vent et la musique des insectes ont une mélancolie qui me ravit.
En hiver, j'aime le matin, de très bonne heure. Il n'est pas besoin de dire le charme de la neige ; mais je goûte également l'extrême pureté de la gelée blanche ou, tout simplement, un très grand froid ; bien vite, on allume le feu, on apporte le charbon de bois incandescent ; voilà qui convient à la saison. Cependant, à l'approche de midi, le froid se relâche, il est déplaisant que le feu des brasiers carrés ou ronds se couvre de cendres blanches.

Sei Shônagon
Dame de compagnie de l'Impératrice (966-1013)
Notes de chevet
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Pour réussir les nuages, le secret réside dans le pinceau-encre. Il faut manier le pinceau de façon extrêmement légère et rapide. Il faut que les effets de l'encre soient variés, tantôt secs, tantôt mouillés. L'encre est "mouillante" pour suggérer le "pied" des nuages, lequel s'efface peu à peu sans plus laisser de trace. L'encre est "frottante" pour montrer la "tête" des nuages qui semble à la fois avaler et cracher. Que les traits tracés soient capables d'épouser toutes les formes de nuages, de ceux qui s'arrêtent au-dessus d'une vallée comme pour l'inspirer, de ceux qui voguent vers le pic lointain comme pour l'embrasser.

T'ang Tai. Nuages et montagnes.
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La cascade sèche

Graham Parkes est philosophe, spécialiste de Nietzsche et de la philosophie japonaise. Sa description de Saihô-ji souligne les aspects esthétiques et philosophiques de ce sublime jardin.

Au premier abord, la cascade sèche dans le jardin d'en haut à Saihô-ji donne l'impression d'être située dans un bosquet sacré ; un lieu emprunt d'une spiritualité naturelle. Les tensions, que créent autant la voûte des arbres alentours qui s'élance vers le ciel que la densité anguleuse portée par l'assemblement des rochers, entre immobilité de la pierre et dynamisme de la composition en étage, imprègnent ce lieu d'une puissance presque surnaturelle.
[...] Le jardin supérieur manifeste plusieurs antinomies. En tant que cascade sèche, l'ouvrage rend étrangement présente une eau qui est en fait absente. Plusieurs des plus gros rochers comportent stries verticales où les rainures créent l'illusion de la cascade. [...]
Si l'on peut s'arranger pour contempler le jardin dans la solitude par un jour sans vent, on s'aperçoit que le silence presque total est de temps à autre rompu par le rugissement assourdissant d'une cascade qui n'est pas là ! [...]
C'est peut-être l'évocation d'une absence à travers deux dimensions sensorielles en même temps qui rend compte de l'étrange pouvoir de la cascade sèche.
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Au pied des cerisiers.

Ils arrivèrent au Hashudono, "le palais sur le pont". [...] Comme le disait son appellation exacte : "le pavillon de sérénité". [...]
Le regard survole l'étang, pour se perdre en une contemplation du jardin dans sa plénitude. En vérité non, car le jardin n'existe pas sans l'étang.
[...]
- Shin.ichi, Shin.ichi ! Ici ! dit Chieko, s'asseyant la première, et elle lui désigna une place à sa droite. [...]
Le faisant s'asseoir, elle se leva. "Je vais acheter de la nourriture pour les carpes."
Revenue, elle en jeta dans l'étang. Les carpes affluèrent aussitôt, quelques-unes, dans leur précipitation, soulevant les autres hors de l'eau. Un cercle de petites vagues s'élargit. Le reflet des pins et des cerisiers tressaillit.
[...]
Ils restèrent ainsi un long moment, assis. Shin.ichi fixait la surface de l'eau, le visage serein.
"À quoi penses-tu ? Entendit-il Chieko lui demander.
- Heu, à rien. Il y a des moments de bonheur où l'on ne pense à rien, tu ne crois pas ?

Kawabata Yasunari (1899-1972)
Prix Nobel en 1968.
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