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EAN : 9782914388061
165 pages
Max Milo (15/03/2001)
4.21/5   7 notes
Résumé :

Ce texte étonnant d'audace et presque provocateur connut un succès extraordinaire durant tout le XVllle siècle. Il fut édite dans toute l4Europe, on le recopia à la main des dizaines de fois. la reine Christine de Suède offrit une petite fortune pour en obtenir un exemplaire et l'on discuta sans fin de l'auteur probable. On l'attribua même à Frédéric II de Prusse. La police parisienne. alertée. finit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Merci tout d'abord à Babelio et aux éditions Mad Milo pour m'avoir envoyé ce livre dans le cadre de Masse Critique.

"En ce monde, trois individus ont corrompu les hommes, un berger, un médecin et un chamelier".

Réédité chez Max Milo en 2008, le Traité des trois imposteurs est un livre aux thématiques alors en vogue dans l'Europe du XVIIIe siècle et aux origines relativement incertaines, rapidement résumées dans une introduction signée de l'éditeur.
On dénombre plusieurs oeuvres sorties sous ce titre et, bien qu'une des versions porte la date de 1598, le premier Traité semble n'être apparu qu'au XVIIIe. Il n'était pas rare à l'époque que ce genre de littérature circule de façon plus ou moins clandestine, anonymement ou signée d'un faux nom. Rappelons, par exemple, que le Baron d'Holbach avait publié sa "Théologie portative" sous le nom de l'Abbé Bernier.
Le Traité des Trois Imposteurs nous intéressant ici a également circulé sous le titre "L'Esprit de Spinoza". L'auteur véritable est encore inconnu bien que certains noms ont été proposés, de façon plus ou moins crédible, comme ceux de Jean Vroesen, Frédéric II ou encore Spinoza lui-même.
Dans tous les cas, "Il ressort que le Traité des trois imposteurs apparaît comme une anthologie collective de la résistance à la religion dans l'Europe des Lumières. Spinoza n'en est que l'emblème mais il est néanmoins omniprésent."

Le Traité des trois imposteurs peut se découper en deux grosses parties, une première dans laquelle l'auteur énumère -et réfute- les motifs poussant les hommes à se forger des "dieux invisibles", met en avant les contradictions présentes dans les textes et présente la religion avant tout comme un système et un outil politique. Il avance ainsi que "l'ignorance a produit la crédulité, la crédulité du mensonge, d'où toutes les erreurs qui règnent aujourd'hui sont sorties" et que "ceux à qui il importait que le peuple fut contenu et arrêté par de semblables rêveries ont entretenu cette semence de religion, en ont fait une loi et ont enfin réduit les peuples, par les terreurs de l'avenir, à obéir aveuglément". L'auteur du Traité des trois imposteurs cherche donc avant tout à démystifier la religion afin de mettre en lumière son status de système, prompt à contrôler et manipuler les hommes, tout cela non sans une certaine ironie que n'aurait pas reniée le Baron d'Holbach quelques années plus tard.

Dans sa second partie, le livre s'attaque de façon un peu plus "frontale" aux trois prophètes et aux textes sacrés.
Ainsi, Moise est vu comme un habile politicien tyrannique, abusant des crédules, s'étant emparé de tout sous de "fausses apparences de justice et d'égalité", "faisant périr sans quartiers [les] esprits forts et n'épargnant aucun de ceux qui blâmaient son gouvernement".
Jésus comme un suiveur de Moïse qui "se fit suivre de quelques idiots, auxquels il persuada que le Saint-Esprit était son père et qu'une vierge était sa mère", et Mahomet comme un "fourbe", établissant sa Loi en débitant les nouveaux oracles qu'il recevait du ciel à une populace ignorante et n'hésitant pas à ensevelir un de ses fidèles serviteurs sous les pierres afin d'asseoir sa popularité.

Les chapitres suivants (XII à XVII) sont tirés mot pour mot des "Trois vérités" (1593), de "De la sagesse" (1601) par Pierre Charron, un théologien catholique accusé d'athéisme pour avoir défendu la tolérance religieuse, et des "Considérations politiques sur les coups d'états" (1639) par Gabriel Naudé. Ces passages ne sont pas repris dans les autres éditions du Traité des trois imposteurs que j'ai pu parcourir. Ils constituent, à mon sens, le gros point faible du texte car ne faisant que répéter ce qui avait déjà était dit plus tôt, le tout dans un style bien plus lourd et parfois assez pénible à lire, la faute en particulier à des locutions latines quasi incessantes et pas toujours traduites.
On notera également quelques considérations qui rappelleront que les auteurs les plus progressistes de l'époque n'étaient pas forcément de tous les combats, à l'image de Sylvain Maréchal et de son "Projet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes" paru en 1801. Ainsi, "[La superstition] est aussi populaire, vient de la faiblesse d'âme, d'ignorance ou méconnaissance de Dieu bien grossière ; dont elle se retrouve plus volontiers chez les enfants, femmes (pro devoto foemineo sexu), vieillards, malades, assaillis et battus de quelque violent accident. Bref, aux barbares."

Ne laissons toutefois pas ces quelques chapitres plus ou moins inutiles ternir cette lecture, le Traité des trois imposteurs étant une oeuvre n'ayant (malheureusement) rien perdu de son mordant.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de masse critique et je remercie Babelio et les éditions Max Milo de me l'avoir confié.
J'avoue, ce livre va dans le sens de mes convictions donc, par rapport au fond, je ne peux que partager l'opinion qui s'en dégage et en conséquence, je vais manquer d'objectivité dans cette critique. Je l'ai lu "cul sec" (pardonnez-moi l'expression) tant cet ouvrage m'a plu. Peut-être ne va t'il pas encore assez loin car il ne remet pas vraiment en cause la vie physique de Moïse et de Jésus sur le plan historique mais sachant qu'il date du 17e siècle, je ne peux lui en vouloir.
Le livre, dont l'auteur est certainement un "héritier" de Spinoza, s'étaye sur la philosophie antique et les écritures pour démontrer l'imposture des religions, des prophètes et de ceux qui, habilement, savent s'en servir pour imposer leurs lois et prendre le pouvoir. Il nous démontre que les religions ne sont que superstition et a pour vocation de nous aider à guérir de "cette maladie".
Un ouvrage profond, intelligent, courageux. Il se termine en apothéose, nous démontrant qu'il n'y a pas de vérité établie, que dieu tel que se l'imagine les dogmes et les hommes qui y adhèrent ainsi que la conception de l'âme immortelle n'est pas possible et qu'ils ne peuvent exister !
Si ce livre est, dans le contexte du 17e siècle, étonnant de modernité et qu'il fallut certainement bien du courage à son auteur pour oser l'écrire et le publier (même si cette publication semble anonyme et faite sous le manteau), on peut se demander si nous ne sommes pas en régression en ce 21e siècle ou la plupart des religions revendiquent encore un pouvoir d'éducation et un pouvoir moralisateur qui veut, à coup de censure, à coup de manifestation et de violence nous imposer leurs lois. Je pense qu'actuellement, vous écrivez le dixième de ce qui ce dit dans cet ouvrage sur Mahomet, vous avez droit à une fatwa, sur ce qui ce dit sur jésus, une tentative de censure de l'église et sur Moïse, une accusation d'antisémitisme.
Je pourrais résumer ce livre par cette phrase : "L'homme de bien est celui qui cherche la vérité et non celui qui se vante de l'avoir trouvé."
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique organisée par Babelio, et je suis heureuse d'avoir été sélectionnée pour lire et critiquer cet ouvrage.

Le titre provocateur de ce livre m'a d'abord fait penser qu'il s'agissait d'un ouvrage récent. Ce n'est en fait pas du tout le cas. le Traité des trois imposteurs a déjà plus de quatre siècles, étant donné qu'il est paru pour la première fois en 1712.
Qui en est l'auteur ? C'est un mystère, et je pense qu'il le restera encore longtemps, si ce n'est toujours. On suppose cependant qu'il connaît intimement l'oeuvre de Spinoza : dans sa version originale, le Traité était précédé d'une biographie de Spinoza, qui n'est pas reproduite dans cette édition.
En tout cas, ce mystérieux auteur ne prend pas de gants pour défendre sa thèse, provocatrice à l'époque et toujours maintenant. Selon lui (ou elle d'ailleurs, même si j'en doute), les religions ne sont que des tissus de mensonges utilisés par des manipulateurs et des politiciens cherchant à prendre ou conserver le pouvoir. Quatre exemples sont donnés pour défendre cette théorie : Moïse, Numa Pompilius, Jésus et Mahomet.
Le ton est volontiers provocateur. L'auteur commence par traiter Dieu de superstitions avant d'enchaîner sur la crédulité du peuple dont les hommes politiques (qui sont des manipulateurs, naturellement) abusent sans cesse pour en tirer le maximum.

Ce livre est profondément antireligieux, mais je ne pense pas que le débat théologique soit le plus important. L'intérêt premier de ce livre, selon moi, est qu'il aborde sans faux-semblants l'importance que la religion a eue, et a toujours dans certains pays, sur la vie politique d'un Etat. Elle a permis à des dictateurs d'asseoir leur pouvoir, elle a justifié des guerres et elle crée encore des divisions de nos jours. Et il faut bien admettre qu'on ne peut pas sous-estimer le rôle, direct ou non, qu'elle joue dans notre vie, surtout dans le contexte actuel.
En conclusion : un livre qu'il faudrait lire, ne serait-ce que pour se former un avis personnel sur le sujet.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ceux qui ignorent les causes physiques ont une crainte naturelle qui procède de l’inquiétude et du doute où ils sont s’il existe un Etre ou une puissance qui ait le pouvoir de leur nuire ou de les conserver. De là le penchant qu’ils ont à feindre des causes invisibles, qui ne sont que des Fantômes de leur imagination, qu’ils invoquent dans l’adversité et qu’ils louent dans la prospérité. Ils s’en font des Dieux à la fin et cette crainte chimérique des puissances invisibles est la source des Religions que chacun se forme à sa mode. Ceux à qui il importait que le peuple fut contenu et arrêté par de semblables rêveries ont entretenu cette semence de religion, en ont fait une loi et ont enfin réduit les peuples, par les terreurs de l’avenir, à obéir aveuglément.
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Comment, dis-je, peut-on comprendre que Dieu entretienne, conserve et laisse subsister le diable, pour lui faire du pis qu’il peut, pour le détrôner s’il pouvait, et pour détourner de son service ses élus et ses favoris ? Quel est le but de Dieu en cela ? Ou plutôt que veut-on nous dire, en nous parlant de diable et d’enfer ? Si Dieu peut tout et qu’on ne puisse rien sans lui, d’où vint que le diable le hait, qu’il le maudit et qu’il lui enlève ses amis ? Ou il est d’accord, ou il ne l’est pas ; s’il en est d’accord, il est certain que le diable en le maudissant ne fait que ce qu’il doit, puisqu’il ne peut que ce que Dieu veut, et par conséquent ce n’est pas le diable, mais Dieu même qui se maudit par la bouche du diable, chose à mon avis très absurde.
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Mais depuis que la crainte leur eut fait soupçonner qu’il y avait des dieux, et des puissances invisibles, ils élevèrent des autels à ces êtres imaginaires. Et renonçant aux lumières de la nature et de la raison, qui sont les sources de la vraie vie, ils se lièrent par de vaines cérémonies et par un culte superstitieux aux fantômes de leur imagination. C’est de ces liens sacrés, formés par la frayeur, que vient ce mot Religion, qui fait tant de bruit dans le monde.
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Ce qui rend le mal sans remède, c’est qu’après avoir établi les fades idées qu’on a de Dieu, on apprend au peuple à les croire, sans les examiner, et qu’on lui donne de l’aversion pour les véritables savants, qui pourraient lui faire connaître les erreurs où il est plongé. Les partisans de ces absurdités ont si bien réussi de ce côté-là, qu’il est dangereux de les combattre. Il leur importe trop que le peuple soit ignorant, pour souffrir qu’on le désabuse. Ainsi l’on est contraint de déguiser la vérité, ou de se sacrifier à la rage des faux savants et des âmes intéressées.
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Ainsi le peuple, toujours flottant entre l’espérance et la crainte, est retenu dans son devoir par l’opinion qu’il a que Dieu n’a fait les hommes que pour les rendre éternellement heureux ou malheureux. C’est cette opinion qu’ont fait naître l’espérance et la crainte, qui a donné lieu à une infinité de religions dont nous allons parler.
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