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EAN : 9782369145059
672 pages
Libretto (18/10/2018)
4.03/5   959 notes
Résumé :
Les Français avaient oublié ce roman, ancêtre de tous les thrillers, qui fascinait Borges et rendit jaloux Dickens (roman publié ici pour la première fois en version intégrale). Il nous révèle une sorte de "Hitchcock de la littérature" : suspens, pièges diaboliquement retors, terreurs intimes, secrètes inconvenances - rien n'y manque. Pourtant le chef-d'oeuvre de Collins n'a jamais cessé d'être dans les pays anglo-saxons un succès populaire: l'un des plus sûrs moyen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (200) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 959 notes
Monumental classique, auréolé d'un charmant voile de désuétude, comme peuvent l'être ces nombreuses oeuvres patrimoniales qui constituent le fond éditorial des éditions Phébus, ce que le lecteur Babelio ODP31 (observatoire de la décision publique de Haute-Garonne ?) souligne très bien dans sa critique. Cette riche collection possède une profondeur abyssale, et son exploration ridiculise le reflet superficiel d'arrière-garde qu'elle pourrait avoir…

Ici, c'est l'ancêtre du « thriller », de la Série Noire, voire de l'inénarrable genre qu'est le « cosy mystery » dont il est question, curieusement livré pour la première fois dans sa version intégrale.
J'ai eu beau chercher, impossible de trouver plus de détails sur la part restituée de l'histoire, l'ouvrage datant de l'ère victorienne (1860), et succès populaire oblige, ayant été très rapidement traduit dans de nombreuses langues.

Bien que d'une taille appréciable, son côté feuilletonesque en fait un roman dévorable rapidement, accentué par une forme alors d'une belle modernité, connaissant différents narrateurs écrivant de mémoire, comme panachage de points de vue d'un événement recouvert sous un certain voile de mystère.

Moderne, encore, car ponctué jusqu'à l'absurde de réflexions à visée féministe, Wilkie Collins amplement concerné par la question. Elles sont ici habilement voilées pour ne pas contrarier le rigide moraliste, qui prendra au premier degré les réflexions du personnage le plus futé de l'intrigue, une auto-proclamée « vieille fille » qui ne cesse de donner raison en parole à ses pairs de son infériorité naturelle, tout en incarnant en acte son contraire…
Cette critique sociétale sera menée de manière plus évidente dans ses oeuvres suivantes, comme « Sans nom », « Mari et Femme » ou « Armadale ».

« Feuilletonesque », « à sensation », car constitué d'une galerie de personnages assez caricaturaux, mais sans pour autant que la grosseur de trait ne bave de la page, comme cela peut arriver à certains de ses nombreux légataires, n'arrivant à trouver ce subtil équilibre propre aux canons de la « littérature populaire ».
Sarah Waters, par exemple, n'ayant toujours pas trouvé la bonne marque de buvard.

Coloré d'un léger voile gothique, l'intrigue pèche au final d'un peu de fantaisie, ainsi que d'un manque évident d'incarnation charnelle, pour pleinement attraper le lecteur ; son héros principal étant par trop médiocre, laissant au roman russe le monopole de la maitrise du jeune idéaliste tourmenté et phtisique.

Une note globale pouvant paraitre moyenne, mais sans remettre en cause son statut d'incontournable classique, qu'il fait bon de lire simplement pour réaliser leur influence.
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« Un pas de plus, dit-il, sur la route obscure. Attendez… Regardez… Les flèches qui blessent les autres m'épargneront. »
Pourquoi la Dame égarée sur la grand-route, la Dame en blanc, sortie tout droit de la nuit dense, si belle et troublante dans sa vulnérabilité, a-t-elle choisi Walter, personnage falot et sans envergure, pour être l'instrument de son dessein caché ?
Il se voit dicter son avenir par cette voix douce et ensorcelante. Et quel avenir ! Un tourbillon effréné où il découvrira la beauté et l'âpreté de la passion amoureuse, de l'exil, de l'amour retrouvé, de la vengeance…

Walter n'est qu'un petit professeur payé trois francs six sous pour apprendre à Laura et Mirian, deux jeunes aristocrates anglaises, l'art du dessin. Deux soeurs inséparables et pourtant si différentes. Marian est aussi brune, laide, alerte et impérieuse que Laura est blonde, belle, languissante et soumise.
La ressemblance étonnante entre Laura et la Dame en Blanc trouble profondément Walter. Un peu comme s'il voyait les deux faces d'une même pièce. Une face resplendissante pour Laura ; l'autre dissimulée pour la Dame en blanc.
Aidé de Marian, il mène une enquête minutieuse pour découvrir l'identité de cette apparition fantomatique durant un soir d'été. Ils finissent par la trouver avec aussi cette certitude qu'un grand malheur plane sur la tête de Laura.
Elle en a bien de la chance Laura d'être protégée par l'ardente Marian et aimé par le tendre et sympathique Walter. Car il en tombera follement amoureux au point de perdre toute raison.
Mais comment un jeune homme sans rang ni fortune pourrait-il aimer une jeune aristocrate ? Une jeune aristocrate dont la vie ne lui appartient pas, et déjà promise à un mariage arrangé avec un baronet, Sir Perciva Glyde. Exit donc le jeune professeur !
Mais les apparences sont trompeuses. Derrière le baronet qui sait si bien faire les ronds de jambes et tenir en société des propos galants se cache une belle crapule, un homme violent et cruel. Avec l'aide de son ami, le Comte Fosco, il s'emploiera à faire main basse sur la fortune de Laura.
Qu'elle sera longue et semée d'embuches la route obscure que devra emprunter Walter pour sortir sa bien-aimée des griffes de ces deux escrocs !

Que j'ai aimé ce livre ! Les apparitions fugaces et mystérieuses de la Dame en blanc m'ont fait rêver. J'ai soutenu le courage volontaire de Mirian. Combien de fois je me suis dit que Laura, avec ses renoncements et ses faiblesses, ne méritaient pas le dévouement de sa fidèle amie et l'amour aveugle de Walter. Les nerfs fragiles de sir Fairlie et son hypocondrie m'ont fait éclaté de rire. La brutalité imbécile de Percival m'a révolté. Et le Comte Fosco ! de loin mon préféré parmi toute cette galerie de personnages. Une ordure flamboyante ! Un « salaud lumineux » ! Un filou goupil ! Mais aussi un homme qui, au crépuscule de sa vie, tombe amoureux de Marian, la femme laide dévolue au rang d'amie dévouée.

Lisez ce livre ! Commencez à le lire à une heure avancée de la nuit, quand tout est calme et silencieux autour de vous. Alors vous sentirez la main délicate de la Dame en blanc se poser sur votre épaule.

Challenge XIXème siècle 2016
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C'est une fois de plus grâce aux lecteurs de Babelio que je découvre un auteur, classique qui plus est.
Avec William Wilkie Collins, nous avons semble-t-il ni plus ni moins que l'inventeur du thriller moderne, et cette seule affirmation m'a décidé à tenter cette lecture.
Je dois tout de suite dire que j'ai été subjugué et bluffé par l'écriture, le style est parfaitement actuel et fluide, sans digressions inutiles, une très belle plume assurément, écrit en 1860 je trouve que c'est encore plus remarquable, est-il normal que je sois étonné ?
Ce roman a pour cadre l'Angleterre victorienne et si vous aimez ces atmosphères guindées, cette moralité étrange où le paraître prime sur les sentiments ou encore cette étiquette incompréhensible, alors vous allez vous régaler.
J'ai apprécié la lente mise en place de l'intrigue dans un scénario solide et cohérent, j'ai été impressionné par la tension énorme que fait peser l'auteur sur son lecteur. Ces personnages d'un autre temps sont parfaitement dessinés, et se dire que leurs alter ego aient pu exister réellement laisse une drôle de sensation. Histoire d'amour impossible et thriller, cette histoire m'a bien accroché, les gentils et les méchants sont vraiment too much, aucun doute.
Je vais m'arrêter là, j'ai aimé l'ensemble sans réserve aucune, ravi d'avoir rencontré un tel auteur !
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Wilkie Collins est une des têtes d'affiche des Editions Libretto, cette collection qui ressuscite des classiques parfois décalés, souvent délaissés, qui fuit l'actualité et qui nous donnent l'illusion égoïste de découvrir des trésors cachés dans les coins les plus sombres et reculés de nos librairies.
La lecture de la Dame en Blanc m'a absorbé dès ses premières pages. Une nuit, une femme tout de blanc vêtue, évadée d'un asile, supplie un jeune et modeste professeur de dessin de l'aider...
Cela reniflait le roman gothique à plein nez, mais au fil des pages, l'intrigue s'est complexifiée, adoptant le rythme haletant de ses romans à sensation, parus sous la forme de feuilletons qui garantissent des rebondissements à intervalles réguliers et des scènes qui ne sont pas près de disparaître de ma mémoire de lecteur.
Chaque chapitre donne la parole à un narrateur distinct, personnage principal ou secondaire de l'intrigue. Cela permet de confronter des points de vue différents et de bousculer la chronologie des événements.
En matière de suspense, la Dame en Blanc est une somme, le résultat d'une addition: amour contrarié, disparitions, manipulations, secrets de familles, chantage, sociétés secrètes.
En toile de fond, une société victorienne très soucieuse des apparences et du statut social, fuyant les scandales, où les mariages étaient avant tout des montages financiers et où la rébellion de certaines femmes se heurtaient au poids des conventions.
En dehors des deux tourtereaux, un peu fades, les autres personnages sont d'une richesse folle à l'image de l' un des méchants de l'histoire, le mystérieux comte Fosco, roi de la manipulation, et de l'Oncle Farlie insupportable et pathétique qui fuit les problèmes et les responsabilités de façon maladive et comique.
Ecrit en 1859, pour l'éternité.
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Lorsqu'il fait connaissance avec ses deux élèves, deux demi-soeurs à qui il va enseigner le dessin, à Limmeridge house dans le Cumberland, Walter Hartright est saisi par la ressemblance de l'une d'elle, Laura, avec une étrange jeune femme vêtue de blanc qu'il a croisée avant son départ. Outre les domestiques, la demeure abrite également l'oncle et tuteur de Laura, Frederick Fairlie, un vieillard cacochyme et hypocondriaque, qui consacre son énergie à atténuer les stimulations sensorielles qui lui détruisent les nerfs.
Walter est très sensible aux charmes de Laura, et c'est à son grand désespoir qu'il apprend que la belle est fiancée : elle va épouser Sir Percival Clyde, qui apparaît d'emblée comme un personnage maléfique. Mais c'était une des dernière volontés de son père et la jeune fille, bien qu'elle soit éprise de Walter se soumet au projet. Hartright est chassé et quitte l'Angleterre.
Le mariage a lieu. Au retour du voyage de noces, un couple d'amis de sir Percival s'installe au château. le comte et la comtesse Fosco élaborent avec Percival un stratagème pour mettre la main sur la fortune de Laura.
Lorsque Walter rentre du Honduras, Laura et sa soeur vivent incognito, la jeune femme a perdu jusqu'à son identité. Walter endosse son costume de détective et de justicier pour dénouer l'écheveau de ce coup monté.
Walter a fort intérêt à démasquer le mari inopportun, d'autant que les propos de la mystérieuse dame en blanc, même s'il apprend qu'elle s'était échappée d'un asile, laissent entrevoir qu'il cache quelque chose.

Classé à la 28e place au classement des cent meilleurs romans policiers de tous les temps établi par la Crime Writers' Association en 1990, La dame en blanc est considéré comme le meilleur roman de Wilkie Collins.

La construction correspond à ce que l'on nomme aujourd'hui un roman choral : Collins crée une mosaïque narrative qu'il compare aux différentes versions des témoins d'un procès. le procédé donne du relief au récit et maintient l'attention du lecteur, alors qu'il consolide la trame de l'intrigue.
Acclamé par les lecteurs, rejeté par les critiques, trop provocateur et innovateur, la publication de ses romans dans les années 1860 lui ont valu la reconnaissance et une mise à l'abri des soucis matériels.

Wilkie Collins prend fait et cause pour le statut des femmes dans cette Angleterre post-élisabéthaine, comme il l'a fait dans Sans nom ou le secret. C'est simple, les femmes n'existent pas : aucun droit à disposer de leur corps ou de leur bien, enfermées dans la sphère privée, dépourvues de tout pouvoir et droit de décision, pas d'accès au savoir. Les romans de Wilkie Collins dénoncent cet état de faits.

Une autre force du roman tient à la galerie des personnages, riches, entiers, finement analysés. Ils donnent une tonalité particulière à chaque situation, et soutiennent l'intérêt du lecteur.

Lire un roman de Willie Collins, c'est créer l'addiction, et avoir la certitude qu'en ouvrant un autre roman de celui qui est considéré comme le créateur du genre thriller, on va en prendre pour 500 et quelques pages de plaisir. La dame en blanc ne déroge pas à cette règle.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Citations et extraits (118) Voir plus Ajouter une citation
Dans la vie, certains courent, d'autres flânent. Mrs Vesey, elle, s'asseyait. Elle s'asseyait dans la maison, le matin et le soir, elle s'asseyait dans le jardin, elle s'asseyait aux fenêtres dans les corridors, elle s'asseyait sur un pliant quand on l'obligeait à aller se promener. Elle s'asseyait avant de parler, avant de répondre ne fut-ce que "oui" ou "non", avant de regarder quelque chose, avec toujours le même sourire, la même inclination de tête paisible, la même confortable position des mains et des bras.
Une vieille dame douce, extraordinairement tranquille et bien agréable ! Devant elle, on oubliait même qu'elle existait… La nature a tant à faire, et il y a tant de variétés parmi les êtres et les choses qu'elle produit que, de temps à autre, certainement, elle ne doit plus distinguer très clairement entre les différentes espèces au développement desquels elle doit veiller. Aussi ai-je toujours eu la conviction intime que la nature s'occupait à faire pousser des choux au moment de la naissance de Mrs Vesey et que la bonne dame se ressentait de ce qu'avait été à cette heure-là la préoccupation de notre mère à tous.
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Vous qui me lisez, pensez à elle comme vous songeriez à la première femme qui fit battre votre cœur, demeuré jusque-là insensible : laissez ses yeux bleus, candides et bons, vous regarder avec cette expression unique qu'on ne peut oublier ; écoutez sa voix résonner à votre oreille comme celle de la femme que vous avez aimé autrefois ; et laissez ses pas errer dans cette histoire comme chacun des pas qui vous étreignait le cœur en ce temps-là. Regardez-là comme la maîtresse de votre propre imagination : et elle vivra pour vous comme elle vit encore pour moi.
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Pendant que ces idées me traversaient l’esprit, je vis la femme au manteau se rapprocher de la tombe et la contempler, debout, pendant quelque temps. Ensuite elle jeta un regard autour d’elle, et, tirant de dessous son manteau un linge blanc, serviette ou mouchoir, elle s’achemina obliquement vers le ruisseau. Il pénétrait dans le cimetière par une petite baie en arceaux, pratiquée au bas du mur, et en sortait après un cours sinueux de quelques douzaines de mètres, par une issue toute pareille. Elle trempa le linge dans l’eau, et revint du côté de la tombe. Je la vis baiser la croix blanche, puis s’agenouiller devant l’inscription et passer, à plusieurs remises, l’étoffe humide sur le marbre souillé.
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Les jours, les mois passèrent. L'automne traçait des sillons d'or dans la verdure des feuillages, et ma vie s'écoulait comme dans un rêve. O temps de paix, temps bénis entre tous ! mon histoire semble glisser sur vous comme alors vous glissiez sur moi. De tous les trésors dont vous m'avez gratifié, que me reste-t-il qui vaille la peine qu'on en remplisse ces pages ? Rien d'autre que la plus triste des confessions qu'un homme puisse faire de son impardonnable folie.
Le secret de cette confession sera facile à dévoiler, car mes paroles m'ont déjà trahi. Les pauvres mots qui n'ont servi de rien pour décrire Miss Fairlie ont au moins trahi les sentiments qu'elle avait éveillés en moi. C'est ainsi. Nos mots sont des géants quand ils nous blessent, des nains quand ils doivent nous servir.
Je l'aimais.
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- [...] Cette belle maison, mes chers bons, sert de résidence à une belle famille. Une maman, blonde et grasse ; trois jeunes "misses", grasses et blondes ; deux jeunes "misters", blonds et gras ; enfin un papa, le plus gras et le plus blond de tous, lequel est un négociant de conséquence, qui a de l’or par-dessus la tête, — bel homme autrefois, mais qui, attendu son front dénudé, qu’un double menton accompagne, n’est plus, de nos jours, un homme tout à fait beau.
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Vidéo de William Wilkie Collins
Bande annonce de The Moonstone (2016), mini série de la BBC et adaptation du roman de Wilkie Collins, paru en français sous le titre La pierre de lune.
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Quels sont les liens de parenté entre Laura et Marian ?

Elles sont cousines
Elles sont demi-sœurs
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Laura est le nièce de Marian

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