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EAN : 9782752908834
544 pages
Libretto (06/06/2013)
3.92/5   37 notes
Résumé :
Publié en 1872, juste après Pierre de lune et le très mal-pensant Mari et Femme, Pauvre Miss Finch, introuvable dans les librairies de langue française depuis un siècle et plus, révèle un Collins en grande forme, tout à la noirceur intime de son projet - mieux " hitchcockien " que jamais. Lucilla, une jeune fille du meilleur monde. aveugle depuis la petite enfance, est amoureuse d'Oscar. un brave garçon dont la beauté et les vertus se résument pour elle an son d'une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Mme Pratolungo, veuve, française et républicaine, entre au service de Lucilla Finch, une jeune aveugle au caractère très sensible. « Mon amour seul me fait vivre. Et mon amour est lié à mon infirmité. » (p. 537) Lucilla s'est éprise d'Oscar, un jeune inconnu au passé sombre. Sourde aux mises en garde de sa dame de compagnie, la jeune aveugle veut croire à son bonheur, mais elle est sans cesse convaincue que son entourage se joue d'elle. « Vous ne pouvez imaginer combien il est dur de se croire trompée quand on est une aveugle. » (p. 143) Quand arrive Nugent, le frère jumeau d'Oscar, les choses se compliquent au sein d'un triangle amoureux pervers. Et tout menace d'être dévoilé puisqu'un médecin allemand est convaincu de pouvoir rendre la vue à Lucilla. Une fois l'opération achevée, Lucilla doit réapprendre à voir, au propre comme au figuré, et déterminer ce qui la trompe, à savoir ses yeux, ses mains ou son coeur.

Mme Pratolungo est un personnage insupportable : donneuse de leçons et sans cesse convaincue de sa supériorité, elle pointe du doigt tous les défauts de son entourage sans voir les siens. de plus, je ne comprends pas ce qu'apporte au récit le fait qu'elle soit révolutionnaire et socialiste. Pourquoi l'auteur a-t-il de ses personnages de telles caricatures ? Entre l'épouse à mioches qui ne sait qu'égarer son mouchoir, le pasteur qui s'écoute parler et le médecin allemand qui ne pense qu'à manger, la lecture de ce roman demande une bonne dose de sang-froid. En outre, tout y est mélodramatique et atrocement exagéré : aucun personnage n'est capable de sentiment modéré ou de réaction normale. Enfin, l'auteur a pris plaisir à compliquer les choses en empilant une surenchère de péripéties et de contretemps.

Pauvre Miss Finch est loin, très loin, du génial Armadale et du très bon secret absolu. J'espère que ce roman est une erreur unique de parcours et que les autres romans de Wilkie Collins ne lui sont en rien semblables.
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Lucilla a vécu la majeure partie de sa vie dans le noir : aveugle suite à une cataracte aux deux yeux en bas âge, elle ne connait du monde que le son des voix des personnes qui l'entourent.
Il serait alors facile de la prendre en pitié, ce que beaucoup de personnes ont fait, l'ayant même baptisée la "pauvre Miss Finch", de prendre un ton catastrophé en parlant d'elle : "Oui, mon Dieu, de toutes les créatures, la plus désarmée, la plus malheureuse, c'est celle qui ne voit pas !", mais Lucilla est au-delà de tout cela car elle s'est créée son propre monde dans lequel elle distingue les couleurs et les gens par le touché : "Les gens qui ne sont pas aveugles attachent une importance absurde à leurs yeux !".
Madame Pratolungo est la narratrice de cette histoire de famille, veuve d'un médecin dont elle a également épousé les idéaux républicains elle arrive au service de la jeune Lucilla et sera le témoin clé de l'histoire.
Cette femme relativement ouverte d'esprit découvre avec bonheur sa jeune protégée et très vite s'y attache en évitant de trop la prendre en pitié, elle va surtout apprendre à ses côtés quelques leçons de vie : "Je venais de découvrir l'un des aspects étranges de la terrible infirmité qui jetait son ombre sur sa vie. Sa réaction démontrait que la modestie n'est que le produit de la conscience que nous avons des regards scrutateurs fixés sur nous - et que la cécité n'est jamais pudique, pour la bonne et unique raison qu'elle ne peut voir.".
Si Lucilla est le personnage central de ce roman, son handicap est au coeur de l'intrigue et la conduira à souffrir et à être dupée par un homme.

Je n'avais jamais lu jusqu'à présent de Wilkie Collins, je ne saurai dire si le style employé de raconter l'histoire par un protagoniste qui interpelle par moment le lecteur est courant mais cela crée une proximité avec le lecteur.
Du côté de l'intrigue, elle est assez convenue et sans réelle surprise malgré les instants de tension que l'auteur a essayé de créer au travers de la plume de Madame Pratolungo.
Si Lucilla arrive à toucher le lecteur au début je reconnais qu'elle a fini par m'agacer quelque peu : trop naïve et à la limite trop sotte, encore que cela ne vienne pas du personnage en lui-même mais du traitement dont en fait l'auteur.
Il me paraît bien improbable qu'une jeune fille aussi avisée que Lucilla ne se rende pas compte de la supercherie, même lorsqu'elle retrouve la vue, or rien ne lui met la puce à l'oreille alors que dans la réalité il n'est pas possible que deux personnes aient strictement le même timbre de voix, et si cela était possible, elle aurait bien dû se rendre compte que la tournure des phrases, les expressions employées différaient.
Mais non, afin de créer une intrigue dramatique autour du personnage de Lucilla cette dernière devient incapable de jugement et de discernement, peu crédible donc et c'est ce que je reproche le plus à ce roman.
La fin vient heureusement relever cette baisse de régime et Lucilla retrouve toute la superbe de son caractère, donnant une leçon de vie à tous les personnages puisque non seulement elle s'accommode de son handicap mais surtout elle ne l'échangerait pour rien au monde : "Vous vous obstinez à croire que mon bonheur dépend de ma vue. Moi, je me rappelle avec horreur ce que j'ai souffert quand je possédais l'usage de mes yeux - tout ce que je désire, c'est oublier ce temps de malheur.".
Lucilla est un personnage féminin fort qui, hormis son passage à vide, prouve à tout un chacun que l'on peut vivre bien et heureux avec un handicap.
L'ambiance qui se dégage de ce roman est très britannique et symbolique d'une époque littéraire, j'ai pu y retrouver le style de plusieurs auteurs anglais mais malgré les péripéties et la duperie dont est victime Lucilla je n'ai pas réussi à retrouver la colère que j'ai pu connaître face aux mésaventures et aux injustices de la Tess de Thomas Hardy.

"Pauvre Miss Finch" de William Wilkie Collins sans être un coup de coeur a été une découverte intéressante de cet auteur et un bon moment de lecture.
Je continuerai donc à lire du William Wilkie Collins, tout en me disant que ce roman pourrait bien constituer un film intéressant.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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comme toujours, coup de coeur pour ce roman... et critique sociale de l'époque.
L'histoire nous est contée par Madame Pratolungo, savoureuse française, passionaria, veuve d'un révolutionnaire sud-américain, et fille d'un vieux beau toujours vert.


Son regard sur les anglais est impitoyable et très moderne pour l'époque. Seule Lucilla, la pauvre Miss Finch, trouve grâce à ces yeux, et pour qui elle développe un instinct quasi maternel. En ce qui concerne les autres personnages, elle semble n'avoir aucun atome crochu envers eux. Elle les trouve coincés, ennuyeux.


Lucilla s'éprend de Oscar, au son de sa voix et au touché de sa main. Quand à Oscar, beau jeune rentier oisif, perturbé par une accusation de meurtre dont son jumeau Nugent l'a sauvé, Madame Pratolungo le trouve un peu "molasson".


Lorsque son jumeau arrive, celui-ci encourage Lucilla a se faire opérer des yeux. Malgré l'avis contraire de la famille, Lucilla accepte afin de découvrir si Oscar est bien tel qu'elle l'imagine.


Malheureusement, entre temps Oscar a de plus en plus de crise d'épilepsie et se fait soigné au nitrate d'argent. Il est défiguré, et sa figure a pris une teinte bleuâtre, irréversible.


Incapable d'avouer son problème à Lucilla, il lui fait croire que c'est son jumeau qui est défiguré. En fait, il est la cause même de son malheur avec cette substitution d'identité.


Nugen amoureux également de Lucilla, va profiter de l'occasion. Les deux frères font penser au docteur Jekyll et M. Hyde... même figure mais caractère totalement opposé.

Heureusement Madame Pratolungo est là pour essayer de remettre les choses en ordre et rendre le bonheur à sa chère pupille.

En fait le roman fonctionne comme un feuilleton, avec retournement de situation. Tout simplement passionnant.
Lien : http://mazel-pandore.blogspo..
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Lorsqu'une aveugle de naissance rencontre deux jumeaux épris d'elle, nul doute que cela va nous mener sur des chemins tortueux au possible, agrémentés de mensonges et dissimulations. Quand la plume qui dévide son réservoir d'encre est tenue par le maitre Collins en personne, on tient, à n'en pas douter, un roman haletant de la première à la dernière page.
Cela tient aux personnages en priorité. Comme à son habitude, Collins sait dépeindre de vrais caractères, à commencer par la narratrice, une certaine miss Pratolungo, veuve d'un révolutionnaire français dont elle partage les idées progressistes dans cette société victorienne on ne peut plus sclérosée et… monarchique en diable.
Le pasteur, père de la jeune Miss Finch, jamais avare en paroles et sermons, toujours prêt à gloser tant et plus sur n'importe quel sujet, à commencer par réprimander sa femme sur sa nonchalance et sa propension à égarer son mouchoir ou le roman qu'elle tient sur elle, en même temps que son dernier né.
Dans la famille nombreuse du pasteur Finch, il y a, en outre, une fillette bien campée : Jicks. Demi bohémienne, sauvageonne, mais aussi terriblement attachante.
Miss Pratolungo sera en prise avec son père, demeurant sur le continent, et toujours aussi vert dans ses transports amoureux malgré son âge avancé.
Et il y a bien entendu les deux frères jumeaux, autant différent par le caractère qu'ils se ressemblent physiquement, par qui va s'installer une sorte de faux-semblants.
Et Miss Finch. Lucilla. Une ingénue qui s'amourache très vite d'Oscar, le plus réservé des jumeaux, à la limite de la couardise. En revanche, elle voue à Nugent, l'autre frère, une antipathie allant jusqu'à la répugnance.
Pourtant les circonstances vont s'enchainer comme dans le meilleur des vaudevilles pour brouiller les cartes.
Elle prétend mieux voir avec son coeur qu'avec ses yeux. Et, le moment venu, c'est bien avec celui-ci qu'elle saura reconnaitre l'objet de ses désirs.
Enfin, débarque dans ce petit monde clôt, Herr Grosse, un ophtalmologue Allemand, dont les prouesses font grand bruit dans la société. Personnage haut en couleur, à l'accent à couper au couteau, bon vivant et prétendant pouvoir rendre la vue à Lucilla.
On retrouve ici tous les thèmes chers à Collins : la place de la femme dans la société victorienne, les jeux d'ombre, les faux-semblants, les intrigues, les missives passionnées, et cette propension à accélérer les choses.
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Ceci est mon deuxième roman de Wilkie Collins et si vous voulez passer un bon moment, allez-y ! Entre multiples intrigues, personnages loufoques ou tordus, héroïnes fortes et décidées, le héros (Anti-héros victorien ! le roman date de 1872 !) n'est pas le plus costaud, ni le plus courageux !
Wilkie Collins (ami dans l'ombre de Dickens pour la petite histoire) laisse éclater sa rage du roman conformiste et c'est très très drôle (lire son roman Mari et Femme avec l'algarade sur les sportifs). Je ne résiste pas à l'envie de vous faire profiter du résumé de la quatrième de couverture (édition Phoebus) qui est - il faut le dire - parfaite :

"Lucilla, une jeune fille du meilleur monde, aveugle depuis la petite enfance, est amoureuse d'Oscar, un brave garçon dont la beauté et les vertus se résument pour elle au son d'une voix, et à la ferveur de quelques caresses. Opérée de la cataracte, elle va recouvrer la vue... sans se douter qu'à la faveur d'un complot un autre va prendre la place d'Oscar en se faisant passer pour lui.

N'en disons pas plus. Précisons seulement qu'en retrouvant l'usage de ses beaux yeux la chère enfant va découvrir tout un monde chaudement illuminé, délicieusement coloré, qui pratique à toute heure le faux-semblant, le mensonge, la trahison et ces mille et une formes de tromperie que se réservent l'un à l'autre ces êtres dits normaux qui ont la chance de se pouvoir regarder dans le blanc des yeux..."

Si ce n'est pas génial de lire ça ! J'adore tout particulièrement la fin. La préface de Michel le Bris dans l'édition Phoebus est très intéressante également.
A lire en dernier si on veut conserver le suspens...
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critiques presse (1)
Telerama
26 juin 2013
Précurseur du thriller, William Wilkie Collins (1824-1889) écrivit ce terrible roman alors qu'il souffrait d'un début de cécité. [...] Passionnant, déroutant et incroyablement contemporain.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Néanmoins je persistai dans ma mauvaise opinion sur ce personnage. Comme j'aurais pu le lui dire, la question qui nous divisait était celle de croire ou de ne pas croire à la lettre du négociant de Londres. Pour elle, sa richesse était une garantie suffisante d'honorabilité. Mais pour moi, en bonne socialiste, c'était un mauvais point contre lui. Un capitaliste est un voleur tout autant qu'un faux-monnayeur. Que le capitaliste recommande le faux-monnayeur ou le faux-monnayeur le capitaliste, c'est pour moi blanc bonnet et bonnet blanc. Dans les deux cas, pour citer une excellente pièce anglaise, les honnêtes gens sont les coussins moelleux sur lesquels ces canailles viennent se prélasser et s'engraisser.
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Notre physique, je crois, influence plus qu’on ne le pense généralement nos actes, le cours de notre vie et le jugement porté sur nous par autrui. Un homme doté d’un système nerveux très délicat parle et agit souvent de telle sorte qu’il se déprécie à nos yeux d’une manière exagérée. Pour son malheur, il se montre constamment sous son plus mauvais jour. Au contraire, un homme aux nerfs très solides possède un fonds de santé et de robustesse qui se manifeste à son avantage dans toutes ses manières et qui nous amène faussement à croire qu’il est réellement ce qu’il paraît. En effet, doué d’une bonne vitalité, il est d’humeur gaie ; et sa gaieté le rend sympathique à tous ceux qui l’approchent, alors qu’il peut cacher constamment sous une apparence physique très saine une âme moralement gangrenée.
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Nous nous assîmes côte à côte. J’avais bien devant moi le plus singulier mélange de contradictions que j’eusse jamais vu chez un être humain. Lorsqu’il avait un de ces accès de colère auxquels il était si prompt, vous auriez cru avoir affaire à un tigre. Puis, lorsqu’il se radoucissait et retombait dans son calme ordinaire, vous l’auriez trouvé, de manière tout aussi véridique, doux comme un agneau.
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Je venais de découvrir l'un des aspects étranges de la terrible infirmité qui jetait son ombre sur sa vie. Sa réaction démontrait que la modestie n'est que le produit de la conscience que nous avons des regards scrutateurs fixés sur nous - et que la cécité n'est jamais pudique, pour la bonne et unique raison qu'elle ne peut voir.
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Nous ne sommes pas toujours (puis-je vous le rappeler ?) conséquents avec nous-mêmes. Les plus intelligents peuvent parfois sombrer dans l'ineptie – de même que les sots ont quelquefois des éclairs de génie.
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Vidéo de William Wilkie Collins
Bande annonce de The Moonstone (2016), mini série de la BBC et adaptation du roman de Wilkie Collins, paru en français sous le titre La pierre de lune.
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