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EAN : 9782757842690
416 pages
Points (22/05/2014)
3.1/5   10 notes
Résumé :
Dans la campagne anglaise, à l’époque edwardienne, les Calderon et les Donne sont à la fois voisins et parents par alliance. Les membres de cette tribu, pour la plupart cyniques, avares, envieux et bavards, ont retenu la leçon de leurs aînés : vertu et excellence sont une arme pour qui aspire à la respectabilité. Mais derrière le masque des convenances et des bonnes intentions, les vérités assénées avec une tranquille méchanceté feront s’enchaîner machinations aussi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Oh, qu'ils sont prétentieux, mesquins, imbus d'eux-mêmes, méchants et fourbes tous les membres de cette grande famille anglaise.
Que ce soit les enfants, les parents, les hommes comme les femmes et même les domestiques, ils se complaisent tous à colporter des ragots, à faire preuve de bassesse, à se juger les uns les autres, à faire semblant d'être humbles, généreux et modestes mais ne sont en réalité que de sombres manipulateurs avides et cupides.
Ce roman est constitué d'une longue suite de dialogues, il se déroule durant un temps relativement limité et met en scène deux familles qui sont apparentées.
L'une des deux familles vient d'emménager dans une maison plus modeste que leur demeure précédente car leur train de vie s'est réduit et on sent bien que l'argent est au coeur de leur préoccupation.
Mais il sera aussi question de mort et d'héritage, de mariages arrangés ou pas, de jalousie, de revanche, de trahison, et tout ça fera faillir des sentiments qui n'ont rien de noble.
Lire ce roman c'est un peu comme tremper dans un gros bouillon de méchanceté à l'état pur, dans lequel flotte des morceaux aigres et des relents de bêtises infâmes.
C'est bien entendu assez drôle car très bien écrit, mais l'ambiance est affreuse, tant la mesquinerie et la jalousie peuvent abîmer les plus belles relations.
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Roman d'Ivy Compton-Burnett.
La famille Donne s'installe dans une nouvelle maison, moins onéreuse que la précédente. « J'aime cette façon qu'on avait autrefois de ne jamais parler d'argent ; il valait beaucoup mieux ne pas savoir qu'on en manquait. Les gens ne le savaient réellement pas, et du jour au lendemain, ils se retrouvaient au bord de la ruine. J'y vois une marque de grandeur. » (p. 60) Anna, la fille aînée, gère le déménagement et l'attribution des chambres. Ses frères Bernard, Reuben et Esmond n'ont qu'à se plier à son autorité un brin tyrannique. Quant au père de famille, Benjamin Donne, il laisse à sa fille le soin de conduire le ménage. Les domestiques sont un peu secoués par la perte de quelques bagages et le changement, mais tout le monde est décidé à se satisfaire de la nouveauté. L'animosité entre les membres de la famille est palpable et personne ne fait vraiment d'effort pour la cacher. « Les signes d'antipathie qu'il décelait chez ses fils l'exaspéraient et le poussaient à leur donner d'autres motifs d'en éprouver. » (p. 37)

La famille Donne est cousine avec la famille Calderon. Les retrouvailles s'effectuent entre curiosité et impatience. Benjamin est le frère de Jessica Calderon, mariée à Thomas et mère de Julius, Terence, Tullia et Theodora. Entre Benjamin et ses soeurs Jessica et Sukey, l'entente est telle qu'elle semble exclure tous les autres. « le frère et les soeurs sont si étroitement liés que même leurs enfants semblent à part. Ils ont dû pouvoir se reproduire, comme ces formes de vie primitives, au moyen de segments qui se briseraient d'eux-mêmes. » (p. 65) Sukey, la tante malade, ne sait que répéter que son heure est proche, à tel point qu'on ne l'écoute plus vraiment et que la surprise est grande quand elle disparaît. L'attribution de sa fortune soulève les rancoeurs et les manigances se multiplient. Mariages entre cousins, en dépit des différences d'âge, ou avec des étranges, sans tenir compte des différences de classe pourtant tant décriées, deviennent urgents. le tout dans une ambiance follement cynique et désabusée. Les protagonistes sont finalement bien loin de l'excellence des aînés qu'ils se glorifiaient d'atteindre. « Je ne me soucie jamais de l'opinion que se font de moi les gens avec qui je suis […]. C'est peut-être que je pense qu'il leur revient de se préoccuper de celle que je me fais d'eux. » (p. 44)

Au sortir de cette lecture, je ne sais pas encore si j'ai adoré ou si j'ai détesté. Mon coeur balance entre le plaisir de ressentir l'ironie acide qui entoure les dialogues et l'ennui devant des discussions interminables et sans sujet. Un chapitre entier sur une superstition, non, vraiment, c'est trop long ! Mais quel délice d'écouter parler ces êtres orgueilleux et bavards ! Ça parle sans cesse, ça critique à mots couverts, ça se moque sous de supposées bonnes paroles et ça se plaint tout en se vantant. Si vous en doutez, oui, ces personnages sont détestables et totalement inadaptés à leur époque ! « Vous êtes des gens plus grands que nature, […], et vos problèmes sont à la même échelle. Certes, de moindres gens sont sans doute mieux adaptés à la vie courante. Ils l'abordent avec moins d'intensité et moins de résistance. » (p. 96) Ceux pour lesquels on pourrait éprouver de l'empathie sont faibles, mous et minables. Les personnages font de nombreuses références à la Bible, mais elle est davantage brandie comme un code d'honneur figé et vieillot que comme une feuille de route à appliquer au quotidien.

La quatrième de couverture compare l'oeuvre d'Ivy Compton-Burnett à celle de Jane Austen. Il ne faut jamais croire les quatrièmes de couverture : la première est bien plus acide que la seconde, qui laissait à ses personnages la possibilité de s'amender. Chez Ivy Compton-Burnett, on meurt comme on a vécu, dans l'aigreur et la jalousie. C'est là que j'hésite dans mon appréciation : ai-je adoré ou détesté ce point de vue cynique sur le monde ? Je n'ai pas encore tranché.
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C'est au coeur de la campagne anglaise, à l'époque édouardienne, que se déroule ce huit clos mettant en scène deux familles, voisines et parentes par alliance. Les Donne se sont rapprochés de leurs cousins alors que la santé de leur tante Sukey laissait envisager une fin proche. Lorsque le décès survient, et que les volontés testamentaires de la défunte laissent place au doute quant à une manipulation adroite par la cousine Anna, les langues se dénouent et même si les conventions et le respect scrupuleux d'une étiquette donnent aux conversations un ton convenable, les échanges se font venimeux et la noirceur des sentiments apparaît sous les propos bienséants.

La forme peut surprendre : proche du théâtre, l'essentiel du roman est écrit sous forme de dialogues. Très peu d'action, pas d'interprétation de l'auteur : c'est au lecteur de repérer la progression de l'intrigue et les moments clés qui révèlent derrière les phrases anodines la monstruosité des personnages, la palme revenant à Anna, l'héritière inattendue. C'est une des difficultés de lecture de ce roman, qui requiert une attention soutenue et me semble difficile à lire sans interruption.

La situation des femmes mérite quelques commentaires. Même si l'empreinte de l'époque victorienne reste prégnante, les moeurs évoluent et les femmes jusque-là cantonnées à leur domicile, ignorantes et privées de toute responsabilité sociale, clament leur aspiration à une reconnaissance. Les personnages féminins du roman tirent les ficelles, manipulant les hommes dont l'auteur dresse des portraits peu flatteurs : faibles, handicapés ou oisifs, aucun ne semble suffisamment compétent pour ne pas se laisser manoeuvrer par la gente féminine.

L'humour prend ici des allures de cynisme, et repose sur l'absurdité des situations : on peut dans cette famille disserter sur de longues pages sur les conséquences d'être treize à table, même après avoir découvert que l'on est quatorze, ou condamner sans appel une valise pour manque de savoir vivre. Ne nous y trompons pas cependant : ce n'est pas vraiment un roman hilarant. Il faudrait pour qu'il en soit ainsi un parti pris de caricature des personnages qui ne peut se réaliser que par le biais d'une adaptation théâtrale ou cinématographique. Il y a trop à faire déjà pour décrypter les tenants et aboutissants de cette suite ininterrompue d'échanges verbaux pour donner une autre dimension aux personnages.

L'impression globale est donc mitigée : entre la difficulté que représente cette lecture et l'admiration pour ce fin travail d'analyse de ce (dys)fonctionnement familial.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
« Vous êtes des gens plus grands que nature, […], et vos problèmes sont à la même échelle. Certes, de moindres gens sont sans doute mieux adaptés à la vie courante. Ils l’abordent avec moins d’intensité et moins de résistance. » (p. 96)
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« J’aime cette façon qu’on avait autrefois de ne jamais parler d’argent ; il valait beaucoup mieux ne pas savoir qu’on en manquait. Les gens ne le savaient réellement pas, et du jour au lendemain, ils se retrouvaient au bord de la ruine. J’y vois une marque de grandeur. » (p. 60)
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« Le frère et les sœurs sont si étroitement liés que même leurs enfants semblent à part. Ils ont dû pouvoir se reproduire, comme ces formes de vie primitives, au moyen de segments qui se briseraient d’eux-mêmes. » (p. 65)
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« Je ne me soucie jamais de l’opinion que se font de moi les gens avec qui je suis […]. C’est peut-être que je pense qu’il leur revient de se préoccuper de celle que je me fais d’eux. » (p. 44)
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« Les signes d’antipathie qu’il décelait chez ses fils l’exaspéraient et le poussaient à leur donner d’autres motifs d’en éprouver. » (p. 37)
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