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EAN : 9782892951554
Typo (20/09/2005)
3/5   33 notes
Résumé :
Angéline de Montbrun (1882), roman de Laure Conan (nom de plume de Félicité ANGERS), est le premier roman psychologique paru au Canada français et l'un des premiers romans rédigés par une femme. Anger y réunit fiction épistolaire, méditations religieuses et journal intime. Le récit se déroule dans le village isolé de Valriant et relate la tragédie d'une jeune fille élevée par un père qu'elle considère comme son dieu et incapable, après la mort de celui-ci, de report... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman québécois apparaît comme étant le seul d'envergure du XIXème siècle et le premier récit psychologique car il est structuré autour des états d'âme des personnages et non pas autour de l'action. Laure Conan, dont le vrai nom est Marie-Louise-Félicité Angers, est née à La Malbaie en 1845. Son père Élie Angers est un forgeron et sa mère s'appelle Marie Perron. Elle est la quatrième enfant du couple. Durant sa jeunesse, elle étudie chez les ursulines de Québec et en 1862, elle rencontre l'amour de sa vie, Pierre-Alexis Tremblay qui deviendra député de Chicoutimi-Saguenay et ensuite de Charlevoix. Ils vont se fiancer puis rompre. Pierre-Alexis épouse en 1870 Mary Ellen Connolly. Il meurt en 1878. Félicité ne pourra jamais oublier cet amour et il lui sera difficile d'accepter l'échec de sa relation. de plus, Félicité Angers publie 1882 Angéline de Montbrun après avoir fait paraître Un amour vrai en 1878 sous le pseudonyme de Laure Conan. Sa carrière d'écrivaine se poursuivra jusqu'à sa mort en 1924. Elle décède à l'Hôtel-Dieu de Québec et elle est inhumée au cimetière de la Malbaie. Plusieurs experts en littérature québécoise dont Roger le Moine mentionnent à propos de la relation entre Laure Conan et Pierre-Alexis Tremblay :

“Par ailleurs, les spécialistes de Laure Conan connaissent l'hypothèse par Roger le Moine à partir d'un témoignage attestant que Pierre-Alexis Tremblay, un homme politique remarqué qu'aurait aimé passionnément Félicité Angers à dix-huit ans, avait fait voeu de chasteté-et l'aurait tenu bien malgré elle! le Moine a proposé de voir dans les romans-et notamment dans Angéline de Montbrun- écrits seulement après la mort de Tremblay, d'habiles camouflages imaginés par une amoureuse désespérée ne pouvant s'empêcher, même vingt ans plus tard, de vouloir raconter, puis sublimer son histoire. (Fernand Roy, La réception critique du premier roman québécois au féminin). ”

Mais encore, je trouve dommage que la Ville de la Malbaie ne restore pas plus la tombe de cette grande écrivaine qui est étudiée dans les universités québécoises… Il est presque difficile de lire le nom de l'illustre écrivaine sur son épitaphe et la plume, symbole de l'écriture, est à peine visible. Il n'y a aucune fleur autour de sa tombe. C'est comme si elle est tombée dans l'oubli… Pourtant, la bibliothèque de la Malbaie porte le nom de Laure Conan, mais il faudrait sans aucun doute faire beaucoup plus pour celle qui est considérée comme ayant écrit le premier roman psychologique québécois. À quand une sculpture en bronze devant la bibliothèque surplombant le fleuve St-Laurent?

Que raconte son bouquin Angéline de Montbrun?

Ce roman intimiste est structuré autour de deux parties. La première épouse la forme épistolaire et la deuxième celle du journal intime.

Ce récit parle d'une jeune fille tourmentée par l'amour qu'elle voue à son père et qu'elle tente de masquer le plus possible en vivant une relation amoureuse avec un autre homme Maurice. Elle se confie à son amie Mina, une mondaine qui a des sentiments pour son père. Mina décidera de devenir religieuse. L'histoire se déroule, entre autres, à Valriant. de plus, Angéline doit vivre la mort de son père qu'elle considère comme son Dieu. Aussi, à la suite du décès de son paternel, il sera impossible à la jeune fille de diriger son affection vers son fiancé. Après une mauvaise chute, Angéline devient défigurée et elle renonce à la vie, à l'amour et elle attend avec impatience de rejoindre son père dans l'au-delà. Elle apparaît torturée et rongée par les regrets et les remords…

Vous le comprendrez, les thèmes principaux de ce roman sont l'amour, la religion, la mort et l'amitié. Angéline vit deux situations principales par rapport à l'amour. D'une part, lors du vivant de son père, elle nage dans le parfait bonheur. Elle s'épanouit telle une rose au soleil, dans le jardin de Valriant, symbole du paradis terrestre. Les jours de la jeune fille s'écoulent paisiblement car elle est en présence de la personne aimée. Angéline apparaît totalement absorbée par son père. Mina, soeur du fiancé d'Angéline, fait remarquer à son frère :

“Tu dis qu'elle t'aimera. Je l'espère, mon cher et peut-être t'aimerait-elle déjà si elle aimait moins son père. Cette ardente tendresse l'absorbe. Quand à M. Montbrun, je l'ai toujours cru favorablement disposé. Si tu ne lui convenais pas ou à peu près, il t'aurait tenu à distance comme il l'a fait pour tant d'autres. (p. 36)”

Le recours au symbole du cygne dans le roman s'avère particulièrement intéressant. À cet égard, Angéline mène son fiancé près de l'oiseau et elle devient prisonnière du charme de ce dernier. le cygne est le symbole du père. Dans la mythologie grecque, Zeus avait approché Léda sous la forme d'un cygne. Cet animal représente également : «le père en ce qu'il a d'attirant sur le plan humain et repoussant sur le plan moral». Lemire, M. (1980). Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec, t. 1 : des origines à 1900, Montréal : Fidès.

En ce sens, Angéline est attirée par son père et elle l'aime profondément. Sur le plan moral, cet amour est impossible, d'où la blancheur du cygne, symbole de pureté. Cet amour incestueux va à l'encontre de la morale et se reflète dans l'emploi des symboles.

D'autre part, la deuxième situation qui marque Angéline dans son cheminement par rapport à l'amour est sans aucun doute la mort de son père et l'avènement du malheur. Son amour n'est plus terrestre mais il devient céleste. Après avoir été défigurée par une chute, prix à payer pour son péché, et à la suite de ses fiançailles rompues, Angéline retourne à Valriant, son paradis perdu. L'isolement dans le domaine lui permet d'aimer librement son père car la mort lui ouvre la porte de l'adoration inconditionnelle qui auparavant lui était interdite.

De plus, Angéline se dévoile dans son journal et elle semble très nostalgique. Elle se remémore des événements chéris.


“Quand je vivrais encore longtemps, jamais je ne laisserai ma robe noire, jamais je ne laisserai mon deuil.

Après la mort de ma mère, il m'avait vouée à la Vierge, et d'aussi loin que je me rappelle j'ai toujours porté ses couleurs. Pourrait-elle l'oublier? C'est pour mes voiles d'orpheline que j'ai abandonné sa livrée, que je ne devais quitter qu'à mon mariage. Ces couleurs virginales plaisaient à tout le monde, à mon père surtout. Il me disait qu'il ne laisserait jamais passer un jour sans rappeler à la Sainte Vierge que je lui appartenais. (p. 111)”

Après s'être résignée à la mort de son père, Angéline dirige son amour vers le divin. Elle remplace dans son médaillon l'image de son père par celle de la Vierge Marie. Elle retourne au souhait de son père car il l'avait déjà vouée à cette Sainte. L'amour de Dieu lui permet ainsi de gagner son ciel et d'atteindre une plénitude intérieure tout en respectant le désir du père, c'est-à-dire d'être liée à la Sainte Vierge.

Je voulais vous partager un bref texte en hommage à cette grande dame de la littérature québécoise afin que ses écrits résonnent encore…

https://madamelit.wordpress.com/2016/07/16/madame-lit-angeline-de-montbrun-et-plus/
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Un roman épistolaire vivant, agréable à lire mais très triste et très sensible. Il décrit la décrépitude de la beauté d'une jeune fille , ayant pourtant un avenir prometteur, mais qui verra le monde s'écrouler autour d'elle pour avoir perdu l'être aimé...
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Ce roman, écrit par la première romancière québécoise, se présente d'abord comme un roman épistolaire à travers les échanges de Maurice et Mina Darville entre eux et avec quelques autres personnes. Maurice est chez M. de Montbrun, sorte de gentilhomme fermier de haute vertu, dont il espère épouser la fille, Angéline. Au départ, Angéline est un personnage quasiment secondaire, une vision éthérée, éclipsée par Mina Darville, jeune femme mondaine à l'esprit piquant, et par son père, homme d'une stature (morale) peu commune. Au milieu du roman, un évènement dramatique vient enrayer l'histoire. Les lettres sont alors remplacées par des pages extraites du journal d'Angéline, journal d'une âme désespérée et blessée qui cherche du réconfort dans sa foi religieuse. Ce n'est pas la partie que j'ai préférée même si c'est sans doute celle qui vaut le plus à ce roman sa qualification de roman psychologique. Ce sont des pages assez déprimantes et dans lesquelles on voit peu d'évolution de la situation d'Angéline. Ces pages, imprégnées d'un catholicisme orienté vers le sacrifice méritoire, paraissent très éloignées des conceptions actuelles, y compris parmi les chrétiens.

N'ayant pas d'idée de l'histoire que j'allais lire, je me suis complètement laissé surprendre par ses développements. le style d'écriture est très beau, la vision de l'auteur sur ses personnages et sur leurs sentiments très fine. J'ai eu plusieurs fois encore de relever des extraits en citation. La deuxième partie est sans doute la plus personnelle, inspirée de la propre déception amoureuse de l'auteure. J'ai cependant préféré la première partie. On se pose plein de questions sur ce qui va arriver, on a envie de faire mieux connaissance avec les personnages. J'ai été très frustrée de quitter si tôt Mina et M. de Montbrun. Mais, comme le souligne un des commentaires présenté dans l'édition de la Bibliothèque électronique du Québec, cette histoire est celle d'Angéline et l'auteure a su habilement recentrer l'histoire sur elle.

Challenge XIXe siècle 2023
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Publié d'abord en 1884, ce roman est un classique, une oeuvre de base de la littérature féminine au Québec. Sa lecture est facile, l'écriture est agréable et pour ce qui est des sentiments humains on ne sent pas le passage du temps.
Moins contemporaine est la grande place occupée par la piété et la ferveur religieuse : à l'échelle d'aujourd'hui, elles sembleraient un fanatisme auquel on a du mal à s'identifier. de même, la passion de l'héroïne pour son père semble plutôt pathologique ou à tout le moins pathétique.
La post-face rend compte de l'importance de l'oeuvre pour les québécoises. le discours est celui d'une femme éduquée, qui se prononce sur la politique et finit par vivre seule, administrant ses biens et faisant la charité, en rupture avec la tutelle imposée aux femmes de son époque.
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Je dois dire que j'ai été agréablement surprise, du moins par la première partie du roman. Avec des échanges épistolaires digne de Jane Austen, une intrigue amoureuse bien amorcée, des personnages intéressants et des opinions bien senties sur la politique et les moeurs de l'époque, le début était prometteur! 
 
Malheureusement, dans la seconde moitié, tout ça laisse place à une interminable introspection plaintive où l'héroïne ressasse ses malheurs et ses questionnements théologiques. Cette partie est cohérente avec la fin vers laquelle l'auteure nous conduit, mais j'ai décroché. Je crois que l'idéal sacrificiel du martyre catholique est simplement trop éloigné de ma réalité pour que je puisse y adhérer pleinement. D'autres lecteurs y seront peut-être plus sensibles. 
 
Malgré sa thématique surannée, le texte a des qualités indéniables. J'ai été étonnée de découvrir une auteure si talentueuse "enfouie" dans le fin fond du patrimoine québécois! C'est très bien écrit, et plusieurs perles de citation méritent qu'on s'y attarde. Un classique à découvrir!
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Celui qui se souille d’un mensonge,... toutes les eaux de la terre ne le laveront jamais.
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Après tout, mon ami, en sacrifiant tout, on sacrifie bien peu de chose. Ai-je besoin de vous dire que rien sur la terre, ne nous satisfera jamais! Ah ! soyez-en sûr, en consacrant l'union des époux, le sang du Christ ne leur assure pas l'immortalité de l'amour, et quoiqu'on fasse, la résignation, reste toujours la grande difficulté, comme elle est le grand devoir.


Sans doute, tout cela est triste, et la tristesse a ses dangers. Qui le sait mieux que moi ? Mais, Maurice, pas de lâches faiblesses. O mon ami, épargnez-moi cette suprême douleur ; que je ne rougisse jamais de vous avoir aimé !
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Vraiment, je ne sais comment je pourrai reprendre la
chaîne de mes mondanités. Vous rappelez-vous nos
préparatifs pour le bal, alors que se bien mettre était la
grande affaire, et que j’aurais tant souhaité avoir une
fée pour marraine, comme Cendrillon ? Sérieusement, il
nous en aurait coûté moins de temps et d’argent pour
tirer de misère quelques familles d’honnêtes gens. Je
vous assure que je suis bien revenue des grands succès
et des petits sentiments. Mais l’amour est une belle
chose... Aimer c’est sortir de soi-même. Je vous avoue
que je ne puis plus me supporter.
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Quand je vivrais encore longtemps, jamais je ne laisserai ma robe noire, jamais je ne laisserai mon deuil.

Après la mort de ma mère, il m’avait vouée à la Vierge, et d’aussi loin que je me rappelle j’ai toujours porté ses couleurs. Pourrait-elle l’oublier? C’est pour mes voiles d’orpheline que j’ai abandonné sa livrée, que je ne devais quitter qu’à mon mariage. Ces couleurs virginales plaisaient à tout le monde, à mon père surtout. Il me disait qu’il ne laisserait jamais passer un jour sans rappeler à la Sainte Vierge que je lui appartenais.
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Ainsi je sais qu’à l’approche de son mariage,
quelqu’un s’étant risqué à lui faire des représentations
sur son choix peu avantageux selon le monde, il
répondit, sans s’émouvoir du tout, que sa future avait
les deux ailes dont parle l’Imitation : la simplicité et la
pureté ; et que cela lui suffisait parfaitement.
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Video de Laure Conan (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laure Conan
Laure Conan — Un Amour vrai
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