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Critique de belette2911


Mon second achat "Sherlock Holmes" et la passion était toujours là, elle ne m'ayant jamais quitté depuis...

J'avais 13 ans et j'ai maintenant... j'ai 30 ans et 60 mois (calculez vous même !).

Ma critique concernera "Une étude en rouge" et "Le signe des quatre" puisque mon édition Laffont, datée de 1956, se compose des ces deux aventures. Certes, les éditions Laffont ne sont pas réputées pour le sérieux de leurs traductions...

Maintenant, je le sais. Merci qui ? Merci la SSHF (Société Sherlock Holmes de France).

Néanmoins, je ne vais pas cracher dans la soupe. J'étais toute folle, lors de mon achat de ce livre, à l'idée de retrouver Sherlock Holmes dans de nouvelles aventures (mon premier livre concernait "Le Chien des Baskerville).

Vous avez déduit que j'ai aimé lire les aventures de Holmes, pas besoin de vous le préciser.

Lui et moi, nous nous étions rencontrés dans "Le chien des Baskerville", comme je vous le précisais.

Tout de suite, j'avais adoré ce détective qui sortait de l'ordinaire.

Par contre, je m'étais sentie un peu frustrée car on le voyait peu, Sherlock Holmes, dans "Le Chien".

A cette époque, Internet n'existait pas (évitez de tomber dans les pommes, s'il vous plaît !) et j'étais loin de me douter que Doyle détestait son personnage de Sherlock Holmes.

Doyle s'étant débarrassé de son encombrant détective dans "Le dernier problème" paru en décembre 1893, il l'avait fait revenir en 1901 dans "Le chien des Baskerville" (qui se passe avant "Le dernier problème") et ce, afin d'avoir à éviter de ressusciter son personnage. Pas con.

Voilà pourquoi j'avais été frustrée de la présence de Holmes dans "Le chien des Baskerville".

Ici, c'était tout autre ! Dans "Une étude en rouge" nous avons la rencontre entre Holmes et Watson. Rhâââ ! Je précise aussi, avant toute chose, que je ne les ai jamais "vu" en couple.

Revenons à "Une étude en rouge", si vous le voulez bien.

Imaginez la défaillance de mon coeur lorsque je lus, en avant-propos de l'aventure, la liste que Watson avait faite sur son colocataire. Je me souviens que, fébrile, j'avais cherché un carnet pour l'inscrire dedans, comme si elle pouvait s'envoler du livre. Indulgence, j'avais 13 piges !

C'est fou ce que Holmes ne savait pas, comme le fait que la terre tournait autour du soleil. Entre nous, il avait raison, cela ne lui servait à rien dans son métier.

Cette première enquête possède quelques défauts, comme le fait que "le coupable" (pas de spoiler) se laisse piéger grossièrement par Holmes, alors qu'il devait connaître son adresse, ayant envoyé un complice pour récupérer la bague.

Beaucoup lui reproche aussi l'histoire que le coupable raconte et tout le dévelopement qui est fort long. Moi pas, je ne lui reproche pas ce passage. J'avais 13 ans et je découvrait les Mormons.

Bref, l'histoire m'avait transporté, une du genre "tu-n-iras-pas-te-coucher-ce-soir".

Je me souviens aussi, lorsque je lus, directement à la suite, "Le signe des quatre", que mon coeur avait accéléré dans ma poitrine en lisant que Watson et Mary Morstan se tenaient par la main. Je ne me sentais plus, espérant que mon détective allait, lui aussi, finir par trouver l'amour. Ce dont il se moquait bien.

Je n'ai pas besoin de vous dire ce que ressentis lorsque je lus, dans "Un scandale en Bohème", l'introduction de Watson ?

Excellente histoire aussi que celle du "Signe des quatre", même si, là aussi, nous avons droit à une longue histoire sur le pourquoi du comment.

C'est pourquoi ma véritable critique va s'articuler sur autre chose que vous dire "super, génial". Mes prédécesseurs l'ont fait de manière brillante et je n'en ajouterai pas.

Une étude en rouge :

La rencontre entre Holmes et Watson est expliquée au lecteur.

L'aventure se passe en 1881 et c'est là que nos deux compères se rencontrent pour la première fois.

Un premier exposé de la méthode du maître est offert mais les traits de caractère du détective ne sont pas encore bien définis.

Pourtant, imaginez mon émoi en découvrant la liste de Watson sur les petites connaissances de Holmes, connaissances qui étaient particulières, Holmes se fichant pas mal que la terre tourne autour du soleil ou le contraire, vu que cela ne lui servait pas dans les enquêtes.

Particularité de ce roman : il comporte une histoire dans l'histoire, avec un crime dont les mobiles nous transportent dans l'univers mormon à Salt Lake City, quelques années auparavant.

Il est aussi le premier roman que Doyle écrivit sur Sherlock Holmes, lui qui ne voulait écrire que des romans historiques...

« Une étude en rouge » qu'il avait pensé intituler « Tangled Skein » (« un écheveau emmêlé » ou « un sac d'embrouilles » – ndt) fut écrite rapidement en mars et avril 1886. Trop rapidement car, ce petit roman – comme le qualifia sa femme – ne comportait que 50.000 mots.

James Payn lui trouva certaines qualités, mais considéra que le texte était trop court pour paraître en feuilleton et trop long pour une nouvelle.

L'humiliation devant ce refus augmenta encore les tentatives infructueuses auprès d'autres éditeurs.

Au bout de six mois, Doyle fini par accepter une offre qui venait d'une maison spécialisée dans « la littérature bon marché à sensation ».

Il accepta et son roman parut dans « Beeton's Christmas Annual » de 1887. Par la suite, il n'obtint pas un penny de plus.

Les droits d'auteurs qu'il réclamait lui furent refusés, malgré tout, Doyle – qui aurait pu chercher ailleurs de meilleurs conditions – se plia pourtant aux exigences de Ward, Lock & C° car il avait un autre projet en tête : un roman historique.

Il oublia donc Sherlock Holmes pour un temps et se concentra sur la guerre civile anglaise qui lui permettait de combiner la littérature et les scènes d'action et d'aventures, convenant à son esprit jeune et fougueux.

Il oublia donc Sherlock Holmes pour un temps et se concentra sur la guerre civile anglaise qui lui permettait de combiner la littérature et les scènes d'action et d'aventures, convenant à son esprit jeune et fougueux.

Pourtant, lorsque le « Beeton's Christmas Annual » de 1887 parut à la fin du mois de novembre, il eut l'espoir de voir le succès couronner son roman policier.

Le titre du roman « une étude en rouge », ressortait sur la page de couverture.

C'était une époque où les critiques gardaient un oeil aussi bien sur les magazines que sur les livres. Conan Doyle était sûr que sa « brochure » marcherait.

Si les lecteurs n'en firent pas un succès, plusieurs critiques relevèrent pourtant, brièvement mais avec bienveillance, l'ingéniosité du récit.

Durant l'été 1888, « une étude en rouge » sortit sous forme de livre.

Épuisé, le roman fut réédité la même année dans un volume comportant quatre nouvelles d'autres auteurs.

Les tirages limités de ces deux premières éditions font que les rares exemplaires que l'on trouve aujourd'hui sont fort prisés par les collectionneurs.

Il en est de même pour le « Beeton » de 1887 : même un fac-similé, paru en 1960, est maintenant hors de prix.


Le signe des Quatre :

En entamant la seconde aventure de ce recueil, je cru défaillir (j'avais 13 ans) en découvrant toutes les petites choses sur les deux personnages. J'en avais déjà eu pour mes sous dans "Une étude en rouge" et là, ça continuait.

Notamment sur ses phases d'abattement profond, lorsqu'il n'avait aucune affaire en cours et cette addiction à la cocaïne pour stimuler son esprit, toujours dans le cadre de cette non-activité.

Contraste étonnant, s'il en est, avec ses phases d'une extrême activité, où il pouvait se passer de manger et de dormir.

Oui, il y a deux hommes chez Holmes !

Je découvrait aussi un peu plus son comportement à la limite de la psychose maniaco-dépressive, sans parler de sa sociopathie prononcée pour ses semblables.

C'est dans cette aventure que Watson découvrira sa femme en la personne de Mlle Mary Morstan, cliente de Holmes. Mon coeur de midinette s'était accéléré...

Il s'agit ici la deuxième aventure du couple Sherlock Holmes et Watson.

Pourtant, lors de ma lecture, plusieurs détails me frappèrent.

Premièrement, si l'action du premier roman se situait en 1881, celle du second se situe 1888. Dans l'intervalle ? Rien !

Par contre, en sept ans, la blessure de Watson s'est déplacée de son épaule à sa jambe… à moins bien sûr qu'il n'ait eu une seconde blessure que Doyle n'avait pas mentionnée dans le premier récit.

Je ne parlerai même pas de la quasi impossibilité à dater exactement le récit, tout semblant se brouiller dans les calculs, rien ne correspondant. le nombre de perles reçues, le nombre d'années du décès de Mary Morstan, la cliente de Holmes.

Jean-Pierre Crauser eu beaucoup de mal à la dater exactement "Le Signe" dans son livre "Quel jour sommes-nous, Watson ?".

Pourquoi ces discordances ? Là, je vais vous parler de ce qui est ma passion : l'holmésologie (étude des récits canoniques), même si je l'applique en dilettante, pour m'amuser.

Non, je ne me contente pas de lire les aventures de Holmes, je les étudie aussi et je me nourri des études des autres. Là, je m'appuie sur celle de mon "Irregular" : Wiggins.

Petite histoire :

- "Une étude en rouge" fut publiée la première fois dans le "Beeton's Christmas Annual" en novembre 1887.

- "Le signe des quatre" fut publié la première fois dans le "Lippincott's Monthly Magazine" en février 1890.

Que s'est-il passé et pourquoi avons-nos failli ne jamais avoir de suite à "une étude" ?

Doyle avait terminé un roman historique sur l'Angleterre puritaine « Micah Clarke » en février 1888, entre la parution d'Une étude en rouge dans le Beeton's et sa réédition en livre.

James Payn le lui refuse, le réprimandant, même : « comment peut-on perdre son temps et son talent à écrire des romans historiques ? ».

Au bout de neuf mois de tournée des éditeurs, il fut publié par Andrew Lang.

Recevant de bonnes critiques, il était de plus en plus persuadé que son avenir et sa réussite littéraire se feraient grâce au roman historique.

S'il en avait été ainsi, cela aurait signifié la fin de Holmes et Watson et la légende n'aurait jamais vu le jour.

Mais Payn avait recommandé Doyle à un américain, Joseph Marshall Stoddart (béni soit cet homme !), qui venait d'être nommé directeur du Lippincott's Monthly Magazine, publié simultanément à Londres et à Philadelphie.

Venu à Londres, au cours de l'été 1889, pour y dénicher de nouveaux talents, Stoddart donna un dîner le 30 août.

Ses hôtes furent Oscar Wilde, qui cherchait à faire son chemin dans le monde littéraire, puisqu'il quittait son poste de rédacteur en chef du magazine Woman's World, et Arthur Conan Doyle.

Stoddart offrit à Wilde une avance pour écrire le roman qui allait scandaliser le Londres littéraire et mondain : « le portrait de Dorian Gray ».

Conan Doyle se vit réclamer, non pas un roman historique, mais une autre aventure de Sherlock Holmes.

N'étant pas en mesure de refuser puisque la médecine ne lui procurait que de modestes revenus, les ventes de « Micah Clarke » étaient moyenne, de plus, il lui faudrait des mois pour achever son nouveau roman historique et bien plus longtemps encore pour le vendre à quelqu'un…

Il n'eut donc pas le choix ! Déplaçant son centre d'intérêt de cinq siècles, il envoya une nouvelle fois Holmes et Watson résoudre une affaire dans « The sign of the four » (le signe des quatre), comme il l'avait d'abord nommée, avant de préférer un titre moins explicite : The sign of four (le signe de quatre).

Une fois encore, il écrivit avec fougue et impatiente, sans se soucier de vérifier certains détails de « une étude en rouge ».

Doyle n'entendait pas faire du « Signe des quatre » une suite à la première aventure de Holmes.

Ce n'était qu'un texte écrit pour répondre à la demande d'un éditeur et pouvant lui procurer un complément de revenus.

S'il avait espéré plus avec cette publication, il n'aurait pu être que déçu.

La parution dans le Lippincott's de février 1890 ne retint pas particulièrement l'attention.

Comme je vous le disais, nous retrouvons Holmes en consommateur de drogue.

Comme Watson le désapprouve, il explique qu'il combat ainsi l'ennui engendré par l'inactivité mentale.

Une raison valable en cette ère victorienne finissante, avant la réglementation sur les stupéfiants et bien avant leur emploi abusif.

Pour Doyle, il s'agit simplement de rajouter une manie de plus au comportement de Holmes et d'insister sur son habitude à sombrer dans l'introspection quand il est réduit à l'inaction.

Voilà pour la partie historique, qui, je l'espère, vous aura un peu éclairé sur l'auteur et la naissance du "Signe des quatre".

C'est aussi dans cette aventure que les « Baker Street Irregulars » démontrent une nouvelle fois leur efficacité. Cette fois-ci, ils sont chargés de surveiller les mouvements de bateaux sur la Tamise.

N'oublions pas Toby, le chien au flair particulièrement développé !

Une super aventure dont certains reprocherons la longueur des explications sur le trésor d'Agra.


Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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