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EAN : 9782264069849
312 pages
10-18 (06/07/2017)
3.63/5   80 notes
Résumé :
Attention, chef(s)-d'oeuvre !

Tout allait bien, semblait-il. Les jours, les semaines, les mois passaient, plus rapidement que dans l'enfance, mais sans qu'elle ressentît la moindre nervosité. Parfois, cependant, au coeur de la nuit, tandis qu'ils dormaient enlacés comme pour se rassurer l'un l'autre dans l'attente de l'aube, puis d'un autre jour, puis d'une autre nuit qui peut-être leur donnerait l'immortalité, Mrs. Bridge s'éveillait. Alors elle cont... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 80 notes
Mais quelle bonne idée , de la part des Editions Belfond ,de ressortir des romans oubliés ou méconnus de nous autres Français, sous l'appellation "roman vintage" !
Mrs Bridge (et Mr Bridge) , une oeuvre en diptyque , sortie en 1959 , raconte les tribulations d'une mère au foyer américaine , entre les deux guerres .
Adapté au cinéma avec dans les rôles titres , Paul Newman et (son épouse dans la vie ) , l'actrice Joanne Woodward en 1990 , ces deux romans sont très estimés par les écrivains américains .

Madame Bridge n'a jamais compris pourquoi ses parents lui avait donné un prénom aussi original qu'India , elle qui est si conventionnelle . Jamais un mot plus haut que l'autre , la politesse jusqu'au bout des ongles , Madame Bridge , pur produit de son éducation, va traverser sa vie sans que rien ne l'atteigne vraiment . Elle ira de tâtonnement, en hésitations, interrogations , désoeuvrement, sans que jamais , elle ne mette un coup de pied dans la fourmilière .
Ayant épousé jeune fille , un avocat promis à un bel avenir , elle se contentera de ce que son mari lui donne comme affection oubliant son désir à elle et son insatisfaction en cours de route ...
Trois enfants plus tard , elle les regardera grandir, dubitative, ne remettant jamais en question leur éducation, sans vraiment les connaitre, sans vraiment les comprendre .
D'ailleurs, c'est cela le drame de sa vie . Comprend -t-elle sa vie ? A quoi sert-t'elle ?
Perdue dans une grande maison, où la bonne effectue toutes les taches, elle s'ennuie ...
La fille du jardinier noir joue avec la sienne , jusqu'à ce qu'elle s'arrange pour les séparer. On ne se mélange que jusqu'à un certain âge et que jusqu'à un certain point .
La société change , évolue : ce sera sans elle .
Racisme bien pensant , nazisme qui pointe son nez , féminisme , sexualité . Madame regarde sa vie mais ne la vit pas . ♫Madame rêve ♫, madame Bridge est à coté de la plaque , mais Mrs Bridge est une bonne épouse, une bonne citoyenne, Mrs Bridge ne fait pas de vagues ..
Une exquise esquisse d'une femme d'une certaine classe sociale, d'une certaine époque, dans un certain pays ...

♫Madame rêve♫ , élégante chanson au rythme lancinant pourrait être la BO de ce livre . Un charme suranné, désuet, une plume ciselée , précise . Une espèce de distance dans l'ironie . Un roman d'une classe aristocratique .

Hum ... maintenant que j'ai fait la connaissance de Madame , j'aimerais que les éditions Belfond me présente rapidement Mr Bridge ...
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Mrs Bridge vit à Kansas City, Mrs Bridge fait ses courses à la Plaza, Mrs Bridge est mère de trois enfants - Ruth, Carolyn et Douglas-, Mrs Bridge a une domestique noire, Harriett, qui fait tout dans la maison,Mrs Bridge est l'épouse d'un homme d'affaires, Mr Bridge, qui travaille beaucoup et gagne beaucoup d'argent,Mrs Bridge a aussi des amies avec qui prendre le thé ou évoquer les derniers potins.

de temps en temps une guerre éclate, une amie se suicide, son mari l'emmène en Europe, sa fille préférée fait un méchant mariage.. mais la plupart du temps il ne se passe rien, dans sa vie, que de menus événements, dérisoires, répétitifs, et surtout lointains, comme déconnectés de sa petite existence gâtée, grise et bien réglée de wasp américaine et provinciale.

Parfois le doute ou l'inquiétude étreignent son petit coeur de porcelaine.

Parfois elle entrevoit les failles terribles du temps, celles de l'incompréhension, celles du malentendu - derrière le blindage ouaté de la bonne éducation qui veut qu'on ne parle jamais de ce qui va mal, de ce qui dérange, ou de ce qui choque.

Parfois elle voudrait bien passer outre la crainte paralysante du qu'en-dira-t-on et demander à Douglas, son enfant sauvage, plein de bon sens et de colère, pourquoi il construit une tour de détritus dans le jardin, pourquoi il se bat de toutes ses forces contre Tarquin, le petit voisin psychopathe- mais de si bonne famille pourtant! Mais elle se contente de faire détruire la tour, de prodiguer à son fils des conseils de patience et de civilité...

Parfois elle retrouve dans Carolyn sa propre inadaptation à la vie, son incapacité à faire face aux problèmes domestiques, à concevoir d'autre activité que celles de ses loisirs et de ses 'achats..Mais elle ne peut lui dire qu'elle aussi souffre d'être ainsi éloignée du monde, coupée des autres et de la vie matérielle par une éducation, un milieu social trop protégés. Alors elle essaie de la persuader que tout va s'arranger, son mariage raté, sa souffrance...

Parfois elle est sur le point de dire à Mr Bridge qu'elle désire autre chose: un peu plus d'amour, un peu plus de ferveur, un peu plus de mots, ou même simplement, un peu moins de domestiques, un peu plus de choses à faire.

Parfois une amie -Grace Barron, la transgressive-, parfois Ruth, sa fille "artiste", aux ongles faits, à la bouche rouge, aux talons hauts, partie vivre enfin sa vie à New York, loin du regard lourd de blâmes de sa mère, parfois Alice Jones, la petite fille du jardinier noir arrivent à lézarder l'édifice fragile des certitudes qu'elle s'est construit pour se mettre hors d'atteinte du monde..

Serait-elle réactionnaire? vieux jeu? hypocrite? raciste? Mais très vite, elle replonge dans la mer tiède des habitudes et du désoeuvrement..

Et le temps passe. Les enfants grandissent, mûrissent, partent, ratent ou réussissent leur vie; la guerre tue et mutile, le travail aussi.

Et Mrs Bridge au milieu des coups du sort, des cruelles ironies du destin, reste comme la vieille Lincoln coincée dans le garage: entre deux portes, entre deux eaux, entre deux mondes. Ni dedans, ni dehors.

Un livre étonnant: un peu ennuyeux mais brillamment écrit, plein d'une ironie douloureuse, et d'une mélancolie distinguée, détachée...

Constitué de 117 petits fragments, apparemment décousus, il tisse pourtant à points serrés un portrait de femme à la Mrs Dalloway, subtil et désenchanté, cruel et percutant: on a le coeur broyé mais sans pathos et sans larmes.

Je suis vraiment curieuse de lire son pendant : Mr Bridge, qui doit donner à ce portrait de femme rompue, effacée, envolée, son contrepoids attitré.Dommage de ne pas avoir réuni les deux faces de ce Janus conjugal dans la même réédition!

En tous les cas, c'est une belle découverte, une oeuvre vraiment intéressante et je remercie de tout coeur les éditions Belfond et Masse critique de Babélio pour m'avoir permis d'en bénéficier!
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Splendeur ! Merveille infiniment triste, mais aussi drôle et légère ! Mrs Bridge, petite soeur coincée de Madame Bovary, petite soeur innocente, sourde, aveugle...
India (beau prénom recherché auquel elle n'a jamais pu s'habituer ) vit à Kansas City dans l'entre-deux-guerres, avec son mari Walter Bridge, et ses trois enfants Ruth, Carolyn et Douglas. Son portrait est dressé avec génie par l'auteur en cent-dix-sept touches, à la fois impressionnistes et chronologiques, qui nous mènent de la jeune fille à la vieille dame. Tout est extraordinaire dans ce texte :
-le temps qui passe sans bruit, détruit silencieusement, et l'esprit qui reste identique à lui-même jusqu'à se dire avec surprise que la vie est passée...Cela fait encore penser à Flaubert et Un coeur simple.
-La distance, la solitude de Mrs. Bridge face à son mari, ses enfants qu'elle ne comprend pas, de moins en moins, enfermée qu'elle est dans des conventions qu'elle ne peut pas remettre en question.
-Le poids des conventions sur un esprit normal, peu aventureux, qui mène au déni du réel, presque à la folie tant le monde de Mrs Bridge est restreint, superficiel, immature. Ainsi, quand sa fille Ruth révèle à sa mère qu'elle héberge souvent chez elle, à New York, un ami homosexuel, sa mère lui dit ne pas comprendre ce qu'elle dit. Et en la regardant, Ruth se rend compte avec stupeur, effroi et pitié que c'est la vérité. Mrs Bridge ignore l'existence de l'homosexualité.
-L'ennui, l'inutilité, le vide de son existence qui l'approche d'un profond vertige.
-l'absence de réflexion sur les questions fondamentales du siècle, les guerres, la ségrégation raciale, les crises.
Et la lectrice est profondément choquée et bouleversée que l'on puisse éduquer un être à n'être qu'ignorance et apparence. Mrs Bridge pressent qu'il y a autre chose, mais elle ignore quoi. Et faute de le comprendre, de le chercher, faute qu'on l'aide à le faire, qu'on s'intéresse suffisamment à elle pour lui montrer la voie, elle perd tout, ou bien elle n'a jamais rien eu.
C'est beau, affreux, magnifique.

Et...L'auteur a eu l'idée maîtresse de continuer par la création d'un deuxième tome : Mr. Bridge. La même histoire, côté mari...
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Mrs Bridge est gentille, c'est une bonne épouse qui tient bien son intérieur et veille au confort de son mari, et c'est aussi une mère dévouée, même si elle ne comprend pas grand chose aux souhaits et aux désirs de ses enfants pas plus qu'à ceux de son mari d'ailleurs.
Car il faut bien reconnaître que Mrs Bridge ne semble pas très intelligente. Elle a certes fréquenté une université de filles, mais surtout afin de se dégoter un époux, donc, de ce point de vue, c'est mission accomplie.
Elle n'a pas grand chose à faire car elle a des domestiques et elle n'a pas trop le loisirs de réfléchir non plus, car elle ne lit pas, ne s'informe pas de l'état du monde, ne fréquente que des gens avec lesquels les conversations sont légères et conventionnelles.
Mrs Bridge n'a pas de préoccupations très compliquées, si ce n'est décider si il convient de changer les bougeoirs ou d'acheter de nouvelles serviettes d'invités.
La vie de Mrs bridge est donc monotone et elle s'ennuie énormément.
Pourtant je ne me suis pas ennuyée une seconde à la lecture de sa vie, car l'auteur a un humour féroce et il se moque de ces bourgeoises vivant aux états-Unis dans les années 60 qui n'ont rien à faire, rien à dire, car la vie est toute tracée pour ces épouses et mères de famille et on n'attend absolument rien d'elle hormis ce qu'on leur a appris à faire.
Ah, comme cela fait du bien de se dire qu'aujourd'hui, en France, on peut décider qui on va épouser ou pas, qu'on peut exercer la profession de son choix, qu'on peut s'habiller comme on veut, qu'on peut choisir aussi bien ce qu'on va mettre dans son assiette que le livre qu'on va lire, qu'on peut avoir des idées et même en faire part aux autres sans se faire rabrouer parce qu'on dit des sottises...
La pauvre Mrs Bridge elle, ne mange que ce que l'on a coutume de manger, ne boit pas plus que son mari ne l'autorise, ne porte un pantalon que pour jardiner, se rend à des dîners ennuyeux parce qu'il est mal vu de ne pas y aller, en somme, sa vie n'est régie que par des obligations ou des interdits.
Mais en échange, elle jouit d'une vie confortable, délivrée des soucis d'argent, et elle a l'approbation de sa famille et de la société toute entière qui encourage ce conformisme.
Ce portrait d'une bourgeoise sans personnalité m'a fait sourire à de nombreuses reprises car les pointes d'humour sont nombreuses et mordantes.
Un récit léger, pour les vacances, mais qu'on est content de quitter car la vie d'une femme au foyer qui met son cerveau au repos 90 % du temps n'est vraiment pas ce qui me fait rêver.
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Tout d'abord un grand merci aux Editions Belfond et à Babelio pour m'avoir permis de découvrir Mrs Bridge de Evan S.Connell paru dans la collection vintage.
En premier lieu il est très important de rappeler que ce roman avec son pendant Mr Bridge est une oeuvre, parue en 1959," fondatrice de la littérature américaine d'après-guerre" (4ème de couverture).
Mrs Bridge , India pour les intimes, nous relate la vie d'une jeune femme qui ,après la mort de son père, épouse un jeune avocat promis à un bel avenir. Elle le suit bientôt à Kansas City où il ouvre son cabinet. Les années passent, les enfants naissent,école, réunion des parents d'élève, fréquentation des femmes du Country Club, l'entre deux- guerre .Mon Dieu, quel ennui ! Rien , il ne se passe rien .....j'ai bien cru que j'allais abandonner ma lecture mais heureusement j'étais mandatée et voilà tout à coup le déclic , à mi-livre le regard que Mrs Bridge porte sur le monde change ,oh pas brutalement je vous rassure mais petit à petit une rencontre,une amie , Grace Barron, juive et progressiste, une femme exilée venue d'Europe, un voyage en Europe avec son époux interrompu par l'invasion de la Pologne .Mrs Bridge en prenant des années, en voyant ses enfants grandir et prendre leur envol, prend soudain conscience du temps qui passe ... Qu'a t'elle fait , pour qui , comment, pourquoi, vers où va t'elle ? Que de questions souvent sans réponses.Un époux aimant mais trop absorbé par son travail et le désire de la combler financièrement , des enfants qui s'éloignent , l'âge et surtout l'ennui , les heures qui défilent et rien à faire, ne serait elle pas passée à côté de la vie ?
Un roman doux amer qui une fois terminé laisse 'un goût acre " en bouche , le deuxième volet de ce dytique vient aussi de paraître , le regard de Mr Bridge est certainement différent de celui de son épouse et ma curiosité me poussera sûrement à le découvrir .
Curieuse aussi de voir le film réalisé par James Ivory en 1990 avec Paul Newman et Joanne Woodward tiré de ces deux romans.
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critiques presse (1)
Actualitte
12 avril 2017
Par petites touches précises, tranchantes, cent dix-sept saynètes d’une superbe ironie – superbe, car suggérée, tapie sournoisement dans les allusions qui font mouche après un léger décalage délicieux
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Mrs Bridge, qui se sentait mieux à mesure que le voyage tirait à sa fin, se disait que jamais elle n'avait vu personne aussi solitaire et misérable que cette vieille femme, et qu'elle devait faire quelque chose pour l'aider. Elle vint donc un après-midi la trouver dans son coin, se pencha et lui toucha doucement l'épaule.
- Puis-je faire quelque chose pour vous? lui demanda-t-elle.
- Lei parla italiano?
- Oh! vous ne parlez pas anglais?
- Non capisco, répondit la vieille femme en la regardant avec un grand désespoir.
-Je suis désolée, dit Mrs Bridge faiblement. Si seulement je savais que faire, mais je ne comprends pas.
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La lumière s’alluma dans l’entrée. La toux de Mr. Bridge résonna, puis le grincement de la porte du placard et le bruit familier de la serviette sur l’étagère du haut. Submergée tout à coup par le besoin d’être rassurée, Mrs. Bridge se détourna rapidement de la fenêtre et se précipita vers son mari avec une expression de désir intense, sachant ce qu’elle voulait sans savoir comment le demander. Il entendit le bruit de sa robe et ses pas rapides sur le tapis. Lorsqu’elle fut près de lui (il était en train d’accrocher son manteau), il dit, sans irritation mais avec un peu de lassitude parce que ce n’était pas la première fois que cela arrivait : - Tu as oublié de faire graisser la voiture.
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Mrs. Bridge n’avait pas aimé les poèmes - ils étaient trop libres pour elle, trop peu poétiques - et elle espérait que personne ne lui demanderait ce qu’elle en avait pensé. Effectivement, personne ne le lui demanda, mais un jour elle fut toute surprise de s’entendre elle-même dire qu’elle ne les avait pas aimés ; embarrassée soudain de ce jugement, car elle avait conscience de ses limites, elle ajouta vivement : « Mais je serais bien loin de pouvoir en faire autant ! »
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Les amis de Ruth , curieusement , avaient toujours des noms étrangers . Les camarades de Carolyn s'appelaient Bob, Janet, Trudy, ou Buzz, mais il y avait dans ce nom d'Al Luchnek - comme d'ailleurs dans celui des autres : Louie Minillos, Nick Gajadas - quelque chose de venimeux . On aurait dit des noms de gangsters du North End .
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Cela empire de jour en jour . Avec tous ces psychologues qui ont mis dans la tête des parents que rien n'est plus important que le droit d'un enfant à s'affirmer , Dieu sait où nous allons !
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