Un sourire de la fortune
Lors d'une escale à Maurice (Au pays parfumé que le soleil caresse), un jeune Capitaine, au coeur encore intact, tombe dans les rets d'un shipchandler crampon et de sa fille, beauté exotique à la chair indolente. Objet de médisances, car de naissance illégitime, la belle plante -entre fleur de frangipanier et tubéreuse-, pourtant maussade et renfrognée, captive l'arrogant jeune homme. le papa de la demoiselle fera payer au blanc-bec le prix d'un baiser volé par l'achat d'une cargaison de pommes de terre. Un marché de dupe qui se révèlera lucratif.
Cette divertissante nouvelle de Conrad, aux nuances baudelairiennes, ne procure qu'un plaisir volatile et vaut surtout pour son atmosphère de serre tropicale.
Le compagnon secret
Courte nouvelle sur le thème du double, le Compagnon secret est l'un des plus troubles chefs d'oeuvre de Conrad.
Dans cette confession, à la première personne, un jeune capitaine de navire révèle qu'une nuit il a accueilli à son bord un assassin en fuite, assassin qu'il a ensuite caché aux yeux de son équipage dans sa cabine et ce, le temps de lui procurer une échappatoire satisfaisante.
L'apparition fantomatique du fugitif, affleurant lentement des eaux nocturnes, comme un noyé qui émergerait du Léthé puis se hissant à bord entièrement nu et paré de phosphorescences marines mêle intimement Éros et Thanatos. Comme il appert des aveux du narrateur que cet ange de la mort lui ressemble étrangement, leur cohabitation silencieuse et risquée pour l'un comme pour l'autre devient oppressante. Les marins gémeaux fusionnent peu à peu jusqu'à la déraison...
Ce huis clos fantasmatique et lancinant taraude durablement son lecteur et le plonge dans des spéculations abyssales. Tous nos reflets suffisent-ils à nous définir ?
Freya des Sept-Iles
Quelque part dans l'archipel Malais, un fougueux marin anglais, passionnément épris de son brick le Bonito, aime une blonde Danoise, la raisonnable Freya. le jour approche où, quittant son père, elle pourra rejoindre son compagnon de coeur sur son navire pour des amours ultra-marines.
Las, un vilain jaloux, l'odieux Heemskirk, guigne en fulminant la beauté scandinave. Éconduit violemment par la donzelle, il n'aura de cesse de se venger.
Sordide histoire de viles représailles, Freya des Sept-Îles est constamment magnifiée par la puissance de l'écriture et du style d'un Conrad éblouissant. Avec la mer comme insigne témoin, ce cruel récit d'amours contrariées ne vous lâche plus.
Un petit bijou, ensorcelant et maléfique.
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Car, je vous le demande, qu'était-ce qu'Heemskirk ? Vous comprendrez immédiatement combien craindre Heemskirk était absurde... Assurément, il était d'un naturel assez malveillant. On en était convaincu dès qu'on l'entendait rire. Rien ne trahit mieux les dispositions secrètes d'un homme, quand il n'est pas sur ses gardes, que le timbre de son rire.
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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