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Maël Renouard (Traducteur)
EAN : 9782743619459
93 pages
Payot et Rivages (21/01/2009)
4.25/5   32 notes
Résumé :

D'un voyage au Congo belge qui l'a bouleversé, Joseph Conrad a tiré le célèbre Coeur des ténèbres, et cet Avant-poste du progrès, qui n'est pas une version préparatoire de l'autre, mais son reflet inversé, encore plus étrange et plus trouble à certains égards. C'est une peinture terrible de l'entreprise coloniale et de son échec, C'est également le portrait inquiétant d'une humanit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
A la marge du monde, un comptoir. Dans ce comptoir, deux hommes blancs, représentants de la civilisation au bout du monde. Autours, le fleuve, la forêt équatoriale, les autres. Occuper les longues journées jusqu'à épuiser l'ennui, médire, mépriser, boire. Il faut refaire ce monde, le civiliser.Il parait qu'ici les derniers blancs sont morts de la fièvre ou de quelque chose qui s'y apparente.

Vivre dans un comptoir c'est faire du commerce. Faire du commerce, c'est tenter de comprendre pour tirer avantage. Commercer l'ivoire, fermer les yeux et amasser des richesses. Il va falloir communiquer, avec les sauvages. Mais ils sont fous! Ils crient ils vocifèrent. Heureusement le traducteur est là, quelqu'un du pays.

Et puis les voila qui débarquent, que disent t'ils? le traducteur à l'air inquiet, mais il les rassure... et puis c'est l'incompréhension qui cède à la folie.

Peut-on s'imposer en maitre si loin de son univers? Comment comprendre, comment apprendre quand on est sûr de savoir?
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Ecrit peu de temps avant Au Coeur des Ténèbres, ce court roman permet à Conrad d'aborder une première fois la colonisation et ses ravages, après avoir lui-même parcouru le Congo belge. Je me souviens de la violence et de la noirceur du roman qui l'a consacré, c'est ce qui m'a incité à lire celui-ci quand je suis tombée dessus.
Quelque part en Afrique (sans doute le Congo belge, mais il n'est pas nommé), deux hommes viennent d'être affectés à la garde d'une factorerie. Kayerts a été nommé chef, et Carlier est son adjoint et ils viennent remplacer au pied levé un autre Blanc mort de maladie. Ils se sentent d'ailleurs engagés dans une entreprise valorisante, ne comprenant pas qu'en réalité on s'est débarrassés d'eux dans ce bout de village en bord de fleuve.
Les jours passent, un peu comme dans le Désert des Tartares, et il ne se passe pas grand chose. Les eaux du fleuve coulent dans la brume, parfois des tribus jaillissent de nulle part afin d'échanger des défenses d'éléphant mais c'est Makola, indigène occidentalisé, qui se charge des transactions. Tant mieux d'ailleurs car les deux Blancs n'ont pas vraiment envie d'avoir affaire à ces sauvages.
Loin de tout, cependant, ils changent, et deviennent eux-mêmes un peu moins civilisés.
C'est un roman très court mais qui se suffit à lui-même, sans manichéisme car Makola n'est ni pire ni meilleur qu'eux, tout comme les indigènes qui débarquent ou la Compagnie qui semble les avoir oubliés. Tout au long du récit, l'incompréhension règne entre Blancs et Indigènes mais seul le vieux Gobila semble s'interroger sur les deux Blancs car les autres se côtoient dans l'indifférence absolue.
Quand je lis Conrad, je suis à chaque fois surprise par la modernité de son style, lui qui est l'un des premiers à aborder la colonisation sous sa violence et son absurdité.

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Dès la fin du premier paragraphe, vous sentez que vous plongez dans un monument de littérature. Esquisse parfaite des personnages, caractères et enjeux psychologiques, atmosphère moite équatoriale, cette courte nouvelle vous fait l'effet de vous être immergé dans un bain bouillant dont vous ressortez tremblant de fièvre et conscient d'avoir rencontré un écrivain extraordinairement lucide et brillant.
De la très grande littérature et je cours me plonger au « Coeur des ténèbres ».
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Sarcastique, cette nouvelle met au jour l'humour de Joseph Conrad : grincements de dents et rire jaune.

Un comptoir paumé au fin fond du Congo, deux olibrius, ganaches incompétentes, échoués là pour pérenniser le commerce de l'ivoire et des fièvres africaines aux touffeurs tropicales : sous le masque de la farce, se lisent la cupidité de l'homme blanc, son racisme substantiel et sa malhonnêteté intégrale.

Dans ce huis clos tropical, Conrad, étonnamment sobre, pousse jusqu'à l'absurde le délitement d'exploiteurs "dont l'existence n'est rendue possible que par la savante organisation des masses civilisées. (...) le contact avec la sauvagerie pure et simple, avec la nature primitive et l'homme primitif jette(ra) dans (leur) coeur un trouble subit et puissant."

Fable puissamment sardonique, An Outpost of Progress est un implacable acte d'accusation du colonialisme cynique (on pense au Céline du Voyage).

"Tout le monde fait preuve d'une respectueuse déférence devant certains sons émis par soi-même et par les autres. Mais lorsqu'il s'agit de sentiments, l'ignorance des gens est totale. Nous parlons avec indignation ou avec enthousiasme ; nous parlons d'oppression, de cruauté, de crime, de dévouement, d'abnégation, de vertu, mais cela n'a aucune réalité pour nous en dehors des mots." du grain à moudre aujourd'hui encore...

Une véritable baffe!
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Superbe nouvelle sur un avant-poste d'une colonie sur le fleuve Congo.
Très critique, réaliste, puisque l'auteur relate ce qu'il a vu lors de son voyage aux colonies. Grande critique de l'appât du gain, de la volonté civilisatrice de l'occident, de la bêtise humaine également.
Très riche, une claque.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
p. 36 le contact avec une sauvagerie absolument pure, avec la nature primitive et l'homme primitif, introduit un trouble certain et profond au cœur de l'existence.
p. 73 la peur demeure toujours. Un homme peut tout anéantir en lui, l'amour, la haine, la foi, et même le doute; mais aussi longtemps qu'il s'accroche à la vie, il ne peut anéantir la peur : la peur subtile, indestructible, terrible, qui imprègne son être; qui colore ses pensées; qui est à l'affût dans son cœur; qui épie sur ses lèvres l'agonie de son dernier souffle.
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C’étaient deux êtres parfaitement insignifiants et incapables, deux de ces êtres dont l’existence n’est rendue possible que par la savante organisation des foules civilisées.
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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