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Françoise Cartano (Traducteur)
EAN : 9782226087713
704 pages
Albin Michel (26/09/1996)
4.13/5   416 notes
Résumé :
Installé à Rome avec sa fille Leah, Jack McCall s'est juré de ne plus revenir à Waterford, sa ville de Caroline-du-Sud, que le suicide de sa femme Shylla et le procès intenté contre lui par sa belle famille l'ont poussé à quitter. Un télégramme lui annonçant l'agonie de sa mère va cependant le faire changer d'avis. Dès l'arrivée, face à son père, le juge alcoolique, face aux parents de Shylla hantés par les souvenirs de la Seconde Guerre, face à son frère John, le d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (53) Voir plus Ajouter une critique
4,13

sur 416 notes
Il y a très longtemps que je n'étais pas venue faire un tour par ici à cause d'une perte de goût pour la lecture et les échanges numériques...
Mais je viens de lire un livre qui m'a sorti de mon marasme et il faut que je vous parle sans tarder de Beach Music de Pat Conroy tellement j'ai adoré !

Beach Music est mon premier Pat Conroy !

Il s'est retrouvé dans ma PAL voilà bien 2 ans suite aux retours enthousiastes de plusieurs membres du #PicaboRiverBookClub sur "Le prince des marées" du même Pat Conroy... mais comme ce livre était épuisé, je me suis rabattue sur un titre qui était disponible.

Alors ? Qu'est-ce que j'ai pensé de Beach Music ?

Et bien sans mentir, c'est un des meilleurs livres que j'ai lu dans ma vie ! J'ai ri, j'ai pleuré ! j'ai adoré beaucoup de personnages et j'en ai détesté d'autres ! Pendant ces 924 pages, j'ai ressenti de la joie, de la colère, de la tristesse, de l'angoisse, du bonheur, de la peur, ... C'est un livre qui m'a "habité" et que je n'ai pas pu lâcher ! Je voudrais presque ne pas l'avoir déjà lu pour pouvoir ressentir à nouveau toutes ces émotions !

Dans Beach Music, Pat Conroy traite principalement de la trahison.

La trahison des parents, soit alcooliques, soit trop sévères, soit traumatisés, soit brutalisés eux-mêmes dans leur jeunesse et qui trahissent leurs enfants en les maltraitant et en ne sachant pas les aimer.

La trahison de l'amitié, de l'amour, de la patrie ou de la religion.

Mais Pat Conroy amène également ses personnages à la rédemption car comment vivre après avoir trahi ?

Il paraît que le prince des marées (qui vient enfin d'être réédité en poche) est considéré comme le chef-d'oeuvre de Pat Conroy... pourtant c'est l'écriture de Beach Music qui aurait provoquée une profonde dépression à son auteur (dixit Wikipedia). Peut-être parce que Pat Conroy explore encore plus sa vie dans Beach Music que dans ses autres livres ?

Je ne dirai rien de plus sauf qu'il faut ABSOLUMENT lire ce livre !
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Quand j'ai reçu ce livre, j'ai eu une petite appréhension en constatant qu'il comportait 922 pages. Je craignais des longueurs... Inquiétude qui s'est totalement évanouie dès la dixième page.
Passionnant, riche, enlevé ! On ne s'ennuie pas une seconde.
Un style à la fois rythmé, subtil, romantique, réaliste et teinté d'un humour délicieusement sarcastique qui nous cueille de manière inattendue à l'instant même où l'on est gagné par la tristesse.
La relation entre les "mâles" de la famille Mc Call est vraiment surprenante, décalée, tranchante. Des écorchés vifs qui se protègent derrière un mur de sarcasmes et d'ironie mordante pour tenter de refouler l'expression d'une sensibilité qui les rendrait vulnérables.
Le récit de l'Holocauste par Georges Fox est insoutenable. J'ai du stopper ma lecture à plusieurs reprises pour respirer. J'avais l'impression de lire en apnée tant j'étais submergée par l'horreur.
Quand j'ai terminé cette extraordinaire saga du siècle dernier de ces Américains de Caroline du Sud j'ai ressenti une sorte de nostalgie de devoir quitter ces personnages auxquels je m'étais attachée et dont je me sentais proche.
Beach Music restera une de mes plus belles émotions littéraires.
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Titre : Beach music
Année : 1996
Editeur : Albin michel
Auteur : Pat Conroy
Résumé : Jack McCall élève sa fille Leah à Rome, loin de Waterford Caroline du sud, la ville qui l'a vu naître et où il a passé son enfance. Jack tente de se remettre du suicide de sa femme Shylla quelques années auparavant. Il s'est juré de ne jamais remettre les pieds dans cette région du sud des états-unis où vivent encore ses beaux-parents qui ont tentés de lui arracher sa petite fille et sa propre famille dysfonctionnelle. C'était sans compter sans la leucémie de sa mère qui va le pousser à faire machine arrière et retourner sur les pas d'une enfance traumatisante.
Mon humble avis : Ceux qui sont habitués aux petites chroniques de francksbooks savent à quel point les lectures du grand Santini mais surtout du Prince des marées auront marqué ma vie de lecteur à jamais. Je tiens Pat Conroy pour un écrivain majeur, sans équivalent lorsqu'il s'agit de décrire les relations familiales troublées ou les paysages magnifiques et l'ambiance qui règne dans les régions littorales du sud des USA. Conroy, aujourd'hui décédé, fut un conteur hors-pair et le témoin privilégié d'une société américaine à bout de souffle. Au vu de mes lectures précédentes et de l'estime porté à cet auteur vous comprendrez aisément que je m'attaquai à ce pavé avec beaucoup d'espoir et l'espérance d'un plaisir de lecture évident. Et puis la lecture : les premières pages au style ampoulées, une description de Rome digne d'un guide de voyage, beaucoup de sarcasmes, un humour forcé bref, je ne reconnaissais pas l'auteur que j'avais tant aimé. Lorsque Jack se décidait enfin à rentrer au bercail j'espérais enfin le retour du grand Pat Conroy mais ce ne fut malheureusement pas le cas. Tout ce qui faisait le charme de cet auteur tombe ici à plat. La plupart de ses personnages sont caricaturaux, les situations parfois risibles et même si ce roman n'est pas dénué de qualité (lecture facile, rythme, grands espaces) il n'arrive, à mon humble avis, pas à la cheville des productions précédentes de l'auteur natif d'Atlanta mais aussi du chef d'oeuvre que fut le prince des marées. Beach Music est un roman protéiforme brassant des thèmes aussi larges que le devoir de mémoire, l'holocauste (avec une surenchère de scènes atroces qui m'ont laissé dubitatif), la schizophrénie, les relations familiales, la guerre du Vietnam; un roman ambitieux à n'en pas douter mais un roman fleuve qui perd son lecteur en route et j'avoue avoir ressenti un vrai soulagement au moment d'achever sa lecture. Parfois les grandes espérances provoquent de grandes déceptions et ce fut malheureusement le cas avec ce Beach Music. Ceci ne m'empêchera pas de continuer à considérer Conroy comme un auteur rare et immense. A très bientôt mister Conroy.
J'achète ? : Je suis le premier étonné de devoir avouer que ce Beach Music est un roman décevant, absolument pas à la hauteur du talent de son auteur. Par contre si tu n'as pas encore lu le prince des marées je te conseille de te ruer vers la librairie la plus proche de chez toi pour acquérir ce chef d'oeuvre où toute la quintessence du talent de Conroy est concentrée. Cours te dis-je !
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Je viens de terminer ce roman de Pat Conroy. Un pavé de plus de 900 pages.
Les deux personnages principaux sont Jack Mc Call et sa fille Leah.
Lorsque sa femme s'est suicidée en se jetant du haut d'un pont, Jack a décidé d'aller vivre à Rome avec sa fille et de ne plus revenir en Caroline-du-Sud d'où il est originaire. Il se pose des questions sur les raisons du suicide de Shyla, sa femme, sans pouvoir soupçonner quoique ce soit.
Un télégramme lui apprend que sa mère, atteinte de leucémie est au plus mal. Il décide de retourner en Amérique pour assister aux derniers instants de sa mère.
A mon sens, ce roman en comprend plusieurs, nous y retrouvons, sans aucune chronologie les différentes phases et époques de la vie de chaque personnage :
- La déchéance du Juge Mc Call, père de Jack, alcoolique notoire ;
- L'enfance tourmentée de Lucy, sa mère ;
- L'Holocauste vécu par les parents de Shyla ;
- La guerre du Viet Nâm ;
- La schizophrénie de son plus jeune frère ;
- La folie de Shyla ;
- L'amitié entre Jack, Mike, Capers, Ledare et Jordan, leurs souvenirs d'enfance.
Beaucoup de sujets y sont traités à commencer par l'amour paternel, l'amour maternel, l'amitié, la dispute, la guerre, les horreurs de l'holocauste, l'enfance maltraitée, le viol, la maladie, l'amour, la folie, la mort.
L'auteur a une très belle plume, je l'ai lu avec beaucoup de plaisir. Son livre est dense et très long à lire, il faut en digérer les différentes phases. Il est parfois difficile à suivre tant les sujets sont nombreux et traités pêle-mêle, sans aucune chronologie. J'ai mis plus de deux mois pour le lire, il faut le digérer tant sa lecture est intense.
Les chapitres sont longs, les paragraphes font parfois plus d'une page, ce qui ne rends pas la lecture facile.
J'ai aimé ce livre, je l'ai dégusté. Il est émouvant, à la fois triste et mouvementé, bouleversant par moment beaucoup d'adjectifs pourraient le qualifier, j'y ai cependant trouvé quelques longueurs.
Malgré tout je lui ai préféré « le Prince des Marées » (du même auteur) que je considère comme un chef d'oeuvre.
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Quand j'ai lu l'an dernier le Prince des marées, j'avais la certitude d'être en présence DU grand livre de Pat Conroy, de son roman le plus abouti.
Le suivant serait forcément moins bon.

Et paf ! Voilà que je tombe sur Beach Music, et que j'y retrouve avec joie le même souffle narratif, la même ambition, la même abondance de personnages aux caractères parfaitement fouillés, le même soin du détail et la même savante alchmie d'humour, de drame, d'exubérance, de surprises et d'émotions...
Bref, je redécolle au quart de tour !

Nous voilà cette fois en présence de Jack McCall, un quarantenaire natif de Waterford (Caroline du Sud), depuis peu exilé à Rome avec sa fille Leah et bien décidé à ne plus jamais remettre les pieds outre-Atlantique.
Que fuit-il ? Sa famille bien sûr (une mère un peu azimutée, un père incapable de faire face à ses penchants alcooliques, quatre frères tempétueux avec qui il entretient des rapports complexes), mais aussi et surtout une tragédie incommensurable, le suicide de sa femme Shylla, la mère de Leah.
Alors oui, Jack a fini par larguer les amarres. Pour conjurer ses douleurs d'hier, il s'est promis de couper définitivement les ponts avec les siens ("Le passé était le pays par excellence où j'évitais de faire des incursions inutiles"), de tourner le dos une fois pour toute à la terre de ses ancêtres et aux souvenirs qui la hante.
Mais bien sûr il ne faut jamais dire jamais ! Divers évènements vont pousser notre narrateur à rebrousser chemin et à renouer contact avec ceux qu'il avait reniés, pour exorcicer enfin tous ses vieux démons et nous faire la démonstration - s'il en était besoin - que "l'exil est le plus sûr moyen de sanctifier le chemin du retour au bercail".

Quel étonnant revirement ! Quelle "ampleur" et quelle fluidité dans la narration ! Quelle maitrise dans la construction !
Rebondissements multiples, alternance des époques et des générations (l'auteur insère dans son récit contemporain de vastes séquences sur la guerre du Vietnam ou sur l'enfer de la Shoah), interconnexions soigneusement travaillées entre les trajectoires de chaque personnage : Pat Conroy est sur tous les fonts ! Il se joue allègrement des contraintes chronologiques sans pour autant donner l'impression de s'éparpiller, et son roman qui se déploie en ramifications tentaculaires sur plus de 900 pages, reste de bout en bout cohérent et très addictif !

L'ensemble est bien sûr trop dense pour que je puisse ici en faire la synthèse, mais difficile quand même de ne pas évoquer la profondeur et l'originalité de cette histoire, la puissance des liens qui unissent Jack - presque malgré lui - au reste de sa famille et à ses amis d'enfance, avec qui il partage des souvenirs très forts. Tous ont contribué à faire de lui l'homme à la fois résolu et brisé qu'il est devenu, tous participent de cet héritage sacré, dont notre héros comprend peu à peu qu'il est vain de vouloir se délester.
La relation qu'entretient Jack avec les siens, ainsi qu'avec sa région natale, est en effet particulièrement intense, et parfaitement atypique. Elle oscille continuellement entre amour et répulsion, entre ressentiment et adoration, et c'est avec beaucoup de justesse que l'auteur met en scène ce tiraillement perpétuel.

Pour agrémenter les descriptions superbes des basses terres marécageuses de Caroline du Sud que Conroy connaît comme personne, il nous offre des dialogues vivants et savoureux, notamment entre les cinq frères qui s'adonnent à des joutes verbales incessantes faites de piques acerbes, d'humour et d'ironie mordante.
Les rancoeurs semblent tenaces, mais une fois que les dernières digues d'hostilité ont cédé, c'est une histoire pleine tendresse qui prend le pas sur les colères d'hier. Ainsi les scènes de réconciliation finales, alors qu'un proche de Jack vit ses derniers instants, sont tout à fait poignantes.

En clair et en bref : Beach Music est à nouveau une franche réussite, l'oeuvre incroyablement riche d'un conteur hors-pair. A la lecture de ce retour aux sources éprouvant mais salvateur, on ne peut que s'interroger. Est-il vraiment possible de rompre avec le passé ? Serait-ce par ailleurs souhaitable ?
Pat Conroy et moi-même ㋡ estimons que non.
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Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Je m'intéressai ensuite aux livres de poche dont pas un ne semblait avoir bougé de place. Cette pièce avait souvent servi de refuge pour fuir la discorde et la tristesse du rez-de-chaussée, et c'est là que j'étais tombé amoureux de ces livres et de leurs auteurs d'une manière que seuls connaissent et comprennent les lecteurs impénitents.
Pas une fois un bon film ne m'a affecté de façon radicale et définitive comme peut le faire un bon livre. La lecture avait le pouvoir de modifier pour toujours ma vison du monde. Un grand film changeait éventuellement ma perception des choses pendant un jour.
J'avais toujours classé ces livres par ordre alphabétique, d'Agee à Zola, et je les avais lus pour la sonorité des mots, pas pour les idées qu'ils épousaient.
"Salut Holden Caulfield, dis-je en tirant le livre de son étagère. rendez-vous au Waldorf, sous le pendule. Bonjour à Phoebe. Vous êtes un Prince Holden, un vrai de vrai".
Puis sortant "Look Homeward, Angel", je lus la superbe première page de Wolfe et me souvins qu'à seize ans, ces mêmes mots m'avaient enflammé par la beauté inhumaine de la langue à la façon d'une supplique, d'une incantation, d'un grand fleuve grondant dans l'obscurité.
"Salut Eugene, salut Ben Grant", dis-je tranquillement car je connaissais ces personnages aussi bien que les personnes que je rencontrais dans la vie. La littérature était le lieu où le monde faisait sens pour moi.
"Mes hommages, Jane Eyre. Salut, David Copperfield. Jake, la pêche est bonne en Espagne. Méfie-toi d'Osmond, Isabel Archer. Attention Natacha. Bon combat, Prince André. La neige, Ethan Frome. La lumière verte Gasby. Attention aux grands garçons, Piggy. ça ne m'est pas égal Miss Scarlett. Les bois de Birnam bougent, Lady McBeth. "
Ma rêverie fût interrompue par la voix de Leah.

- "A qui tu parles papa?"

- A mes livres dis-je. Ils sont toujours là. Je vais tous les emballer et les expédier à Rome pour toi.
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"Croyez-vous que vous seriez capable de jeter votre fille Leah dans un four crématoire, Jack ? Bien sûr que non. L'amour que vous lui portez est trop immense, exact ? Laissez-moi vous affamer pendant un an. Obtenir votre soumission par les coups. Tuer tous ceux que vous aimez et vous faire travailler jusqu'à tomber à terre. Vous humilier, mettre des poux plein vos cheveux et des asticots dans votre pain. Laissez-moi éprouver vos limites, trouver l'endroit à la frontière de votre âme où cesse la civilisation et commence la dépravation. C'est ce qu'ils m'ont fait Jack. A la fin de la guerre, j'aurais jeté le Messie en personne dans les flammes du crématoire, et je l'aurais fait pour un bol de soupe. Je serais capable d'y jeter aussi Ruth, Shyla, Martha, Sonia, mes fils, sans l'ombre d'une hésitation. Il est là, le truc, Jack. Il suffit de briser totalement un homme, et il est à vous, vous le possédez. Laissez-moi vous briser comme ils m'ont brisé, et je vous promets que vous jetteriez Leah au feu, que vous la pendriez haut et court, que vous la regarderiez être violée par une centaine de types avant d'avoir la gorge tranchée, et ses entrailles offertes aux chiens affamés dans la rue. Je vous choque. Je suis désolé. Je vous raconte ce que je sais.
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J'ai été soumis à forte pression, ces temps ci, dit Johnson Hagood en vérifiant le niveau du bourbon contre le ciel à demi éclairé.
- Quel genre?
- Pour cesser de boire, dit il sans ironie, ce qui ne m'empêcha pas d'éclater de rire. Tu m'as toujours détesté Jack. Tu as toujours été le meneur de ceux qui complotaient contre moi.
- Pas toujours, non,rectifiai-je. pendant deux ou trois ans, tu m'as fait pitié. mais la haine est venue facilement ensuite.

[...]
Mon père regarda par dessus mon épaule vers la maison d'où il pensait que Lucy assistait à la scène. Il cria à son intention : "Lucy! Lucy! Drapeau blanc, j'ai besoin de te parler."

- Tu vas lui faire honte devant tous ses voisins.
- ça a toujours été son point faible, ça, ricana mon père. Elle est très sensible, à l'opinion des voisins. Ce qui m'a fourni un bel avantage tactique au fil des années."

[...]
-"tu étais le moins gâté par la nature de tous mes enfants, c'est un signe,ça, dit il enfin. Voilà une timbale que tu devrais être fier de décrocher, la nichée des nullités."
Puis il continua après avoir débouché encore une fois sa bouteille : "Tu étais laid dès la naissance, fiston. Et ce n'est franchement pas ma faute, même si toi et les autres essayer toujours de me repocher que l'océan est trop salé. Non, les gens venaient me dire que tu était le bébé le plus laid qu'on ait vu naître à Wateford, rougeaud, rachitique, plein de coliques. Moi je t'ai toujours trouvé une tête de plouc."

[...]

- Je ne veux ni d'un connard, ni d'un dégénéré pour me tenir le bras. Toi tu es les deux. J'ai jeté un oeil à tes livres de cuisine pour pédés. Je voulais te faire savoir que je préfèrerais crever de faim que de bouffer un seul de tes plats."

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"Est-ce que Dieu te manque ?" demanda le prêtre. L'absolue simplicité de la question me prit par surprise.
"Pourquoi cette question, père ?
- Parce que tu étais un enfant très religieux autrefois.
- Je croyais aussi à la petite souris, à l'époque. Celle qui vient mettre une pièce sous l'oreiller. J'aime bien les preuves tangibles.
- Ta mère m'a dit que tu avais lâché le catholicisme.
- Exact, dis-je, agacé par la formulation, mais tentant de me reprendre. Ce qui ne veut pas dire que j'ai perdu le goût des paris et que je ne tente plus jamais ma chance au loto.
- C'est tout ce que représentait l'Eglise pour toi ? Un billet de loto ?
- Non, répondis-je. C'est aussi l'Inquisition. Franco. Le silence du pape pendant l'Holocauste. L'avortement. La contraception. Le célibat des prêtres.
- Je vois, dit le prêtre.
- Et ce n'est que la partie visible de l'iceberg.
- Mais Dieu, dit-il. Que fais-tu de lui ?
- Nous sommes en pleine querelle d'amoureux, dis-je.
- Pourquoi ?
- Il a participé à la mort de ma femme. Pas réellement, bien sûr. Mais je trouve plus facile de lui en vouloir à lui qu'à moi.
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" Je me dis alors qu'à la naissance, les hommes américain se voient allouer exactement autant de larmes que les femmes américaines. Mais parce qu'il nous est interdit de les verser, nous mourons beaucoup plus tôt que les femmes, d'une explosion du cœur, d'une poussée de tension, ou le foie rongé par l'alcool, parce que ce lac de chagrin que nous avons en nous ne peut pas s'évacuer. Nous les hommes, nous mourons d'avoir trop gardé les yeux secs."
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Vidéo de Pat Conroy
Extrait de "Le Prince des marées" de Pat Conroy lu par Matthieu Farcy. Parution le 13 mai 2020.
Pour en savoir plus : https://www.audiolib.fr/livre-audio/le-prince-des-marees
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