Prunier devant ma porte, si je ne reviens pas, le printemps reviendra toujours. Toi, fleuris.
(Anonyme japonais)
On pense généralement que les journées d’un arbre se ressemblent toutes. Surtout s’il s’agit d’un vieil arbre. Mais non. Une journée d’un vieil arbre est une journée du monde. Le peuplier carolin est né ici. Tout le monde sait que cet arbre ne pousse que contre un tuteur, mais celui-ci a grandi tout seul, il est venu sur cette terre entre les herbes dures qui la recouvrent comme une peau, autre petite herbe, misérable petite herbe exposée aux vents, aux bestioles et au soleil. Il crut un temps qu’il ne serait que l’une d’entre elles, jusqu’au jour où il remarqua qu’il les dépassait toutes et, lorsque le soleil se fit plus vigoureux et commença à tiédir la terre, il se gonfla, devint dur et éprouva une grande attirance pour les hauteurs, un désir de grimper vers le ciel. Il sentit qu’il y avait en lui quelque chose de semblable à un chemin, bien qu’il ne sût pas encore ce qu’était un chemin