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Jean-Paul Gratias (Traducteur)
EAN : 9782869304765
264 pages
Payot et Rivages (01/09/1991)
3.96/5   180 notes
Résumé :
Qui était Dora Suarez? Pourquoi a-t-on massacré à la hache cette jeune prostituée londonienne? Mais, surtout, pourquoi l'inspecteur chargé de l'enquête, torturé par ses démons, promet-il à la défunte réparation et expiation? Décidé à terrasser le Mal, le policier narrateur deviendra Dora Suarez; en revivant ses souffrances, il entrera en osmose avec la victime. Toutes ces interrogations le mèneront devant l'un des tueurs les plus fous de la littérature policière, ju... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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"Une vision de l'enfer"

Plongez dans les ténèbres sur les pas d'un inspecteur sans loi, mais avec la foi d'une justice idéale. Un livre choc, d'une noirceur sans fond, à la fois repoussante et fascinante. Inoubliable.

Roman noir, très noir. Son sous-titre, "Un roman en deuil", peut donner un résumé de l'atmosphère qui s'en dégage. Car, comme souvent, dans le roman noir, c'est une question d'atmosphère. Et on peut dire que celle-ci est particulière, de par, d'abord, la description "des circonstances épouvantables" des meurtres, pouvant parfois paraître insoutenable, mais surtout par la personnalité de l'inspecteur chargé de l'enquête sur la mort de Dora Suarez. Sa passion pour cette victime, symbolisant à la fois la femme et la misère, l'entraîne dans une quête supérieure de justice contre cette "mosaïque de l'horreur".

Critique-miroir virulente contre la société anglaise des années 80, Robin Cook impose le roman noir comme un genre à part entière.

Un livre qui ne vous laissera pas indemne.

Lu en avril 2017.
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'Cent Emotions Névrotiquement Transcrites' 'En Critiques Resteront Indélébiles Très Surement'…

Si je n'avais pas fait en novembre dernier une recherche approfondie sur « La griffe du chien » de Don Winslow, je ne serais peut-être jamais tombé sur le site de Babélio et ses critiques de lecteurs.

Qui plus est, à l'époque n'ayant jamais écrit aucune ligne sur un livre, si une personne m'avait dit que j'écrirai six mois plus tard une centaine de critiques, je l'aurais pris pour une folle !

Sautant du livre jeunesse à l'ouvrage scientifique, zigzagant entre le récit sur la guerre et l'essai politique, je devais nécessairement consacrer cette centième à mon genre préféré, le roman noir.

Pas américain cette fois-ci, mais c'est tout comme ! En effet, Robin Cook a couché son encre la plus noire sur le papier avec « J'étais Dora Suarez ». Dire que cet auteur anglais a dû publier ses ouvrages en anglais sous un pseudo car il possédait un homonyme américain. Quel comble de malchance !

Ce roman de Robin Cook (II) fait donc partie de la série de quatre ouvrages mettant en scène un sergent, je dirais plutôt LE sergent. Souvenez-vous ! Détesté par sa hiérarchie et commandé par la Voix, le sergent traquait un boucher-cuisinier-tueur dans « Les mois d'avril sont meurtriers ».
Cette fois-ci, sans ménagement et dès la première page, Robin Cook décrit le meurtre sordide de deux personnes dans un vieil appartement tout crasseux : Dora Suarez et Betty Carstairs. Dora Suarez, 30 ans, a été assassinée à coups de hache. Betty, 86 ans, a quant à elle fini tête la première dans l'horloge qui ne donnera plus jamais l'heure malheureusement.

Dora ayant résisté lors de l'assaut, le tueur n'a pas pu décapiter proprement sa victime pour emporter son trophée comme il le fait d'habitude. Reparti très mécontent de son travail, il a liquidé une troisième victime dans la foulée, trois kilomètres plus loin, avec un vieux 9 mm et des balles dum-dum (1) : Felix Raotta, conseiller municipal et propriétaire d'un boite de nuit le « Parallel Club ». Je vous passe les détails de l'état des murs après le passage du tueur.

Y-a-il une relation entre ces trois victimes ? Que va nous raconter Dora Suarez à travers son journal intime retrouvé par le sergent dans l'appartement ? Quel secret cachait-elle à Betty Castairs ? A vous de le découvrir à la suite de ces quelques premières pages seulement…

Wouah ! Quel roman noir de Robin Cook ! Noir c'est noir il n'y plus d'espoir. Un cocktail détonnant mêlant le sordide d'un Lehane, la folie d'un Thompson ou encore la violence d'un Winslow. Secouez le tout et goutez ce breuvage unique et inoubliable. A consommer avec modération tout de même…

Cook dépeint un univers inimaginable qui choque, blesse, émeut, ou encore bouleverse. La résolution de l'affaire devient secondaire dans ce roman noir, un noir à 99% en teneur de cacao. Seuls la galerie de portraits des flics, des voyous et des victimes intéresse véritablement l'auteur. Comble du polar. le personnage de Dora, qui est pourtant décédé, devient presque vivant à travers ce récit.

Conclusion, une descente aux enfers qui vous prend aux tripes et qui ne vous lâchera plus jusqu'à la fin. Adieu Dora…

(1) Ces balles sont théoriquement interdites aujourd'hui. le tueur norvégien Anders Behring Breivik, également chasseur, aurait utilisé ce type de balles pour anéantir ses victimes sur l'ile.


PS : Merci à tous pour les échanges très enrichissants et vos encouragements chaleureux au cours des six derniers mois. J.
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Bon, c'est bien gentil la rentrée littéraire, les nouveautés, les prix, toussa toussa… Mais faudrait pas que ça m'empêche de pratiquer une de mes activités littéraires favorites à savoir l'exploration du fonds. Et même des grands fonds. Sans bouteilles ni combi, mais avec la satisfaction de rattraper le temps autrefois perdu.

Place donc à J'étais Dora Suarez de Robin Cook, traduit par Jean-Paul Gratias et depuis longtemps repéré comme référence du noir chez Christophe L. et quelques autres. Et ma foi, quel choc !

Un flic marginal, indocile et anonyme est réintégré au sein du A 14 britannique, le service des décès non élucidés, pour y retrouver l'assassin de Dora Suarez et de sa logeuse, sauvagement massacrée à la hache, entre autres sévices physiques et sexuels.

« Il vit tout de suite qu'il avait bien travaillé ; la vieille mourut sous le choc ».

Dans le même temps, Felix Roatta, le patron du Parallel Club est retrouvé abattu. Après la découverte des activités particulièrement sordides qui s'y déroulaient à l'étage, le lien entre les deux affaires s'impose peu à peu.

Pas besoin d'en dire plus, aucun pitch ne pouvant être sincère face à la noirceur de ce roman. Et d'ailleurs, la 4e de couv' ne s'y essaye même pas, laissant la parole à l'auteur : « Et c‘est pourquoi J'étais Dora Suarez n'est pas seulement un roman noir, et qu'il va encore plus loin, pour devenir un roman en deuil ».

Le choc est immédiat, sous le coup des 50 pages d'un premier chapitre d'une puissance incroyable. Pas de temps mort pour être plongé dans les tréfonds de l'âme humaine. Que reste t-il quand on a touché le fond du désespoir et de la descente aux enfers ? Passer de l'autre côté de l'humanité.

J'étais Dora Suarez est un long cri de souffrance, de solitude et de jusqu'au boutisme pour ceux qui n'ont plus rien à perdre : pute condamnée par le sida, assassin névrotique ou enquêteur désabusé.

« Étant une femme solitaire, à la fois timide et fière, je me suis trouvée catapultée dans un milieu où il était fatal que je me fasse violer, parce que ma réserve apparaissait comme un défi lancé aux hommes ».

Un livre où, bien que morte dès le début, plane constamment l'ombre de Dora qui finit par faire corps avec celui qui tente de la venger, transformant son enquête en quête mystique : « Donnez-moi la main, vous tous, les vivants et les morts, et accordez une pensée, pendant un moment de générosité, à la pauvre Dora Suarez qui n'aurait jamais dû mourir à trente ans, massacrée à coups de hache ».


Un livre qui dit de manière sublime ce qu'est le noir, et qui devrait être lu par tous ceux qui ne savent pas toujours comment définir ce genre.
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Une lecture commune sur Collectif Polar
Les ressentis

Miss Aline : Bonsoir…. Pouvez-vous nous délivrer un premier ressenti global à cette fin de lecture… merci.

Nath : Premier ressenti global : je m'attendais à encore plus sombre…

Sophie Collette : Pas le plus dur que j'ai lu 😄

Frederic Fontes : Déroutant et fascinant à la fois. Comme Nath et Sophie, j'ai lu du Chattam ou du Gilles Caillot bien plus cradingue. Mais ici, si certains passages sont assez hard, je trouve que c'est bien fait. Une manière de nous montrer le monde sans filtres, comme le voit le héros du livre.
Les scènes les plus troublantes pour moi, ce sont celles avec les caleçons sales du tueur, qui font office de trophées, c'est assez dégueulasse !
J'ai trouvé que ça digresse par moment, mais sinon, c'est assez efficace niveau écriture, je viens de me procurer les autres romans de la série.
Par contre, je n'ai rien compris à la scène finale, où on tente de nous expliquer avec les photos ce que le tueur est en train de faire avec le fil de fer et la roue de vélo. Mais bon, peut-être que c'est aussi bien que je ne comprenne pas comment fonctionne sa machine de torture…
Je regrette le fait que les points de vue n'alternent pas temps que ça entre les deux protagonistes. On marche finalement rarement dans les chaussures de sport du tueur.
C'est quand même une enquête assez hallucinante, avec un enquêteur en bout de route, qui fait passer le Andy Sipowicz de la première heure pour un enfant de coeur !
Donc je retiendrai cette histoire de filtres, comme l'objectif du photographe qui mitraille le tueur chez lui. C'est parfaitement à l'image du roman. Pas de filtres, grosses résolutions pour ne perdre aucun détail. Quelques photos floues parfois, qui permettent à l'observateur de s'offrir quelques moments lyriques ou d'introspections. Et le reste de la pellicule qui nous balance à la tronche la triste réalité de cet univers.
Et puis c'est aussi une drôle histoire d'amour…

Ge : Merci Mister Fredo pour ce beau debrief

Thierry Gasparik : Bonjour les amis, désolé de ne pas avoir donné mon avis plus tôt, un peu bousculé par ma chimio!! j'ai lu ce livre il y a quelques semaines déjà, et il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, trop de longueur à mon gout, coté « dark » j'ai lu bien pire, mais malgré tout je me suis un peu attaché au « flic » et à sa personnalité, une fin un peu bâclée et oui pas tout compris sur la machine de torture du tueur, il me faudra trouver un autre ouvrage de cet auteur pour confirmer ou infirmer mon sentiment, bonne journée à toutes et toutes

Sophie Collette : Je suis d'accord avec toi Thierry, le flic est attachant, j'ai l'impression que c'est un peu une surenchère les scènes pipi caca 💩 lol pour moi cela n'apporte rien, il y avait beaucoup de longueur dans les premières pages

Ge : Intéressant votre point de vue messieurs dames.

Ellen Ripley : Bonsoir tout le monde, désolée pour le retard de ma réponse. Et c'est une réponse que je vais faire en toute neutralité, c'est à dire sans lire les retours de qui que ce soit. J'ai mis beaucoup de temps à lire ce livre. Besoin de digérer sans doute les pages absorbées avec difficulté. Je me suis plusieurs fois posée la question de la complaisance de R. Cook dans ce texte, et puis ensuite celle de son personnage de flic. J'ai eu des moments de grande révolte, j'ai plusieurs fois refusé de m'y remettre. Il y a même eu un moment où je me suis revue en train de m'engueuler avec mon père, qui était un grand fan des films de vengeurs de la fin des années 1970, les Bronson notamment. Je trouvais ça facho à mort, cette vision de la victime comme saint et martyr pour la vengeance de qui il faut tout brûler. Dora m'est donc souvent apparu comme ça et c'est ça qui m'a permis de finir le bouquin dans de bonnes conditions intellectuelles. Comment Cook s'inflige ça, comment son héros/narrateur s'inflige ça et comment nous, lectrices et lecteurs on s'inflige ça. du coup, la question s'est portée automatiquement sur la grosse production aujourd'hui des thrillers à base de tueurs en série charmant et très sexy, super intelligents, cultivés, etc. Quand on lit Dora, on a tout l'inverse de ça. On a à faire à un dingue qui se mutile, on est dans un truc qui parle de la folie et des laisser pour compte, on a une peinture sociale tant du côté de la police en manque de moyens que de celui des malades en manque d'hôpitaux. Bref, on a un roman noir un vrai qui nous met mal et pas juste un truc qu'on lit avec une main moitié fermée devant les yeux parce que youhou, c'est trop flippant. Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce roman parce qu'on ne peut pas dire que ce roman est « aimable ». J'en ai chié et je ne le regrette pas. Ça fait deux mois que je l'ai refermé définitivement, je n'y reviendrai plus, mais au moins, j'y pense encore. J'espère que je n'ai pas été trop longue. Ah ! J'oublie un truc qui m'a fasciné et que je n'avais jamais vu ailleurs : le narrateur qui parle à la première personne, qui est l'enquêteur, qui cherche le tueur et qui passe par sa tête comme s'il en était le double. Ça, ça m'a fasciné. Amicalement. Ellen.
Nath : Voilà un sacré retour ! Il y a peut-être une question de génération, effectivement, dans ce ressenti, sachant que ce livre date (si je ne me trompe) de 1990. Moi ce qui m'a le plus dérangée est finalement ce super pouvoir de flic qui fait un peu ce qu'il veut. Il m'a profondément énervée car sous ses airs de chevalier vengeur me semblait se cacher un flic à l'ego démesuré qui traite tout le monde comme de la merde. Sinon, point de vue du détraqué ou de la violence, rien qui me choque (après avoir lu « le manufacturier », il devient difficile d'être choqué !) mais j'imagine que ça ne devait pas être le cas au moment de sa sortie ! En soi, j'ai aimé l'intrigue mais j'ai détesté le personnage du flic !

Ge : Voilà qui est intriguant Mesdames….

Ellen Ripley : Merci pour la question de génération, Nath. S'il faut attendre un énième thriller sur les boucheries serbes – même pas étudiées par Koping pour ce qu'elles furent vraiment pendant le conflit et ensuite – pour juger de la violence d'un roman, alors la période actuelle est effectivement à la surenchère. Et la génération contemporaine de ses lecteurs ne serait donc plus que dans cette attente ? Mais je dois avoir atteint un âge où je ne pige plus grand-chose. Quant au flic de Cook, il n'a pas plus de super pouvoir que ceux qui rivalisent avec l'intelligence des serials killer d'aujourd'hui. Ça peut faire débat. Bonne journée. Ellen

Nath : Quand je disais sacré retour, c'était dans un sens positif (j'ai peur que ça n'ai pas été pris comme tel) et question de génération dans la manière de voir les victimes tant par les cinéastes que les auteurs et effectivement, je constatais aussi que maintenant, les tueurs en série sont plutôt dépeint comme tu le décris avec justesse. Concernant Köping, pour avoir échangé avec lui, il me semblait pourtant qu'il s'était beaucoup renseigné, il a même avoué avoir à plusieurs reprises été obligé de faire un break de quelques jours dans ces recherches afin de sortir un peu de cette horreur historique.
Quand je parle du comportement du flic qui m'a un peu dérangée, c'est sa manière de faire fi du protocole, effectivement, maintenant on croise plutôt des flics entraînés au profilage ou bardé de technologie, d'où encore une question d'époque sans doute où il fallait avoir du bagou et y aller parfois au bluff ou à l'instinct pour obtenir des aveux sans toutes les aides technologiques actuelles…
Après, mon ressenti du flic est tout personnel. Quand je croise des flics un peu en dehors des clous, j'aime bien que leur caractère détestable soit par exemple contrebalancé par une bonne dose d'humour, mais encore une fois, c'est personnel. Désolée si j'ai froissé, ce n'était pas le but, ni non plus d'évaluer le seuil de violence par rapport à une « attente ».

Ge : C'est comme cela que je l'avais aussi compris Nath. La question générationnel, c'est pas la problème de le lire jeune ou plus vieux non c'est pour la date où le livre a été écrit, pour l'époque qu'il décrit et aussi pour le propos qu'il véhicule. Il a été dit à propos de J'étais Dora Suarez, que c'était le chef-d'oeuvre de Robin Cook et surtout que ce livre a profondément marqué le genre. C'est en cela que c'est générationnel !
Comme toi, Nath, j'ai trouvé le flic un peu borderline, obsédé par ce crime et la traque du meurtrier. Dire qu'il est bourru est un doux euphémisme, il est totalement sec, aride, fermé aux autres je dirais. Un vrai solitaire, cynique, et désillusionné. C'est surtout un inspecteur sans nom, et pourtant il ressort une part d'humanité voir d'humanisme de lui et ça pour moi ça a été assez déstabilisant.

Miss Aline : Merci pour vos retours. Il en ressort que l'idée du noir est subjective/ propre à chacun. Que manque-t-il à Dora pour le faire basculer vers le noir ? Selon vous que doit-on trouver comme scènes, protagonistes, etc. dans un véritable roman noir ?

Nath : Je pense qu'il n'y a pas forcément de code, parfois un roman sans la moindre violence explicite est vraiment noir, je pense notamment à « Écorces Vives », très sombre mais uniquement avec des sous-entendus. Ici, on est finalement sur quelque chose de plus classique avec un policier qui pourchasse un monstre.

Thierry Gasparik : Bonjour, je suis d'accord avec toi Nath, souvent trop de scènes violente, nuisent au roman, la suggestion est pour moi à titre perso le chemin vers le noir le plus direct car laissant place à l'imaginaire !
Sophie Collette : Je ne suis pas spécialiste mais pour moi il a le code du roman noir, cela représente bien la société, sa noirceur, ses bas-fonds, le côté désespéré des protagonistes, une ambiance lourde et malsaine…enfin c'est mon avis

Ge : Et tous les avis sont recevables. Et comme le dis Jean-Bernard Pouy dans Une brève histoire du roman noir,( Éditions Jean-Claude Béhar, 2009) , le polar regroupe au moins quatre sous-genres : «le roman à énigme, le roman policier, le roman d'angoisse (ou criminel ou thriller), et le quatrième, souvent transversal, le roman noir» Et pour citer un autre auteur que j'admire Jean Patrick Machette dans ces Chroniques où il aborde l'histoire, la théorie et la critique du roman noir. «Je décrète que polar ne signifie aucunement »roman policier ». Polar signifie roman noir violent. Tandis que le roman policier à énigme de l'école anglaise voit le mal dans la nature humaine mauvaise, le polar voit le mal dans l'organisation sociale transitoire. le polar cause d'un monde déséquilibré, donc labile, appelé donc à tomber et à passer. le polar est la littérature de la crise»
Pour moi le polar part d'un crime ou d'un délit et ensuite survient le processus de son élucidation. le roman noir lui n'est pas forcément une enquête, il se sert du prétexte de la transgression de l'ordre pour dévoiler les failles de notre société. le roman policier lui rétablie l'ordre établi, il y a une espèce de morale, un crime est commis, le coupable est puni. le roman noir lui ne s'attache pas à retrouver l'ordre établi, non juste il montre le dérèglement de celui-ci !
Pour reprendre Manchette « le bon roman noir est un roman social, un roman de critique sociale, qui prend pour anecdote des histoires de crimes »
Je dirai que le roman noir est l'analyse de la réalité d'une société criminogène. Bon…Non là je vais peut-être un peu loin ! ???

Miss Aline : Qu'est-ce qui vous attire dans la lecture du noir ?

Sophie Collette : Je suis plus fan de thrillers que de roman noir, pour moi le roman noir reste un reflet sombre de notre société, sombre dans les lieux, les personnages, les interactions, on a l'impression qu'il n'y a plus d'espoirs, c'est ma vision du roman noir

Nath : Dans mon cas, j'aime autant les thrillers que les polars, mais ce que j'apprécie surtout, c'est que souvent y sont abordés des thèmes actuels, sociétaux ou historiques. C'est cet aspect que j'aime le plus. Ça me semble aussi souvent des romans avec des personnages ni blanc ni noir, plus proche de la réalité de l'humain que ne peuvent l'être, à mes yeux bien sûr, les autres romans.

Frederic Fontes : Qu'est-ce qui vous attire dans la lecture du noir ?
C'est l'ingéniosité que va devoir développer le héros, avec un champ d'actions limitées, pour mettre la main sur un alter-ego lui aussi ingénieux à sa manière, qui croit qu'il peut faire ce qu'il veut.
C'est l'importance des détails et des traces, de ce qui est dit et tue, ce qui est visible et invisible.
C'est l'affrontement entre celui qui canalise, et celui qui déchaine.
C'est le lecteur qui prend la place de l'observateur et qui comme lui, s'imprègne des détails de la sombre histoire à laquelle il est confronté.
Ce qui me plait dans le noir, c'est autant l'ombre que ce qui la génère.
C'est la capacité d'un auteur à jouer entre la vérité crue, et la capacité à suggérer. J'avoue que je préfère largement la suggestion, qui est un exercice bien plus difficile.
C'est l'art du romancier à faire ressortir l'humanité de ses personnages face aux scènes sordides auxquelles ils sont confrontés.
Dora nous confronte un peu à ça.

Ge : Je n'aurai pas dit mieux. Merci pour vos réponses. Et voici Ludivine qui nous rejoint.
Vous pouvez aussi exposer votre point de vue par rapport aux réponses déjà apportées par les autres participants. le tout est de rester cordiaux. Chacun a le droit à son avis propre. Mais c'est dans l'échange que nous aurions le plus de change de comprendre vos points de vue.
Alors m'hésitez pas à reprendre ou à compléter et surtout à participer. Et bienvenue @Ludivine. Et aussi @Chantal si tu as eu le temps de finir le livre, ton avis nous serait aussi très précieux. 🙂

Sophie Collette : Bonjour à tous. C'est un très beau projet qui permet de découvrir un genre littéraire plus spécifique, cela nous permet aussi de donner nos impressions, seul petit bémol à mon niveau, j'aurais dû attendre, j'ai fait un aussitôt reçu aussitôt lu, donc cela date. Lol
Pour moi c'est du roman noir, même si je pense que l'on peut toujours trouver plus noir, mais comme disait un célèbre chanteur Belge🤣😉, noir c'est noir il n'y a plus d'espoir.
Pour avoir un roman noir je pense qu'il faut du pessimisme, de la violence, une vision négative de la société, une ambiance lourde pesante malaisante, bref pas de rayon de soleil à l'horizon.
Je me suis rendu compte que ce n'est pas un genre qui m'attire, je préfère le policier à énigme ou plus psychologique…

Geneviève : Merci Sophie, intéressant ce que tu dis là, le roman noir, le roman du désespoir. Moi j'aurai tendance à dire que noir rime avec miroir. Celui de la société qu'il décrit. Je le ferai aussi rimer avec mémoire, car comme le disait plus haut Nath, il est générationnel et par là marqueur de son temps.

Ludivine Campbell : Bonsoir tout le monde ! 🙂 Désolée pour mon arrivée tardive dans le groupe, je m'étais perdue en chemin. 😁 J'espère que vous allez tous, bien.
Vous avez déjà dit pas mal de choses sur le roman, alors je ne vais pas en rajouter beaucoup plus je crois. Mais dans l'ensemble, je suis d'accord avec Sophie sur le fait qu'il y a une surenchère dans les scènes scato, ce n'est vraiment pas un aspect du roman qui m'a attirée… Et comme Thierry, je n'ai pas tout saisi non plus dans l'explication qui été donnée avec le rayon de vélo/objet de torture dans les dernières scènes. Pourtant j'ai relu le passage pour être sûre de bien saisir mais j'ai trouvé l'explication confuse. Bon, j'ai saisi l'idée, c'est déjà ça hihi !
Après je rejoins Nath, je n'ai vraiment adhéré à l'esprit du flic non plus. Dabs l'ensemble j'ai trouvé les flics très bourrus. Il y avait beaucoup de démonstration de testostérone, ce n'était pas très fin, j'ai trouvé. Bon, pour résumé, je n'ai pas vraiment accroché au roman 😇
Mais malgré tout, je suis contente de participer à ce grand projet, et d'avoir découvert ce roman 🙂
Après dans l'histoire, il y avait des sujets de société qui devait être moins publié à l'époque peut-être et qui en font un sujet intéressant. L'auteur parle de la prostitution et de ce qu'on fait subir aux filles dans les « maisons », du sida, et aussi du fait que la justice passe un peu à l'oubliette cette partie de la société.

Miss Aline : Que doit comporter (ou pas) un roman noir pour toi ?

Ludivine Campbell : Bonne question, j'essaie de trouver la réponse adéquate 🤭
Une enquête, un crime ou plusieurs (sans forcément avoir l'avalanche de glauque), des scènes d'angoisse, et un sujet de société. Un crime ou une enquête qui dénoncerait un problème dans notre société. Je pense que J'étais Dora Suarez répond bien au genre du noir, mais l'écriture n'était pas faite pour moi malheureusement.

Ge : Et toi, chère Chantal, nous ne t'avons pas entendu .
Pourrais-tu même en quelques phrases me dire ce que tu as pensé de « J'étais Dora Suarez de Robin Cook »

Chantal : Oh la la … à ma grande honte, je n'ai pas pu terminer la lecture de ce roman . Je n'ai pas réussi à entrer dans le récit, ça m'a paru déprimant à souhait et je n'étais pas dans la disposition adéquate….
Je suis désolée. Je suis sans doute passée à côté d'un bon roman, mais parfois, impossible de rentrer dans l'histoire. J'ai eu la même réaction avec un roman de Karine Giebel …. de même, j'ai dû m'y reprendre à 2 ou3 fois pour lire « Voyage au bout de la nuit ». Mais j'étais bien plus jeune ! Une fois lu, c'est devenu un de mes titres préférés. Alors, je re-essaierai Dora Suarez, même si c'est trop tard pour toi et pour cette fois et cette lecture commune ! J'espère que tu me pardonnes…

Ge : Chantal, pas de soucis, et ta réponse me va parfaitement, ça fait partie du jeu, parfois un livre, un auteur nous échappe, il n'est pas fait pour nous ou comme tu le dis si bien ce n'est sans doute pas le bon timing, pas le bon moment, pas dans notre humeur du moment. C'est comme cela, il faut savoir l'accepter.
Et puis, Aline si tu le permets, pour clore cette lecture commune j'aimerai vous donner à lire quelques citations qui ont retenues mon attention.

Miss Aline : Oui, bonne idée, j'avais demandé il me semble de souligner les passages qui vous qui ont pu vous heurter vous blesser ou vous mettre mal à l'aise.

Ge : Alors je vais peut-être te décevoir mais c'est plus des citations qui illustre mon propos :
« – Oui ? fis-je.
La voix annonça, comme si je n'avais jamais été absent :
– Voilà, c'est fait. Vous êtes réintégrez dans la Police. […]
– Rien n'est fait, dis-je. Il y a l'affaire Fox, la commission de discipline, sans oublier tous les dégâts que je peux provoquer quand on essaie de me faire travailler en équipe avec une bande de connards.
-Tout est arrangé ; l'affaire Fox est oubliée parce que je suis à court de personnel.
– Vous faites tout pour me donner le sentiment qu'on tient à me revoir.
– Personne ne tient à vous revoir, précisa la Voix. Mais, moi, j'ai besoin de vous »
« – Vous êtes un type épouvantable, dit Jollo. Ce n'est vraim
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Un tueur... dans un appart... Vous suivrez, comme si vous y étiez, tous les faits et gestes de cet homme qui, muni d'une hache, voulu décapiter la jeune Dora Suarez, 30 ans.

À cause de l'arrivée inopinée de Betty, 86 ans, il a dû saloper son travail en expédiant la vieille dame dans une pauvre horloge âgée qui ne demandait rien et qui ne nous donnera plus jamais l'heure, vu son état. Betty ne nous donnera plus l'heure non plus, vu comment elle a terminé son chemin de vie, encastrée dans le bois de cette horloge.

Notre joyeux tueur, après profanation "masturabatoire" sur le cadavre de Betty, s'en fut, mécontent : pas su couper la tête de sa victime pour l'emporter en souvenir !

Alors, pour finir la nuit en beauté, il alla répandre la cervelle d'un proprio de boite de nuit sur les murs, refaisant toute la déco pour pas un balle ! Hormis une balle Dum-dum...

Ce roman est décrit comme "un roman en deuil" et je ne donnerai pas tort à cette appellation d'origine contrôlée car, si le roman "Les mois d'avril sont meurtriers" était déjà une plongée dans l'abîme qu'est la vie du sergent enquêteur, avec cet opus-ci, on descend encore plus profondément dans les abysses !

Quelle densité dans le récit et quelle écriture ! Littéralement une envolée lyrique qui vous emporte dans le roman et vous fait quitter le monde réel. le tout, servi avec des dialogues rempli d'humour noir.

Je viens d'en ressortir "bouleversifiée" (néologisme offert pour cette 800ème critique sur Babelio).

Durant ma lecture, j'étais aux côtés du sergent fraichement réintégré à l'A14, me positionnant, tout comme lui, soit dans la peau du Tueur, soit dans la peau de Dora Suarez lorsqu'il lisait son journal intime, la découvrant chanteuse en boîte de nuit et prostituée occasionnelle. On s'y attache, à cette Dora qui était plus qu'une exploratrice.

C'est pour Dora que notre sergent de l'A14 va aller si loin dans sa descente aux enfers, c'est parce que son désir de mettre le grappin sur l'assassin est devenu une véritable obsession pour lui.

D'ailleurs, il entrainera le lecteur avec lui dans son enquête et nous irons, en sa compagnie, dans les tréfonds de l'horreur humaine où tout est bon pour faire du fric. L'être humain est une bête immonde dans ce roman, et encore, je fais insulte aux animaux, là !

Si James Ellroy, dans "Un tueur sur la route", avait dépeint un tueur froid et implacable, Robin Cook vient de le surclasser avec celui de son roman en ajoutant un palier dans la monstruosité et la folie furieuse.

On dépasse l'entendement, même. En plus, il a un soucis avec son membre viril... ce qui donnera une tournure encore plus dingue à ce tueur !

Incapable de retirer mes yeux des pages, j'ai continué ma lecture, tout en sachant que j'aurais du mal à en revenir indemne.

L'écriture de Robin Cook est un nectar dont la plume a été trempée dans le poison.

Normal, me direz-vous, pour nous présenter une galerie de personnage aussi fabuleuse, leur faire descendre la pente sans qu'ils puissent se plaindre et nous servir une telle enquête ! Enquête, qui, au départ, pourrait sembler un peu "simpliste" mais ce serait faire injure à l'auteur que de le croire une seule seconde.

J'ai serré les dents plusieurs fois lors des sévices d'autoflagellation que s'inflige le tueur. Bien que non concernée par cette "chose", j'ai eu mal pour lui.

Un grand roman noir, mais un roman en deuil... Mes dents étaient serrées, mais j'ai eu mon coup de coeur !

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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Elle ne s'était jamais véritablement demandé si la longue et pénible histoire de sa vie avait eu le moindre intérêt, ni même le moindre sens. Mais, en revanche, elle avait toujours supposé qu'elle possédait un certain droit sur son propre corps : celui de le donner ou de le refuser tant qu'il méritait encore qu'on le regarde, et celui de continuer à y vivre après qu'il eut cessé d'être désirable.

Page 9-10, Rivages/Thriller, 1990.
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Décrochant le téléphone, j’appelai la morgue : […]
- A propos, vous vous appelez comment ?
- Veale.
- Vous m’avez l’air aussi sinistre que le troisième larbin du diable, la nuit où l’enfer a été inventé. Maintenant, remuez-vous sérieusement. Je veux ce rapport, je veux que ça bouge, et je veux tout ça maintenant, tout de suite, immédiatement. […]
- Mais, il n’y a pas le feu tout de même, bêla-t-il. Elles ne risquent pas de s’envoler. Je ne comprends pas ce qu’il y a de si pressé.
- Dieu merci, on ne vous paie pas pour comprendre, dis-je. Mais si vous voulez le savoir, je suis pressé d’avoir ce rapport parce que j’en ai besoin pour coincer le salaud qui a massacré ces deux femmes. Vous ne saviez pas que c’était à ça que servaient les inspecteurs ?
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Je voulais préserver le sens de ma dignité, mais c'est la chose la plus difficile à conserver quand on est pauvre.

Page 163, Rivages/Thriller, 1990.
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- Je vous conseille de modérer votre langage, dit la Voix. Personnellement, j’y suis habitué, mais ce n’est pas le cas de Jollo, qui sort de mon bureau. A la façon dont il a déblatéré sur votre compte, j’ai cru qu’il allait avoir une attaque cardiaque.

- Je connais un très bon fleuriste dans Fulham Road, en face de l’église St Stephen. Les lys y sont très bon marché, mais ils font très bon effet à l’enterrement.
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- Oui ? fis-je.

La voix annonça, comme si je n’avais jamais été absent :
- Voilà, c’est fait. Vous êtes réintégrez dans la Police. […]
- Rien n’est fait, dis-je. Il y a l’affaire Fox, la commission de discipline, sans oublier tous les dégâts que je peux provoquer quand on essaie de me faire travailler en équipe avec une bande de connards.

-Tout est arrangé ; l’affaire Fox est oubliée parce que je suis à court de personnel.
- Vous faites tout pour me donner le sentiment qu’on tient à me revoir.

- Personne ne tient à vous revoir, précisa la Voix. Mais, moi, j’ai besoin de vous.
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