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Philippe Loubat-Delranc (Traducteur)
EAN : 9782020998970
368 pages
Seuil (10/03/2011)
3.87/5   137 notes
Résumé :
Jack Branch est un fils de bonne famille, professeur dans le petit lycée de Lakeland, Mississippi. Très impliqué dans son métier, soucieux de justice dans un pays encore marqué par la guerre de Sécession, il se prend d’affection pour un élève taiseux et renfrogné du nom d’Eddie Miller. Eddie se tient à l’écart de la communauté, résigné, écrasé par le poids de son ascendance : il est le fils du « tueur de l’étudiante », mort en prison quinze ans plus tôt. Le mal se d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (66) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 137 notes
1954, Mississipi. Jack Branch, issu d'une famille aristocratique, à tout juste 24 ans, enseignait au lycée de Lakeland depuis déjà 3 ans. Tout comme le fit son père pendant près de 20 ans. Très appliqué et impliqué, il était reconnu comme un très bon professeur. Il avait adopté une méthode pédagogique qui consistait à ajouter des détails choquants voire sanglants à ses cours consacrés au Mal à travers l'histoire. Parmi ses élèves, il y avait Eddie Miller, du quartier des Ponts, enfant timide souvent mis à l'écart. Et pour cause, son père n'était autre que le Tueur de l'étudiante. Celui-ci assassina la jeune Linda Gracie, 19 ans, promue à un bel avenir, alors qu'Eddie n'avait que 5 ans. Arrêté puis ayant avoué son crime au shérif Drummond, il sera remis en cellule dans laquelle il sera lui-même assassiné par un co-détenu. Cette sombre affaire poursuit encore le jeune garçon. Aussi, lorsqu'une de ses camarades de classe, la belle Sheila Longstreet, disparaît mystérieusement, les soupçons se portent aussitôt sur Eddie. Jack Branch s'en veut d'avoir orienté le shérif vers le jeune homme. Alors, comme pour se faire pardonner, il le prend sous son aile. Lorsqu'il donne à ses élèves un devoir portant sur le Mal, il lui suggère d'écrire sur son propre père...

Dans ce roman noir, Thomas H. Cook installe progressivement le lecteur dans une ambiance plus que jamais sombre. L'on apprend dès le début qu'un drame s'est joué à Lakeland et qu'un procès s'y est tenu, sans en connaître la nature. L'auteur tisse des liens entre les différents protagonistes, s'attardant sur la relation que Jack entretient avec son père, personnage érudit, mais surtout sur celle entre Eddie et son professeur. Lui suggérant d'écrire un devoir sur son père assassin, il souhaite plus que tout déterrer son cadavre, faire taire les rumeurs et pourquoi pas, prouver que le Mal n'est pas forcément héréditaire. L'auteur réussit parfaitement à nous plonger dans cette société de l'Amérique des années 50, société marquée par la ségrégation raciale et sociale. Ces leçons sur le Mal mais aussi sur la filiation, les doutes, la culpabilité et les secrets se révèlent plus que jamais passionnantes. Porté par une écriture riche, l'auteur nous livre un roman intense construit intelligemment, les flashbacks étant subtilement distillés.

Ouvrez vos livres, chapitre: Les leçons du Mal...
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Thomas H. Cook , une excellente leçon de cuisine !

Je connaissais le verbe , les voyages , pas l'auteur du meme nom , c'est desormais chose faite et de quelle maniere !
Coben et Connelly ne tarissant pas d'eloges a son sujet , je me suis immediatement méfié car si les arguments sont evidemment tres vendeurs , ils sont , parfois , uniquement au service d'un bete plan marketing ! Dans le cas present , pas de tromperie sur la marchandise mais foin de compliments , entrons dans le vif du sujet ! Apres vous...

Jack Branch , blanc , 25 ans , issu d'un milieu favorisé , enseigne au lycée Lakeland. Tout comme le fit son pere . Sa matiere : le Mal a travers les ages . Il aime son metier et transmettre son savoir malgré l'assistance plutot hétéroclite et hermétique presente a ses cours . Parmi ses eleves , il y a Eddie Miller , issu , lui , des Ponts , le quartier le plus misereux du coin . Il a le triste privilege d'etre le rejeton de Luther Ray Miller , individu notoirement connu pour avoir massacré , à l'époque , sa petite amie alors desireuse de retrouver sa liberté . Arrété puis emprisonné , il y mourra sous les coups d'un co-détenu laissant précocement veuve et orphelin . Bon , on a tous été jeunes , on a tous fait des bétises...Eddie porte cela comme une tare familiale , un fardeau héréditaire dont il ne peut se défaire ce qui explique sa discretion et sa gene a l'ecole comme dans la vie en général..Ce qui va les reunir , pour le meilleur et pour le pire , c'est le personnage proposé par Jack à Eddie pour incarner un devoir portant sur le mal : le pere de ce dernier ! Se sentant l'ame d'un tuteur desireux de prendre sous son aile cet eleve discret mais dont il sent un potentiel certain , il l'accompagnera dans toutes ses démarches , ses investigations , allant jusqu'a se perdre lui-meme dans les meandres de cette histoire...

"Les leçons du Mal" n'est pas un policier comme on l'entend habituellement car ici , pas de meurtres en séries , pas d'enquete en cours mais uniquement des faits relatés melant passé et extraits de proces comme on le comprendra ultérieurement . L'auteur entremele habilement present et passé sans jamais en faire perdre le fil . le récit est fluide et ultra accrocheur ! Tout comme Jack et Eddie , l'on decouvre méticuleusement des pans entiers de leurs histoires respectives , certains convenus , d'autres beaucoup plus surprenants ! le rythme est plutot lent et en cela , il me fait penser aux recits de James Lee Burke . Pas de surenchere en hémoglobine , en description de cadavres mais malgré tout , on ne peut decrocher . L'auteur instaure avec brio un climat exsudant la noirceur , le drame que l'on sent poindre inexorablement . Cook , tel le petit Poucet , distille ses indices au compte goutte et les rebondissements , a defaut d'etre spectaculaires , rendent ce récit réellement addictif !
Les personnages principaux sont plutot attachants . Tous deux developperont une relation amoureuse qui , sans veritablement s'etendre plus que de raison au fil des pages, sont de veritables valeurs ajoutées au récit . Jack s'entichera de Nora , une collegue afro ayant a charge un frangin quelque peu demeuré mais tres attendrissant. , tout cela dans un contexte social ou les relations interethniques n'etaient pas tres bien vues , le KKK y ayant traçé son sillon nauseabond . Eddie , quand à lui , se rapprochera de Sheila , alors petite amie de Dirk ( je sais , ça ressemble aux feux de l'amour mais en beaucoup plus dense , je vous rassure !) , etre totalement associal vouant un veritable culte a la betise et la violence , et donc potentielle source d'emmerdes pour les deux tourtereaux .
Les personnages secondaires que sont le sherif Drummond , la mere d'Eddie , Wendell , l'inséparable acolyte de Dirk et , bien sur , le fantomatique facteur qui au final vous surprendra , viennent assurément enrichir cette tragédie.
En accompagnant Eddie , c'est egalement a sa propre histoire que Jack sera confronté , devoilant ainsi bon nombre de zones d'ombre qu'il aurait peut-etre fallu ne pas mettre en lumiere...Mais lui permettant , cependant , d'apprehender un peu mieux son pere , etre solitaire a tendance suicidaire avec qui il communique tant bien que mal (discussions axées essentiellement sur Lincoln , Lincoln ou encore..Lincoln ,au bout d'un moment , ça peut lasser...) et que les demonstrations de tendresse embarassent plus que tout..
Dernier point positif : la construction de ce roman . Tel un film , ce bouquin donne l'impression d'avoir été écrit comme un scenario revelant ses scenes les unes apres les autres , un excellent format pour le grand écran !
Un livre fort , intense , lu dans le cadre du jury du polar qui laisse presager encore de belles heures de lecture pour peu que les ecrits suivants soient du meme acabit !!

Les Leçons du Mal vous feront un bien fou !!!
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Il y a quand même des profs qui choisissent de drôles de sujets pour leurs cours et celui qui nous concerne, notre narrateur, y raconte les faits horrifiques des quelques hommes les plus malfaisants de l'Histoire, qu'ils soient réels ou de fiction.
Ses élèves sont attentifs, ça, je peux vous l'affirmer !
Il faut dire qu'il a fort à faire avec eux, car ils proviennent, pour la plupart, des « Ponts », qui est un quartier plus que misérable de la petite ville de Lakeland, Mississipi. Les habitants de ce quartier ne sont guère intellectuels, même si de temps en temps l'exception confirme la règle. Nous sommes dans les années 50, et la ségrégation entre riches et pauvres, exploiteurs et exploités, est encore très forte.


Notre prof-narrateur, Jack Branch, est le fils d'un professeur lui aussi, riche et estimé, vivant seul sa retraite dans le manoir familial.
A la faveur d'un devoir, Jack va se lier avec un de ses élèves, le fils du « Tueur de l'étudiante ». Triste célébrité ! Jack Branch a l'ambition de lui apporter quelque chose de positif, de le « sauver », en quelque sorte de son hérédité diabolique. Mais la recherche intellectuelle de Eddie, ce jeune assez fade et isolé, transformera pour toujours le microcosme de cette petite ville et même la relation de Jack envers son père.


Ce roman, je l'ai choisi en fonction des réactions enthousiastes de mes amis babéliotes, et je ne le regrette pas, quoique je ne sois pas branchée « romans policiers ».
Celui-ci en est un, peut-être, vu qu'une étudiante a été tuée dans le passé, mais il s'accroche plutôt aux personnages actuels, tourmentés, chacun dans son genre. Chacun a son petit rôle à jouer, et c'est très intéressant de découvrir les rouages qui font tourner la machine sociale et psychologique.


Quoi de plus simple en apparence mais de si difficile si on creuse un tant soit peu que la relation professeur-élève ainsi que les échanges ou non entre les jeunes, la relation filiale, le poids de l'héritage familial, régional, historique ! Et si l'amour s'en mêle (et il s'en mêle toujours), cela complique encore plus ce système d'interactions.


Oui, vraiment, je ne regrette pas d'avoir fait la connaissance de ce Thomas Cook dont tout le monde vante les louanges. A l'aide d'une narration qui se joue de nous en nous transportant dans le passé, dans le présent, en faisant des anticipations, cet auteur parvient à nous tenir en haleine.


Alors, peut-être un jour vais-je construire un cours sur les leçons du Mal ? Non, je préfère laisser cela à Thomas Cook, bien plus doué que moi !
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1954, Delta du Mississipi. Eddie Miller avait à peine cinq ans lorsque son père assassine une jeune fille du lycée de Lakeland. Depuis l'adolescent, discret, presque effacé, est surnommé le " fils du tueur de l'étudiante ".
Jack Branch issu d'une grande famille du Sud, est de retour dans sa ville natale, où il vient de décrocher son premier poste d'enseignant.
Le jeune professeur se lance dans un semestre d'études sur la figure du Mal au travers de l'histoire et de la littérature…
Très vite, il encourage Eddie à se confronter à sa monstrueuse ascendance et à découvrir la vérité sur son père.
Mais quand on tente de faire toute la lumière sur le passé, les ombres enfouies au plus profond des âmes peuvent se révéler au grand jour. 



Difficile de parler du dernier roman de ce grand auteur par peur de trop en dévoiler. Disons simplement que Les Leçons du mal possède, en plus d'une intrigue ciselée, une réelle force dramatique. Une partition sans failles qui enfle, gonfle, gronde et nous emporte.

Un Thomas Cook dans la grande tradition serais-je tenté de dire. Ce qui est un gage de qualité. C'est que l'on retrouve ici toutes ses thématiques : une société très hiérarchisée et traditionaliste, les relations père / fils, la force du doute et du soupçon, et le poids du passé. Mais, c'est aussi un superbe voyage en amnésie dans le Sud profond des États-Unis, celui des années cinquante, juste avant le mouvement des droits civiques. Un monde qui reste encore englué dans un fonctionnement hérité du siècle précédent. Un peu d'histoire doublée d'une ballade littéraire. Une promenade sous l'influence de William Faulkner, d'Abraham Lincoln et d'Herman Melville.
Mais surtout, une interrogation qui traverse tout le roman et transperce toutes les certitudes de façon inéluctable : comment une noble et belle action peut-elle se retourner contre nous ?

Les Leçons du mal est un livre envoûtant, un faux polar mais un vrai roman noir. Oppressant à souhait, servi par une très belle écriture et une analyse psychologique toute en finesse, le roman vous happe des la scène d'ouverture et ce jusqu'à la dernière ligne. Encore un excellent roman de Thomas H.Cook.
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Il est des polars comme des arbres. Certains sont secs et nerveux, d'autres cachent derrière un feuillage chatoyant leur tronc famélique.
D'autres, comme celui-ci, s'imposent majestueusement devant nous, imposants, massifs, intimidants même.
Mais il serait plus juste de parler de roman noir, plutôt que de polar, sombre comme les tréfonds dans lesquels peut s'enfoncer l'âme humaine.
On ne peux parler de ce roman sans tout d'abord se pencher sur l'écriture de Cook. Une écriture riche, parfois emphatique, d'une inextinguible profondeur, exsudant les émotions de ses personnages par tous les pores de ses mots. Ce livre ne se lit pas à la va-vite, il demande toute l'attention du lecteur, pour en tirer la substantifique moelle.
L'auteur se penche avec soin et attention sur l'idiosyncrasie de ses personnages, l'histoire se déroule lentement, construite à l'envers, sur le mode de la "chronique d'une catastrophe annoncée".
Cook use d'effets stylistiques du meilleur effet, avec l'alternance de passages très soignés, entrecoupés d'extraits de procès ou encore de passages tirés des écrits des personnages.
Tout du long, certaines phrases, lancées au lecteur, nous préparent au final qui se dévoilera sobrement, mais profondément touchant.
Le roman est aussi une belle description des états du sud américain dans les années 50, avec les préoccupations de l'époque. Une époque où la division des classes est prégnante et dont l'auteur se sert pour insuffler une atmosphère étouffante à son récit.
A titre personnel, le seul petit défaut que j'émettrais concerne justement le style de l'auteur à certains rares moments, un peu pédant, comme se le reproche lui-même le personnage principal concernant ses propres écrits (un peu comme ma critique aussi). Tout petit bémol, rarement ressenti dans ce flot de mots et d'émotions d'une rare richesse.
Une oeuvre touchante, noire mais jamais tapageuse.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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critiques presse (1)
Lexpress
30 juin 2011
Thomas H. Cook tisse les fils d'une intrigue redoutable, merveilleusement servie par une saisissante description des modes de vie d'une Amérique qui n'est peut-être pas si lointaine qu'on le croit.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
Autrefois, c’était une ville typique du Sud, avec sa place du tribunal bordée de boutiques construites avec le bois débité et raboté à la scierie locale. À présent, c’est une ville « américaine », plus ou moins semblable à n’importe quelle autre. Les anciens magasins ont cédé la place à des marques franchisées qui vendent les mêmes produits à Providence ou à San Diego. Notre « artisanat régional » est fabriqué en Chine. À la fin de la journée, les citadins font la queue dans des voitures japonaises pour recevoir leur pitance dans des sacs en papier que leur tendent des adolescents coiffés d’une casquette de papier. Leurs enfants sont obèses, incultes et, pour la plupart, inexpérimentés. Ils regardent des films sur des iPods et ne lisent pour ainsi dire jamais. Le plus beau de tout, du point de vue d’un vieil homme, est qu’on leur a appris que l’amour pouvait être offert sans discernement, et que, par conséquent, ils grandissent étrangers à tout sentiment de honte. (p.237)
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Gâté par le sort, je n'ai pas su voir les ténèbres ni ce qu'elles dissimulaient. Jusqu'au moment fatidique le mal s'est tenu à distance, circonscrit à des simples notes de cours sur les crimes perpétrés par des armées, des foules et des individus sanguinaires, auteurs d'actes abominables que j'exposais avec passion à mon auditoire d'élèves captifs.
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[...] ... - "[Le shérif Drummond] m'a fait penser au flic du livre que vous nous avez fait lire. Celui sur le gars qui tue un autre gars sur la plage. Vous savez, juste parce qu'il est ébloui par le reflet du soleil.

- L'Etranger. L'assassin s'appelle Meursault."

Je regrettai aussitôt mon ton pédant.

- "Bref, continue, Eddie.

- Drummond m'a fait penser au gars qui interroge Meursault. Comme si son opinion était déjà faite."

A ce moment-là, nous roulions doucement vers la route principale qui passait devant le bureau du shérif, où d'autres voitures débouchaient en marche arrière et rejoignaient le flot de la circulation.

- "Je lui ai dit que Sheila m'avait demandé de la raccompagner chez elle après l'école," reprit Eddie. "Elle s'était disputée avec Dirk."

Après m'avoir indiqué cela, il put facilement m'en dire plus et, comme par une minuscule fissure qui serait apparue dans l'immense paroi d'un barrage, ses mots coulèrent goutte à goutte, semblable à un petit filet d'eau.

- "J'ai accepté, mais elle avait peur que Dirk nous voie, alors, elle m'a demandé de la rejoindre loin du lycée."

Nous prîmes la route principale qui donnait sur la grand-place. Comme nous la traversions, Eddie jeta un coup d'oeil à l'imposante façade du tribunal du comté.

- "Je l'ai déposée à Clearwater. C'est là qu'elle habite.

- Pourquoi ne l'as-tu pas raccompagnée jusqu'en bas de chez elle ?

- Elle n'a pas voulu. Je me suis dit qu'elle pensait que ça déplairait à sa mère. De la voir avec moi."

Parce que Eddie Miller était le fils du Tueur de l'étudiante. ... [...]
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Le matin du lundi suivant, j'appris que la nouvelle du devoir d'Eddie s'était répandue comme une traînée de poudre dans le lycée de Lakeland.
Eddie Miller écrit sur son meurtrier de père. C'était, manifestement, un grand événement.
Pendant la semaine précédente, et comme on pouvait s'y attendre, l'annonce qu'Eddie avait faite en cours avait été retraitée par l'usine à rumeurs habituelle et en était ressortie sous diverses formes. Selon un "témoin oculaire", Eddie avait déclaré en classe avoir vu de ses propres yeux le corps de la jeune fille assassinée. Une deuxième version voulait qu'il ait aidé son père à le découper et à l'enterrer. Et une troisième répandait le bruit aussi infondé que grave selon lequel Eddie avait été forcé de participer au meurtre.
Eddie n'avait jamais rien dit de tel, bien entendu, mais cela importait peu. Au lycée, on ne parlait plus que de lui et des circonstances dans lesquelles il avait fait de si troublantes révélations. Soudain, mon modeste cours de rattrapage thématique se retrouvait propulsé hors de la banalité de l'instruction générale dispensée par l'école, et porté au pinacle par l'agitation la plus macabre et la plus outrancière qui ait jamais secoué les flots des bâtiments administratifs du lycée de Lakeland.
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Mais autre chose me travaillait : le sentiment que, ironie du sort, Eddie était, en réalité, ma création, que j’étais devenu la victime de mon fantasme romantique de sauver un jeune garçon rebelle, et que, grisé par crée rêve, j’en avais choisi un parmi mes élèves et m’étais tout bonnement imaginé déceler en lui des capacités dont, en réalité, il était dépourvu. M’entêtant aveuglement, je lui avais fait miroiter la possibilité d’un avenir brillant qui risquait fort de lui demeurer inaccessible. Ce faisant , j’avais crée le fils du Tueur de l’étudiante, alors que, en réalité, un tel garçon n’avait jamais existé. En effet : qui était Eddie Miller avant que je le prenne sous mon aile.
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