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EAN : 9782267026429
546 pages
Christian Bourgois Editeur (10/04/2014)
4.06/5   112 notes
Résumé :
À l'aube du XXe siècle, dans une région reculée le long de la côte pacifique des États-Unis, Talmadge prend soin de ses arbres fruitiers. Depuis près d'un demi-siècle, cet homme mène une existence apaisée, rythmée par les saisons des fruits. Jusqu'au jour où deux jeunes filles farouches et abandonnées font irruption dans son domaine... Leur arrivée bouleversera définitivement la vie de ces personnages, les rappelant à leurs douloureux passés.
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Une étrange et touchante épopée dans un verger du nord-ouest américain.
Dans la quiétude d'un verger traversé de temps en temps par des Indiens et des chevaux sauvages, la vie d'un homme solitaire est radicalement bouleversée par l'irruption de deux gamines farouches : elles sont toutes les deux enceintes...
Talmadge a quasiment vécu toute sa vie seul dans ce verger après avoir perdu sa mère et sa soeur. Curieusement, malgré cette solitude forcée, c'est un homme plein de bienveillance et d'empathie qui recueille les deux petites fugitives, un homme débordant d'une tendresse qu'il n'a pu donner à personne.
Après un départ sur les chapeaux de roue, le rythme du roman ralentit pour se prêter à la constance des éléments dans ce verger isolé, uniquement marqué par les changements de saisons et les travaux qui en découlent, parfois par le passage d'une bande d'indiens dresseurs de chevaux.
Parallèlement, les mots que s'échangent les protagonistes sont aussi rares que les confidences : la solitude entraîne à l'économie des épanchements et au silence.
J'ai beaucoup aimé ce roman lent et poétique qui nous parle d'enfance meurtrie, de transmission et des liens du coeur qui peuvent remplacer les liens du sang… questions toujours d'actualité !
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Les cisailles à la main ou coincées sous son bras, grimpé dans un pommier, ou un abricotier, ou bien un prunier, l'homme, Taldmage, s'affaire dans son verger.
Silence de la terre, des arbres fruitiers, de la forêt avoisinante. Solitude de l'homme qui n'a plus de famille depuis longtemps, qui n'en a pas fondé une. Plusieurs dizaines d'années se sont écoulées depuis son arrivée, avec sa mère et sa soeur, sur cette terre isolée de l'État de Washington. Les deux pommiers alors présents sont désormais perdus dans un vaste verger, des hectares d'arbres fruitiers.
Sa mère est morte depuis longtemps. Sa soeur Elsbeth n'est jamais revenue d'une cueillette d'herbes en forêt, jamais retrouvée, le laissant depuis dans une totale ignorance de ce qui a pu lui arriver. Un poids lourd sur le coeur de Taldmage.
Dans sa tête, de multiples pensées, des préoccupations, des évènements lointains et d'autres à venir alors qu'il se dirige vers la ville. Son chariot brinquebale et grince, les sacs de pommes et d'abricots bien serrés avant que les fruits ne soient vendus. A la faveur d'un petit somme de notre vendeur de pommes, quelques unes d'entre elles lui sont dérobées par deux adolescentes enceintes affamées, aux vêtements dépenaillés, aux figures crasseuses. Elles trouveront un peu plus tard l'exploitation du vieil homme qui leur fera cuire sur son feu des crêpes épaisses, roboratives.

De ce roman s'échappe une longue histoire qui ronronne, l'histoire d'un homme dans son verger niché au creux d'une vallée où murmure paisiblement un ruisseau dans lequel il se lave. Les montagnes à l'horizon portent leur regard sur des champs de blé qui cernent la ville la plus proche. Et le regard de l'homme erre bien souvent sur ses arbres. Il fend du bois, vérifie les clôtures posées là afin de dissuader les cerfs de venir se nourrir des fruits juteux, s'occupe consciencieusement des jeunes pousses, taille méticuleusement ses arbres et se déplace lentement avec sa mule. A l'orée de la ville, il voit régulièrement Caroline Middey, l'herboriste. Leur entente est simple, faite d'échanges laconiques mais où les sentiments, sans jamais les exprimer, sont terriblement éloquents.
À intervalles réguliers, des indiens éleveurs de chevaux, s'arrêtent chez lui et l'aident pour les récoltes. C'est encore une fois un lien d'amitié puissant entre taiseux que l'auteure instaure entre Taldmage et Clee, un indien muet suite à un traumatisme de la barbarie humaine.

Mais cette histoire, dont l'onde paisible se propage presque silencieusement va douloureusement vibrer avec l'arrivée de Della et Jane.
Comme deux petits animaux méfiants, elles viennent manger les assiettes posées discrètement sur le perron de la véranda pour ne pas faire fuir nos deux adolescentes farouches. Elles suivent l'homme de loin, l'observent aller et venir sifflotant dans son verger. Doivent-elles se fier à lui ? L'approche est douce et mutique. Amanda Coplin noue admirablement les gestes et les émotions de ce poignant apprivoisement.
Et c'est autour de toute cette histoire que l'auteure tire un fil continu, entremêlant les sentiments et le quotidien de tous ces personnages que l'on apprend à aimer.
Du travail dans le verger, de virées annuelles sur la foire aux plantes on passe à une ambiance se frottant au Far West avec des expéditions de chevaux, des bivouacs, des rodéos. Les plaies laissées par les départs, les inquiétudes, les souffrances, les grandes difficultés à aborder certains sujets s'y glissent, incandescentes, donnant toutes les émotions à ce magnifique roman.
Une chaîne de rapports humains se tisse, interrogeant sur les liens familiaux, sur leurs significations dans certaines circonstances, et les confrontent à ceux qui naissent spontanément, contre toute attente et malgré les dangers, les réticences.
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Bien différent du livre de Tracy Chevalier : L'Orée du verger où ,s'il était question aussi de fruits , la terre était bien ingrate et les gens plutôt belliqueux ...

Là, dans ce coin de Californie, les abricotiers et les pommiers sont généreux sous les soins attentifs de Talmadge , un homme bienveillant .
Cet homme est arrivé dans ce coin perdu alors qu'il était enfant avec sa mère et sa soeur .Sa mère, malade, décède rapidement puis la jeune soeur de Talmadge disparait et malgré toutes ses recherches , aidé par son ami, l'indien Clee, il n'aura aucune piste , aucun indice . Ce drame et cette interrogation le poursuivront toute sa vie .

Son existence prend un tour nouveau lorsqu'il vient en aide à deux soeurs, en fuite et toutes les deux enceintes, des gamines craintives , elles aussi marquées par une enfance volée.

L'histoire , dès le décor planté , devient plus lente, au rythme des saisons des arbres, des premiers bourgeons à la récolte , troublé par le passage des chevaux sauvages . Pourtant , ce n'est qu'un calme apparent car , si les dialogues sont rares chez ces gens qui ne savent pas dire qu'ils s'aiment , chacun gardant pour soi ses blessures , le cours des événements conduit inéluctablement à la fuite en avant pour Jane et Della, chacune à sa façon alors que Talmadge , souvent maladroitement , rêve pour lui et celles qui sont devenues sa vraie famille , de sérénité à défaut de bonheur.

Magnifique premier roman, avec une profonde réflexion ce qui rapproche des êtres fragiles, bousculés par la vie avec leur quête difficile de résilience , tout cela avec de belles descriptions de la nature .
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Les romanciers américains excellent dans l'art de raconter des histoires originales où évoluent des personnages d'une grande finesse psychologique dans des cadres somptueux. L'Homme du verger ne fait pas exception à la règle. L'auteur, initiée par son grand-père aux soins qu'exige un arbre fruitier, place une grande partie de son roman dans un verger dont s'occupe avec passion Talmadge, homme d'une cinquantaine d'années. Sa vie d'ermite va être bouleversée par la rencontre de deux jeunes filles, Jane et Della, toutes deux en fuite et refusant tout contact avec leurs semblables. Il faudra beaucoup de patience à Talmadge pour gagner leur confiance et découvrir leur secret. Il y perdra sa tranquillité. Roman intimiste, portrait d'une Amérique encore rurale vers le début du 20ème siècle dans l'état de Washington, où la vie d'une petite communauté se déroule encore au rythme des saisons, l'Homme du verger, déploie avec sensibilité et délicatesse toutes les facettes de l'âme humaine dans ses contradictions et ses combats intérieurs.
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En route vers la côte pacifique disons au tout début du XXème siècle, vers la vallée de Wenatchee. Un homme calme, un homme bon et vivant en harmonie avec la nature, fait fructifier sa terre, il a planté un verger, il a greffé, soigné, irrigué et il peut être fier de son travail.

Après la récolte il part à la ville où il espère rencontrer ses amis : Caroline Middey herboriste et sage-femme et Clee l'indien.
« Les boisseaux de pommes et d'abricots enfouis dans les sacs, bruissaient au fond du chariot ». Son étal installé il aperçoit « deux filles avec des mines de conspiratrices - en guenilles, le visage sale »
Lorsqu'elles lui dérobent ses pommes il laisse faire mais les suit.

Talmadge, lui qui ne s'est jamais occupé que de prunes, d'abricots ou de pommes, lui qui n'a jamais pu oublier la disparition d'Elsbeth sa soeur, qui vivait au rythme des rencontres amicales avec Caroline, va être propulsé dans un monde de violence et de douleur.

Della et Jane, ses voleuses sauvages et farouches vont petit à petit s'approcher de sa maison, accepter la nourriture qu'il laisse à leur intention, pénétrer dans sa maison en son absence.
Elles ont fui la violence, la servitude et la cabane que leur offre Talmadge va représenter un havre où poser leurs têtes. Quand un homme accepte d'être volé par plus démuni que lui ne soyez pas étonné que toute sa destinée en soit changée à jamais.
Et je m'arrête là pour vous permettre de découvrir Talmadge et son verger, pour découvrir un livre totalement ouvert sur les grands espaces.
Indiens, chevaux sauvages, arrivée du chemin de fer ont répondu à mon envie d'aventure mais le côté intimiste imprimé par Amanda Coplin m'a comblé également.
Qu'est-ce qui crée les liens entre les hommes, le sang ou ..tout autre chose ? Peut-on reconstitué une famille par la seule volonté ?
J'ai aimé passé du romantisme à un ton plus sombre, du lyrisme au côté désespéré de ces vies.
Un très bon roman dont l'auteur a réellement grandi dans la vallée de Wenatchee et s'est inspirée de la vie de sa famille pour écrire cette histoire.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Elle n'aurait jamais dit aimer, parce qu'ils ne s'exprimaient pas ainsi; ils ne prononçaient jamais les mots "amour" ou "magnifique", ou n'importe quel terme descriptif. Parfois, pour faire un commentaire sur ce ciel au crépuscule, il le qualifiait de "joli" et elle hochait la tête en guise d'approbation. Lorsqu'elle entrait dans une pièce où il se trouvait déjà, ou s'il débarquait dans une allée où elle était en train de travailler, ils ne se saluaient pas à grand renforts de mots mais chacun de contentait d'effleurer l'autre des yeux, déduisant, de son expression ou de sa posture, si celui-ci était content, déçu ou agacé, s'il était satisfait de cette présence ou du temps qu'il faisait. Ces détails concernant l'autres, chacun en avait l'intuition comme des besoins de son propre corps : sans y penser, de façon naturelle.
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Elle adorait la solitude, mais uniquement parce qu'elle avait la possibilité de la rompre. De converser intimement avec quelqu'un d'autre. Que se passerait-il quand Talmadge mourrait ? Caroline Middley ? Leurs sensibilités particulières disparaîtraient ; et ils emporterait avec eux tout ce qu'ils savaient d'elle. Alors elle serait vraiment authentiquement seule. Ce serait une tout autre solitude. Une solitude terrifiante.

(P532)
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Puis, en tendant la main vers une noix encore sur sa tige, elle s’enfonça dans le silence qui englobait tous les silences et crut percevoir le déchaînement des insectes dans l’herbe ; elle pénétra tout droit dans l’intimité de leurs chuchotements. Le soleil sur la berge poreuse, près de l’endroit où elle se tenait, était incandescent de lumière, les minéraux scintillaient et la triste boue était spéciale, particulière même dans sa tristesse. Chaque pore, chaque strie, chaque détail était lavé et engendré comme la lumière révèle un visage.
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Il avait un de ces visages compliqués qu'il fallait contempler à loisir pour comprendre comment l'émotion s'y manifestait, pour le comprendre tout simplement. C'était un paysage : une étendue vaste et complexe, à couches multiples. Elle avait envie d'étudier ce visage : parce qu'il était différent, et c'était important sans qu'elle sût exactement pourquoi.

(P71)
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Ta mère disait souvent… intervint soudain Della, alors que la petite et elle s’étaient déjà fait leurs adieux ; la petite s’était à moitié levée de sa chaise. Maintenant, elle la regardait avec des yeux écarquillés. Surprise.
Ta mère... continua Della malgré elle, sachant qu’elle aurait dû se taire et s’apercevant qu’elle ne pouvait pas continuer. Comment décrire un rêve ? Un sentiment ?
Que disait-elle souvent ? s’enquit Angelene, après un silence.
Della, les yeux fixés sur un coin de la pièce, avait oublié ce qu’elle s’apprêtait à raconter.
Elle disait… que tu serais merveilleuse. Que tu serais meilleure que nous toutes réunies. Et elle avait raison. Elle s’interrompit. Rien de mauvais ne t’est arrivé. Tu mènes une bonne vie. Tu mènes une bonne vie, non ?
La petite laissa passer un moment avant de répondre.
Oui.
Della avait envie de lui raconter bien des choses. Elle aurait voulu la prendre dans ses bras.
La petite se tenait debout, gauchement, devant la cloison.
Della se contraignit à croiser son regard, l’espace d’un instant.
La petite était timide.
Merci d’être venue me voir, dit Della.

(p522)
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