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Résumé :
Rédigé entre 1953 et 1960, le présent essai montre qu’on ne peut réduire Corbin à un simple historien de la philosophie. Si les Macrobe de l’Antiquité tardive et les Pléthon de l’époque byzantine ponctuent son œuvre, ce fut pour aider à réactualiser le néoplatonisme au cœur de nos débats. Devenu orientaliste, Corbin dérangea plus qu’un anti-moderne. Comme Sartre, il n’en appela ni à la Vérité, ni à l’Absolu et se saisit d’un discours particulier ; mais ce discours, ... >Voir plus
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(...), au regard de celui-ci (l'ésotérisme), les polémiques dans lesquelles se sont affrontés en occident croyants et incroyants, se sont livrés sur un plan de connaissance que ni les uns ni les autres ne réussissaient à quitter. On s'est affronté, par exemple, sur les miracles rapportés dans le Nouveau Testament, les uns pour admettre, les autres pour rejeter la possibilité d'une "rupture des lois naturelles". Foi et incroyance s'enfermaient dans le dilemme: histoire ou mythe.
Il eût fallu se représenter que le premier et suprême miracle est l'irruption d'un autre monde dans notre connaissance, irruption qui déchire le réseau de nos catégories et de leurs nécessités, de nos évidences et de leurs normes. Mais il doit être entendu qu'avec cet autre monde il s'agit d'un monde qui ne peut être perçu par l'organe de la connaissance commune, ni prouvé ni récusé au moyen de l'argumentation commune: un monde tellement autre qu'il ne peut-être vu ni perçu que par l'organe d'une perception "hûrqalyenne".
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Dans un livre Sur la question de l'âme, G-T. Fechner raconte comment au cours d'une matinée de printemps, alors qu'une lumière de transfiguration nimbait la face de la Terre, il fut saisi non pas simplement par l'idée esthétique, mais par la vision et l'évidence concrète que "la Terre est un Ange, et un Ange si somptueusement réel, si semblable à une fleur!" Mais, ajoute-t-il avec mélancolie, une telle expérience passe de nos jours pour imaginaire: il est entendu que la Terre est un corps sphérique; quant à savoir davantage sur ce qu'elle est, c'est affaire de recherche dans les collections de mineralogie.
Cette brève confession lyrique nous incite à réflechir sur deux points. En premier lieu nous avons à nous rappeler que Fechner écrivit lui-même un Zend-Avesta qui est son oeuvre philosophique la plus importante; il y déploie d'un bout à l'autre les ressources du raisonnement par analogie, à l'encontre peut-être des exigences de la philosophie rigoureuse, mais manifestant ainsi son aptitude à la perception des symboles. Bien qu'en dehors de son titre le livre n'ait rien de commun avec le livre saint du mazdeisme zoroastrien, il n'en reste pas moins que la cognitio matutina par laquelle la Terre se révéla comme un "Ange" à notre philosophe, est en parfait accord avec la doctrine et la pratique de l'Avesta où nous lisons, par exemple, au rituel du 28e jour du mois: "Nous célébrons cette liturgie en l'honneur de la Terre qui est un Ange." (...)
Et (...) le second point à retenir. Le fait que puisse être repoussée dans l'imaginaire comme dans l'iréel la perception de l'Ange de la Terre, signifie et annonce qu'inversement cette manière de percevoir et de méditer la Terre est liée à une structure psycho-spirituelle qu'il nous faut redécouvrir, en vue de valoriser les moyens de connaissance dont elle dispose.
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La "Terre de Hûrqâlyâ" est inaccessible aux abstractions rationnelles aussi bien qu'aux matérialisations empiriques; elle est le lieu où esprit et corps ne font qu'un, le lieu où l'esprit prend corps comme caro spiritualis, "corporéité spirituelle".
Tout ce que nous proposent ici nos auteurs est peut-être bien à contre-courant des modes de pensée de nos jours, et risque d'être totalement mécompris. Pourtant on pourrait leur trouver des frères d'âme du côté de ceux que l'on a appelés les Spirituels du protestantisme: Schwencfeld, Boehme, le cercle de Berleburg, Oetinger, etc., et qui ont eu aussi leurs continuateurs jusqu'à ce jour.
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Entre en jeu ici une Energie qui (...) est à l'oeuvre depuis l'instant initial de la formation du monde jusqu'à l'acte final annoncé et pressenti sous le terme de Frahskart, lequel désigne la Transfiguration qu'accompliront à la fin de l'Aiôn les Saoshyants ou Sauveurs issus de la race de Zarathoustra. C'est cette Energie qui est désignée par le terme de Xvarnah dans l'Avesta. Plusieurs traductions ont essayé d'en cerner les contours, d'en rendre toutes les nuances. "Lumière-de-Gloire" nous semble en restituer l'essentiel, si en même temps nous conjoignons dans la pensée les équivalents grecs qui en ont été donnés: Gloire et Destin. Elle est la substance toute lumineuse, la pure luminescence qui constitues les créatures d'Ohrmazd en leur origine. "Par elle Ahura Mazda a crée les créature nombreuses et bonnes...belles, merveilleuses...pleines de vie, resplendissantes" (Yasht XIX, 10). Elle est l'Energie de lumière sacrale qui cohère leur être, qui mesure à la fois la puissance et le destin impartis à un être, qui assure aux êtres de lumière la victoire contre la corruption et la mort introduite dans la création ohrmazdienne par les Puissances démoniaques de Ténèbres.
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Ce qu'il nous reste alors à préciser à grands traits ici, c'est la métamorphose du visage de la Terre vu par l'organe de l'Imagination active mazdéenne.
La perception du mystère sophianique de la Terre, de la géosophie, ne peut évidemment s'accomplir dans le cadre d'une géographie positive. Elle suppose une géographie visionnaire, ce qui a été appelé justement un "paysage de Xvarnah", c'est-à-dire un paysage préfigurant le Frashkart. Elle ne se disperse pas dans des espaces profanes préalablement donnés. Elle concentre l'espace sacral in medio mundi, au centre de vision que fixe la présence même de l'âme visionnaire (ou de la communauté visionnaire), et qui n'a pas à être située, car elle est situative d'elle-même. Les aspects géographiques, les montagnes par exemple, n'y sont plus des aspects simplement physiques; ils ont une signification pour l'âme; ce sont des aspects psycho-cosmiques. Les événements qui y ont lieu consistent dans la vision même de ces aspects; ce sont des événements psychiques. Aussi, en ce centre se trouve le paradis de Yima, la paradis des archétypes, parce que là a lieu la rencontre des Célestes et des Terrestres.
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