Ceux qui n'aiment pas lire

C'était ma maîtresse, avant. Elle nous lisait des grands albums et les mots me berçaient. La musique des histoires, c'était plus important que l'histoire des histoires.
Quand j'étais plus petit, ma mère aussi prenait des livres et le soir, dans mon lit, elle me racontait et me montrait les images. Le câlin des histoires, c'était plus important que l'histoire des histoires.
Maintenant, elle me laisse dans ma chambre et je me retrouve avec un livre, ce truc silencieux et froid qui enchaîne les mots.

- Bon, a dit Pauline, on va bien trouver dans les livres que tu vois, celui qui va te convenir. A toi. Parce que c'est ça, la magie. Trouver le bon ouvrage qui te parle. La voix qui s'adresse à toi, rien qu'à toi !
J'ai pensé qu'elle était comme les autres, toutes ces bibliothécaires qui parlent de l'enchantement des bouquins, de leur musique fantastique et qui ne comprennent pas qu'on puisse y être sourd. Ne rien entendre.
(p. 23)

Un enfant qui n'aime pas lire, c'est comme un crocodile sans dents. On a de la pitié pour lui. On se demande comment il va se nourrir, comment il va grandir dans la jungle et les marécages. Comment il va se débrouiller parmi tous les autres crocodiles qui, eux, dévorent les livres.

Le club de ceux qui n'aiment pas lire. Voilà mon déclic, mon flash, mon illumination. Pour ne pas se sentir seul, pour trouver des solutions, pour s'organiser contre un monde de bouquins qui ne veut pas de nous.

La lecture, c'est comme la confiture, faut laisser les enfants s'y coller comme des mouches.

La lecture, c'est comme la confiture. Faut laisser les enfants s'y coller comme des mouches.

Un enfant qui n'aime pas lire, c'est comme un crocodile sans dents. On a pitié pour lui.

Je me dis que peut-être un jour, j'ouvrirai un livre, par hasard et que je ne pourrai plus m'arrêter tellement j'aurai envie de le lire et de le terminer et d'en commencer un autre et un autre encore.