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EAN : 9782290021064
253 pages
J'ai lu (30/11/-1)
3.98/5   81 notes
Résumé :


Cet ouvrage ne traite pas seulement de l'absence physique du père; il s'interroge sur le silence qui isole aujourd'hui le père de son fils et qui donne au fils l'impression d'avoir été mal paterné. Et si ce père manquant avait engendré un fils manqué ?

Cette question cruciale a amené Guy Corneau à se demander :

- pourquoi l'homme d'aujourd'hui est si mal dans sa peau?
- pourquoi il a peur de l'intimité ?
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Décédé en 2017 Guy Corneau est un analyste jungien canadien et promoteur de l'expression théâtrale thérapeutique.
J'avais été interpellé par le titre de ce livre en miroirs : étais je un père manquant au fils manqué, un fils manqué au père manquant, ou peut-être les deux ?
La lecture des premiers chapitres devait rapidement ramener les choses à leur juste niveau, aussi rassurante à titre personnelle, que décevante quant au contenu du livre.
En effet, même s'il n'y est pas seulement question de l'absence physique des pères et de l'impact sur leurs fils, les exemples cités illustrent surtout des circonstances extrêmes, génératrices de véritables traumas, ce qui ne fut, dieu merci, mon cas ni comme fils, ni comme père... nul n'est jamais à l'abri d'une brusque rupture psychologique révélatrice de tendances masquées, mais si cela devait survenir il ne me semble pas que cet ouvrage me serait d'une quelconque utilité, trop réducteur dans ses illustrations.
En outre, l'ouvrage s'éloigne ensuite de la réflexion sur le rapport père-fils proprement dit pour explorer la condition de l'homme dans la société contemporaine, ouvrant par exemple d'intéressants questionnements sur la façon dont le genre masculin assume ou non ses parts fondamentales d'agressivité dans ses rapports aux autres et notamment dans ses pulsions sexuelles, sur sa difficulté à communiquer, à confier à autrui son intimité, et par suite la façon dont il "joue des rôles" lui permettant de détourner ses névroses : bon garçon, éternel adolescent, séducteur invétéré...
Le livre s'appuie sur des cas d'école et l'illustration par des mythes fondateurs.
Pour moi ce livre, qui eut en 1989 le mérite d'explorer toutes ces questions, est aujourd'hui clairement daté. L'invitation aux pères à "décadenasser" leurs sentiments a été très largement suivie par les pères des nouvelles générations. Cela s'est fait assez vite et assez bien. malgré les archétypes sociaux portés par leurs parents, l'entourage, et même parfois leurs femmes. Certes il reste du chemin, notamment par une action judiciaire plus efficace à l'encontre des pères abandonnant du jour au lendemain toute responsabilité ou levant la main sur leurs enfants , conjointe ou ex conjointe -doublée d'une prise en charge thérapeutique bien sûr- ; mais la grande majorité des fils devenus pères ont évolué, rejoignent les thérapies ou les cours de yoga quand nécessaire, et les cas cliniques cités par Guy Corneau ne sont plus représentatifs. A l'heure des mariages homosexuels et des débats sur la pma, une étude des fils -pères issus de couples monogenre eût été intéressante...
Bref, peut-être suis-je passé à côté de ce livre... lu peut-être trop tard ? Malgré une plume de bonne facture, des ouvertures intéressantes sur l'homme et l'évolution de ses rôles sociaux, le titre était peut-être trop accrocheur, dans une mise en garde collective aujourd'hui décalée.
Même si ces fondamentaux sont utiles à rappeler au vu des drames qui vivent encore certaines familles, je serais sans doute plus intéressé par des ouvrages plus récents approfondissant justement ce savant dosage de ying et de yang que les nouveaux fils et pères tentent d'établir au quotidien.
Enfin, peut-être me faut-il aussi admettre que je ne suis pas très fan de ces ouvrages de "développement personnel" s'appuyant sur des cas thérapeutiques décortiqués via des grilles d'experts, préférant enrichir l'analyse personnelle et le partage d'expériences par des lectures de romans ou d'ouvrages de réflexion générale tout aussi pertinents.
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Guy Corneau rend accessible la psychologie analytique jungienne, qui est pourtant d'une complexité à la mesure de celle de l'humanité. Il illustre cette complexité trouble à l'appui d'exemples vécus par ses patients, ce qui rend la lecture appropriable et vivante. Dans cet ouvrage-ci, l'auteur traite du père manquant (celui-ci qui est absent psychologiquement et/ou physiquement, celui qui absent d'esprit et/ou émotivement, ou encore le père alcoolique ou l'autoritaire, l'écrasant et l'envieux des talents de son fils) : cela fait beaucoup de pères … A côté de ce père manquant, comment va grandir le fils manqué, le fils en manque de père ?

1- Précautions de lecture

L'Humanité que l'on cherche dans la qualité de sa relation à l'autre peine à advenir. Chacun y travaille à sa mesure. Mais la tâche est complexe et la responsabilité relève, à un moment donné, de chaque adulte, quelque enfant qu'il ait été, quelques parents qu'il ait eus. Avant de fustiger notre père et notre mère, rappelons-nous que c'est l'accès à la sécurité matérielle et à l'instruction, accès que nous devons aux sacrifices de nos parents, qui nous permet de répondre aux besoins plus intérieurs qui sont aujourd'hui les nôtres.

Au long de cette lecture, nous aurons aussi besoin d'être un minimum familiarisé avec les concepts jungiens d'archétypes et de complexes. de la même façon que les instincts régissent nos comportements réflexe, il y a aussi des instances qui régissent nos façons de sentir et de penser : les archétypes. Ces tendances du psychisme à préformer ses contenus se manifestent en nous sous la forme d'images ou d'idées.

Impersonnels et collectifs, ils ont besoin d'être personnalisés, c'est à dire expérimentés au sein d'une relation. La relation d'amour avec le cortège de fantasmes, d'émotions et d'idéalisations qui l'accompagnent immanquablement, en est un bon exemple. le nouveau-né est donc préconditionné à rencontrer un père et une mère dans son environnement. Il porte en lui ces archétypes. Pour actualiser ce potentiel, il doit rencontrer quelqu'un dans son entourage dont le comportement ressemble suffisamment à celui d'un père ou à celui d'une mère pour faire démarrer le programme.

Quand il n'est pas personnalisé par la présence paternelle, ce besoin demeure archaïque, nourri par les images culturelles du père qui vont du diable au bon Dieu. Plus le père sera manquant, moins il aura de chances d'être humanisé par l'enfant et plus le besoin inconscient se traduira en images primitives. Elles prendront les allures mythiques de Superman, de Rambo ou de l'incroyable Hulk. de même, quand un archétype n'a pas été humanisé, il demeure divisé en une paire d'opposés tiraillant le moi et le tyrannisant avec son pouvoir quasi divin. L'humanité du père permet au fils de concevoir un monde dans lequel tout n'est pas blanc ou noir et où les opposés peuvent s'amalgamer et se côtoyer.

Le résultat de cette rencontre entre la structure de base innée et chacun des parents constitue ce que Jung appelle un complexe paternel ou un complexe maternel : c'est une intériorisation de la relation que nous avons eue avec une personne. Les complexes ne disent pas ce qu'ont été le père et la mère, mais plutôt ce qu'a été la relation avec ceux qui les incarnaient (père, grand-père, oncle, professeur, frère aîné / mère, grand-mère, tante, professeure, soeur aînée).

À partir d'un certain moment, ce ne sont pas nos parents objectifs mais nos complexes qui influencent notre vision de la réalité. Par exemple, un homme qui a souffert la brutalité de son père ne voit que la brute chez ce dernier et que la brutalité exercée par les hommes dans le monde. Les complexes sont des sous-personnalités. Il s'agit d'en prendre suffisamment conscience pour que le moi puisse respirer à l'intérieur de sa propre maison. En acceptant la relation avec ses partenaires à l'intérieur, le moi fait en sorte que ceux-ci ne l'obligent pas à voir et à ressentir d'une façon unilatérale. En effet, lorsqu'ils demeurent autonomes, les complexes s'emparent de nous et nous obligent à répéter sans cesse les mêmes dynamiques, les mêmes patterns.

Une personnalité saine, c'est un moi sain, un moi qui demeure flexible. Ce moi peut tour à tour être fort ou vulnérable, il peut s'ouvrir volontairement pour accueillir ce qui vient des profondeurs, parfois pour s'y abandonner, parfois pour s'y opposer, ou encore pour négocier une position intermédiaire. le travail d'intégration de l'énergie des complexes est un travail de confrontation avec l'inconscient. C'est l'image de deux personnes qui s'assoient face à face pour s'expliquer, pour vider une question, et arriver à un nouveau point de vue. Ni la façon de voir du moi, ni celle du partenaire intérieur ne sont justes. Il s'agit donc d'éviter tout autant un point de vue trop favorable à l'inconscient, qui fait sombrer l'individu dans la prophétie et la magie, qu'un préjugé trop défavorable, ayant pour résultat d'exacerber la rationalité au point de dessécher complètement la personne. Il s'agit d'établir une relation avec notre intérieur.

Manquer de père, c'est manquer de colonne vertébrale. L'identité psychologique de l'individu se base sur son sentiment d'avoir une colonne vertébrale et de se sentir supporté de l'intérieur. En cas de complexe paternel négatif, l'individu ne se sent pas structuré à l'intérieur de lui-même. Il ressent des difficultés lorsqu'il doit se fixer un but, faire des choix, reconnaître ce qui est bon pour lui et identifier ses propres besoins.

Ceci étant posé à l'adulte travaillant sur lui-même, abordons maintenant l'immense tâche des parents.


2- La fragilité de l'identité masculine

Pour devenir homme, le jeune mâle doit passer de l'identification primaire à la mère à l'identification au père. Ce transfert d'identification est délicat et périlleux. C'est pourquoi dans les sociétés tribales, les rites initiatiques, portés par la communauté des pères, sont le plus souvent violents. L'identification primaire à la mère doit d'abord être brisée, puis l'identité masculine doit être soutenue régulièrement par d'autres présences masculines pour pouvoir demeurer stable. Autrement dit, pour que le fils se reconnaisse dans son père (pour forger son identité masculine), il faut que le père soit là, sans quoi le fils reste prisonnier de l'identification à la mère, celle-ci étant alors chargée d'une responsabilité trop lourde pour ses seules épaules. Si les mères sont tellement présentes et omnipotentes, c'est que les pères sont tout simplement manquants.

Le véritable facteur de séparation entre la mère et l'enfant n'est pas le père, mais le désir pour le couple de se retrouver en dehors de l'enfant. le père ainsi présent va aider l'enfant dans la constitution d'une structure interne. Plus spécifiquement, sa présence va permettre au jeune enfant, et particulièrement au jeune mâle, l'accès à l'agressivité (affirmation de soi et capacité de se défendre), l'accès à la sexualité (au sens de l'exploration), ainsi qu'au logos (entendu comme une aptitude à l'abstraction et à l'objectivation). Il facilitera également son passage du monde de la famille à celui de la société.

Les enfants paternés se sentent assurés dans la poursuite de leurs études, dans le choix d'une carrière ou dans la prise d'initiatives personnelles. L'amour du père s'avère souvent plus conditionnel. Et c'est crucial dans le développement du sens des responsabilités, du goût de se dépasser et même du respect de la hiérarchie. Mais elle n'agira positivement que si elle est contrebalancée par l'affection. Les adolescents ont donc également besoin d'avoir été aimés de façon non ambivalente par le père. Ceci signifie qu'il s'est montré attentionné, qu'il s'est réellement intéressé à leurs projets tout en prenant la peine de poser lui-même certaines limites, créant ainsi le cadre sécurisant indispensable à leur développement harmonieux.


3- Les fils laissés sans corps

Tout paternage inadéquat a de nombreuses conséquences personnelles et sociales. L'une des conséquences principales de l'absence du père est que les fils sont laissés sans corps. Or le corps est la base de toute identité, c'est là qu'une identité doit nécessairement commencer. En cas de père absent, les fils ne se développent pas positivement en rapport avec le corps du père, mais plutôt négativement contre le corps de la mère et le corps féminin. La première conséquence de l'abandon des fils aux soins exclusifs de leur mère est la peur des femmes et surtout la peur d'en être une. La seconde conséquence est que toute leur vie durant, ces fils manqués auront peur du corps, tant de celui des femmes que du leur.

L'homosexualité exprimerait le besoin d'un ancrage dans le masculin, dans ce qui est pareil à soi. Elle traduirait par le fait même la recherche inconsciente du père, la recherche d'une identité mâle. Aujourd'hui dénigrés par une société qui ne comprend pas comment elle est arrivée à en produire autant, les homosexuels sont peut-être sur la ligne de front de la lutte des hommes pour la réappropriation de leur corps.

Chaque parent a une double fonction : fonction de repère corporel pour l'enfant de même sexe que lui, et fonction de lieu du désir pour l'enfant de sexe opposé. Ce repère corporel dans le parent du même sexe servira de base à l'établissement de l'identité sexuelle qui, à son tour, si elle est bien fondée, permettra à l'enfant d'éprouver du désir pour le parent de sexe opposé. La présence corporelle du père auprès du fils lui donnera donc la possibilité d'aimer d'abord sa mère et, plus tard, de désirer la femme plutôt que de la redouter ou de la mépriser.

Le tabou de l'inceste : la présence du père barre l'accès à la satisfaction symbiotique naturellement recherchée par l'enfant. le père, en provoquant la fin de la fusion totale entre la mère et son enfant, vient casser l'identification entre le désir et l'objet du désir. Cela signifie que l'enfant pourra prendre conscience du désir comme étant un fait psychique qui possède une existence en soi, une existence indépendante du fait que ce désir trouve ou non satisfaction dans la réalité extérieure. Cette frustration crée un espace intérieur, elle donne naissance à l'intériorité du fils. La fusion entre le moi et l'inconscient se trouve défaite, et cela est d'une importance capitale pour la structuration de la psyché. Quand un homme demeure identifié à sa mère, il demeure fusionné à son propre inconscient. Il est ses désirs, ses impulsions, ses idées. Il ne peut les ressentir comme des objets intérieurs auxquels il n'aurait pas nécessairement à obéir.

Cette frustration de l'inceste permet aussi la séparation entre nature et culture. Un homme qui vit fusionné à son univers intérieur vit aussi fusionné au monde extérieur, il devient la culture et se trouve identifié aux stéréotypes en place. Si, pour être un homme, il faut avoir l'air macho, il aura l'air macho. S'il faut être doux, il sera doux. Autrement dit, un homme qui demeure principalement identifié à la mère n'a pas accès à sa propre individualité. Il demeure le jouet de son inconscient et des modes sociales.


4 - Quelques fils manqués

Le héros
Il se sent souvent responsables du sort de ses semblables. Sa mère est très souvent une femme exigeante, qui entretenait à l'égard de son fils de grandes ambitions alors qu'il était encore tout jeune. Ces mères de héros ne sont pas des mères affectueuses ou complaisantes mais des pionnières à la main d'acier. Au plus profond de lui-même, le héros souffre parfois d'une culpabilité terrible à l'égard du père qu'il croit avoir trahi en répondant à l'idéalisation de la mère. S'il a le choix, il préférera s'entourer de femmes. En répondant à des ambitions intériorisées, le héros se livre du même coup à l'amour jaloux et possessif d'une mère intérieure. C'est la raison pour laquelle tant de prêtres, de politiciens et d'évangélistes se font prendre dans des délits sexuels avec des prostituées ou des jeunes adolescents. C'est qu'ils ne peuvent plus vivre autrement qu'en cachette les aspects instinctifs de leur nature. le héros appartient au collectif, il n'est pas vraiment né. le cordon ombilical n'a pas été coupé. C'est pourquoi de telles personnalités s'avèrent tellement sensibles à la critique. le héros est un candidat par excellence à la perte d'âme, c'est-à-dire à la perte de rapport avec ses émotions. Il est enfermé dans la belle image qu'il a élaborée de lui-même, surveillé intérieurement et extérieurement, il devient vite prisonnier du regard des autres. Ils se jettent dans le perfectionnisme pour cacher, du mieux qu'ils le peuvent, leur faiblesse humaine. Même les filles que les héros fréquentes doivent participer à cette allure. Elles deviennent des objets sexuels. Quant à elles, elles utilisent le héros comme objet de succès.

Le bon garçon (l'incroyable Hulk)
Faire pleurer sa mère est un péché capital. Tout me sera donné si je continue à être gentil, poli, courtois et non agressif, croit-il. Plus on l'aura battu, malmené, terrorisé, plus il se sera réfugié dans la passivité. le passif-agressif est quelqu'un de passif et doux en surface, d'agressif et de colérique à l'intérieur. Ce qui le sauve, c'est qu'il a presque toujours un vice caché. Sa seule issue est de faire ce dont il a peur, de passer à l'action et de tolérer la culpabilité qui suivra nécessairement tout geste d'affirmation. Il faut qu'il accepte que la souffrance puisse provenir de lui. le bon garçon est habité d'une rage sourde. S'il rencontre chez l'autre un manque d'empathie, de compréhension trop flagrant, le volcan explose, la lave sort. Il devient vengeur, méprisant, rancunier.

L'éternel adolescent
Certains sont portés à des comportements autodestructeurs à cause de leur complexe maternel. Certaines mères désirent inconsciemment la mort de leur fils pour pouvoir le posséder éternellement dans la mort. Ici se pose la question de comment devenir adulte tout en conservant la vitalité et le regard de l'enfant, le potentiel créateur en chacun de nous.

Le séducteur
En général, le Don Juan fait preuve d'un cynisme détaché. Il veut une femme qui saura être à la fois mère, épouse et maîtresse. le séducteur tente de recréer ce premier moment de grâce où il a illuminé la vie d'une femme, ce temps où il a été divin pour sa mère et où sa mère l'a été pour lui. Les femmes sont sensibles au charme du tombeur parce qu'elles aiment l'ardeur de sa quête, sa fougue et ses belles paroles. Elles savourent avec délice l'attention soutenue qu'il leur porte.

L'homosexuel
L'anthropologie nous apprend qu'il n'existe pas de société humaine où il n'y a pas eu d'homosexualité. Ce fait semble prouver une prédisposition génétique à l'attraction qu'un être humain peut éprouver pour un être du même sexe.
Par ailleurs, force est de constater que les homosexuels qui ont connu un père acceptable sont rares, ce qui nous amène à penser que les facteurs sociopsychologiques jouent également un rôle primordial dans la genèse de cette préférence.
La société se sert des homosexuels comme boucs émissaires de nos malaises face à la sexualité. le nombre croissant des homosexuels est la conséquence directe d'une société qui interdit à l'homme d'être aussi sensible que la femme. L'homosexualité exprime la désuétude des rôles traditionnels masculins.

Narcisse, le mal-aimé
Narcisse n'est pas un homme qui s'aime trop ou qui n'aime que lui-même. Il s'agit plutôt de quelqu'un qui manque terriblement d'amour parce qu'il n'en a pas eu suffisamment étant jeune ; du moins pas assez pour prendre confiance en lui-même et se croire digne de l'estime des autres. Son individualité intrinsèque, sa richesse propre n'ont pas été suffisamment reconnues dans son environnement familial. Sa quête d'amour est féroce, d'autant plus qu'elle demeure grandement inconsciente. Il adoptera le mode du plaire à tout prix, en permanence sur-adapté, identification à la persona.

Le révolté
Les délinquants sont nos rédempteurs négatifs. Ils nous rappellent notre propre humanité, celle que nous avons tendance à oublier, gonflés que nous sommes par nos projets altruistes.

Le désespéré
Les hommes ne se suicident pas seulement en raison de troubles de santé mentale, mais aussi pour des causes sociales. Plus une société intègre ses membres, moins il y a de suicides, plus les normes qui assurent l'ordre social se désintègrent, plus le taux de suicide augmente.
Ceci expliquerait pourquoi les aînés ont pu tolérer le mal de vivre dans des conditions matérielles souvent précaires alors qu'aujourd'hui les jeunes désespèrent. La religion d'hier, le credo matérialiste et le confort qu'il promettait, la possibilité de donner une instruction aux enfants, donnaient un sens aux sacrifices des générations précédentes. Mais à l'heure actuelle, alors que le chômage menace toutes les professions, que le stress du monde moderne s'accroît et que les traditions s'érodent, vivre perd son sens. La douleur qui fait vraiment mal, c'est celle qui attaque un être dans son intégrité, la douleur qui n'a pas de sens, celle qu'on doit supporter sans savoir pourquoi.
Là encore, c'est le manque du père. Dans les initiations tribales, le rôle du père était de donner un sens à la souffrance. La mutilation infligée au fils faisait partie intégrale du rite. Les jeunes adolescents devaient apprendre à tolérer la douleur, à l'apprivoiser et à la maîtriser s'il voulait être admis dans le monde des hommes. Les blessures volontairement infligées par les pères symbolisaient les souffrances à venir, leur donnaient une signification mythique. La souffrance devenait la compagne inévitable de la croissance d'un être et de son apprentissage des lois de l'univers.
Aujourd'hui, le sens de la souffrance s'est perdu. Il n'est plus transmis par les pères qui, obsédés par le confort, cherchent eux aussi à la fuir par tous les moyens.

Le défoncé
Toute métamorphose nécessite le relâchement de la conscience ordinaire. C'est d'ailleurs pourquoi l'alcool porte le nom d'eau-de-vie en français et de spirit (esprit) en anglais, que les champignons hallucinogènes sont appelés les champignons magiques et que le cannabis est devenu l'herbe du diable.
L'alcoolique a un besoin constant d'être nourri et de recevoir. Il a de fortes pulsions agressives pour échapper à l'angoisse que peut provoquer en lui le fait d'être seul. L'alcoolique tente d'étouffer sa déception et son hostilité en buvant. L'alcool lui sert de substitut symbolique à l'affection. Il boit aussi pour blesser ceux qui, croit-il, ont été avares de leur sollicitude à son égard. Il n'éprouve pas de culpabilité excessive par rapport à ses explosions d'agressivité, il craint surtout d'être rejeté par sa partenaire et ses amis.
Sur le plan social, les anthropologues constatent que lorsque la structure d'une société est clairement définie, qu'elle soit nettement matriarcale ou nettement patriarcale, on y trouve que relativement peu d'alcooliques. Mais aujourd'hui, nous vivons dans des sociétés où le pouvoir traditionnel des hommes s'érode, ce qui statistiquement favorise leur tendance à boire. L'alcoolisme est une réponse classique à la perte de pouvoir d'une société.
Il est essentiel de comprendre qu'une famille monoparentale sans père peut prédisposer les enfants à l'accoutumance aux substances toxiques. le père n'est pas là pour barrer la route aux besoins symbiotiques du fils. En conséquence, celui-ci n'apprend pas à résister à ses besoins oraux ou à ses pulsions agressives. Il apparaît donc fondamental que les pères prennent conscience de ces réalités et apprennent à mieux assumer leur responsabilité auprès des enfants, surtout après une séparation.


5 - La peur de l'intimité

L'intégrale de l'article ici :
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Même si ce livre analyse principalement les rapports entre les pères et leurs fils ou les fils et leurs pères, il pourrait facilement impliquer toute la famille en invitant les femmes. Celles-ci n'ont elles pas à souffrir également d'un père manquant, ou absent et d'une mère manipulatrice, égocentrique, jalouse...? C'est la sphère familiale dans son ensemble qui doit être analysée, décortiquée.
Ici, en l'espace de sept chapitres, l'auteur nous explique :
- le père manquant
- Les fils manqués
- La peur de l'intimité
- L'agressivité réprimée
- le sang du père
- (La) Bienfaisante dépression
- le silence brisé

Très intéressée par les quatre premiers chapitres, je le suis moins par les suivants car moins convaincue par les explications de Guy Corneau.
Le sang du père, expliqué d'après l'histoire de Perceval (Chrétien de Troyes) me semble être un chapitre assez confus, et l'auteur suis des chemins tortueux.
La bienfaisante dépression ne me satisfait pas davantage. Quelle touche un homme ou une femme cette maladie laisse des séquelles qui sont rarement bénéfiques.
Le silence brisé... espoir qui est parfois vain. La parole étant souvent cadenassée, laissant les protagonistes face à leurs souffrances et leurs interrogations.

De ce livre, qui confronte père et fils, je retiens surtout que le rôle de la mère est primordial et que certains comportements sont insidieux, car si le père peut être absent, violent, blessant, les mères peuvent l'être également, de plus elles sont souvent castratrices et ceci n'est pas sans dommage sur l'avenir des fils. Combien d'hommes rencontrons-nous, parfois d'un âge avancé d'ailleurs, qui ont toujours le petit doigt sur la couture du pantalon, prêts à obéir à "maman", à la mettre sur un piédestal où jamais personne ne pourra la détrôner, passant ainsi à côté de leur propre vie de famille (lorsqu'ils en ont une) pour ne jamais contrarier la "déesse mère"!
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Ce livre explique l'importance de la présence du père à son fils pour mener à bien la construction de l'individu en devenir, en effet, le fils se dissocie psychologiquement d'abord de la mère et puis du père pour au fil de son expérience de vie devenir comme il se doit un être unique que nous avons tous été appelé à devenir.
Avec un père manquant, l'identité en devenir foire. Bien entendu, il n'y a pas de modèle d'homme idéal. Nous sommes tous issus d'un passé plus ou moins déficitaire, qui nous projette en avant, nous forçant à des adaptations créatrices.

Tout être humain a besoin d'attention pour éviter le sentiment d'abandon qui paralyse l'être dans le « faire face aux difficultés. »

Une fois le rôle du père défini, l'auteur nous explique des cas de déviances possibles engendrées par un père manquant.

Je cite celui de Vincent le bon garçon qui se doit d'être toujours bon et compréhensif, même lorsqu'on abuse de lui. Sa bonne réputation et l'image que les autres se font de lui revêtent une importance capitale.

Il y a le ca d'Éric, éternel adolescent. Il demeure secrètement convaincu de son génie et de sa supériorité. Il s'enferme dans rêves et fantasmes. C'est un adolescent éternel qui vit dans le mythe de ce qui est cool. Il prend sa vie en rêves démesurés et toutes actions pratiques, utiles demeurent lettre morte chez lui. Il a un mal fou à se discipliner. Éric n'appartiendra jamais à une femme autre que sa mère et ne sera jamais réellement enraciné dans l'existence.

Il y a le cas de Gaëtan, l'homosexuel. Les homosexuels qui ont connu un père acceptable sont rares. Pour Gaëtan, la peur de l'autre se concrétise dans la peur du sexe de la femme. Ce n'est pas la femme-compagne, la femme-amie qu'il craint, c'est celle qui a un corps, un sexe. Il trahit peut-être ainsi son attachement à la mère dont le sexe lui demeure inconnu. Gaëtan obéit, sans le savoir, à l'injonction de ne pas appartenir à une autre femme. Par compensation, il voue un culte quasi religieux aux grandes stars, telles Marylin Monroe, Greta Garbo. Cette vénération de la femme déesse reflète une fascination pour l'image de la mère qu'il aurait voulu garder intacte, parée à jamais de ses attributs divins. Comme c'est le cas pour sa propre mère, ces stars demeurent des femmes intouchables et, justement, Gaëtan ne veut pas toucher à la femme ;

Il y a le cas de Narcisse, le mal aimé qui souhaite « être désiré » à tout prix. Contrairement à ce que l'on croit, Narcisse n'est pas un homme qui s'aime trop ou qui n'aime que lui-même. C'est quelqu'un qui manque terriblement d'amour parce qu'il n'en a pas eu suffisamment étant jeune. Sa quête d'amour est féroce, d'autant plus qu'elle demeure inconsciente ; il adoptera le mode de « plaire à tout prix » pour tenter de remplir le trou qui l'habite.

C'est un livre au contenu complexe, qui mérite d'être lu et relu.

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Un livre, que tous les pères et tous les fils devraient lire. Malgré le titre un peu étrange et peut être "repoussant" car on peut avoir peur de tomber dans tout ce que l'on a manqué dans son éducation et sa relation père/fils, ce livre est remplis d'espoir, de bonnes nouvelles.
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Citations et extraits (123) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes tous prisonniers du mythe de la poupée gonflable. La poupée sexuelle que l'on peut gonfler, utiliser, crever, réparer, ranger ou remplacer à volonté est l'apothéose d'une civilisation du "tout-à-jeter". Nous n'acceptons pas que nos amantes portent les marques de leur vie ou de leurs enfantements. Nous voulons que le miroir soit toujours vierge, idéal ; sans doute pour arriver à nous cacher les marques que nous affichons nous-mêmes. Nous les voulons parfaites et réparables mais il nous semble tout naturel qu'elles acceptent notre embonpoint, nos traces d'acné, nos tenues négligées, nos barbes hirsutes, nos odeurs, nos crânes chauves, etc.
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Pour autant que les mythes nous révèlent les structures de base de l'histoire, nous pourrions dire que le silence du père et la plainte du fils se trouvaient déjà annoncés par le mythe chrétien. Le mythe central qui a guidé les premiers millénaires de notre évolution est étonnamment marqué par l'absence du père. Tout au début, Saint Joseph verra sa paternité niée et il participera très peu à la vie active de son fils Jésus. On ne le retrouvera pas au bas de la Croix avec Marie et les autres apôtres. Et c'est bien Marie, tenant son fils mort dans ses bras, que Michel-Ange immortalisera dans sa Pietà. Les dernières paroles du Christ sur la Croix, quant à elles, ne peuvent être plus explicites : "Père, pourquoi m'as-tu abandonné?"
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(Or), tant qu'un homme n'est pas affranchi de sa mère, il ne peut aimer une autre femme : sa libido, sa force de vie, demeure enchaînée au complexe maternel. Cela signifie qu'il ne peut pas faire le sacrifice de ses propres besoins pour répondre à ceux de l'autre.
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... il apparaît essentiel de comprendre qu'une famille monoparentale sans père peut prédisposer les enfants à l'accoutumance aux substances toxiques ; le père n'est pas là pour barrer la route aux besoins symbiotiques du fils. En conséquence, celui-ci n'apprend pas à résister à ses besoins oraux ou à ses pulsions agressives. Il apparaît donc fondamental que les pères prennent conscience de ces réalités et apprennent à mieux assumer leurs responsabilités auprès des enfants, surtout après une séparation.
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Avoir été aimé de façon non ambivalente par le père signifie qu'il s'est montré attentionné, qu'il s'est réellement intéressé à nos projets, tout en prenant la peine de poser lui-même certaines limites, créant ainsi le cadre sécurisant indispensable à notre développement harmonieux. Il ne s'est pas lâchement caché derrière sa femme pour imposer ses opinions et ses décisions; il a su révéler ses forces et ses faiblesses plutôt que d'être simplement évasif, ou pire, bêtement autoritaire.
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