Il y a quelques chose de l'Atlantide dans cette histoire : les derniers jours d'un paradis sur terre, nimbé des rayons d'un soleil hivernal. Ici, c'est un glacier qui menace ce village accroché au pan de la montagne ; dans quelques jours, quelques heures il va l'écraser, comme quelques décennies plus tôt il avait englouti, ravagé un autre village, dont on entend, parfois, la cloche fantomatique sonner.
Mais M. Cosey situe son action dans les temps modernes, en 1930, et les villageois délaisseront leur village, à temps, prévenus par les autorités, et en bon ordre, partiront s'installer ...ailleurs.
Lui, c'est un romancier-aventurier auréolé, déjà, d'une belle célébrité, qui ressemble à un
Joseph Kessel, avec un petit quelqu
e chose de
Romain Gary ; comme eux une partie de ses racines sont fichés en Europe Centrale, mais son éducation en a fait un parfait anglais, jusqu'à sa manie très british de parier sur n'importe quoi. En panne d'écriture, il fuit Londres et son éditeur de plus en plus pressant et , surtout, vient sur les traces de son frère ainé, musicien célèbre ou raté, mort accidentellement dans le grand hôtel de la station.
Elle, elle a les rondeurs pulpeuses d'une Maria Schneider, avec un bel appétit de vivre.
En quelques jours les aventures se succèdent et les rencontres, toutes plus belles et joyeuses les unes que les autres, comme celle avec le porcelet. Les pandores sont loin d'être idiots et c'est ce qui concourt à donner encore plus de piment aux poursuites.
Pourquoi "A la Recherche de Peter Pan" ? Parce que c'est le livre que lui a offert son frère pour ses dix ans, à l'origine dont son envie d'écrire et qui sera le titre de son prochain roman. Chaque chapitre commence par une citation de J.M. Barie, promesse d'aventures palpitantes et poétiques.
Particulièrement bien référencé sur l'époque et l'environnement du Valais des années trente, chaque détail du dessin est significatif, comme le "gros plan" sur le poignet d'une chemise que l'on imagine d'un beau drap bien chaud.
Pour la montagne, sa neige, et sa glace, je préfère le trait de Christian de Metter dans "Shutter Island" ou celui de Tanaguchi pour "Le Sommet des Dieux". M;
Cosey a eu une bonne idée d'utiliser le blanc de la page pour représenter la neige, mais, personnellement, sa technique ne me fait pas rêver : euh...je n'y vois que du blanc ! Par contre, quelle splendeur, dans la représentation des mélèzes dorés, des maisons du village, des trognes des personnages. Et quelle belle idée, la mine d'or.
Belle histoire qui parle en petite musique sous-jacente de l'avenir sombre de l'Europe où ne subsistera qu'un havre de paix, dans ce Valais. Un autre glacier menaçait de tout écraser, les gens fuyaient avec leur carrioles, des villages avaient étaient précédemment dévastés et d'autres le seraient. En attendant, le bonheur de presque partager les derniers beaux jours ensoleillés de nos héros.
Un très beau moment de lecture grâce à la chronique de Lehane-fan. Merci.