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EAN : 9781092016131
Jigal (15/02/2014)
3.11/5   19 notes
Résumé :
Quand Stéphane Néguirec, jeune Breton un brin rêveur, poète à ses heures, amoureux du large et des horizons lointains, débarque à Cotonou, au Bénin, il ne sait pas encore que question dépaysement, il va être servi ! Aux paysages enchanteurs qui l’électrisent, s’ajoutent les charmes des filles aux courbes délicieuses et notamment, ceux de la mystérieuse Déborah Palmer qui lui propose très vite un mariage blanc contre une fortune en billets verts. À l’autre bout de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Cotonou. L'air chaud. La sueur qui dégouline. Les pales d'un ventilateur fixé au plafond tournent au ralenti, comme un moteur de 404 passé d'âge et de kilomètres. La Béninoise est chaude, la bière, la femme. Là-bas, je rencontre un poète breton, Stéphane Néguirec de la banlieue de Guingamp. En avant, on se joint à une foule, à la tombée de la nuit, tombé d'éblouissement devant le corps de cette danseuse, Déborah Palmer. Un nom qui claque, un nom qui pipe, nom d'une fellation, quel corps de rêve, avec sa poitrine large et ferme, avec ce cul large et ferme, avec ce sourire large et avenant. Bandant. D'ailleurs il n'y a qu'à voir la bosse dans le pantalon de tous ces messieurs, les yeux rivés sur la scène du Kama Sutra, l'échoppe sexuelle locale, la bouche ouverte et la chope à la main.

Alors que la demoiselle, d'un noir luisant, se déhanche de gauche à droite, de bas en haut, je perçois de l'inquiétude dans l'oeil illuminé de mon nouvel ami Stéphane Néguirec. Il sort d'une course poursuite, de folles envolées de latérites en moto-taxi, en bus et même en Peugeot. Tout ça pour une femme, une histoire de vol entre Porto-Novo et Cotonou, ah l'amour, c'est beau ces pulsions qui font cambrer des reins au creux de la nuit… Stéphane Néguirec est amoureux de la Béninoise, la femme, la bière. Me too.

Quel plaisir de repartir sur la poussière de Cotonou des années après. Boire des bières, regarder des femmes, s'enivrer de bières et de femmes tout en médisant sur d'autres femmes, méditant sur d'autres bières, avec toute la sagesse populaire africaine : un oeuf dans la bouche vaut mieux qu'une poule dans le poulailler, le visiteur est un brouillard qui ne tarde pas à se dissiper, si le feu gagne la forêt, l'animal court vers la rivière, il faut avoir déjà traversé le fleuve pour dire que le crocodile a une sale gueule, lorsque la salive franchit la bouche, elle ne peut plus être avalée…
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Stéphane Neguirec, un peu poète, beaucoup dilettante, s'est installé dans la clandestinité du Bénin. Amoureux de ses femmes et de ses paysages, il s'y laisse vivre tranquillement. Jusqu'au jour où Deborah entre dans sa vie comme une tornade. A partir de là, les ennuis s'enchaînent et le fait qu'un certain Jésus Light traque une certaine Paméla n'est pas le moindre.

Encore une chouette plume africaine de découverte avec ce roman noir, polar atypique teinté d'humour et de punchlines frappées du bon sens.
Dès les premières pages, on sent qu'on va bien s'amuser avec les personnages de l'auteur. Et sa façon de décrire aussi bien les gens que la ville et se paysages est incomparables. En quelques mots on visualise très bien ce qu'il a en tête et sans en faire des tonnes, il amène le sourire aux lèvres du lecteur.

L'auteur nous entraine dans une course poursuite à travers Cotonou et sa région tout en nous peignant une Afrique de l'ouest haute en couleur, gangrénée par la corruption et harponnée par les islamistes en quête d'otages blancs à revendre. Ce polar au style décapant, porté par des personnages croqués en quelques lignes, bourré d'humour est vraiment dépaysant et assez fidèle à ce qu'on espère en ouvrant un roman africain.
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Depuis un moment, j'ai envie de lire un roman de Florent Couao-Zotti, en fait depuis que j'ai lu un de ses titres : Si la cour du mouton est sale, ce n'est pas au porc de le dire. Je n'avais pas encore pris le temps d'en lire jusqu'à ce dernier, La traque de la musaraigne. Et je ne suis pas déçu par cet excellent roman noir. Pas un polar : il n'y a pas d'enquête, pas de mort ou de flic ou de privé, un roman noir, d'un homme qui tombe de Charybde en Scylla depuis sa rencontre avec Déborah ; à tel point qu'on se demande jusqu'où ses poursuivants vont l'emmener. Lorsqu'on le croit au plus bas, une péripétie, un autre protagoniste arrivent et font de lui une marchandise. Pour Déborah, c'est guère mieux, elle ne veut plus vivre dans la pauvreté, elle veut échapper à son ancien ami Jesus Light qui la battait, mais Jesus Light la traque depuis le Ghana jusqu'à Porto-Novo.
Les personnages principaux de F. Couao-Zotti sont des paumés, des personnes en quête de rédemption qui n'attendent que le déclic, l'étincelle pour se relancer, pour repartir. Leur malheur est qu'ils sont poursuivis par de vrais méchants prêts à tout pour leur mettre la main dessus. Stéphane et Déborah sont deux beaux personnages ni mauvais ni bons, plutôt victimes ; l'auteur démarre sans rien nous dire d'eux, puis au détour d'un chapitre raconte leurs parcours, de Guingamp à Porto-Novo pour l'un en passant par Saint-Malo -ce n'est sans doute pas la route la plus directe, mais Stéphane est un poète, il ne cherche pas la ligne droite- et du Ghana au Bénin pour l'autre avec de multiples arrêts.
La traque est longue, la fuite l'est tout autant, mais même si l'intrigue peut souffrir d'un très léger "ventre mou" (avant une fin excellente et après un début tonitruant), il est absolument impossible de quitter ce livre, car F. Couao-Zotti écrit dans une langue admirable, j'y reviendrai après m'être intéressé au contexte de ce roman. L'Afrique contemporaine. Et plus particulièrement le Bénin. Entre corruption à tous niveaux, sexe, prostitution, argent facile, débrouille, trafics en tous genres. Dans les rues de Cotonou et de Porto-Novo dans lesquelles tout peut arriver et dans lesquelles l'extrême pauvreté côtoie une plus grande réussite (souvent illégale) : coins abandonnés, pas entretenus, routes dans des états déplorables
Malgré ces conditions de vie difficiles, les habitants sont solidaires, soudés, prêts à rendre service parfois contre rémunération mais pas toujours, on sent toute l'admiration et la tendresse que l'auteur a pour ses compatriotes.
Je suis tombé sous le charme de l'écriture de l'auteur, parfois très imagée avec des télescopages de mots ou des usages de vocables assez personnels ou encore des expressions particulières, parfois, Florent Couao-Zotti sait aussi user d'une langue plus classique, c'est le télescopage de ses mots, l'assemblage de ces deux types d'écriture qui rendent la sienne unique et admirable. J'ai lu sur Wikipédia : "L'oeuvre de FCZ est foisonnante, riche et inventive, à mi-chemin entre le baroque, la poésie et l'intrigue policière." C'est, par rapport à roman, tout à fait exact, F. Couao-Zotti a une écriture baroco-poético-policière absolument incontournable et que je compte bien continuer à explorer.


Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Je n'ai pas retrouvé dans ce roman profondément sombre de l'auteur béninois Florent Couao-Zotti la poésie et la magie de son roman "Les fantômes du Brésil" (2006).
La quatrième de couverture évoque pourtant "néologismes, audaces grammaticales, jeux de mots." le livre est certes bien écrit mais je suis restée sur ma faim quant aux audaces du style.

Enfin, s'agissant de l'histoire... le personnage principal est un jeune Breton fuyant ses responsabilités , débarqué au Bénin pour ne sembler se préoccuper que de la "bagatelle". Il se dit poète et se veut les "semelles au vent", mais il n'est guère attachant, au contraire je l'ai trouvé désagréable et irritant..
En revanche, le personnage de Déborah a beaucoup plus d'épaisseur. Jeune ghanéenne en cavale après avoir fauché l'argent d'un casse, elle est dotée d'un aplomb et d'une vivacité incroyables. C'est à elle que le lecteur s'intéresse finalement.

Le livre fut avalé en un rien de temps, l'intrigue se durcissant soudain autour de la menace de "ravisseurs islamistes venus du Nigéria voisin à la recherche d'otages européens." C'est là que l'on bascule dans l'actualité la plus contemporaine. Et le résumé de l'éditeur frappe très juste en évoquant "un âpre condensé de l'actualité politique en Afrique de l'Ouest." le Bénin, que je pensais encore calme (aussi parce que l'on en parle peu dans l'actu occidentale), secoué des mêmes soubresauts que le reste de la région.

Une fin de roman inattendue, pour bien marquer qu'il s'agit là d'un sombre roman. Pauvre Déborah. Culot et vivacité font peu le poids face à l'hydre géopolitique.
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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Un poète breton pris dans un délirant imbroglio post-braquage dans la douce Porto-Novo.

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/04/17/note-de-lecture-la-traque-de-la-musaraigne-florent-couao-zotti/
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critiques presse (1)
LePoint
04 avril 2014
Une course-poursuite en bus, en 504, en pirogue, à toute berzingue à travers un Bénin truffé d'islamistes...
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Le chauffeur était une espèce de s'en-fout-la-mort, qui faisait du code de la route de la confiture pour ses semelles.
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C'était Maryline, une ancienne championne des bars et dibiteries, reconvertie à ne rien faire ou plutôt, dépassée par les événements. Elle était noire comme la nuit, courte comme un genou, fripée comme une serpillère.
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Stéphane ne pouvait plus quitter la danseuse du regard. Après les bras, les hanches, c'était maintenant dans son entrejambe qu'elle invitait le public à plonger les yeux. Sa mini-jupe noire, plaquée sur son corps, étaient devenue accessoire sur ses longues jambes emprisonnées par ses jarretelles aux mailles de toiles d'araignée. Mais dans ses mouvements, la mini devenait hyper-mini qui se rétrécissait, se retroussait vers le haut, laissant la vedette au slip, un string dentelé, perforé au milieu de petits trous amicaux.
Le jeune Breton ne risqua pas ses yeux sur l'alentour pour se rendre compte de ce qui se passait. Sinon, il aurait vu les autres clients, debout ou affalés sur leurs chaises, en train de s'agiter, de discipliner les bosselures de leurs pantalons. Il en aurait vu d'autres, la langue sur la poitrine, en train de répandre de la bave. Certes, lui, le Breton, n'était pas encore tout liquide, mais montaient inexorablement en lui la même soif irrépressible, la même envie sauvage de savourer la danseuse jusqu'à plus sec.
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A cinq pas, une petite gargote, avec un étal éclairé par des lampes blanchâtres, l'attira. Il se dirigea aussitôt vers la vendeuse. Au passage, une amazone au décolleté sauvage et aux lèvres fumantes de clope, lui décocha un sourire-invitation. Light ignora l'appel et alla s'asseoir sur un banc de la gargote. Une fillette, aussitôt, s'approcha de lui pour prendre commande.
- Riz au poulet.
- Boisson ?
- Coca.
Devant lui, la rue gagnait en animation. A 21 heures, les filles, comme des éphémères après la pluie, sortaient du néant et venaient se positionner sur le trottoir. Il y en avait pour tous les goûts et pour toutes les chaudes-pisses.
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Cotonou. L'air chaud. Les plaintes hâlées de la mer. Les rires contagieux des petites gens. Les rondeurs ovales de la Béninoise, en pagne ou en bouteille. Et les nuits brassées par les bruits des zomatchis, ces moto-taxis au ventre dégoulinant d'essence kpayo...
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Video de Florent Couao-Zotti (1) Voir plusAjouter une vidéo

Florent Couao-Zotti : Les Fantômes du Brésil
Dans le décor du Rostand, Olivier BARROT présente l'ouvrage de Florent COUAO-ZOTTI "Les Fantômes du Brésil" paru chez Ubu.
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