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EAN : 9782226067449
566 pages
Albin Michel (28/01/1994)
4.12/5   93 notes
Résumé :
Ces enfants d'ailleurs sont nés à Cracovie en Pologne, dans les années 20. Ils s'appellent Jerzy, Elisabeth et Jan. Leur mère, Zofia, est musicienne et leur Tomasz, professeur d'histoire. Nous faisons leur connaissance en 1939, le jour de la fin des classes, le dernier jour de bonheur. Car désormais pour cette famille, rien ne sera plus comme avant. La paix en Pologne est sérieusement menacée et les bruits de la guerre, Tomasz les entend déjà. Bientôt ces bruits env... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un roman de 565 pages, au style classique, qui se lit aisément, agréablement, et qui nous plonge au coeur de la Pologne durant la deuxième guerre mondiale, et du Canada des années 50.

J'ai de fait beaucoup apprécié dans cette lecture de vivre la description des années polonaises précédant la guerre, d'une famille soudée, aimante, cultivée, artiste, humaniste. Et de les accompagner avec un oeil de plus en plus compatissant dans un quotidien terrible partagé par les Cracoviens pendant la seconde guerre mondiale.
L'ouvrage est très bien documenté, et les références historiques émaillent le récit sans trop l'alourdir.

L'exil vers le Canada est tout aussi richement détaillé, et l'on découvre, en même temps que les personnages, ce Canada des années 40 et 50, la campagne manitobaine d'une part et la ville de Montréal d'autre part, sans que la question des langues qui distinguent les deux provinces ne soit d'ailleurs vraiment abordée dans ce roman.
J'ignorais tout des grandes inondations au Manitoba en 1950, de l'évacuation des populations et des retours douloureux dans leurs fermes ou maisons dévastées. Puis une invasion de sauterelles qui décima complètement toutes les cultures. La solidarité est mise à l'épreuve.
Le roman met aussi l'accent sur les "néo-Canadiens" (terme qu'utilise Arlette Cousture) issus de la précédente vague d'immigration lors de la première guerre mondiale : des Polonais qui ont francisé leur nom comme l'épicier Vavrow/Favreau, ont totalement adopté leur nouvelle terre d'accueil, mais gardent le souvenir de leurs racines et entretiennent un réseau de solidarité pour faciliter l'arrivée des nouveaux immigrants.

Le roman : La première partie du roman nous décrit la vie d'une famille polonaise cultivée de Cracovie, le père est professeur à l'université, la mère musicienne, et les quatre enfants Jerzy, Elisabeth, Jan, et bébé Adam, jouent aussi merveilleusement bien du violon. La famille termine souvent la soirée par un petit récital, la musique les transporte et les soude. On a plaisir à partager ces moments d'une autre époque, d'un raffinement certain.

Puis survient la guerre, mais avant cela, la montée du national-socialisme en Allemagne, l'épisode si marquant pour le papa professeur d'université des autodafés allemands de 1933 : des milliers de livres brûlés car jugés hérétiques, dérangeants, non conformes à la pensée du national-socialisme aryen (par exemple : Brecht, Freud, Döblin, Einstein, Hasek, Kafka, H. et K. Mann, Marx, Musil, E-M Remarque, J. Roth, A. Schnitzler, S. Zweig, A. Gide, M. Proust, R. Rolland, H. Barbusse, E. Hemingway, U. Sinclair, J. London, J. Dos Passos, M. Gorki, I. Babel, Lenine, Trotsky, Maïakovski ...source : wikipedia).

Cet équilibre familial maintenu autour des petits concerts, des arrangements avec un cultivateur pour quelques viandes et légumes, la concierge pour les visites, les leçons de violon etc. se trouve fragilisé par la réquisition soudaine d'une partie de l'appartement pour un officier allemand, Herr Schneider.
C'est avec l'arrivée de cet officier allemand que j'ai commencé à moins comprendre certains passages du roman. Je ne suis pas sûre d'avoir compris le véritable rôle de Herr Schneider dans la tragédie qui guette la famille, la séquence des photos...

J'ai dès lors un peu moins apprécié la suite du roman, étant parfois surprise des choix d'évolution des personnages par l'auteur. Pourquoi Jan s'entête-t-il à demeurer chez un fermier sadique ? Pourquoi l'auteur tient-elle à jouer la carte de la dissension entre les deux frères à peine réunis ? Et Elisabeth, pourtant fiancée au Manitoba, suit-elle Jan à Montréal. Cela me semblait peu crédible. A moins que la relation entre le frère et la soeur soit devenue fusionnelle au point qu'il ne peuvent plus se séparer, quitte à abandonner leur autre frère, ou le fiancé ?
Cela reste un bon roman très instructif sur la vie en Pologne et au Canada dans les années 40 et 50. Mais quelques petits désaccords personnels quant au choix de l'auteur de faire évoluer ses personnages dans tel ou tel sens dans la 2e partie. Mais ce sont SES personnages, et c'est SON oeuvre !

Mon avis détaillé sur : http://coquelicoquillages.blogspot.fr/2012/05/arlette-cousture-ces-enfants-dailleurs.html
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Ce livre traînait sur mon étagère depuis des lunes... Depuis que je l'ai acheté usagé dans une vente de garage à Caraquet au Nouveau-Brunswick. Ça veut dire depuis août 2006. Ouais.
J'ai tellement été charmée par les Filles de Caleb que je crois que je craignais d'être déçue par un autre roman de la même auteure. Je dois avouer que ça ne me tentait pas beaucoup de le lire, même au moment de l'ouvrir. Si je ne l'avais pas sélectionné dans le cadre de mon challenge ABC, je crois bien qu'il aurait patienté encore quelques années.
Je suis très heureuse de l'avoir sélectionné, finalement, parce que j'ai été autant fascinée et charmée par l'histoire des Pawulscy que par celle d'Émilie Bordeleau. D'une manière différente, il faut le souligner, mais tout aussi impressionnante.
Jerzy forcé de vivre les horreurs de la guerre en solitaire sans savoir ce qu'il est advenu de sa famille, la petite Élisabeth qui se raccroche à son violon pour passer au travers, et le jeune Jan qui pour manger un peu plus, cache des bouts de charbon dans ses grandes chaussures pour les revendre.
Puis, le drame. La famille séparée, errant dans l'Europe de l'Est, sans abri... Et finalement, l'émigration au Canada et la découverte de sa grandeur. Les enfants, alors devenus de jeunes adultes, tentent de se créer une nouvelle vie et de mettre une croix sur leur passé.
Bref, une très belle histoire familiale comme seule Arlette Cousture sait les écrire. Si peu de mots, et pourtant tant d'émotions intenses... À découvrir donc, tant pour les adeptes d'Émilie Bordeleau que pour ceux et celles qui souhaiteraient découvrir un morceau de littérature québécoise.

Lien : http://lecturesdisabelle.blo..
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Dans la préface, Arlette Cousture explique qu'elle a longtemps mûri ce roman, et qu'il lui tenait à coeur. Elle voulait écrire le destin d'une famille dont les membres émigreraient au Canada.

Dans l'ensemble, le livre est une réussite. Seulement, certaines choses m'ont un peu agacée. Bien sûr, nous sommes en temps de guerre, donc les protagonistes vont vivre des événements terribles. Soit. Pourtant, certains de ces événements sont peut-être un peu trop affreux... Cela en devient mélodramatique, et on en vient à être excédé plutôt qu'attendri. Je parle de tous les malheurs qui arrivent à Yann et à Elisabeth, notamment de ce qui arrive à Marek.
A propos de Yann et d'Elisabeth, les épreuves vécues les ont extrêmement rapprochés. Yann se considère comme le protecteur de sa soeur. C'est normal et logique. Seulement, est-ce moi qui ai tendance à voir le mal partout, ou Elisabeth et Yann entretiennent-ils une relation bizarre, à la limite de l'inceste? Vous allez me dire que non, puisque l'un au moins finit par trouver chaussure à son pied, (chaussure que je trouve bien terne, d'ailleurs), mais je ne peux m'empêcher de me poser cette question...
[...]
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Lien : http://www.lalivrophile.net/..
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De bons passages avec une histoire de depart tres interressante mais globalement un resultat décevant car l'ensemble manque de rythme pour moi et possede trop de longueurs.Je n'ai jamais pu totalement accrocher a cette histoire et même si le résultat est correct j'ai ete un peu decu
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Découvert par hasard, je n'ai pas été déçue ! C'est bien écrit, rempli d'émotion, on s'imagine parfaitement le décor et l'histoire a beau être poignante on se laisse facilement emporter. Un bon bouquin c'est celui que l'on oublie pas ... et je m'en souviens parfaitement.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il était seul, éminemment seul, dans des rues aux trottoirs mortellement glissants avec personne pour se soucier de son bien-être, personne non plus pour reconnaître son existence ou même pour rechercher sa présence. La rue lui apparut douloureusement joyeuse, avec ses saint Nicolas à longue barbe qui sonnaient des clochettes pour demander un peu d’argent. Il fut finalement attiré par une vendeuse de sapins qui criait aussi fort qu’un camelot londonien annonçant la fin de la guerre. Il s’approcha et tourna autour des arbres, tâtant les épines, en arrachant quelques-unes pour les humer avant de les mâchouiller, comme il l’avait fait en Russie.

– Do you want a tree?

Jerzy fut tellement surpris d’être ainsi pris en flagrant délit qu’il ne sut quelle contenance adopter.

– Non, je regardais.

– Vous voulez dire que vous goûtiez.

Jerzy cessa de mâchouiller et sourit. La femme emmitouflée et édentée qui se tenait devant lui avait des petits yeux rieurs et une fierté belle à voir. Elle fixait l’étui à violon.

– Vous en jouez, de votre instrument?

– Parfois.

Jerzy regarda les quelques rares flocons qui tombaient, pensant tristement que même dans le sud de cette province, où on lui avait assuré que le climat était clément, la neige était au rendez-vous.

– On m’a dit qu’il y avait peu de neige ici.

La vieille dame haussa les épaules pour lui faire comprendre qu’elle n’avait rien à voir avec les chutes de neige et se dirigea vers un client qui ne cessait de secouer tous les sapins pour mieux en voir la forme. Elle cria encore, assez fort pour attirer l’attention du client et lui ordonner sèchement de ne pas toucher aux branches.

– C’est plus qu’un arbre, ça, monsieur. Quand c’est gelé, c’est fragile comme du cristal.

Jerzy la trouva amusante. Il la suivit discrètement et écouta la conversation qu’elle tenait. Tantôt elle vantait la symétrie des branches et la hauteur de l’arbre, tantôt elle parlait de l’odeur d’un arbre récemment abattu ou de la sécurité par rapport au feu. Jerzy mâchouillait encore ses aiguilles. Il passa l’index sur un tronc et l’enduit de résine. Il téta le bout de son doigt comme un enfant ravi colle sa langue sur une sucette. Le client avait disparu sans acheter et la vieille dame replaça ses arbres en grommelant.

– C’est rare que je me trompe. J’aurais juré qu’il en voulait un.

Sans même réfléchir, Jerzy posa son étui sur le capot de la vieille camionnette de la dame et l’aida à replacer les arbres.

– Ancien militaire?

Jerzy sourit de nouveau. Cette vieille femme lui faisait penser à la fois à Mme Saska et à Mme Grabska, mais encore plus vieille que celle qu’il avait revue à Cracovie. Il fit oui de la tête et continua à placer les arbres, prenant garde de ne pas abîmer les branches.

– J’aime penser que mes arbres vont devenir importants. Ils ont l’air presque morts, mais, avec deux petites lumières et une étoile, ils ressuscitent.

Jerzy la regarda, étonné. Eût-il été enfant, il aurait pu penser qu’elle était un mélange de sorcière, de fée et d’ange. Il lui sourit encore, replaçant avec précaution le dernier arbre qu’il tenait. Il se réchauffa les doigts et ramassa le violon, prêt à partir.
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La guerre c'est dormir d'un œil le jour et marcher la nuit,
la guerre c'est avoir peur sans arrêts
la guerre c'est mourir par amour en voulant cueillir des fraises pour sa femme
la guerre c'est avoir tellement mal qu'on en perd la notion du jour et de le nuit,
du temps et de la vie.
La guerre c'est vouloir mourir parce qu'on se sent coupable d'avoir survécu.
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Ce n'est pas facile d'accepter que nos enfants suivent d'autres chemins que ceux que nous leur avions tracés.
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La guerre crée toujours des héros. Il y a ceux dont on parle dans les journaux et les livres et qui sont immortalisés par des plaques vissées aux édifices ou par des noms de rues, et il y a les autres, les petits, que personne ne connaît, mais qui, à eux seuls, donnent un sens au sacrifice de tant de vies.
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J'aurais dû lui dire que la vie est toujours devant et jamais derrière. p.46
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