D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais lu de steampunk. Lumen étant une de mes maisons d'édition préférées, je me suis dit que c'était l'occasion de me faire une idée sur ce genre. Dès les premières lignes, j'ai été bluffée par le sens du détail d'
Andrea Cremer ; j'ai ainsi découvert un univers aux rouages complexes et au mécanisme bien huilé !
Pour information, le steampunk est un genre qui s'assimile au rétrofuturisme qui allie un univers très XIXe siècle (société industrielle) à un soupçon de futurisme fait de machines et d'avancée technologique. Difficile de l'expliquer convenablement, mais ça se marie à la perfection, et ça a même un petit côté élégant.
C'est l'histoire de Charlotte, une adolescente qui fait partie de la Résistance. Dans ce monde, l'Histoire telle que nous la connaissons n'est pas tout à fait la même. Les États-Unis d'Amérique n'existent pas, puisque ce sont les Britaniques qui ont pris les commandes. La jeune Charlotte vit depuis son plus jeune âge dans les Catacombes, un réseau de grottes souterraines qui réunit tous les enfants de révolutionnaires américains. Lorsqu'elle sera plus grande, elle pourra rejoindre ses parents pour mener la guerre de front.
Elle cohabite donc avec son frère, l'aîné des Catacombes, son meilleur ami Jack (le roi des enquiquineurs) et d'autres enfants et adolescents de la Résistance. Les choses s'accélèrent lorsqu'au cours d'une mission, elle sauve un garçon des mains de l'Empire. C'est le début d'une série d'enigmes. Ce garçon, qu'ils prénommeront Grave, est amnésique et semble cacher des prédispositions étonnantes. À cela, rajoutez le fait que tout le monde dans les Catacombes s'escrime à lui faire des cachotteries, Ashley, son frère, le premier. Ce n'est pas de tout repos ! D'autant plus qu'une nouvelle mission se profile au loin : infiltrer directement l'ennemi pour obtenir des réponses…
Bien après avoir refermé ce livre, j'ouvre de grands yeux éberlués quand je repense à ce roman, cette intrigue, ces personnages. Déjà, j'aimerais ouvrir une petite parenthèse concernant la couverture du livre. Lumen Editions s'est surpassé avec cette illustration. Et en vrai, elle est encore plus splendide !
Si au début je découvrais l'histoire avec l'impression d'être une simple visiteuse, j'ai néanmoins commencé à entrer dans ma lecture au bout de 150 pages. Oui, j'ai été longue à me mettre dans le bain, et je ne sais pas trop pourquoi. Cela dit, le début n'est pas dénué d'intérêt, bien au contraire, mais j'ai vraiment commencé à accrocher lorsque Charlotte et les autres quittent les Catacombes. J'ai fini par totalement me retrouver dans ses indignations, ses troubles et ses interrogations.
L'univers, foisonnant de détails, mêle
L Histoire aux technologies uniques. On devine derrière que ce n'est pas un roman qui a été conçu de façon aléatoire. Tout est calculé et réglé comme une horloge, jusqu'à la religion qui repose sur des bases fascinantes. L'auteur a choisi chaque élément de son univers pour faire du Secret de l'inventeur un ouvrage de qualité. Et ne parlons pas de la plume !
Andrea Cremer a vraiment une très, très belle écriture. Les phrases sont recherchées, jamais ampoulées, tout est décrit avec ce qu'il faut de réalisme et d'originalité. En bref, c'est un récit très équilibré qui rend cet univers de steampunk marquant.
L'auteur nous brosse des personnalités imparfaites. Les protagonistes font des erreurs, se cassent la figure, mais évoluent constamment. Nous faisons connaissance avec Charlotte, l'héroïne combative, Ashley, son frère autoritaire, Jack, l'ami mordant et sarcastique... Chacun tient son rôle et le tient bien.
J'aime les personnalités fouillées qui transcendent le lecteur. Mais durant les premiers chapitres, j'avais la sensation de voir les personnages derrière une vitre blindée. Ils étaient hors d'atteinte, très lointains. Heureusement, ça s'est nettement arrangé avec la mise en place de la petite romance qui m'a beaucoup plu !
On ne peut nier que l'héroïne est piquante et jamais à court de réparties. Charlotte est une fille impétueuse, qui a toujours vécu à la dure. Jouer les aristocrates c'est museler son tempérament de feu.
Les événements sont assez frustrants, car les gens gravitant autour d'elle s'appliquent à la tenir à l'écart de tout. de ce fait, elle se retrouve trop souvent malmenée et la dernière au courant. C'est peut-être pour cette raison que je ne me suis pas sentie très proche de Ash ou Meg qui, en cherchant à la protéger, reste muet comme des tombes, alors que nous et l'héroïne brûlons de curiosité.
L'auteur nous offre une vue plongeante sur l'absurdité d'un monde qui se veut raffiné. Toutes ces courbettes ridicules sont franchement à vomir. Charlotte ne comprend pas les usages qui régissent cette société prout-prout et elle le fait clairement savoir ! C'est un électron libre, elle ne tient pas en place. Une fois arrivée sur la Cité Flottante, c'est clairement le choc des cultures. J'ai trouvé très amusant de le découvrir au travers de Charlotte. Étant une fille très terre à terre et même assez garçon manqué, elle se retrouve propulsée malgré elle dans un rôle beaucoup trop étroit pour son caractère explosif. Elle pose sur ce monde un regard dubitatif, ce que l'on peut aisément comprendre.
En résumé, c'est une histoire pour le moins atypique que nous dévoile
Andrea Cremer. Si les 150 premières pages ont été assez laborieuses en ce qui me concerne, j'ai néanmoins totalement embarqué à bord de la Libellule pour visiter la Cité Flottante avec Charlotte et ses compagnons.