Quand on veut se débarrasser de sa femme, pour peu qu'on se penche vraiment sur la question, deux possibilités s'offrent à nous :
Ou on piège un pauvre type (ex taulard de préférence avec par voie de conséquence, pour le coup où ça tournerait mal, une toute petite mini riquiqui crédibilité aux yeux de la justice) et on le laisse se prendre tranquillement une paire de ciseaux dans le dos pendant qu'on se fabrique un alibi en béton en se faisant intelligemment remarquer pendant un dîner mondain à l'autre bout de la ville, ou, seconde alternative : on est un petit, tout petit accessoiriste minable avec une imagination tellement réduite au minimum qu'il faut que ce soit le tueur à gage qui nous approche, sinon ça nous vient même pas à l'esprit de buter la mégère qui nous pourri la vie depuis des lustres.
Eh bien dans
Dérapage, on se trouve confronté à cette deuxième option et on n'a aucun mal à imaginer que les choses ne vont pas tourner exactement comme prévu. Surtout parce qu'en fait de tueur à gage, on a affaire à un cinglé de première, gravement tracassé du civet (tueur de petit chien tout mignon pour aggraver son cas) et nous voilà embarqué dans un road-movie déjanté qui, au goutte-à-goutte, nous délivre des petites informations qui nous permet, arrivé à la presque fin, d'avoir une bonne vision d'ensemble de la situation, finalement vachement plus tragique et pathétique qu'il n'y paraissait au début.
Pour un peu, on aurait de la peine pour les personnages qui, chacun à leur manière, traverse leur foutue vie du mieux qu'ils le peuvent, c'est à dire mal.
Un dessin au fusain (non, en fait, j'y connais rien, mais c'est à ça que ça me fait penser) sans réelle recherche esthétique qui sert très bien cette histoire glauque et poisseuse, un humour d'un noir bien grassouillet et hop, emballé c'est pesé, on se retrouve avec une petite recette qui, en plus de salement bien fonctionner, nous rendrait presque accro si l'album ne péchait pas par une fin un poil trop abrupte, limite bâclée du genre le nombre de pages maximum autorisées étant atteint, on torche un dénouement vite fait en trois cases et on va bouffer. Dommage.