AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

André Crépin (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253082439
254 pages
Le Livre de Poche (07/11/2007)
3.96/5   57 notes
Résumé :
"Poème en vieil anglais des environs de l'an mil, Beowulf est le plus ancien long poème héroïque qui nous soit parvenu intégralement dans une langue européenne autre que le latin. Il s'inscrit peut-être dans une tradition beaucoup plus ancienne encore, puisque Beowulf est présenté comme le neveu d'un chef scandinave dont la mort vers 520 est historiquement attestée. Prince modèle, fidèle à ses souverains et à ses engagements, il affronte des forces mauvaises, ogres ... >Voir plus
Que lire après BeowulfVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 57 notes
5
6 avis
4
3 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Le Beowulf est un poème en prose dans sa traduction française .
Le rythme de la restitution française , est fondamentalement agréable et les images foisonnent avec un texte , qui de plus est très dans l'action et donc assez facile à suivre de ce fait . Il est doté d'un plan en trois parties qui est très clair .
Il y a des films tirés du texte , mais en toute franchise le texte est mieux encore que ses adaptations . le langage peut désarçonner mais les images sont évocatrices et les détails gratifiants foisonnent et abondent , le texte date au moins du Xe siècle .

Disons que c'est le plus vieux texte anglo-saxon conservé et qu'il est à la croisée des genres littéraires .
D'une part de celui de la Saga scandinave et d'autre part , de la Vita de saint , ainsi que du poème épique issue des traditions épiques en général ( germanique ou autres ) ...

Le fond : le texte raconte les trois combats héroïques de Beowulf qui au grès de ces étapes , se mettra finalement au service de son roi , pour devenir lui-même souverain et mourir de cette responsabilité bien lourde d'implications et d'exigences surhumaines .
Dans le premier combat le héros élimine l'ogre mangeur d'hommes Grendel , dans le second il tue la mère de Grendel et dans le troisième , il libère son pays des agissements d'un dragon . Bien que désormais roi du pays , il laisse la vie dans ce combat héroïque dont il sort vainqueur .

Il y a un débat qui est de savoir à quel point le Beowulf est issu de , et originellement structuré dans , la tradition orale scandinave .
Personnellement , je pense que c'est douteux de le penser pour ce qui est de la totalité du texte , mais il y a bien une inspiration unique et centrale pour venir donner au poème une unité de rythme aussi unifiée et qui respecte aussi indéniablement , une forme orale et déclamatoire ( en VO je veux dire ) .

Mais fondamentalement le Beowulf à mon humble avis , retient principalement l'attention car il affecte une manière élégante , pour imbriquer des éléments culturels dissonants . Des éléments qui sont parfaitement compris par le ou les créateurs du poème , qui les mêlent tout en restant cohérents entre eux , sans venir se contredire et sans contredire pour autant les traditions diverses dont ils sont issus ( ce qui est quand même très important à noter ) .

Le monstre Grendel et sa mère viennent du bestiaire fantastique germanique , mais l'auteur leur donnera des circonstances atténuantes qui ne manqueront pas de conférer à leur mort un côté tragique et émouvant , en même temps qu'une personnalité très accentuée . Surtout pour Grendel qui est presque une victime exemplaire . C'est un jeux assez subtile car l'ogre confine ici , presque à la victime expiatoire et il vient poser des questions ( chrétiennes ) , telles que la responsabilité morale individuelle et la culpabilité , d'un point de vue chrétien .
Dans le récit la christianisation est timide et simplement en route , le christianisme est une option parmi d'autres ... une simple option ...
Lorsque Beowulf décède et lorsqu'il est placé dans un tumulus avec l'or du dragon , on croit vivre les funérailles d'un grand seigneur germanique continental et protohistorique et il y a aussi en même temps , l'absurde tragique ironie de la situation qui elle , est bien d'origine scandinave , Islandaise même à mon humble avis ...

Il y a aussi cette idée que la royauté possède un fondement initiatique et une légitimité héroïque , par ailleurs le roi du pays est le garant de la prospérité . Il est le responsable direct des calamités , de la météo aux monstruosités qui peuvent venir battre la campagne ...
Là aussi la christianisation , vient ici encore insister sur la responsabilité de l'homme ( roi ou autre ) dans le déclanchement des calamités ( surnaturelles ou autres ) , mais le texte respecte aussi l'héroïsme absurde typique des sagas islandaise ( assez souvent ) . Le topos , de la monarchie inter-germanique general , est respecté lui aussi .
Le Beowulf mélange habilement et très consciemment , des traditions tragiques d'origines variées . Ce gout du tragique lui donne d'ailleurs régulièrement une pompe grandiose et émouvante .

Le récit est donc antérieur au Xe siècle apparemment . Il fut rédigé une époque où toutes ses traditions de références , étaient encore comprises , mais où le contexte culturel dominant était celui d'une culture germanique anglo-saxonne dominante .
Il me semble que dans son ensemble , il est plus une création , qu'une reprise .
Commenter  J’apprécie          590
Beowulf est un poème épique écrit en vieil anglais. Seul un manuscrit du 10éme siècle subsista et comme il renvoie un à longue tradition orale, beaucoup de doute subsiste sur sa date de composition et sur son ou ses auteurs. Tolkien, qui l'étudia longtemps et s'en inspira dans son oeuvre, contribua à sa notoriété. Si le narrateur du poème appartient bien à un monde devenu chrétien, son fond n'en reste pas moins païen et exalte les hauts faits de héros scandinaves parfois investis d'une puissance extraordinaire. Beowulf est l'un deux et viendra à bout en trois combats d'un ogre et de sa mère, au fond d'un étang qui ressemble aux enfers, et d'un dragon qui gardait un antique trésor. Trois monstres qui sèment la désolation, qui semblent nés du chaos et de la nuit, ennemis des hommes et de Dieu.
Commenter  J’apprécie          190
Il s'agit d'un long poème épique composé à une époque non clairement définie, la seule version manuscrite du texte date du Xem siècle. le texte est en vieil-anglais ou anglo-saxon, il représente à lui seul 10% du corpus de poésie vieil-anglaise. Aucune indication d'un auteur éventuel, le manuscrit a été copié par deux scribes différents, des corrections faites par un autre encore, semblent montrer qu'il s'agissait d'une copie d'un autre manuscrit.
Le texte évoque des personnages et des événements historiques datant du VIem siècle dont on retrouve des traces dans des sources scandinaves. Un certain nombre d'éléments rapproche ce texte de textes germaniques et scandinaves, la notion du destin, le nom même Beowulf est un kenning (périphrase à valeur métaphorique) caractéristique de la poésie scandinave : au lieu de dire ours, on dit « loup des abeilles ». Mais le texte a été écrit par un auteur chrétien, soucieux de replacer l'histoire dans la perspective de sa religion.

Beowulf est un guerrier gaut (Suède du Sud). Il décide de venir à la rescousse du roi Danois Hrothgar, dont le palais est attaqué régulièrement, et ses guerriers dévorés par un ogre, Grendel. Beowulf lutte à mains nues avec le monstre, et le blesse en lui arrachant un bras, ce qui le condamne à mort, même s'il arrive à s'enfuir. On fête la victoire. Mais la mère de l'ogre décide de venger son fils, et tue un homme cher à Hrothgar. Beowulf la poursuit sous la mer où elle a son repère et parvient à la tuer et à achever Grendel. le roi Hrothgar lui fait des somptueux cadeaux et le héros rentre chez lui.
Après quelques péripéties, il devient roi de son peuple, sur lequel il règne de son mieux pendant une cinquantaine d'années. Mais un redoutable dragon dévaste le pays. Beowulf décide de l'affronter seul. L'ennemi est redoutable, et Beowulf n'a pas le dessus, il est aidé par un jeune guerrier, Wiglaf. Ils tuent le dragon, mais Beowulf succombe.

Je trouve toujours intéressant de lire ces vieux textes, celui-ci est vraiment aux confluences de plusieurs cultures. Evidemment les sagas, mais aussi l'Enéide, on peut reconnaître certaines similitudes. Une curiosité instructive.

Tolkien, dans ses travaux universitaires, s'est longuement consacré à l'étude de ce texte, dont il a contribué à changer la perception. Et s'en est inspiré pour ses écrits de fiction.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai été très agréablement surprise par la lecture de Beowulf, poème épique du VIIIe siècle racontant la vie et les combats d'un héros suédois. Je l'ai lu dans sa traduction anglaise par Seamus Heaney et le traducteur a parfaitement modernisé le texte tout en restant fidèle à l'esprit originel et aux effets stylistiques du texte. J'ai trouvé (mais peut-être est-ce dû à cette traduction) que Beowulf était un texte très « parlant » : par rapport à d'autres oeuvres médiévales avec lesquelles j'ai eu un peu plus de mal, j'ai été très vite happée par l'histoire et j'ai réussi à m'immerger dans cet univers si particulier. J'ai trouvé les descriptions visuelles et évocatrices, et j'ai été touchée par les sentiments éprouvés par les personnages.

J'ai retrouvé avec plaisir l'univers médiéval et celtique, entre bestiaire (dragon et autres monstres), code de l'honneur, combats entre peuples rivaux (les Danois et les Suédois) ou encore descriptions d'armes et d'armures, le tout dans un univers mi-païen mi-chrétien, ce qui n'empêche pas le poème de présenter des valeurs et des sentiments universels.

Si ce poème est aujourd'hui surtout connu pour avoir inspiré Tolkien pour l'univers du Hobbit et du Seigneur des Anneaux, Beowulf est vraiment une oeuvre qui mérite d'être davantage connue et lue !
Commenter  J’apprécie          50
Poème héroïque et moral écrit entre le 7ème et le 11ème siècle, Beowulf est le plus long poème écrit en langue vernaculaire européenne – ici, en vieil anglais – qui nous soit parvenu. Il en subsiste un seul manuscrit, lequel a miraculeusement échappé aux flammes d'un incendie au 18ème siècle.

En plus de 3000 vers, le poème conte les exploits de Beowulf, un Gaut (région du sud-ouest de la Suède) qui, entendant parler des malheurs terribles qu'occasionne l'ogre Grendel chez les Danois du roi Hrothgar, décide d'apporter son aide et de combattre le géant sanguinaire. Beowulf doit ensuite faire face à plusieurs autres monstres tandis que sa renommée et son pouvoir grandissent.
Si le poète est chrétien – les références sont nombreuses envers Dieu et Jésus-Christ –, Beowulf ne l'est point. Pourtant, il est un modèle de vertu et de conduites chrétiennes mais aussi chevaleresques : courage au combat, loyauté indéfectible au suzerain, juste et bienveillant. Cela en ferait, selon André Crépin qui signe la préface, un miroir au prince, autrement dit un manuel d'éducation politique à l'usage de jeunes nobles appelés aux responsabilités politiques dans leur Etat.

Le poème a connu une nouvelle notoriété grâce à l'un de ses lecteurs : J.R.R. Tolkien, qui fut inspiré par Beowulf pour écrire ses romans si célèbres aujourd'hui. Ne pourrait-on pas reconnaître en Smaug le dragon qu'affronte Beowulf ? Et les grand-salles d'apparat des rois danois et gauts n'ont-ils pas inspiré l'écrivain britannique (et les réalisateurs hollywoodiens) pour créer celles des rois du Rohan ?

Plus encore, Beowulf, par ses caractéristiques physiques et morales bien au-dessus de celles de ses congénères, par sa faculté et son goût du combat des monstres de la terre, préfigure peut-être les super-héros du 20ème siècle. La prudence exige que l'on ne cède pas à des anachronismes faciles ; toutefois, cette figure épique du guerrier redoutable et à la droiture morale irréprochable évoque, pour peu que l'on y soit sensible, celles des justiciers masqués.
Pour sa valeur historique et littéraire, Beowulf est un récit incontournable de la littérature médiévale.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les guerriers, privés de leurs amis, partirent pour leurs villes de Friesland., Hengest passa ce lugubre hiver auprès de Finn ; il pensait à son pays, mais il ne pouvait s'engager dans un navire sur la mer ; les flots étaient sombres et battus par la tempête : l'hiver les retint enfermés sous des entraves de glace jusqu'à ce qu'une autre année fut revenue, ainsi qu'il arrive toujours au temps fixe, et que la saison fut de nouveau belle.
Commenter  J’apprécie          140
Alors de la lande, caché par les versants brumeux,
arriva Grendel. La colère divine était sur lui.
Le criminel ennemi de la race des hommes
songeait à surprendre l'un deux dans le palais altier.
Il avança sous le ciel nuageux jusqu'à l'endroit où il savait
trouver le palais où l'on boit le vin, se partage l'or,
le palis aux panneaux rutilants. Ce n'était pas la première expédition
qu'il lançait contre la demeure de Hrothgar
mais jamais de sa vie n'avait-il trouvé, ne trouverait-il
guerriers en salle plus âpres d'accueil.
Survint donc au palis en une nouvelle expédition
l'être privé de joie. La porte aussitôt céda,
malgré sa ferrure durcie au feu, sous la pression de ses paumes.
Ne pensant qu'à détruire, en furie il força
l'entrée de la demeure. Sans s'attarder
l'ennemi foula aux pieds le sol coloré.
Commenter  J’apprécie          60
Semblablement pénible est pour le vieil homme de voir son fils se balancer,
jeune encore, au bout d'une potence. Il psalmodie une plainte,
un chant de douleur tandis que son fils pend du gibet
en pâture au corbeau. Le père ne peut le secourir,
malgré son expérience de vieillard, rien faire.
Il gardera toujours à l'esprit, chaque matin de sa vie,
le départ sans retour de son héritier. Il ne désire pas
voir un autre fils habiter sa demeure,
hériter de ses biens maintenant que son fils unique
a, par une mort violente, conclu sa vie....

Vers 2444-2454, p. 193.

Vers de Seamus Heaney, p. 62 :

It was like the misery endured by an old man
who has lived to see his son's body
swing on the gallows. He begins to keen
and weep for his boy, watching the raven
gloat where he hangs : he can be of no help.
The wisdom of age is worthless to him.
Morning after morning, he wakes to remember
that his child is gone ; he has no interest
in living on until another heir
is born in the hall, now that his first-born
has entered death's dominion forever.
Commenter  J’apprécie          30
Le héros Beowulf acquiert de nos jours une notoriété de personnage mythique, du moins aux Etats-Unis. Une centaine de sites sur internet le concernent, en grande majorité américains. Il est le héros de romans, de livres d'enfants, de bandes dessinées, de films, de pièces de théâtre, d'opéras, de récitals. Les Britanniques sont plus réticents. pour eux Beowulf reste avant tout le protagoniste d'un chef-d'oeuvre littéraire, remis en honneur par une conférence du professeur J.R.R. Tolkien, le futur auteur du "Seigneur des Anneaux", en 1936 et par la traduction, plusieurs fois couronnée, du poète Seamus Heaney (1999). En France, malgré certains efforts, il reste peu ou mal connu.
On comprend l'attrait du héros, superman luttant contre des êtres du Mal : contre un ogre, puis contre l'ogresse sa mère, enfin contre un dragon. Il y a une progression dans la difficulté des combats : d'abord à mains nues, sur terre, puis bien armé, sous les eaux, enfin le héros doit affronter un dragon de feu et dans les airs, et il périra à la fois vainqueur et victime.

Extrait de la préface, p. 8.
Commenter  J’apprécie          20
Le lai du palais de Finn (v. 1127, p. 111).

... Hengest cependant resta
tout cet hiver sanglant aux côtés de Finn
sans joie : il songeait à son domaine
mais il lui était impossible de lancer sur la mer
sa proue annelée : le flot s'enflait en tempête,
en luttant contre le vent ; l'hiver bloquerait les vagues
de ses entraves de glace jusqu'à ce que revînt
l'année active chez les hommes, comme elle ne cesse de le faire
puisque immanquablement les jours radieux
respectent le moment.

Traduction Heaney, p. 30

Hengest stayed
lived out that whole resentful, blood-sullen
winter with Finn, homesick and helpless.
No ring-whorled prow could up then
and away on the sea. Wind and water
raged with storms, wave and shingle
were shackled in ice, until another year
appeared in the yard, as it does to this day,
the seasons constant, the wonder of light
coming over us.
Commenter  J’apprécie          20

Dans la catégorie : Poésie anglaiseVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Poésie anglaise (101)
autres livres classés : épopéeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (181) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11085 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..