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EAN : 9782707153630
128 pages
La Découverte (26/06/2008)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Alors que les phénomènes de violence paraissent de plus en plus prégnants dans l'actualité quotidienne, cet ouvrage cherche à en comprendre les logiques et à en préciser les limites. Parler de la violence n'a en effet guère de sens tant ce vocable réunit sous un même terme des phénomènes très différents et des manifestations plurielles. L'auteur ambitionne de les passer en revue. Pour autant, il s'agit de mettre à nu les logiques communes d'adhésion à la violence (p... >Voir plus
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le thème paraît gigantesque, précisément parce que définir la violence comme un ensemble de faits semblables et aisément identifiables est presque impossible. (...)
Il y a bien sûr la multiplicité des formes de la violence (...). Il y a ensuite la difficulté à mesurer la violence dont on parle. Celle-ci est toute relative, au risque de choquer, et est très différemment perçue selon les époques, les milieux sociaux, les univers culturels.
(...) La violence doit être nommée pour être, elle n'existe pas en tant que telle mais est le fruit à la fois d'un contexte et d'une lutte de pouvoir. (...) Elle est, comme tout phénomène social, le résultat d'une lutte de définition entre acteurs poursuivant des intérêts divergents et des ressources dissemblables ; lutte d'autant plus terrible que le concept est accusatoire et moralement condamnable, dans un monde pacifié où le violent a presque toujours tort. L'État démocratique est ainsi rarement "violent", préférant mettre en avant sa "force légitime", alors que ses opposants manifestants sont plus facilement qualifiés comme tels. N'a pas le pouvoir de nommer qui veut!
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L'acteur le plus ontologiquement violent reste l'État, fondé par la violence et maintenant son autorité sur une violence rarement exprimée mais toujours sous-jacente. (...) L'histoire même de la formation de l'État est celle d'une lente mais continue entreprise de dessaisissement du droit des seigneurs à la violence au profit d'une autorité centrale. (...) Cette "victoire du monopole royal" (Elias) repose sur une accumulation des moyens de domination grâce à l'alliance entre le fisc et les armées. La violence du seigneur central lui permet de s'enrichir en imposant à tous ses sujets la ponction fiscale qui en retour lui assure des revenus pour moderniser son armée et sa maréchaussée. Progressivement (en France à partir de la fin du XVe siècle), le monopole royal est tel que les rivaux concurrents dans l'usage de la violence trouvent plus sage de s'en dessaisir en échange d'un protectorat efficace (...). (...) L'État s'impose et impose également un sentiment de sûreté qui modifie profondément les économies psychiques de ses protégés (baisse du sentiment de peur, repli des valeurs de courage et d'honneur, développement d'un savoir-faire diplomatique, refoulement des pulsions immédiates au profit d'une habitude d'anticipation, etc.).
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Si l'argument le plus répandu justifiant l'usage de la torture est celui de la "quête du renseignement" (torturer pour obtenir l'aveu et éviter le bain de sang d'un poseur de bombe), la réalité de la torture est bien différente. Comme le relève l'historienne Raphaëlle Branche, "le but de la torture n'est pas de faire parler mais de faire taire". Torturer en masse, (...) c'est produire des corps suppliciés censés impressionner, effrayer tous ceux qui souhaiteraient remettre en cause l'ordre établi (...). La torture fabrique des peurs collectives et dépasse ainsi l'abus du corps individuel pour toucher la population dans son entier, la communauté au complet, cible potentielle d'une douleur mise en scène. La torture est bien l'arme du prince, imposant sur les corps la marque de son pouvoir (voir Foucault, Surveiller et Punir).
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La médiatisation de la violence engendre inévitablement le sentiment commun d'une insécurité généralisée dont il a été montré qu'il s'exprimait très fortement là où précisément la violence n'était pas dominante. C'est donc bien l'univers des représentations qui est influencé par les médias, favorisant une sursensibilité à des phénomènes de violence dont la réalité échappe au plus grand nombre.
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Les raisons de la violence ressortent rarement d'une explication monocausale, quels que soient les types de violence. Si les déterminismes collectifs "lourds" [marginalité politique, frustration économique, déterminismes socio-culturels] sont importants, l'entrée dans la violence est aussi le résultat d'une décision individuelle qui, si elle ne saurait relever de la pure conscience, répond à des attentes personnelles. Celles-ci peuvent être de trois ordres : la quête du profit qui veut que la violence paye ; la recherche du plaisir que l'acte brutal et souvent illicite peut engendrer ; la rehausse de l'estime de soi induite par l'acte de violence qui peut parfois s'apparenter à un acte de fierté.
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Xavier Crettiez, professeur de science politique, est l’invité de Cuntrastu
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