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Philippe Rouard (Traducteur)
EAN : 9782070407910
320 pages
Gallimard (05/07/1999)
3.92/5   109 notes
Résumé :
Une jeune fille au nom improbable de Dorothy Turnipseed quitte sa ville natale avec des projets plein la tête. Sous la férule implacable de l'entraîneur Russell « Muscle » Morgan, gourou du body-building, elle devient Shereel Dupont, une des principales candidates au titre de Madame Univers.
C'est alors que la famille de Shereel, des péquenots qui promènent joyeusement leurs masses graisseuses, débarque dans l'hôtel de grand luxe où se tient le concours de Mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Comment vont mes petits Phoenix aujourd'hui ? je vous présente…
« Body » Un Livre de Harry Crews (Mort à : Gainsville , le 28/03/2012 ) (Traduit par Philippe Rouard) – 320 pages – Gallimard (1999).

« Marcher sur le fil du rasoir, c'est vivre.
le reste n'est qu'attente. »
(Karl Wallenda)
C'est le message entre tous que je trouve le plus important. On peut beaucoup paraphraser mais l'idée générale est celle d'un équilibre...

Russell est coach en musculation, il fait faire des abdos à ses « filles » jusqu'à ce que leurs seins soient plats comme des jaunes d'oeuf.
« — Ça fait mal, Russell.
— Je te dirai quand ça fait mal. »
« (…) la salle où elle s'entraînait (l'Empire des Douleurs, comme l'appelait Russell) »
« Quand, à quarante ans, il avait commencé à perdre ses cheveux, il s'était rasé le crâne et l'avait gardé rasé. Tout ou rien, tel était Russell Morgan. Exigeant de soi la même discipline que celle qu'il imposait à ceux qu'il entraînait »
Shereel est la meilleure « poulaine » de Russell. Un sacré personnage !

Je trouve que Russell est vraiment trop exigeant envers Shereel.

« Ce fut à ce moment-là qu'il l'embrassa (…) »

« — Russell, dit calmement Shereel, tu es fou.
— Je te montrerai ce qu'est la folie avant que tout ça soit fini. Je te montrerai. »

Après, le reste, ça m'a saoulé car j'ai quasiment jamais fait de musculation dans ma vie, je suis pas du tout sportif. Un vrai Otaku ! Donc normal que je m'arrête là…
Même si je fais un peu de piscine, ça n'a rien à voir!

J'ai cependant trouvé pas mal de pépites stylistiques.

Un dernière chose à dire sur ce livre ? Les Body Builder s'imposent une discipline très stricte, un don de soi, une abnégation, un peu comme des sado maso. Il se subliment à travers leur endurance. On dit toujours que le sport est une drogue.

Phoenix
++
Lien : https://linktr.ee/phoenixtcg
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Fidèle à mon programme de lecture hivernale, je me suis donc lancée dans Body, le roman signé d'Harry Crews. le romancier américain embarque ses lecteurs à Miami, dans un complexe hôtelier digne de ce nom, où va se jouer la plus grande compétition au monde de bodybuilding, Madame et Monsieur Univers (Cosmos). Les candidats, accompagnés de leurs entraineurs débarquent par dizaines et prennent possession de l'ensemble hôtelier, pour le plus grand plaisir du directeur, un fan de la première heure, et de Julian, l'un de ses agents, amoureux de ces corps sublimes (chacun voit midi à sa porte). Un concours improvisé se tient au bord de la piscine où Shereel, une candidate sérieuse au trône vient se prélasser avec son coach. Shereel sait que le grand jour approche et voit son équilibre bouleversé lorsque sa famille de ploucs débarque de Georgie.

Harry Crewes possède un don : me fait rire jusqu'à pleurer ! Car la magie de Crews est celle de vous faire rire le premiers tiers du roman pour peu à peu vous harponner et vous accrocher à lui jusqu'au final explosif et noir comme du charbon. On passe de la comédie à la tragédie en un temps record.

Harry Crews est né en Georgie en 1935 et connut une enfance misérable et violente. Il s'engage à l'âge de 17 ans pour les Marines et se prend de passion pour la littérature. de retour sur le sol des vaches, il s'inscrit à l'université avant de filer faire le tour du pays en moto. Il enseigne l'anglais pendant une vingtaine d'années avant d'être publié. Crews parle ici en connaissance de cause, il grossit les traits, pousse la machine un peu loin – oui et non. Quand on voit aujourd'hui les candidats à la Maison Blanche, on sait que l'Amérique aime les excès. En tout genre.

Sa galerie de personnages est cocasse : entre ce directeur de complexes hôtelier, à la moumoute vivante (et fan de Donald Trump, on ne l'invente pas! Il passe son temps à le citer, le roman date de 1990), en passant par ces fous de bodybuilders, prêts à se piquer à n'importe quoi pour remporter un concours ou au contraire à se contenter de 10ml d'eau et d'une laitue pour seul repas, jusqu'à ces « ploucs » qui battent les records de stupidité et de cruauté. le résultat est gratiné :-) Ses portraits sont souvent fait au vitriol et pas de pitié ici pour les personnes de sexe faible. Tout le monde y passe. Il m'est impossible de ne pas citer un ou deux passages :

"Comme tous les participants au Cosmos, le malheureux devait se sustenter chaque jour d'une boite de thon noyée dans du jus de citron, de trois branches de céleri et d'un sachet de vitamines déterminé à traquer le moindre résidu de graisse susceptible de parasiter la couche de muscles habillant son corps, acharné à garder à chaque striure musculaire une nudité écorchée qui le faisait ressembler à un écureuil dépecé. Et c'était probablement la force qu'il devait avoir : celle d'un écureuil dépecé.

Mais qu'en était-il des bodybuilders féminins ? Encore une fois personne ne savait. Tout le monde avait cru tenir la réponse en la personne de Rachel McLish. Elle était musclée, remarquablement proportionnée, mais on pouvait quand même lui demander de passer une robe et la présenter à papa-maman. Or, peu de temps après le règne de McLish, vous aviez beau essayer d'habiller en femme une championne, vous pouviez toujours courir pour la présenter à la famille, parce que vous aviez l'air de vous balader avec un travelo balèze au bras."

Mais cette tragi-comédie n'en reste pas moins tragique, et du rire on passe à la tristesse : Shereel va-t-elle remporter le titre ? Cette Marvella et ses soeurs (ne manque que Cruella) vont-elles l'empêcher de montrer sur le trône ? Ou le problème viendra-t-il de sa famille? Son père, Alphonse (Fonz), truand local et de ses frères, Turnet et Moteur ? Les deux gars les plus stupides dont l'un se rase le corps pour ressembler à ces bodybuilders. Et que dire de l'ex-fiancé de Dorothy (Shereel) revenu totalement frappa dingue du Vietnam? Prêt à saucissonner quiconque se mettra entre lui et sa chérie ? Et la mère et la soeur, toutes deux grassouillettes, les mains toujours dans la bouffe, les doigts graisseux des poulets frits qu'elles s'envoient à longueur de journée ? Elles découvrent soudainement le luxe (d'un kitsch horrible, telle la suite nuptiale) et tentent de tenir à carreau les mâles de leur famille. Avec Harry Crews, on va loin mais le romancier n'est pas une brute et la tendresse n'est pas non plus absente. Et le final, explosif !


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J'ai lu à la suite Car et Body de Harry Crews. Par flemme mais surtout parce que je vois beaucoup de points communs entre les deux, je ne ferais qu'un seul retour de lecture.

Ce sont deux livres pour explorer l'univers étrange, tristement drôle et sombrement grotesque, de Harry Crews.
Le premier met en scène un gars qui fait le pari de manger une voiture devant des caméras de télévision avides de sensationnel. le second, une jeune bodybuildeuse candidate au titre de Miss Cosmos et prête à tout les sacrifices.
Deux sujets métaphoriques qui se rejoignent pour que l'auteur puisse nous montrer l'absurdité de l'Amérique. Il fustige la marchandisation des corps, l'obsession pour les bagnoles, la société de spectacle.
Deux récits excentriques, deux tragédies allègres qui dessinent une fresque caustique et lucide des Etats-Unis.
Les personnages sont hauts en couleurs. On est dans une Amérique profonde et malgré toute leur bouffonnerie on perçoit, caché sous la plaisanterie sombre, l'empathie de l'auteur pour les petits et la marge.

Et puisqu'il faut mettre des étoiles sur Babelio, j'en donne 5 à Body avec son final qui m'a laissé sans voix et « seulement » 4 à Car.
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Shereel Dupont ex-Dorothy Turnipseed est une championne de bodybuilding , sous la direction de son coach Russell Morgan ,elle a (au sens propre) sué sang et eau pour arriver au sommet .Celui-ci , le titre de Miss Cosmos ,est à portée de main ! Mais voilà que déboule ,pour la soutenir, sa tribu familiale : six Turnipseed (ou presque) , éléphantesques redneks , dévoreurs de poulet frit à la pelle , d'alcool au magnum et de sucreries au kilo. Leur arrivée dans le milieu narcissique , ascétique et monomaniaque des culturistes s'apparente à la visite d'une horde de mammouths dans un magasin de Baccarat. Crews à travers cette confrontation met en scène ceux pour qui il a une immense tendresse : les freaks, les laissés de côté et ceux qui se sont découverts un but délirant et dérisoire auquel ils sacrifient tout. Son récit passe avec virtuosité du comique rabelaisien « hénaurme » à la tragédie des rêves anéantis.
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Par la grâce de sa rencontre avec Russel « Muscle » Morgan, Dorothy Turnipseed, jeune dactylo originaire de Waycross, en Georgie, a vaincu l'obésité et est devenue Shereel Dupont, candidate au prix de Miss Cosmos qui se dispute à l'hôtel Blue Flamingo de Miami. Psychologiquement fragile après des mois d'un régime strict et d'un entraînement épuisant sous la houlette de son entraîneur et mentor, Shereel voit débarquer toute sa famille déjantée sur les lieux du concours : sa mère, son père alcoolique, ses deux frères débiles, sa soeur obèse qui entame une romance avec Billy « Bat » le body-builder au dos le plus puissant, et surtout Clou, son fiancé, revenu du Viêtnam encore plus fêlé qu'à son départ, amateur de couteaux et d'explosifs et prêt à en découdre avec tous ceux, nombreux, qui ne lui reviennent pas.

Certes, j'aurais aussi pu chroniquer La foire aux serpents ou le roi du K.O. pour évoquer Harry Crews plutôt qu'un roman souvent considéré comme mineur. Mais c'est un fait que Body m'a particulièrement emballé.

Comme toujours chez Harry Crews, le lecteur se trouve plongé dans l'Amérique profonde, celle des rednecks et des laissés pour compte. Comme toujours aussi, les personnages sont hauts en couleurs et décrits avec un mélange d'ironie, d'humour grinçant et de tendresse. CarHarry Crews aime ses personnages et ne les jugent pas. Il décrit et donne la parole à une Amérique qui n'a que rarement voix au chapitre, si ce n'est sur d'obscures chaines du câble où lorsqu'il s'agit d'envoyer un peu de chair à canon faire une guerre lointaine.

Le parcours de Dorothy/Shereel pour s'extraire de sa condition d'obèse et de plouc par le biais d'une quasi foire aux monstres dans laquelle les plus vils penchants de chacun sont exploités, sans pour autant renier ce qu'elle est, nous entraîne dans une hallucinante farce grotesque, glauque, effrayante, dramatiquement belle, et qui en dit peut-être plus long qu'une étude sociologique.

On ne le répètera jamais assez : il FAUT lire Harry Crews.

Lien : http://encoredunoir.over-blo..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Elle s'appelait Shereel Dupont, ce qui n'était pas son vrai nom. Trois mois qu'elle n'avait pas eu ses règles, mais elle n'était pas enceinte. Non, c'était mieux et pire que ça. C'était la faute au bodybuilding et à un régime à base de complexes vitaminés, de protéines en poudre et de limande bouillie sans beurre ni sel, la faute surtout à Russel Morgan, appelé Russel Muscle ; dans son dos, jamais en face.
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« — Russell, dit calmement Shereel, tu es fou.
— Je te montrerai ce qu'est la folie avant que tout ça soit fini. Je te montrerai. »
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La vérité, c'est que j'ai jamais aimé rien d'autre que gagner. Autrement dit, vaincre les autres. Dans la vie, il y a les vainqueurs et les vaincus. J'ai pas fait souffrir ma mère à la naissance pour faire partie des vaincus.
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Il savait aussi que la folie était plus contagieuse que la grippe porcine. Tout homme doué de bon sens devait se garder de l'attraper.
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Derechel il péta. Cette fois, pet long et gras. Qui n'échappa pas à l'oreille exercée de Friedkin. Il était formellement interdit au personnel du Blue Flamingo de péter pendant les heures de travail. Tous les employés - jusqu'aux plongeurs - étaient mis en garde contre l'ingestion d'aliments tels que les choux, les cacahuètes et, surtout, les redoutables haricots secs. Les clients d'un des palaces de Miami Beach étaient en droit d'être à l'abri des vents à moins que, naturellement, ils n'en fussent les auteurs.
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Videos de Harry Crews (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Harry Crews
Le grand James Ellroy poursuit son tableau wagnérien de Los Angeles dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Et Harry Crews brosse un portrait saisissant des péquenots du sud dans les années 70. En contrepoint, un regard subtil sur l'Inde occupée par les Anglais au lendemain de la grande guerre par Abir Mukherjee, jeune auteur à suivre.
"La tempête qui vient" de James Ellroy (Rivages/Noir) "Péquenots" de Harry Crews (Finitude) "L'attaque du Calcutta-Darjeeling" de Abir Mukherjee (Liana Lévi)
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