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Citations sur Le Bouddha (45)

Arrêtons-nous ici sur l'aspect pratique des choses : attention et concentration justes sont particulièrement liées à la méditation. Le terme habituellement employé est bhavâna, qui signifie littéralement « faire devenir ; développement ». Le bouddhisme propose deux formes de méditation.
Samâtha Bhâvana, ou le Calme Mental, dont le but est l'apaisement du flot continu des pensées et des émotions agitant l'esprit. Pour y parvenir, des méthodes diverses sont employées, qui impliquent toutes un effort de concentration sur un objet, matériel ou non. La technique d'observation vigilante du va-et-vient du souffle est particulièrement en honneur, car c'est celle que le Bouddha aurait lui-même pratiquée.
La pratique de Samâtha peut mener aux états appelés en pâli jhâna, et que l'on peut ainsi définir : « ensemble des états de conscience raffinés susceptibles d'être expérimentés comme l'un des résultats de la méditation profonde ». Samâtha peut-être pratiqué avec profit par quiconque, sans considération d'appartenance religieuse.
Mais seule la deuxième méthode, Vipassanâ Bhâvana ou Vision Profonde, est spécifiquement bouddhique et peut conduire au Nirvâna. Préalable intéressant, Samâtha n'est pas indispensable à la pratique de Vipassanâ. Il s'agit ici, tout en gardant une « toile de fond » à la pratique — et ce peut être le souffle — afin d'éviter à l'esprit de se disperser complètement, d'observer avec attention les phénomènes de tous ordres, quand ils surviennent pendant la méditation, dans leur déroulement, et d'en saisir l'impermanence, le caractère foncièrement insatisfaisant.
La sagesse, enfin, recouvre pensée et compréhension justes. La pensée juste, dit le texte, est « libre de désirs sensuels, de malveillance et de cruauté ». La méditation, ici encore, sous-tend l'effort vers la pensée juste : des pensées négatives ne peuvent surgir pendant la pratique méditative Vipassanâ, et cette dernière, par la compréhension de la véritable nature des pensées, élimine progressivement les attachements qui mènent aux pensées néfastes. La compréhension juste ferme, si l'on peut dire, le cercle : « Comprendre la souffrance, comprendre l'origine de la souffrance, comprendre l'extinction de la souffrance, comprendre le chemin conduisant à l'extinction de la souffrance. » C'est la compréhension des Quatre Nobles Vérités, objet essentiel de la méditation Vipassanâ, et visant à la délivrance.
p. 177
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LE BOUDDHA
Le dernier repas
En plusieurs étapes, ponctuées de discours et d'ultimes recommandations, le Bouddha parvient à Pâvâ, petit bourg où il s'installe dans un bois appartenant à Cunda Kammâraputra, orfèvre selon certains, issu d'une famille travaillant plus globalement les métaux, pour d'autres. Très classiquement, Cunda, ayant rendu visite au Bien-heureux, le convie à prendre chez lui le repas du lendemain. Y est servi un plat sur la composition duquel de multiples hypothèses ont été avancées. Les textes pâli l'appellent Sukaramaddava*, c'est-à-dire « délice de porc », mais, plat de viande de porc ou plat de champignons dont les porcs sont friands, la question déjà abondamment débattue risque de demeurer ouverte encore longtemps. Étonnamment, le Bouddha demande à ce que ce plat ne soit servi qu'à lui et que les restes en soient enterrés car, dit-il, « il ne voit personne dans le monde... qui puisse consommer le sukaramaddava et le digérer graduellement, si ce n'est le Tathâgatha ».
L'après-midi même, le mal dont le Bouddha souffrait semble s'aggraver. Une fois encore, il surmonte ses douleurs avec sérénité. Soutenu par Ânanda, il prend la route de Kuçinâgara. Mais, en chemin, fatigué, il s'arrête pour prendre quelque repos et demande à boire. À sa troisième demande seulement, et au grand émerveillement d'Ânanda, l'eau du courant voisin, troublée par le passage de 500 charrettes, retrouve sa limpidité et le Bouddha peut apaiser sa soif.
p. 158
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* voir * Stephen BATCHELOR dans « Itinéraire d'un bouddhiste athée », (ed. Seuil © février, 2012)
Note 22 page 339 du chapitre 17, page 274 :
— Le terme pali sùkara-madava signifie littéralement « tendre cochon » (sùkara). Dans le canon, il est clair que le Bouddha n'était pas végétarien. Il rejetait la proposition de son cousin Devatta d'imposer le végétarisme comme règle pour la communauté monastique. Il ne voyait pas d'objection à ce que ses moines mangent de la viande, à condition qu'il n'aient été ni « vus, ni entendus ou soupçonnés » que l'animal fût tué spécialement pour eux.
(mis en note par le transcripteur)
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Le dialogue inter-traditions
On ne peut nier qu'à travers les siècles, des luttes parfois féroces opposèrent, au sein même du bouddhisme, les tenants de traditions différentes. Pour des questions de divergences doctrinales, plus souvent, hélas ! pour des rivalités de pouvoir bassement temporel. Si tout n'est pas encore au mieux* la tendance est maintenant à l'apaisement et à l'instauration du dialogue. Des rencontres réunissant des représentants du maximum d'écoles possible se tiennent, à l'instigation du Dalaï Lama, pour mettre en commun les expériences, évoquer les défis nouveaux auxquels le bouddhisme se trouve confronté...
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* Un exemple récent en est la controverse qui secoue durement l'école tibétaine Gelugpa au sujet du culte du protecteur Dorjé Shugden.
– mis en note par le transcripteur : nous pourrions également dans le même ordre d'idée citer le schisme de la Lignée Kamtsang-Kagyu des deux prétendants au trône de Karmapa, « affaire d’État » ?
https://www.phayul.com/news/article.aspx?id=37800&article=Sikkim+rallies+for+Karmapa%27s+visit+to+Rumtek&t=1&c=1
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p. 196
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« Le Bouddha » - “Biographie”, Véronique Crombé - Éditions Desclée de Brouwer © 2000
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Cet exemple spécifique dénote une tendance plus large, issue, dans certains cas, d'une exigence croissante des laïcs, plus que d'une évolution interne des milieux monastiques, au retour à ce que l'on présume être une austérité, une pureté originelle de la pratique.
Dans le même ordre d'idées, des fidèles laïcs réagissent aujourd'hui contre ce qu'ils estiment être l'excès de pratiques superstitieuses — panthéon syncrétique dans les pagodes vietnamiennes, recours aux religieux pour des opérations de divination ou l'établissement d'horoscopes... — dans les centres qu'ils fréquentent.
Place croissante des fidèles laïcs
La communauté bouddhique au sens large tourne, on l'a vu, autour de deux pôles : les moines et les laïcs. Si l'on remonte aux origines, il apparaît clairement que le Bouddha, bien que considérant la vie religieuse comme la seule voie permettant de mener au mieux la « conduite pure », n'en tenait pas moins l'état laïc en haute estime. Pendant des siècles, pourtant, et ce tout particulièrement dans les pays de tradition Theravâda, les laïcs se sont sentis, à tort, en position nette d'infériorité. C'est de moins en moins le cas aujourd'hui.
p. 192
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En guise de conclusion : orientations actuelles
Aujourd'hui plus que jamais, le bouddhisme est à une étape capitale de son histoire. Les choses bougent. Sans prétendre faire ici un panorama complet des transformations et des débats qui agitent actuellement le bouddhisme, à tous les niveaux, il n'est pas inintéressant de mettre en lumière certaines des orientations contemporaines.
Réflexion sur la pratique
De longue date, la pratique méditative tend à s'effacer, ou du moins à passer au second plan, au profit des récitations de textes et des rituels de tous ordres. Le “mal”  affecte les laïcs, qui ont facilement considéré la méditation comme étant prioritairement une activité de religieux, mais également les milieux monastiques. Or, la méditation est, sans ambiguïté, au cœur de l'enseignement du Bouddha. On a toujours observé, dans les pays de Theravâda, une différenciation entre moines citadins, plus impliqués dans les rites, l'érudition, le conseil auprès des laïcs, et moines de la forêt qui prônent un retour à l'austère tradition de solitude et de pratique poussée de la méditation.
p. 191
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Très tôt, donc, dans l'histoire du bouddhisme, des divisions irrémédiables firent leur apparition. On ne devait pas en rester là, et les dissensions entre sectes allaient nécessiter un nouveau concile — reconnu unanimement en tant que tel, celui-là — toujours à Pâtaliputra, sous le règne du roi Açoka de la dynastie Maurya. Monarque de grande envergure, Açoka offrit au bouddhisme son patronage, ouvertement professé dans le texte des édits gravés sur colonnes ou rochers, répartis sur le territoire qu'il contrôlait. C'est sous son règne, alors que les divisions entre sectes se poursuivent, que commence véritablement l'expansion géographique du bouddhisme, sur l'ensemble de ce qui est aujourd'hui l'Union Indienne et au-delà de ses frontières.
Pendant de longs siècles, le bouddhisme reste florissant dans sa patrie d'origine. Un art bouddhique naît, et s'épanouit, aniconique d'abord, avant qu'apparaisse, au début de l'ère chrétienne, une représentation anthropomorphe du Bouddha.
p. 187
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Nombre de règles de discipline ont été établies, semble-t-il, par le Bouddha lui-même, et les textes qui les rapportent exposent généralement en quelles circonstances. Beaucoup d'entre elles visent à s'assurer que les moines ne s'éloignent pas de l'idéal de simplicité et n'exploitent pas outrageusement la générosité de leurs bienfaiteurs. L'homme étant ce qu'il est, ces vœux pieux ont eu, parfois, à souffrir quelques entorses...
De même, en édictant ces règles, le Bouddha souhaitait s'en tenir à son idéal de « Voie Moyenne », ce qui explique ses choix en matière vestimentaire, alimentaire, en matière de logement également. Car, pour lui, l'inconfort matériel constitue un obstacle au progrès spirituel, tout autant que l'immersion dans le luxe et les plaisirs.
p. 184
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SANGHA
Formé de la réunion de deux racines sanskrites SAM et HR, ce qui aboutit à « comprenant », le mot “sangha” se réfère, au sens large, à un « ensemble ». Le vocabulaire bouddhique, dans la plus stricte orthodoxie, réservait autrefois, c'est encore le cas dans certains pays, le terme à la communauté que constituent les religieux, moines et moniales. Un autre mot,“parisa”, est alors utilisé pour désigner l'ensemble des bouddhistes. Toutefois, dans l'usage courant, le « Sangha sous ses quatre aspects » fait référence à la totalité de la Communauté : moines, nonnes, fidèles laïques hommes et femmes. On réserve l'expression Ariyasangha, « le Noble Sangha », aux êtres qui ont réalisé la Vérité, et sont à même de l'enseigner.

Le Bouddha n'étant plus parmi nous, c'est le Sangha qui constitue l'exemple vivant de l'enseignement du Bouddha car, selon la formulation donnée dans le texte de l'Hommage au Sangha : « la communauté des disciples du Bienheureux a une conduite droite, correcte, méthodique, bienséante » et constitue de ce fait « le plus grand champ de mérites pour le monde ».
p. 180
Moines et laïcs
Deux pôles sont en présence, interdépendants. Moines et nonnes, qui ne sont pas autorisés à exercer d'activité lucrative, dépendent, pour leurs besoins matériels, de la générosité des laïcs qui, de leur côté, attendent des religieux enseignements, éclaircissements sur la doctrine, conseils et accomplissement de certains rites. Il est parfaitement possible d'être un excellent bouddhiste sans l'accomplissement d'aucune formalité particulière. Toutefois, la Prise de Refuge donne plus de force à l'engagement. Dans le bouddhisme de tradition ancienne, ce peut être l'occasion d'une petite cérémonie, qui garde généralement un caractère intime et peu formel.
p. 181
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Dans l'enseignement bouddhique fondamental donc, pas de révélation divine, mais une réalisation humaine exceptionnelle, et l'on ne saurait trop insister sur ce caractère profondément humaniste du bouddhisme. Pas de croyance imposée non plus, mais bien plutôt la conviction intime, née de l'expérience, le Bouddha et les plus grands maîtres à sa suite ne cessant de revenir sur cette impérieuse nécessité de l'expérience. Le bouddhisme, enfin, se définit comme la Voie du Milieu, évitant les deux extrêmes : « ... se complaire dans les objets désirables pour les sens, ce qui est bon, vulgaire, terrestre, vil, indigne et sans profit, et (...) se vouer aux mortifications, ce qui est douloureux, indigne et sans profit », extrêmes que le Bouddha lui-même avait expérimentés avant de s'en écarter, et sur lesquels il s'explique également dans le préambule de son premier sermon.
p. 178
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Une question peut se poser à ce stade : le bouddhisme, en effet, se place dans la perspective du samsâra, l'enchaînement des êtres dans un cycle sans fin de naissances et de morts. Rappelons à ce propos que l'on utilise dans le vocabulaire bouddhique les mots de “renaissance” ou de « redevenir », de préférence à celui de réincarnation. Or, si le bouddhisme n'identifie pas, en l'individu, de principe personnel permanent, quel est alors le lien d'une existence à l'autre ? Il faut reconnaître, en toute objectivité, que le sujet fut et reste l'objet de controverses. Globalement, pourtant, le bouddhisme tente de se situer dans un juste milieu entre doctrines éternalistes et nihilistes. Le Bouddha lui-même n'affirme ni ne nie formellement l'existence d'un facteur de continuité, choisissant souvent le silence comme seule réponse lorsqu'il est confronté à cette question délicate.
p. 173
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