AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bequelune


Justin Cronin réinvente la légende de Dracula, et le résultat est brillant. Ce premier tome est un énorme bouquin qui aurait pu lui-même être subdivisé en plusieurs tomes tant les 11 parties qui le composent sont différentes les unes des autres et sont tellement denses qu'elles auraient pu facilement constituer des livres à part entière. (J'ai déjà lu bien des bouquins qui n'ont pas la qualité et la densité de l'une ou l'autre des parties du Passage.)

Le livre commence à notre époque. On suit les aventures de deux personnages. Une certaine Amy, une petite fille. La fille d'une mère célibataire en galère, qui va devoir se prostituer pour survivre, qui va finir par commettre un crime et qui va devoir abandonner sa gamine dans un couvent. Et puis on suit Wolgast, un agent spécial du FBI. Sa mission est un peu particulière : il est chargé de recruter des condamnés à mort. Il leur fait échapper à la potence en échange de leur participation à un programme de recherche médicale innovant. Il ignore tout de ce programme, et il ne sait pas trop vers quoi on envoie ces condamnés à mort ; en fait il ne se pose pas trop de question jusqu'au jour où on lui demande de recruter cette gamine – Amy – qui semble abandonnée de tous. Ce qui va le faire se remettre en cause.

Donc ça c'est juste les deux premières parties mais elles sont quand même longues – en proportion dans le livre, elles prennent une place importante. Pour ma part, j'ai trouvé ces parties particulièrement brillantes. Ça m'a fait penser pas mal à du Stephen King avec des digressions, des détours, l'auteur prend le temps de raconter la vie du personnage. Mais en même temps c'est jamais gratuit : ça permet de planter une psychologie et une histoire à chaque personnage. C'est hyper appréciable car du coup on y croit. On est vraiment très loin de ces bouquins SF « page turner » où chaque personnage ne semble être défini que par un cliché, où tout est fait pour que ça fonctionne et que ça aille vite. Là on est pas dans ce genre de livre ; le Passage prend le temps de poser ses personnages avec qualité, on y croit à ces personnages – à tous – qui sont complexes et intéressants.

À partir de la 3e partie le récit change brutalement. Les essais cliniques des expérimentations du début ont réussi, et ont tellement bien réussies qu'elles ont conduit à l'Apocalypse. Donc on se retrouve dans une Colonie, à peu près 100 ans plus tard, c'est-à-dire une des dernières – peut-être même la dernière – communauté humaine en vie. Je n'en dis pas plus mais ici le récit change. D'un thriller on passe à une sorte de dystopie, mais régulièrement on passe par du roman d'aventures, il y a pas mal de passages qui font penser à des récits horrifiques sur les zombies, puis finalement on se rend compte que ces zombies ressemblent aussi à des vampires...

Justin Cronin a vraiment un gros talent : l'art de mélanger les genres. C'est fichtrement bien écrit. Il n'y a pas beaucoup de dialogues dans ce bouquin mais ils sont toujours très pertinents. Les descriptions comme les scènes d'actions sont bien racontées. Il y a un art de valser d'un personnage à l'autre pour donner du rythme. C'est vraiment bien fait. le scénario n'est pas prévisible. Tout est intéressant : je mets 5 sur 5 car j'ai vraiment adoré. C'est un énorme tome mais qui vaut l'effort de lecture. Même si c'est gros, je n'ai pas vu le temps passer. C'est même agréable que ce soit aussi gros car je n'avais pas envie de terminer ce bouquin. Maintenant je vais voir les autres tomes pour savoir si Cronin est capable de continuer dans la même qualité. En tout cas l'auteur a su planter un univers particulièrement intéressant.
Commenter  J’apprécie          61



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}