Moi et rien

A première vue, on pourrait croire qu'il s'agit d'un livre sur le thème des amis imaginaires. Oui, mais pas que... C'est surtout un livre qui parle du deuil. En effet, la petite Lila a perdu sa maman et se sent bien seule. Son papa n'est plus tout à fait comme avant, il continue à exercer son métier de jardinier mais délaisse complètement le jardin familial...

C'est une histoire très touchante, avec une fin inattendue. Je n'ai pas trop apprécié la manière dont sont illustrés les personnages et le passage de la 1ère personne du singulier à la 3ème en plein milieu de l'album. Par contre, je suis contente d'avoir découvert l'existence du pavot bleu de l'Himalaya et du gorge-bleue. Si vous voulez en savoir plus sur cette fleur et sur cet oiseau, rendez-vous à la fin du livre !

Moi et rien semble plus profond pour un titre d'un album mais ce n'est que l'histoire de la petite Lila, une orpheline de mère, dont le père semble ne plus avoir toute sa tête depuis la mort de sa mère. Alors Liia doit affronter quotidiennement une lourde solitude...si bien que son seul ami est Rien...
Les illustrations reflètent l'atmosphère du deuil de l'histoire...

Moi et Rien de Kitty Crowther est un album sur les thèmes de [la mort], du [temps] et du [deuil].
La nécessité de vivre dans le présent afin de ne pas passer à côté de sa vie. Après le décès de sa mère, Lilas se sent abandonnée par sa mère et subit un second rejet involontaire de la part de son père, elle se console avec un ami imaginaire Rien . En effet, son papa s'est arrêté de vivre depuis le décès de sa femme, il tente de survivre submergé par sa tristesse. Or, il met de côté sa fille puisque leur lien est devenu inexistant et il ne pourra jamais rattraper ce temps perdu. le papa de Lilas est présent physiquement mais absent psychiquement, son esprit est tourné vers le passé et fait abstraction du présent. L'irréversibilité du temps et l'acceptation de la mort sont ici mises en étroite relation. « Philosopher c'est apprendre à mourir » disait Platon dans son texte le Phedon, peut-être qu'apprendre à accepter la mort est une solution pour se détacher du temps qui passe.
Après la lecture de cette oeuvre, on pourra poser les questions suivantes aux enfants :
Faut-il passer son temps à regretter ce que l'on a perdu ?
La peur de la mort peut-elle empêcher de vivre ?
Accepter la mort d'un être cher peut-il t'aider à profiter du temps présent ?
Combien de temps dure le deuil d'une personne ?
Qu'est-ce que le deuil ?
Qu'est-ce que la mort ?
Autant de questions difficiles à aborder sans support, le livre est un formidable medium pour cela, ne vous en privez pas !

Lila est amie avec "Rien", il l'accompagne, mange à sa table et l'occupe pendant que Papa a des soucis et n'est pas là. Maman est partie et depuis Lila se sent bien seule. "Rien" lui trouve de l'occupation mais parfois tout devient difficile sans la présence de Maman. Puis "Rien" disparaît et Lila s'occupe du jardin de sa maman, y fait pousser de jolies fleurs. Son Papa s'en aperçoit et il redevient comme avant, comme quand il y'avait Maman.
Un livre magnifique qui traite des amis imaginaires, de la solitude que peut éprouver un enfant avec des parents occupés et du deuil bien sûr. Très poignant, très triste mais tellement parlant. le texte se mélange très bien aux illustrations toutes simples et efficaces.

Un tout petit livre à mettre dans toutes les mains, enfant comme adulte, enfant avec adulte.
Un petit livre à l'aspect vieillot bien que pas si vieux (il date de 2003).
Un livre au texte quasi aussi minimaliste que le dessin, qui m'a surprise au premier abord, mais auquel on s'habitue.
J'ai tout d'abord cru qu'il parlait de différence, voire d'autisme. Mais non. Il parle de se reconstruire quand on est enfant et que les adultes font défaut.
À mon avis, à lire avec des petits, en leur laissant l'espace de la parole. Parce-que peut-être ils n'y verront pas la même chose que nous, ou s'intéresseront à des détails qui nous échappent.
Merci à RazKiss, dont la critique m'a donné envie d'aller y voir.