Ce roman pourtant a des années lumières des romans qui me vont vibrer un max est pourtant celui que j'ai le plus relu, re-relu, re-re-relu...
Pourquoi, comment ? Mystère
c'est sans doute cela que l'on appelle un coup de coeur ?
Ce roman, c'est la description
de la misère des ouvriers espagnols exploités dans les mines,
d'une petite fille qui quitte sa famille pour aller travailler et va découvrir l'amour auprès d'un paysan, amour impossible car la demoiselle est typée et étrangère mais l'amour triomphe toujours dans les romans
d'une vie de famille dure mais réussie
d'une réussite professionnelle, d'un acharnement pour s'en sortir,
bref ce roman qui pourtant décrit fort bien la misère de l'époque et les conditions de vie difficile est rempli de positivité, d'envie d'aller de l'avant.
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Antonia, née dans un village de la vallée de l'Ebre, en Espagne, où son père, Pablo, journalier, peine à faire vivre sa famille, la mère s'évertuant à nourrir les siens d'une soupe à l'ail, d'une poêlée de migas et de quelques pois chiches, émigre, vers 1890, à Decazeville, Pablo y ayant trouvé un emploi de boiseur dans les puits de mine. Là aussi, elle connaît la pauvreté et doit quitter sa famille pour devenir gardeuse d'oies à la ferme de Ginouilhac. Chichement nourrie d'un quignon de pain, d'un oignon et d'une tranche de lard rance, dormant sur une litière de paille et de feuilles auprès des veaux et travaillant sans répit, elle savoure les moments heureux tels un vrai bain dans l'eau descendant des gorges d'Entraygues ou la dégustation, chaque vendredi de carême, del'"estofinado", poisson apprêté en brandade. Son père s'emploiera ensuite aux chantiers de construction du chemin de fer près de Rodez et elle deviendra servante chez un couple d'instituteurs bienveillants, qui lui permettront de s'instruire. Adulte, elle épousera François, un paysan particulièrement intelligent et entreprenant, qui connaîtra l'ascension sociale dans une activité de négociant en grains.
Un beau roman, à la fois du terroir et historique, relatant la vie quotidienne de l'époque dans le Rouergue, l'évolution des techniques agricoles, la méfiance envers les étrangers, la dureté du travail à la mine et sur les chantiers et les années de la première guerre mondiale.
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Le pont est construit selon le même procédé que la tour Eiffel à Paris. Malgré ses trois cents mètres de hauteur, elle ne s’est pas encore écroulée !… J’espère que l’on me confiera un jour cette ligne. On doit éprouver une étrange sensation en franchissant le Viaur sur une machine à vapeur.
Pour la première fois, après avoir pesé la farine, elle m’offrit un verre d’eau de noix. Dans la cuisine, tout en cherchant les verres à liqueur et la bouteille verte, elle répétait :
— Il va nous revenir !
Dès lors, il me tarda de le revoir. Les jours me parurent longs ! Chaque matin, depuis la fenêtre de la souillarde, je surveillais la route, sans pour autant apercevoir sa silhouette.
Mes filles, qui ne manquent de rien, doivent savoir ce qu'il en coûte de quitter sa terre pour bâtir ailleurs une vie nouvelle...
Dans l’âtre, le feu n’était pas très gaillard, étouffé par un ciel bas et gris que n’agitait aucune brise. Je tentai de le ranimer, soufflai sur les braises pour permettre aux flammes d’attaquer les bûches. Je ne soulevai que des cendres, recrachées par mes poumons qui n’appréciaient guère cette farine noire. Je me démenai tant et si bien qu’à l’heure du repas les légumes baignaient toujours dans l’eau sans avoir mijoté. La honte me gagna.
Mon père préférait l’emploi de terrassier à celui de mineur dont il conservait de mauvais souvenirs. Par chance, il retrouvait dans son équipe les deux Espagnols partis de Decazeville en même temps que nous. Un Catalan de Porta les avait rejoints. Ces hommes formaient un cercle uni et solidaire : ils parlaient la même langue et partageaient les mêmes dangers.
Daniel Crozes. A Naucelles, on raconte.