Roman en trois parties. Recherche ou attente de la narratrice dans des histoires amoureuses. Avec une conclusion logique, elle reste sur le carreau, seule. Il faut certes êtres dans le moment présent mais aussi prendre ses responsabilités et non tout attendre de l'autre.
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Depuis le retour de New York, elle a cessé d'éprouver l'angoisse du temps. Elle n'oublie pas l'avenir, le retour en France, la vie réelle ; au contraire, elle doit ruser pour ne pas y penser. Effort gagnant : elle n'a plus peur. La projection dans le futur ? Inutile, absurde, quand il y a tant de chose avoir dans le présent, des villes, des ciels, des mers, des tours, des rivières, des couleurs.
Il suffit de vivre chaque instant présent en se laissant conduire vers l'instant suivant. L'absence de mémoire et d'anticipation évacue la peur. ....
Attendre. Pourquoi attendre ? Si la patience est la plus vieille stratégie du monde pour retenir un amant, ne devrait-elle pas, au contraire, tout mettre en œuvre pour ne pas le désirer davantage, pour ne pas le rendre inaccessible, pour ne pas l’imaginer comme un impossible ?
Le baiser sur le quai de la gare, un baiser d’amants d’un jour, qui ne sont pas même amants, qui ne se reverront pas, et les derniers mots qu’il lui a adressés :
« Je suis heureux ».
Au réveil, la surprise de se retrouver contre un corps étranger. Il lui est arrivé de coucher avec des hommes ces dernières années, jamais de dormir avec eux. Cette fois-ci, elle a dormi, pas couché. Adultère de nouvelle formule, qui s’est déroulé aussi parfaitement que s’il avait été programmé sur ordinateur. Elle n’avait pas besoin de jouissance physique, mais de cette moisson d’images et de mots inattendus dont le foisonnement suffit à remplir le vide des dernières semaines et à effacer le souvenir de sa peur devant la couleur uniformément grise des mois à venir.
Elle a toujours eu pour principe de ne pas téléphoner la première à un homme. Principe, ou peur superstitieuse ? Mais elle n’a pas le choix : elle ne lui a pas donné son numéro de téléphone.
Elle appelle. Quand le répondeur automatique se déclenche, elle pousse un soupir de soulagement. Elle n’aurait pas su quoi lui dire de vive voix. Elle entend pour la première fois la phrase qui lui deviendra si familière : « Veuillez laisser un message après le bip sonore. » Elle n’est pas sûre de reconnaître sa voix.
Malgré son incertitude, elle laisse son premier message.
Ce qui se dit habituellement dans les soirées américaines : qui êtes-vous, combien gagnez-vous, où habitez-vous, où vivent vos parents, quand êtes-vous arrivé ici ? Comment ! Quel parcours ! De si loin ! Vous avez traversé tous ces pays ! Vous avez vécu sur tous ces continents ! Vous avez émigré si jeune ! Fascinant ! Mais alors, quelle est votre nationalité ? Votre identité ?
I don’t know. Ich weiss nicht. No lo so. Je ne sais pas.
Et vous parlez quatre langues ! Fantastique !
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic
Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ?
Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire –
Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche
Son par Adrien Vicherat
Direction technique par Guillaume Parra
Captation par Claire Jarlan
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