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EAN : 9782070534258
176 pages
Gallimard (24/09/1997)
4.25/5   16 notes
Résumé :
Né en 1593, glorieux en son temps, peintre de Louis XIII, «peintre fameux», Georges de La Tour sombra dans l'oubli dès après sa mort, en 1652. Pour trois siècles. Trois siècles où son œuvre fut anéanti, son nom totalement ignoré. Il fallut attendre 1915 pour que des historiens d'art, parmi les plus célèbres de ce siècle, décident de rendre ses œuvres au peintre... Alors fut prononcé le nom de La Tour, maître lorrain qui «excelloit dans les Peintures des nuits», puis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
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Un moment inoubliable !
Je vous offre une confidence : une seule fois dans ma vie d'amateur d'art, je fus obligé de voir deux fois de suite la même exposition : celle consacrée au peintre Georges de la Tour qui se tint au Grand Palais à Paris en 1998. La quasi totalité de l'oeuvre connue de l'artiste était présente. Je vais vous conter la raison de ma seconde visite de l'expo.

Je ressors le catalogue « Georges de la Tour » écrit par Jean Pierre Cuzin et Pierre Rosenberg, l'un des plus beaux et complets sur le maître de Lunéville.

Redécouvert au début du 20e siècle, Georges de la Tour reste l'un des plus énigmatique de tous les grands peintres français. Il avait d'ailleurs une réputation établie à son époque puisqu'il se rendit à Paris à plusieurs reprises et Louis XIII lui acheta son tableau en largeur du « Saint Sébastien soigné par Irène ». D'autres grands mécènes possédaient ses oeuvres : Richelieu, Séguier ou Louvois.
Par ses « clairs-obscurs », La Tour est souvent rattaché au caravagisme. Il n'avait que 17 ans quand le Caravage mourut en 1610. Il connut obligatoirement les toiles du peintre italien qui circulaient à Nancy et en Lorraine et fut influencé par lui. Mais les clairs-obscurs du maître de Lunéville ne sont pas ceux du Caravage, plus durs, violents dans les contrastes de lumière.
Aujourd'hui, la place de Georges de la Tour est devenue celle de l'un des grands artistes de son temps, proche des Vermeer, Hals, Vélasquez, Caravage et Rembrandt. Tout au long de sa carrière, il a peint des tableaux « diurnes » et « nocturnes » dont la datation a souvent donné lieu à controverse. Les « nocturnes » ou « nuits » semblent être apparus dans les dix dernières années de vie du peintre, après la guerre qui ravagea la Lorraine et Lunéville où il résidait.

J'en viens à ma seconde visite de l'exposition. Un tableau exceptionnel était présent dans cette expo. Il interrogea beaucoup les historiens d'art. Et moi encore plus…

Pour mieux comprendre cette histoire, je dois vous parler en premier du « Saint Jean-Baptiste dans le désert », oeuvre récemment découverte en 1993 par Pierre Rosenberg et achetée pour le département de la Moselle afin de constituer le noyau d'un musée Georges de la Tour à Vic-sur-Seille où est né l'artiste.
Curieux tableau très peu coloré, sans les tons rougeâtres des toiles habituelles du maître. Un adolescent presque nu est assis dans la pénombre, donnant à manger à un agneau. Un peu de lumière tombe sur son épaule. Par sa qualité lumineuse, les historiens s'accordent à penser que La Tour « rencontra » réellement le Caravage dans ce tableau sans chandelle, simple effet de clair-obscur. Jean Pierre Cuzin parle « d'une qualité de silence bouleversante, d'une émotion toute intérieure, sur qui va retomber la nuit. » Après maintes hésitations, les spécialistes ont conclu définitivement qu'il s'agissait d'un tableau des derniers temps de l'artiste vers 1649 –1651. Il mourra l'année suivante. Ce chef-d'oeuvre clôturerait ainsi le corpus du maître.

Cette toile présente des similitudes avec le « Saint Sébastien soigné par Irène », dit aussi « Saint Sébastien en hauteur », ce tableau exceptionnel qui fut la cause de ma seconde visite de l'exposition.
Je vous conte l'histoire de ce chef-d'oeuvre qui est installé au Louvre. Une seule version de cette toile était connue, celle de la Gemäldegalerie de Berlin, que l'on considérait comme un original jusqu'à la découverte d'une seconde version en 1945 dans une petite église de Bois-Anzeray, dans l'Eure.
Depuis, les experts ont démontré clairement que le tableau parisien, en mauvais état, est bien un original du maître. Plusieurs restaurations ont permis de retrouver d'importants repentirs dans le voile rose de la femme tenant la torche, dans son décolleté, dans le turban de la pleureuse et les bras du saint. Un détail important l'emporte sur la toile de Berlin : du bleu de lapis-lazuli recouvre le voile de la femme au centre de la toile derrière la pleureuse, en arrière-plan. Dans le tableau de Berlin ce même voile, peint avec un autre pigment, a noirci.

Il fallait une confrontation ! Elle avait déjà eu lieu lors de l'exposition à l'Orangerie en 1972, celle de 1998 n'a fait que confirmer la première. Dans le tableau du Louvre, la finesse de l'exécution, la beauté de l'ensemble se fondant dans une harmonie en rose saumon, ainsi que ce bleu dans le voile contrastant avec les autres tonalités ont fini par emporter les spécialistes dans un accord unanime. La supériorité du tableau parisien du Louvre était évidente à l'oeil. Il semblerait que la toile de Berlin serait une très belle copie faite par Etienne, le fils de la Tour, et complétée par le maître, d'après l'oeuvre originale.
Ces deux toiles, avec le « Saint-Jean Baptiste dans le désert » récemment découvert, pourraient dater, par leur style proche laissant ressentir la même émotion, de la même époque, vers 1649.

VOILÀ POURQUOI j'ai voulu revoir les deux toiles du « Saint Sébastien en hauteur » qui étaient exposées côte à côte au Grand Palais. J'ai passé un long moment pour tenter de me faire ma propre opinion. L'émotion, comme de celle mes voisins dans l'exposition, ne me laissait aucun doute. La toile du Louvre apparaissait, de par ses transparences, la douceur de l'exécution, la fluidité des couleurs, comme une oeuvre de la maturité du peintre, l'une des dernières d'un artiste au sommet de sa carrière.

À vous de juger ! Les magnifiques tableaux peuvent être vus dans mon blog.

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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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L'énigme Georges de la Tour, ou comment un peintre du roi (Louis XIII) , a-t-il pu passer à la trappe de l'histoire de la peinture ?
La grande exposition de 1997 au Grand Palais, fut baptisée Trois Siècles d'Oubli, et pourtant certains de ces tableaux étaient connus comme le celui du Nouveau-Né.


D'autres furent même largement copiés comme celui représentant Saint-Sébastien, que Gaëlle Josse a repris dans son roman "l'Ombre de nos Nuits".

Aujourd'hui Georges de la Tour est très largement commenté, étudié et son travail ressemble étrangement à celui du Caravage ou de Rembrandt.
Des expositions ont d'ailleurs rassemblé les peintres du clair-obscur, de la pénombre, amoureux de ces lumières apportées par des chandelles : le Caravage, Rembrandt, Zurbaran et Georges de la Tour.

Ce qui me fascine le plus chez Georges de la Tour ce sont les mains éclairées, dans l'ombre, ou transparentes, comme si le peintre cherchait à voir à travers le tissu des doigts, la clarté de lumière.
Dans le modelé des mains, et le rendu de la lumière, on perçoit une finesse et une délicatesse extrême des gestes, c'est notamment le tableau de Joseph le Charpentier.

Et que dire du tricheur où l'on voit la main se dissimuler, l'as de carreaux ou l'as de trèfle, le visiteur est totalement bluffé. Ce sont des tableaux qui ne sont réapparus qu'en 1926 et 1932.

Enfin à la manière de Rembrandt ou de Zurbaran, Georges de la Tour a peint de magnifiques portraits de saints, et notamment la série des Apôtres d'Albi mais aussi de simples passants, les Veilleurs ou le Vieillard.

Plus étonnant est de constater que beaucoup de ces tableaux ne sont que des copies et que les conservateurs Jean-Pierre Cuzon, Pierre Rosenberg ou Micheline Bourgoin sont toujours à la recherche des originaux


Un grand moment d'émotion, de redécouverte de ces tableaux de Georges de la Tour restés si longtemps dans l'ombre, ( Trois siècles d'oublis, Beaux Arts N° 148 : 1997 / 1998) .



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En compulsant ce petit livre qui explique comment sans le travail des historiens de l'art du XXème siècle Georges de la Tour n'existerait plus vous allez vous régaler d'énigmes, de disputes et surtout de splendides images en couleurs mais trop "riquiqui" hélas!
(Puis faites comme moi filez voir "Le nouveau-né" au musée des beaux-arts de Rennes, que du bonheur...)
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Absolument passionnant! Il s'agit jusqu'à maintenant du découverte Gallimard que j'ai le plus apprécié! L'histoire de la redécouverte de cette artiste et absolument extraordinaire. j'applaudi le travail scientifique des chercheurs en histoire de l'art qui ont travaillé à son identification et au catalogue raisonné de ses oeuvres. certaines sont encore manquantes. cela fait rêver.


Le livre se lit très bien presque comme un roman policier. il est extrêmement bien documenté et bien illustré. les auteurs ont fait un superbe travail que je ne peux qu'applaudir à deux mains.



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rédigé par un grand connaisseur de l'oeuvre de la Tour, conservateur du département ds peintures au musée du Louvre, poste auquel il succéda à Pierre Rosenberg, quand ce dernier devint le président directeur du Louvre
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critiques presse (2)
Telerama
20 janvier 2022
Au fil des toiles qui réapparaissent, son art défie ce qu’on s’imaginait. Naturaliste à ses débuts, précieux dans l’utilisation de ses sublimes clair-obscurs [...] comme de ses coloris, proche de l’effusion mystique, il termine dans la pure peinture, refusant l’expressivité excessive, à distance du monde avec des portraits énigmatiques. Furieusement moderne.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaCroix
09 janvier 2022
Dans cette monographie, Jean-Pierre Cuzin revisite avec une sensibilité vivifiante toutes les œuvres connues du peintre lorrain et lui attribue un nouveau tableau.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
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« Saint Jean-Baptiste dans le désert » - Georges de La Tour

Le silence est total, totale la solitude de ce grand garçon sauvage à l’épaule creuse. L’élan qui l’incline vers la Croix et l’agneau s’est comme figé depuis longtemps, et il est retourné à une méditation étrangère au rythme des vies ordinaires. Il n’agit pas. Il songe. Les yeux à demi clos, il voit l’invisible : la venue d’un autre Agneau, le sacrifice, le salut.

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La tour est il un peintre caravagesque? Caravage n'eut pas d'élève direct mais déclencha un mouvement qui révolutionna la peinture européenne. Les français venus à Rome comme Valentin ont été marqués par les scènes réalistes à mi-corps -directement inspirées de Caravage - de Manfredi. la Tour reprend ce gout des compositions à mi corps et celui de la description naturaliste des figures populaires mais introduit avec vivacité des couleurs, une netteté des formes qui éloignent du caravagisme stricto sensu, plus attaché au clair obscur et au drame.



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Quel commentateur de La Tour n'a pas un jour attiré l'attention de son auditoire se les étranges regards que se jettent et s'échangent ses personnages ? Inattendues et passionnantes sont à cet égard les remarques formulées depuis une vingtaine d'années par quelques éminents ophtalmologistes qui étudient " cliniquement les merveilles du réalisme latournien.
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Pourquoi et comment La Tour, glorieux de son temps, fut il oublié? les explications sont nombreuses et ont pu s'additionner: le caravagisme, et en particulier les "nocturnes" hors mode et méprisés après 1650, les quasi absence de gravures pouvant diffuser l'image de ses œuvres, le désir d'ascension sociale d'Etienne de La Tour qui a pu vouloir faire oublier le métier de son père, et bien sur les multiples destructions des aux guerres qui ont ravagé la Lorraine du temps jusqu'au XXème siècle.
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Depuis 1915 une poignée d'historiens d'art assemble pratiquement les pièces du puzzle La Tour. Des documents apparaissent - pièces d'archives, peintures- et le profil général du peintre tend à se préciser, mais des contradictions demeurent, inextricables: c'est que chacun défend l'image qu'il se fait de La Tour, espagnol ou romain, calligraphe ou sculpteur, classique ou extravagant caravagesque ou maniériste, plasticien ou mystique
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