Un merveilleux malheur

Les blessés de l'âme ne veulent ni haïr, ni se soumettre : ils veulent s'en sortir.

Moins on a de connaissances, plus on a de convictions.

La poésie est désuète pour ceux qui sont gavés, mais quand le réel est insupportable, elle prend la valeur d'une arme de survie.

c'est la peur du retour de la meurtrissure qui nous engage à travailler pour qu'elle ne revienne jamais. La souffrance du manque, la douleur de la perte nous contraignent au symbole. L'art fait revivre les morts, comme la philosophie panse les blessures.

Après chaque agression sexuelle, cette femme se réfugiait chez les bouquinistes de la Seine. Aujourd'hui, devenue professeure de Français, sa trajectoire nous fait comprendre à quel point la littérature a été une aide dans son désastre : " J'ai l'habitude de mourir. C'est la vie ... "

Nous passons notre vie à nous tricoter.

Quand on essaie d'évaluer, dans une population, les échelles de stress au cours des épreuves de la vie, on obtient un classement où la mort du conjoint vaut cent doses de stress, le maximum. Le divorce, même souhaité, vaut à peu près autant de doses que l'emprisonnement ou...le mariage. La retraite est bien placée également dans les échelles de stress. Elle est plus agressive que les dettes ou les pertes d'emploi. Tout en bas de l'échelle, on évalue tout de même à dix points l'agression provoquée par les vacances, les fêtes de Noël et les contraventions. Mais l'échelle ne dit pas que le pire stress, c'est l'absence de stress, car le manque de vie avant la mort provoque un sentiment désespérant de vide avant le vide.

"Alors, aux abords de l'humour, je l'ai éprouvé, il y a de la mort, du mensonge, de l'humilité, de la solitude, une tendresse insupportable et tendue, un refus des apparences, la préservation d'un secret, le fait d'une distance infinie, un cri en contrecoup de l'injustice."

Un malheur n'est jamais merveilleux. C'est une fange glacée, une boue noire, une escarre de douleur qui nous oblige à faire un choix : nous y soumettre ou le surmonter.

Il nous suffit d'être, pour être supérieurs