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Critique de Sardanapale


Le peuple pachtoune vît dans les montagnes qui séparent l'Afghanistan du Pakistan. Contrebandiers et moudjahidines de générations en générations, les tribus qui le composent ne connaissent pas la frontière artificielle de la ligne Durand, décision arbitraire des Britanniques à la fin du XIX° siècle. Sher Ali est un des leurs. Héro de la guerre contre les soviétiques , il est devenu le chef de sa tribu sous le nom de Sher Khan : le Roi Lion. Simple contrebandier, il ne collabore pas spécialement avec les talibans. Il souhaite rester en retrait de la nouvelle guerre, celle contre les Américains, mettre ses enfants à l'abris, loin de ce pays de malheur et de poussière ; l'argent amassé par les trafics le lui permet. Une attaque de drone met fin à ses espoirs. Au mauvais endroit au mauvais moment. L'ogive, pilotées à des milliers de kilomètres de là, dans de confortables bureaux aux Etats-Unis, anéantit ses rêves. Ainsi, débute pour Sher Khan un nouveau djihad ...

Parallèlement, Fox, Tiny, Voodoo, Ghost, Viper et Wild Bill, un groupe de mercenaires de la CIA, traquent les talebs sur le terrain. Les Américains ont désormais recours à des sociétés militaires privées pour mener les opérations les plus sensibles. Société occulte, filiale de filiale, 6N est l'une d'entre elles. Encore plus féroces que les Forces Spéciales, dont beaucoup de membres sont issus, ces shootés à l'adrénaline ont chacun leurs motifs personnels de participer à cette guerre, même si ceux-ci sont résumés à un détour de phrase par Voodoo : "le pouvoir, le pognon, les putes" ... Pour arrondir les fins de mois, certains d'entre eux se livrent à de juteuses transactions. Dans ces zones déstabilisées, les polices afghane et pakistanaise, ainsi que les populations locales jouant souvent double, voire triple jeu, il est assez facile de berner la vigilance de quelques douaniers. "Enveloppe, sac plastique ou mallette. Roupi, dollars ou afghanis"... Mais tous les trafics finissent un jour ou l'autre par attirer l'attention, surtout lorsque tant d'intérêts antagonistes sont en jeu. Rencardé par un gradé de l'armée régulière, Peter Dang, un journaliste style grand reporter, commence à fouiner autour de 6N. Et s'il découvrait un vaste trafic d'héroïne, organisé par des paramilitaires avec l'aide de la police afghane ?

Avec ce roman magistral, DOA reprend la trame qui a fait le succès de Citoyens clandestins (2007) premier opus du "cycle clandestin". de très nombreux personnages, disséminés sur quatre continents, avec des liens plus où moins étroits entre eux. La narration passe de l'un à l'autre, parfois par surprise, au gré d'un paragraphe, mettant fortement en avant le contraste entre la rudesse de la vie guerrière, au pays des montagnes, et le confort des élites françaises ou américaines. Les dialogues sont percutants, remplis d'apartés et de non-dit qui leur donnent une immense dimension psychologique. Les 750 pages de Pukhtu se laissent dévorer tant la tension est puissante ... En attendant les 750 suivantes, celles de Pukthu Secondo ...
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