AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Adenolia


Cet ouvrage s'inscrit parfaitement dans la définition du roman noir. Il y a de la violence, beaucoup, un regard sans indulgence sur les sociétés et les individus qui se côtoient, un fort ancrage dans les guerres et les réseaux de trafic de drogue, des femmes peu respectées, et en toile de fond l'histoire de l'Afghanistan depuis l'invasion par les anglais jusqu'à la politique interventionniste menée par les Etats-Unis et ses alliés. Et puis de l'humour, ironique.

Le roman s'ouvre sur une scène d'attentat dans un grand hôtel à Kaboul en janvier 2008. Et tout s'enchaine, la violence appelle la violence, pour venger son honneur, pour se débarrasser de tous ceux qui empêchent les uns ou les autres de se livrer à leurs trafics respectifs ou d'exercer leurs pouvoirs de chefs en tous genres.

Le récit des ‘sorties' des uns et des embuscades des autres se succèdent à une cadence effrénée, entrecoupé d'articles de presse et de rapports statistiques succincts, à la fois repère chronologique et regard ironique sur le décalage entre la réalité sur le terrain et les faits tels que relatés par la presse et les communiqués officiels.

Lire certaines scènes d'action et descriptions de personnages est comme se plonger dans un jeu vidéo, tellement ça bouge et ça explose de tous les côtés, tellement on y côtoie des héros surhommes et des créatures féminines pur produit du fantasme masculin.

Là où ce roman se distingue des autres romans noirs – et peut-être que je me trompe car je n'en ai pas lu beaucoup – est dans la part donnée aux pensées intimes des personnages comme Fox le paramilitaire ou Sher Ali le combattant pachtoune, moments de doute et de réflexion, lorsque Sher Ali se remémore ce matal populaire souvent prononcé par son père le passé ne revient pas, lorsqu'il a le coeur tourmenté par ses assassinats des femmes et des enfants de la famille de Haji Moussa Khan, ou lorsqu'il doute des bienfaits de leurs actions et des martyrs au nom d'Allah.

L'histoire en Afghanistan se répète, la relève est là : Sher Ali s'est illustré très jeune en tuant un officier russe qui « fut incapable de tuer ce gamin surgi de nulle part et brandissant une kalachnikov trop grande pour lui.» et lors de la dernière embuscade du livre, « Sher Ali se tient près de l'Américain aux long cheveux. Il l'a vu s'immobiliser et refuser de s'en prendre à son jeune guerrier. », ce gamin à la fleur dont le lecteur fait la connaissance lorsqu'il fait un croche-patte à une fillette pour lui sectionner - encore maladroit - la tête, qu'il jettera au loin d'un geste désinvolte.

De part et d'autre il y a des gens pris au piège des traditions, de l'argent, des meurtres perpétrés qui s'invitent dans leurs cauchemars, qui doutent et souffrent ; sauf peut-être ceux qui ont pris goût au pouvoir, qu'ils soient Talibans CIA, ou margoulins c'est à dire Border Police, entrepreneur, hommes d'affaire ou fondateur de PEMEO - ou tout à la fois, ou kosovars.

Le roman se termine sur une embuscade et une coupure de presse datée du 11 septembre 2008, relatant la visite des candidats aux élections présidentielles américaines à Ground Zero, sur les lieux de l'attentat du World Trade Center.

Un roman bien documenté, très crédible, même s'il est assez curieux qu'un guerrier aussi aguerri que Sher Ali emmène ses enfants à un rendez-vous avec un responsable d'Al-Qaïda; mais c'est peut-être aussi la faute, sa faute, qui le pousse dans cette vengeance destructrice sans retour pour ne pas l'admettre.
Mon bémol serait pour l'arrivée sans transition d'histoires qui semblent ne pas avoir de lien évident, comme celle de Kayla et Roni au Mozambique, même si le lecteur se doute qu'ils joueront un rôle dans le prochain volume.

DOA, auteur anonyme, on se demande en effet pourquoi, c'est un roman noir pas un essai, mais pourquoi pas, nous utilisons bien des pseudonymes pour nos petites critiques sur Babelio.
DOA, auteur au style succinct, minutieux, efficace, on en redemande.
Commenter  J’apprécie          150



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}