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La passe-miroir tome 1 sur 4
EAN : 9782070653768
528 pages
Gallimard Jeunesse (06/06/2013)
4.37/5   11633 notes
Résumé :
Sous ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers: elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons, la jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. A quelle fin a-t-elle été choisie? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d'un complot mortel.
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4,37

sur 11633 notes
Pauvre Ophélie ! Si réservée, si peu sociable, et tellement maladroite… Dissimulée derrière de grandes lunettes rondes et une vieille écharpe revêche, le corps enveloppé par des fringues ternes et démodés, elle a tout l'air d'un sac à patates binoclard. Et toujours à ruminer, toujours à renifler, à avoir le bout du nez rouge, parce qu'elle a attrapé froid… Elle n'a rien de cette légèreté, de cette grâce féminine qui font bondir les coeurs des hommes. D'ailleurs, les hommes, Ophélie s'en fout complètement… Elle est tellement heureuse dans ce musée ombreux où elle exerce le métier de liseuse. D'une simple imposition des doigts sur un objet, elle peut vivre son passé, entrevoir ceux qui l'ont possédé. Des vieux objets, pour la plupart, datant de l'ancienne Terre, avant qu'elle ne s'éparpille en mille morceaux. Accessoirement, elle se déplace en passant à travers les miroirs, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas plus bizarre et incompréhensible que de voir par écran interposé, et de lui parler, un ami situé à des milliers de kilomètres de vous…
Ophélie vit dans un monde cohérent dans son étrangeté. Un monde composé de grandes familles, chacune dotées de dons puissants, uniques, et régentées par un Esprit de famille. Ophélie appartient à celle d'Artémis. Si on se côtoie entre membres de différentes familles, on évite de se mélanger…
Mais pas cette fois, où les doyennes de la famille d'Artémis décident de fiancer de force Ophélie à Thorn, membre éminent de celle du pôle. A quelles fins la vendent-elles comme une vulgaire marchandise ? Une fois jetée dans la fosse aux lions, c'est ce que devra découvrir la fragile Ophélie, pleine de regrets et d'amertumes quand elle doit quitter tout ce qu'elle aime.
Le Pôle est un monde terrifiant où tout n'est qu'illusions, mensonges et leurres. Un nid de décadents où rien n'a de sens. On se croirait à la cour du Régent ou de Louis XV où les sans-pouvoirs triment pour servir ces puissants, emperruqués, poudrés, extravagants, pétris de bonnes manières, mais qui derrière les apparences se comportent comme de véritables canailles sans foi ni loi… Pour éviter les faux-pas qui peuvent être fatals dans ce monde plein de duperies, Ophélie peut compter sur deux alliés, ou deux ennemis, allez savoir ? Son fiancé, Thorn, l'incarnation même de l'austérité, et la théâtrale Berenilde, belle comme Vénus, capricieuse, narcissique, et calculatrice…
Ce sont les yeux écarquillés que j'ai suivi les tribulations de notre héroïne si frêle, si gauche, dans cet univers chimérique et truqué. A plusieurs reprises, je me suis demandé, souvent inquiet, parfois amusé, comment elle allait se sortir des guêpiers dans lesquelles son innocence l'avait fourrée. J'ai aimé la description de ce monde baroque et gothique, de ces personnages à plusieurs faces, fragiles et sauvages, tendres et impitoyables, perdus et cyniques.
Le début d'une saga que j'espère flamboyante….
Un beau roman jeunesse qui la pousse, cette jeunesse, jusqu'à 77 ans et plus…
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Cette année, j'ai la chance d'être chroniqueuse pour Gallimard jeunesse - on lit plus fort et je dois dire que je suis ravie de faire partie de cette belle aventure. Je remercie donc infiniment la maison d'édition pour ce premier livre : La Passe-miroir, tome 1 : Les fiancés de l'hiver de Christelle Dabos.

Et je dois dire que cette aventure de chroniqueuse commence très fort pour moi car j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce premier ouvrage.
Déjà rien que cette couverture fait rêver! Cette "cité" suspendu dans les airs attire le regard et attise la curiosité.

D'emblée, je me suis prise d'affection pour Ophélie, cette jeune fille naïve et maladroite, passionnée par son métier dans son musée et au pouvoir magique qu'elle possède. En effet, Ophélie peut voyager a travers les miroirs mais aussi et surtout lire l'histoire d'un objet en le touchant de ses mains. Elle vit sur une "arche" ou toute sa famille semble heureuse. Je ne saurais dire vraiment a quelle époque on se situe mais les gens se déplacent en fiacre, les femmes portent d'énormes robes et surtout sont contraintes d'épouser un homme choisi par leur famille. J'ai donc tendance a croire que l'on est dans le passé mais je n'en suis pas sur car il y a aucun indice de temps c'est donc au lecteur de se faire une idée.

En tout cas, j'ai aimé découvrir le petit monde d'Ophélie qui va vite être chamboulé. Elle va vite faire la connaissance de celui qu'on destine à être son époux et le moins qu'on puisse dire c'est qu'au premier abord, il est pas commode. Thorn vient du "pôle", lieu lointain, territoire hostile et froid. Je dis bien au premier abord car tout au long du roman, mon sentiment pour lui a beaucoup changé. Est-il juste un être bourru qui a souffert d'un manque d'amour ou est-il cet homme calculateur et méchant comme le prétendent tous les ennemis de sa famille? Honnêtement en refermant ce premier tome je n'ai toujours pas la réponse et j'espère en apprendre un peu plus sur lui dans les prochains tomes. Mais je dois avouer tout de même que je suis légèrement sous son charme.

Ophélie se retrouve donc a devoir suivre son futur époux au "pôle" et là, je salue l'imagination de l'auteure pour toutes ses merveilleuses descriptions. le "pôle" est un endroit ou sincèrement je n'aimerais pas mettre les pieds ou plutôt devrais-je dire mes après-ski car il y fait une température d'environ -25 degrés. Ensuite toute la société est très hiérarchisé car il s'agit d'une cour ou au sommet trône Farouk. Tous les coups sont donc permis pour s'attirer ses faveurs. Ophélie va l'apprendre a ses dépends : complots, trahisons, meurtres, mensonges sont au rendez-vous et le lecteur est tenu en haleine jusqu'à la dernière page. Je préviens donc tous les futurs lecteurs, en ouvrant ce livre il y a un gros risque d'addiction!

Ma lecture étant fini, je prend un peu de recul et je m'aperçois de l'énorme travail de l'auteure. Son écriture est vraiment très agréable a lire, ses personnages sont très travaillés et surtout la minutie de chaque détail des lieux : le pôle est ses paysages qui ne sont qu'illusions. Je suis vraiment impressionnée.

Vous l'aurez compris, il s'agit d'un univers fantastique mais rien a voir avec la vague Bit-lit a la mode, non ici, j'ai trouvé une grosse ressemblance avec l'univers d'Alice au pays des merveilles (je ne sais pas si je suis la seule) : Farouk a la tête (comme la reine de coeur) et tous ces gendarmes (les petits gardes en forme de carte), Thorn qui est toujours pressé et qui consulte sa montre a gousset sans arrêt et surtout les décors un peu fous et plein de magie.

Pour finir, je trouve que les deux tourtereaux forment un très beau couple même si entre eux se n'est pas toujours facile.... Thorn est très froid mais a un coté très protecteur que j'aime beaucoup. Ophélie elle est assez dur avec lui et j'espère que comme moi elle va vite tomber sous son charme. En tout cas, ça promet de belles pages a venir avec les prochains tomes et je serai sans aucun doute parmi les premiers lecteurs.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Voici un roman fantasy bourré de fantaisie !

Ce roman de littérature jeunesse fantastique peut s'enorgueillir de ne ressembler à aucun autre !
(de tous ceux que j'ai lus, bien évidemment et en la matière, je l'avoue, je ne suis pas une experte!)
On est loin des univers peuplés de guerriers en armure, de dragons ou de créatures monstrueuses, loin des décors moyenâgeux, loin des héroïnes au super-pouvoir, loin des guerres de clans...Et si l'on peut retrouver de tout cela par moments, c'est tellement plus subtile que cela passe inaperçu !

L'art de la subtilité...Je crois que tout tient en ces deux mots.
Christelle Dabos, nouvelle auteure, est une magicienne.
Elle dessine devant nous un monde complètement imaginaire, issu de ses propres rêves, de ses propres chimères, de ses idées vagabondes et le moins que l'on puisse dire, c'est que le lecteur en prend plein les mirettes !
On s'étonne à chaque page de cette imagination débordante où tout semble couler de source...comme dans un rêve.

Mais n'allez pas croire que ce roman ressemble au monde des bisounours. Loin de là !
Bon, d'accord, l'héroïne n'a rien d'une méchante guerrière...On se demande même parfois ce qui a poussé l'auteure à la choisir pour héroïne ! Insignifiante, même pas jolie, maladroite, timide...Bref ! Cette pauvre Ophélie n'a rien pour elle !
M'enfin, si... Elle a un don. Même deux. Elle est liseuse et passe-miroir. Je ne vous en dis pas plus.
Mais sachez que ce don l'entraînera, bien malgré elle, dans des aventures périlleuses.
Bon alors et les méchants ? Ils sont où ? D'ailleurs sont-ils vraiment si féroces ? Et c'est là, toute la force de ce roman pour la jeunesse. Tout au long du premier tome, le lecteur, à l'instar d'Ophélie, ne sait à qui donner sa confiance. Un véritable tour de passe-passe. Des êtres d'une apparence aimable et chaleureuse se révéleront fourbes et cruels, ceux qui semblaient froids et calculateurs trouveront finalement peut-être grâce aux yeux du lecteur...mais rien n'est tout à fait sûr. Autant vous dire qu'Ophélie a bien de l'inquiétude à se faire parmi tous ces gens même pas fiables !

Et c'est tout cela qui m'a tenu en haleine et qui m'a fait dévorer ce roman : ce monde imaginaire incroyablement étonnant, cette héroïne dont on ne donnerait pas cher de sa peau mais qui reste déterminée, tenace et courageuse, mais aussi ces personnages aux multiples visages bien mystérieux qui m'ont fait tourner des pages et des pages dans l'espoir de percer leurs secrets !

Je savais bien que ce roman me plairait au vu des précédentes critiques lues mais cela va même au-delà de mes espérances. Me voilà comblée !
Comblée ? Euh...non pas tout à fait ! Cela supposerait un état de satiété. Ce qui est loin d'être le cas.
Pour preuve : j'ai déjà entamé le second tome !
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Il y a des livres comme ça qui sont tellement EXTRA que vous repoussez pendant des semaines le moment où vous rédigerez une critique. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous avez peur de ne pas savoir faire honneur à l'ouvrage. Et pourtant, pendant tout ce temps, l'histoire continue de vous hanter.
C'est le cas de la passe-miroir.
Vous lirez peut-être sur certaines critiques que cette nouvelle saga est à la hauteur de Harry Potter (bien que ça n'ait rien à voir), et oui, ça en a la carrure.
C'est un roman jeunesse aussi complet, riche, original, intéressant, mature, distingué, complexe, magique et époustouflant que les aventures de notre ami lunettes-plus-cicatrice. (Et avec même un démarrage plus dynamique.)
Dès les premières pages, vous allez être stupéfait par la qualité de l'écriture. Dès les premières lignes, vous allez être happé par l'histoire.
Je n'insisterai pas sur l'originalité et le caractère prenant de ce roman, mais je tiens à souligner un peu plus son aspect mature. Si on est bien dans de la littérature jeunesse, notre héroïne si timide et pourtant avec des tripes en acier est un petit bijou de modèle pour la femme intelligente, moderne, fidèle à elle même, effacée et pourtant terriblement présente. L'histoire, elle, oscille entre monde fantasque aux personnages hautement prononcés et rivalités mondaines aux travers sombres à souhait. Une perle, donc. Les amateurs de Game of Thrones retrouveront même le piquant d'obscures guerres de clans, avec une touche si rafraichissante de répartition de pouvoirs (au sens "magique" du terme).
Bref, c'est le phénomène en devenir rayon fantastique, et vous ne devriez passer à côté à aucun prix !
En parlant prix, rappelons aussi qu'il a obtenu le Prix du premier roman jeunesse, ce qui pourrait sembler être un argument commercial comme c'est souvent le cas, mais non. La passe-miroir est juste génial, c'est tout !
(Notez aussi que Christelle Dabos -que je n'ai pas le plaisir de connaître en personne, malheureusement- est un petit bout de femme absolument sympathique, humble, disponible, discrète et tout bonnement épatante !... Pour moi, l'appréciation d'un ouvrage peut être influencé par la personnalité de l'auteur, c'est pour ça que je le précise.)
Bon, alors que reprocher à La passe-miroir ? Personnellement rien. J'ai cru un moment que la timidité et la passivité première de l'héroïne allait vite me courir sur les nerfs, mais pas du tout. Elle s'adapte en restant qui elle est, et le rendu est juste très bon. J'imagine que certaines filles en fleur et adulateurs des passions amoureuses pourraient être déçus par une histoire qui pourrait s'annoncer comme romancée mais qui est bien loin de l'être ! (Yeah, enfin une héroïne qui sert à autre chose que se rouler en boule dans les bois quand son petit copain pailleté va bouffer du chevreuil dans un autre comté !)... Mais à part ça vraiment... le personnage de la soeur un peu trop caricaturalement féminin peut-être ?... Je cherche, je cherche, mais non, j'attends juste le 2e tome avec impatience !
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Un véritable coup de coeur pour ce premier tome qui se lit quasi d'une traite tellement il est prenant. Mon seul regret est de ne pas l'avoir lu plus tôt.

Ophélie une jeune femme très réservée et qui se cache au fin fond d'un musée se voir obligée d'épousée un homme qu'elle ne connait pas. Elle sera donc obligée de quitter sa famille et son monde pour entrer dans celui de Thorn, un homme froid , distant et étrange.

Les différents monde que crée l'auteure sont formidablement bien décrits et très riches. On se plonge avec délectation dans la vie angoissante que va mener Ophélie. Les malversations sont de mises (et pas un peu !).

Les personnages sont également très travaillés et nous réservent de nombreuses surprises. En effet, ils ne sont pas tout a fait comme on les perçoit au premier abord. Et tour de force de la part de l'auteure, en ce qui me concerne, c'est que même pour un personnage antipathique comme l'est Thorn, on l'apprécie et on se rend vite compte qu'on l'aime beaucoup peut être même plus que l'héroine principale. On ressent très certainement les blessures de cet homme a travers l'écriture et les non dit de l'auteure.

Bref je suis conquise et émerveillée par ce roman jeunesse qui m'a fait voyager
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critiques presse (4)
LeSoir
04 septembre 2014
Avec «La Passe-Miroir», elle est la digne successeuse de J.K. Rowling. De la fantasy nourrie par les cassures de la vie.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Elbakin.net
29 juillet 2014
La plume de Christelle Dabos est à la hauteur de son univers ambitieux et de ses personnages. Elle insuffle au récit un rythme et des couleurs qui font que l’on ne repose que difficilement cet ouvrage de près de cinq cents pages.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Ricochet
05 septembre 2013
Dès les premières lignes de ce roman, le lecteur de 7 à 77 ans se laissera emporter par une fiction empreinte de fantastique, savamment construite sur un univers à l’architecture complexe certes, mais très cohérente, et aux mœurs aussi déroutantes que captivantes. Impossible donc d’arrêter la lecture de cette narration à l’écriture fluide sans être simpliste.
Lire la critique sur le site : Ricochet
HistoiresSansFin
23 juillet 2013
Avec de belles références à l'univers visuel d'Hayao Miyazaki, ce premier tome est une superbe réussite qui laisse présager un bel avenir à l'auteure. Nous sommes très impatients de lire la suite sur laquelle, l'auteure est en train de travailler actuellement. Une très belle aventure à lire sur le sable, mais attention à l'addiction.
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Citations et extraits (530) Voir plus Ajouter une citation
- Je m'appelle Archibald. Me direz-vous enfin votre nom, fiancée de Thorn ?
Ophélie récupéra sa main et effleura des doigts les coquelicots. Quelques pétales rouges se décrochèrent à ce contact. L'illusion était vraiment parfaite, plus réussie encore que le parc de Bérénilde.
- Denise. Et pour votre gouverne, je suis déjà à un homme de ma famille. Je ne suis que de passage ici. Je vous l'ai dit, vous me prenez pour une autre.
Le sourire d'Archibald vacilla. Prise d'une inspiration subite, Ophélie avait improvisé ce joli mensonge. Comme elle ne pouvait plus nier qu'elle était Animiste, autant se faire passer pour une parenté. Le plus important, c'était d'empêcher coûte que coûte cet homme d'établir un lien entre elle et Thorn. Elle avait déjà le sentiment d'avoir commis une bêtise irréparable, aussi ne devait-elle pas aggraver sa situation.
Archibald considéra en silence, sous sa cape en auvent, le visage impassible d'Ophélie comme s'il cherchait à percer ses lunettes noires. Pouvait-il s'entendre les pensées ? Dans le doute, Ophélie se récita en boucle une coltine d'enfance.
- Madame, donc ? dit Archibald d'un air pensif. Et quelle est votre relation avec la fiancée de Thorn ?
- C'est une proche cousine. Je voulais connaître l'endroit où elle va vivre.
Archibald finit par lâcher un profond soupir.
- Je vous avoue que je suis un peu déçu. Il aurait été follement amusant d'avoir la promise de Thorn sous la main.
- Et pourquoi cela ? demandra-t-elle avec un sourcillement.
- Mais pour la déflorer, bien entendu.
Ophélie battit des paupières. C'était la déclaration la plus inattendue qu'on lui avait jamais faite.
- Vous aviez l'intention de forcer ma cousine dans les hautes herbes de ce jardins?
Archibald secoua la tête d'un air exaspéré, presque offensé.
- Me prenez-vous pour une brute épaisse ? Tuer un homme ne me fait ni chaud ni froid, mais jamais je ne lèverai la main sur une femme. Je l'aurai séduite, pardi !
[...]
- Mais si vous êtes là, votre cousine n'est en réalité pas si loin. Accepteriez-vous de me la présentez ?
Ophélie pensa aux ouvriers des entrepôts quelques étages plus bas, à leurs épaules harassées, aux caisses qu'ils embarqueraient et débarqueraient jusqu'à leur mort. En quelques battement de paupières elle éclaircit ses lunettes jusqu'à leur transparence, de façon à pouvoir regarder Archibald droit dans les yeux.
- Vraiment, monsieur, vous n'avez rien d'autres à faire de vos dix doigts ? Il faut que votre existence soit vide !
Archibald parut complètement pris au dépourvu. Lui, qui se montrait si loquace, ouvrit et referma la bouche sans rien trouver à répondre.
- Un jeu, vous avez dit ? reprit Ophélie d'un ton sévère. Parce que déshonorer une jeune fille et frôler l'incident diplomatique, ça vous amuse, monsieur l'ambassadeur ? Vous êtes indigné des responsabilités qui incombent à votre charge.
Archibald fut frappé d'une telle stupeur qu'Ophélie crut que son sourire allait se décrocher de ses lèvres pour de bon. Il écarquillait les yeux sur elle comme s'il l'a voyait différemment.
- Il y avait longtemps qu'une femme ne m'avait pas parlé de façon aussi sincère, déclara-t-il enfin, perplexe. Je ne saurais dire si ça me choque ou si ça me charme.
- De la sincérité, vous n'en manquez pas non plus, murmura Ophélie en fixant un coquelicot solitaire qui poussait entre deux pavés. Ma cousine sera avertie de vos intentions.

Fini l'extrait et pardon pour les fautes !
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− J’ai eu un petit téléphonage avec ta maman, hier au soir, mâchonna-t-il dans ses moustaches. Elle était tellement excitée que je n’ai pas saisi la moitié de sa jacasserie. Mais bon, j’ai compris l’essentiel : tu vas enfin passer à la casserole, on dirait.
Ophélie acquiesça sans mot dire. Le grand-oncle fronça aussitôt ses énormes sourcils.
− N’allonge pas cette tête, s’il te plait. Ta mère t’a trouvé un bonhomme, il n’y rien plus rien à redire.
Il lui tendit sa tasse et se rassit lourdement sur son lit, faisant grincer tous les ressorts du sommier.
− Pose tes fesses. Il faut qu’on cause sérieux, de parrain à filleule.
Ophélie tira une chaise vers le lit. Elle dévisagea son grand-oncle et ses flamboyantes moustaches avec un sentiment d’irréalité. Elle avait l’impression de contempler, à travers lui, une page de sa vie qu’on lui déchirait juste sous le nez.
− Je me doute bien pourquoi tu me louches dessus ainsi, déclara-t-il, sauf que, cette fois, c’est non. Tes épaules tombantes, tes lunettes moroses, tes soupirs de malheureuse comme les pierres, tu les ranges au placard. (Il brandit le pouce et l’index, tout hérissés de poils blancs.) Deux cousins que tu as déjà rejetés ! Ils étaient moches comme des moulins à poivre et grossiers comme des pots de chambre, je te le concède, mais c’est toute la famille que tu as insultée à chaque refus. Et le pire, c’est que je me suis fait ton complice pour saboter ces accordailles. Je te connais comme si je t’avais faite. Tu es plus arrangeante qu’une commode, à jamais sortir un mot plus haut que l’autre, à jamais faire de caprices, mais dès qu’on te parle de mari, tu es pire qu’une enclume ! Et pourtant, c’est de ton âge, que le bonhomme te plaise ou non. Si tu ne te ranges pas, tu finiras au ban de la famille et ça, moi, je ne veux pas.
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 — J’ai tué un homme.
Il avait jeté cela d’un ton nonchalant, comme une banalité, entre deux lampées de soupe. Les lunettes d’Ophélie blêmirent. A côté d’elle, la tante Roseline s’étrangla, au bord de la syncope. Berenilde reposa sa coupe de vin d’un geste calme sur la nappe de dentelle.
— Où ? Quand ?
Ophélie, elle, aurait demandé : « Qui ? Pourquoi ? »
— A l’aérogare, avant que je n’embarque pour Anima, répondit Thorn d’une voix posée. Un disgracié qu’un individu mal intentionné m’a dépêché aux trousses. J’ai quelque peu précipité mon voyage en conséquence.
— Tu as bien fait.
Ophélie se crispa sur sa chaise. Comment donc, c’était tout ?
« Tu es un assassin, parfait, passe-moi le sel… »
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- Baissez toujours les yeux en présence du seigneur Farouk.
- Mais que cela ne t'empêche pas de te tenir droite.
- Ne prenez la parole que si vous y êtes expressément invitée.
- Montre-toi franche comme un sifflet.
- Vous devez mériter la protection qui vous est offerte, Ophélie, faites preuve d'humilité et de gratitude.
- Tu es la représentante des Animistes, ma fille, ne laisse personne te manquer de respect.
Assaillie par les recommandations contradictoires de Berenilde et de la tante Roseline, Ophélie n'écoutait ni vraiment l'une, ni vraiment l'autre. Elle essayait d'amadouer l'écharpe qui, moitié folle de joie, moitié folle de colère, s'enroulait autour de son cou, de ses bras et de sa taille de peur d'être à nouveau séparée de sa maîtresse.
- J'aurais dû brûler cette chose quand vous aviez le dos tourné, soupira Berenilde en agitant son éventail. On ne fait pas son entrée à la cour du Pôle avec une écharpe mal éduquée.
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Résignée ? Pour être résignée, il faut accepter une situation, et pour accepter une situation, il faut comprendre le pourquoi du comment. Ophélie, elle, ne comprenait rien à rien. Quelques heures auparavant, elle ne se savait pas encore fiancée. Elle avait l’impression d’aller au-devant d’un précipice, de ne plus s’appartenir du tout. Quand elle risquait une pensée vers l’avenir, c’était l’inconnu à perte de vue. Abasourdie, incrédule, prise de vertiges, ça oui, elle l’était, comme un patient à qui l’on vient de diagnostiquer une maladie incurable. Mais elle n’était pas résignée.
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Christelle Dabos vous présente son ouvrage "Ici et seulement ici" aux éditions Gallimard jeunesse. Entretien avec Anaïs Hurcet.
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