AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,36

sur 11909 notes
Pauvre Ophélie ! Si réservée, si peu sociable, et tellement maladroite… Dissimulée derrière de grandes lunettes rondes et une vieille écharpe revêche, le corps enveloppé par des fringues ternes et démodés, elle a tout l'air d'un sac à patates binoclard. Et toujours à ruminer, toujours à renifler, à avoir le bout du nez rouge, parce qu'elle a attrapé froid… Elle n'a rien de cette légèreté, de cette grâce féminine qui font bondir les coeurs des hommes. D'ailleurs, les hommes, Ophélie s'en fout complètement… Elle est tellement heureuse dans ce musée ombreux où elle exerce le métier de liseuse. D'une simple imposition des doigts sur un objet, elle peut vivre son passé, entrevoir ceux qui l'ont possédé. Des vieux objets, pour la plupart, datant de l'ancienne Terre, avant qu'elle ne s'éparpille en mille morceaux. Accessoirement, elle se déplace en passant à travers les miroirs, ce qui, vous en conviendrez, n'est pas plus bizarre et incompréhensible que de voir par écran interposé, et de lui parler, un ami situé à des milliers de kilomètres de vous…
Ophélie vit dans un monde cohérent dans son étrangeté. Un monde composé de grandes familles, chacune dotées de dons puissants, uniques, et régentées par un Esprit de famille. Ophélie appartient à celle d'Artémis. Si on se côtoie entre membres de différentes familles, on évite de se mélanger…
Mais pas cette fois, où les doyennes de la famille d'Artémis décident de fiancer de force Ophélie à Thorn, membre éminent de celle du pôle. A quelles fins la vendent-elles comme une vulgaire marchandise ? Une fois jetée dans la fosse aux lions, c'est ce que devra découvrir la fragile Ophélie, pleine de regrets et d'amertumes quand elle doit quitter tout ce qu'elle aime.
Le Pôle est un monde terrifiant où tout n'est qu'illusions, mensonges et leurres. Un nid de décadents où rien n'a de sens. On se croirait à la cour du Régent ou de Louis XV où les sans-pouvoirs triment pour servir ces puissants, emperruqués, poudrés, extravagants, pétris de bonnes manières, mais qui derrière les apparences se comportent comme de véritables canailles sans foi ni loi… Pour éviter les faux-pas qui peuvent être fatals dans ce monde plein de duperies, Ophélie peut compter sur deux alliés, ou deux ennemis, allez savoir ? Son fiancé, Thorn, l'incarnation même de l'austérité, et la théâtrale Berenilde, belle comme Vénus, capricieuse, narcissique, et calculatrice…
Ce sont les yeux écarquillés que j'ai suivi les tribulations de notre héroïne si frêle, si gauche, dans cet univers chimérique et truqué. A plusieurs reprises, je me suis demandé, souvent inquiet, parfois amusé, comment elle allait se sortir des guêpiers dans lesquelles son innocence l'avait fourrée. J'ai aimé la description de ce monde baroque et gothique, de ces personnages à plusieurs faces, fragiles et sauvages, tendres et impitoyables, perdus et cyniques.
Le début d'une saga que j'espère flamboyante….
Un beau roman jeunesse qui la pousse, cette jeunesse, jusqu'à 77 ans et plus…
Commenter  J’apprécie          18613
Cette année, j'ai la chance d'être chroniqueuse pour Gallimard jeunesse - on lit plus fort et je dois dire que je suis ravie de faire partie de cette belle aventure. Je remercie donc infiniment la maison d'édition pour ce premier livre : La Passe-miroir, tome 1 : Les fiancés de l'hiver de Christelle Dabos.

Et je dois dire que cette aventure de chroniqueuse commence très fort pour moi car j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce premier ouvrage.
Déjà rien que cette couverture fait rêver! Cette "cité" suspendu dans les airs attire le regard et attise la curiosité.

D'emblée, je me suis prise d'affection pour Ophélie, cette jeune fille naïve et maladroite, passionnée par son métier dans son musée et au pouvoir magique qu'elle possède. En effet, Ophélie peut voyager a travers les miroirs mais aussi et surtout lire l'histoire d'un objet en le touchant de ses mains. Elle vit sur une "arche" ou toute sa famille semble heureuse. Je ne saurais dire vraiment a quelle époque on se situe mais les gens se déplacent en fiacre, les femmes portent d'énormes robes et surtout sont contraintes d'épouser un homme choisi par leur famille. J'ai donc tendance a croire que l'on est dans le passé mais je n'en suis pas sur car il y a aucun indice de temps c'est donc au lecteur de se faire une idée.

En tout cas, j'ai aimé découvrir le petit monde d'Ophélie qui va vite être chamboulé. Elle va vite faire la connaissance de celui qu'on destine à être son époux et le moins qu'on puisse dire c'est qu'au premier abord, il est pas commode. Thorn vient du "pôle", lieu lointain, territoire hostile et froid. Je dis bien au premier abord car tout au long du roman, mon sentiment pour lui a beaucoup changé. Est-il juste un être bourru qui a souffert d'un manque d'amour ou est-il cet homme calculateur et méchant comme le prétendent tous les ennemis de sa famille? Honnêtement en refermant ce premier tome je n'ai toujours pas la réponse et j'espère en apprendre un peu plus sur lui dans les prochains tomes. Mais je dois avouer tout de même que je suis légèrement sous son charme.

Ophélie se retrouve donc a devoir suivre son futur époux au "pôle" et là, je salue l'imagination de l'auteure pour toutes ses merveilleuses descriptions. le "pôle" est un endroit ou sincèrement je n'aimerais pas mettre les pieds ou plutôt devrais-je dire mes après-ski car il y fait une température d'environ -25 degrés. Ensuite toute la société est très hiérarchisé car il s'agit d'une cour ou au sommet trône Farouk. Tous les coups sont donc permis pour s'attirer ses faveurs. Ophélie va l'apprendre a ses dépends : complots, trahisons, meurtres, mensonges sont au rendez-vous et le lecteur est tenu en haleine jusqu'à la dernière page. Je préviens donc tous les futurs lecteurs, en ouvrant ce livre il y a un gros risque d'addiction!

Ma lecture étant fini, je prend un peu de recul et je m'aperçois de l'énorme travail de l'auteure. Son écriture est vraiment très agréable a lire, ses personnages sont très travaillés et surtout la minutie de chaque détail des lieux : le pôle est ses paysages qui ne sont qu'illusions. Je suis vraiment impressionnée.

Vous l'aurez compris, il s'agit d'un univers fantastique mais rien a voir avec la vague Bit-lit a la mode, non ici, j'ai trouvé une grosse ressemblance avec l'univers d'Alice au pays des merveilles (je ne sais pas si je suis la seule) : Farouk a la tête (comme la reine de coeur) et tous ces gendarmes (les petits gardes en forme de carte), Thorn qui est toujours pressé et qui consulte sa montre a gousset sans arrêt et surtout les décors un peu fous et plein de magie.

Pour finir, je trouve que les deux tourtereaux forment un très beau couple même si entre eux se n'est pas toujours facile.... Thorn est très froid mais a un coté très protecteur que j'aime beaucoup. Ophélie elle est assez dur avec lui et j'espère que comme moi elle va vite tomber sous son charme. En tout cas, ça promet de belles pages a venir avec les prochains tomes et je serai sans aucun doute parmi les premiers lecteurs.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          1687
Voici un roman fantasy bourré de fantaisie !

Ce roman de littérature jeunesse fantastique peut s'enorgueillir de ne ressembler à aucun autre !
(de tous ceux que j'ai lus, bien évidemment et en la matière, je l'avoue, je ne suis pas une experte!)
On est loin des univers peuplés de guerriers en armure, de dragons ou de créatures monstrueuses, loin des décors moyenâgeux, loin des héroïnes au super-pouvoir, loin des guerres de clans...Et si l'on peut retrouver de tout cela par moments, c'est tellement plus subtile que cela passe inaperçu !

L'art de la subtilité...Je crois que tout tient en ces deux mots.
Christelle Dabos, nouvelle auteure, est une magicienne.
Elle dessine devant nous un monde complètement imaginaire, issu de ses propres rêves, de ses propres chimères, de ses idées vagabondes et le moins que l'on puisse dire, c'est que le lecteur en prend plein les mirettes !
On s'étonne à chaque page de cette imagination débordante où tout semble couler de source...comme dans un rêve.

Mais n'allez pas croire que ce roman ressemble au monde des bisounours. Loin de là !
Bon, d'accord, l'héroïne n'a rien d'une méchante guerrière...On se demande même parfois ce qui a poussé l'auteure à la choisir pour héroïne ! Insignifiante, même pas jolie, maladroite, timide...Bref ! Cette pauvre Ophélie n'a rien pour elle !
M'enfin, si... Elle a un don. Même deux. Elle est liseuse et passe-miroir. Je ne vous en dis pas plus.
Mais sachez que ce don l'entraînera, bien malgré elle, dans des aventures périlleuses.
Bon alors et les méchants ? Ils sont où ? D'ailleurs sont-ils vraiment si féroces ? Et c'est là, toute la force de ce roman pour la jeunesse. Tout au long du premier tome, le lecteur, à l'instar d'Ophélie, ne sait à qui donner sa confiance. Un véritable tour de passe-passe. Des êtres d'une apparence aimable et chaleureuse se révéleront fourbes et cruels, ceux qui semblaient froids et calculateurs trouveront finalement peut-être grâce aux yeux du lecteur...mais rien n'est tout à fait sûr. Autant vous dire qu'Ophélie a bien de l'inquiétude à se faire parmi tous ces gens même pas fiables !

Et c'est tout cela qui m'a tenu en haleine et qui m'a fait dévorer ce roman : ce monde imaginaire incroyablement étonnant, cette héroïne dont on ne donnerait pas cher de sa peau mais qui reste déterminée, tenace et courageuse, mais aussi ces personnages aux multiples visages bien mystérieux qui m'ont fait tourner des pages et des pages dans l'espoir de percer leurs secrets !

Je savais bien que ce roman me plairait au vu des précédentes critiques lues mais cela va même au-delà de mes espérances. Me voilà comblée !
Comblée ? Euh...non pas tout à fait ! Cela supposerait un état de satiété. Ce qui est loin d'être le cas.
Pour preuve : j'ai déjà entamé le second tome !
Commenter  J’apprécie          13112
Il y a des livres comme ça qui sont tellement EXTRA que vous repoussez pendant des semaines le moment où vous rédigerez une critique. Pourquoi ? Tout simplement parce que vous avez peur de ne pas savoir faire honneur à l'ouvrage. Et pourtant, pendant tout ce temps, l'histoire continue de vous hanter.
C'est le cas de la passe-miroir.
Vous lirez peut-être sur certaines critiques que cette nouvelle saga est à la hauteur de Harry Potter (bien que ça n'ait rien à voir), et oui, ça en a la carrure.
C'est un roman jeunesse aussi complet, riche, original, intéressant, mature, distingué, complexe, magique et époustouflant que les aventures de notre ami lunettes-plus-cicatrice. (Et avec même un démarrage plus dynamique.)
Dès les premières pages, vous allez être stupéfait par la qualité de l'écriture. Dès les premières lignes, vous allez être happé par l'histoire.
Je n'insisterai pas sur l'originalité et le caractère prenant de ce roman, mais je tiens à souligner un peu plus son aspect mature. Si on est bien dans de la littérature jeunesse, notre héroïne si timide et pourtant avec des tripes en acier est un petit bijou de modèle pour la femme intelligente, moderne, fidèle à elle même, effacée et pourtant terriblement présente. L'histoire, elle, oscille entre monde fantasque aux personnages hautement prononcés et rivalités mondaines aux travers sombres à souhait. Une perle, donc. Les amateurs de Game of Thrones retrouveront même le piquant d'obscures guerres de clans, avec une touche si rafraichissante de répartition de pouvoirs (au sens "magique" du terme).
Bref, c'est le phénomène en devenir rayon fantastique, et vous ne devriez passer à côté à aucun prix !
En parlant prix, rappelons aussi qu'il a obtenu le Prix du premier roman jeunesse, ce qui pourrait sembler être un argument commercial comme c'est souvent le cas, mais non. La passe-miroir est juste génial, c'est tout !
(Notez aussi que Christelle Dabos -que je n'ai pas le plaisir de connaître en personne, malheureusement- est un petit bout de femme absolument sympathique, humble, disponible, discrète et tout bonnement épatante !... Pour moi, l'appréciation d'un ouvrage peut être influencé par la personnalité de l'auteur, c'est pour ça que je le précise.)
Bon, alors que reprocher à La passe-miroir ? Personnellement rien. J'ai cru un moment que la timidité et la passivité première de l'héroïne allait vite me courir sur les nerfs, mais pas du tout. Elle s'adapte en restant qui elle est, et le rendu est juste très bon. J'imagine que certaines filles en fleur et adulateurs des passions amoureuses pourraient être déçus par une histoire qui pourrait s'annoncer comme romancée mais qui est bien loin de l'être ! (Yeah, enfin une héroïne qui sert à autre chose que se rouler en boule dans les bois quand son petit copain pailleté va bouffer du chevreuil dans un autre comté !)... Mais à part ça vraiment... le personnage de la soeur un peu trop caricaturalement féminin peut-être ?... Je cherche, je cherche, mais non, j'attends juste le 2e tome avec impatience !
Commenter  J’apprécie          10110
Un véritable coup de coeur pour ce premier tome qui se lit quasi d'une traite tellement il est prenant. Mon seul regret est de ne pas l'avoir lu plus tôt.

Ophélie une jeune femme très réservée et qui se cache au fin fond d'un musée se voir obligée d'épousée un homme qu'elle ne connait pas. Elle sera donc obligée de quitter sa famille et son monde pour entrer dans celui de Thorn, un homme froid , distant et étrange.

Les différents monde que crée l'auteure sont formidablement bien décrits et très riches. On se plonge avec délectation dans la vie angoissante que va mener Ophélie. Les malversations sont de mises (et pas un peu !).

Les personnages sont également très travaillés et nous réservent de nombreuses surprises. En effet, ils ne sont pas tout a fait comme on les perçoit au premier abord. Et tour de force de la part de l'auteure, en ce qui me concerne, c'est que même pour un personnage antipathique comme l'est Thorn, on l'apprécie et on se rend vite compte qu'on l'aime beaucoup peut être même plus que l'héroine principale. On ressent très certainement les blessures de cet homme a travers l'écriture et les non dit de l'auteure.

Bref je suis conquise et émerveillée par ce roman jeunesse qui m'a fait voyager
Commenter  J’apprécie          942
"La passe-miroir" fait partie de ces romans dont on a forcément entendu parler ou vu la promo dans le métro, à moins de vivre coupé de toute communication médiatique. Peu familière de l'univers "fantasy jeunesse", ma curiosité a été néanmoins éveillée par les nombreux commentaires élogieux sur Babelio mais aussi par ce petit groupe d'adolescents surexcités que j'ai rencontré au Salon du Livre de Montreuil et qui tournait autour des trois tomes grand format comme une meute d'ours autour d'un pot de miel. Ça a été le déclic déterminant : une oeuvre capable d'enthousiasmer ces représentants de la génération Z accusée à raison de se détourner de la lecture, il fallait que je découvre ce phénomène !

Christelle Dabos nous offre un premier roman qui force l'admiration côté style avec un vocabulaire riche et varié, même si j'ai regretté une narration exclusivement déroulée par le regard d'un seul personnage, Ophélie, une anti-héroïne toutefois très convaincante. Je trouve ce procédé lassant quand un roman dépasse les 300 pages. Comme je trouve lassante l'attribution systématique de caractéristiques physiques à un personnage qui ne semble plus se définir que par elles ; fatiguée de lire que Roseline a des dents chevalines, qu'Ophélie grignote les coutures de son gant et que Thorn est démesurément grand.

Ces détails narratifs mis à part, "Les fiancés de l'hiver" se lit très bien et le lecteur se laisse facilement glisser dans le monde magique des arches. Bien que les personnages soient nombreux, on ne se perd jamais dans la foule déchaînée et le récit avance, bon gré mal gré.

Bon gré mal gré car pour moi le principal (voire le seul) défaut de ce roman est son rythme. le récit souffre en effet de vraies longueurs qui justifient complètement que plusieurs lecteurs en aient abandonné la lecture en cours de route. Autant le début est très rythmé, autant l'ennui s'installe lors de l'installation d'Ophélie au Pôle. Heureusement, entre temps, on s'est pris d'affection pour la fragile fiancée maladroite à l'écharpe enchantée et on persévère.

Dans le genre, je situe pour l'instant "La passe-miroir" juste en dessous du "Harry Potter" de J. K. Rowling pour ce qui est de la qualité et de l'originalité du récit, même si la noirceur très réelle du roman me semble moins naturelle et plus affectée que chez le magicien aux lunettes rondes.

Des lunettes, Ophélie en porte aussi et il me semble évident que le magicien susnommé fait partie des nombreuses sources d'inspiration de l'auteur, je ne lui en ferait pas reproche. Ses descriptions évoquent aussi irrésistiblement certains personnages ou caractéristiques de G. R. R. Martin.

Un premier tome qui plante bien le décor, j'attaque le second avec l'espoir d'un rythme plus soutenu et de personnages moins figés dans leurs rôles.


Challenges Séries 2019
Challenge PLUMES FÉMININES 2019
Challenge PAVES 2019
Challenge MULTI-DÉFIS 2019
Commenter  J’apprécie          7610
Cette saga fait partie des grands succès jeunesse de ces dernières années. On appréhende toujours un peu ce genre de lecture puisqu'on sait qu'à force d'en attendre trop, on court le risque d'être déçu. Pour limiter ce risque cette fois, j'avais jeté un coup d'oeil aux avis les plus négatifs pour voir où le bât pouvait blesser et ainsi ne pas m'attendre qu'au meilleur.


Une des grandes critiques que j'ai pu lire sur plusieurs avis serait une certaine "mysoginie" du livre avec une héroïne qui serait trop victime de ce qui lui arrive, trop passive. J'ai eu du mal à comprendre cette position puisque j'ai vraiment senti que le but de l'auteur en choisissant cet angle de récit etait une dénonciation de ce que peuvent encore subir de nos jours les jeunes filles dans les choix qui leur sont imposés (et y compris toujours dans le cadre de mariage forcés, j'ai régulièrement l'occasion de le vérifier professionnellement). On sait que le biais de la fantasy permet aussi un effet miroir sur notre monde, et j'ai trouvé au contraire très intéressant ce personnage qui doit faire face à l'injustice de ce à quoi on la soumet, qui se rebelle très régulièrement tout au long du récit même si elle s'affronte à des murs infranchissables. L'effet identification doit vraiment fonctionner pleinement pour les lectrices un peu timides et maladroites qui comprennent ainsi que la vie ne leur fera pas toujours de cadeau mais qu'il y faudra alors se battre pour faire valoir ses droits et son opinion. Vouloir des héroïnes immédiatement super fortes et invincibles, c'est pour moi être contre productif, notamment dans le cadre de la littérature jeunesse. Je ne doute pas qu'Ophelie prendra de la force et du courage et saura incarner son destin au fil des tomes de la saga.


Une autre critique pointe le manque d'action de l'histoire qui se trainerait au long des plus de 500 pages du volume. Cet avis me semble plus justifié mais est contrebalancé pour moi par le souci du rythme (avec des chapitres courts) et l'art du contrepied de l'auteure, avec des fins de chapitre très régulièrement surprenantes et qui font prendre un chemin inattendu à l'histoire. L'héroïne principale est certes le plus souvent passive et observatrice, mais c'est plutôt malin pour un premier tome qui doit plus expliquer l'univers où évolue les héros que pleinement l'exploiter.


Et pour le coup, l'univers développé est la vraie force du récit. Tout en gardant certains codes du genre pour ne pas déboussoler le lecteur (des pouvoirs spécifiques, l'héroïne principale en apprentissage, des personnages secondaires dont on a du mal à savoir s'ils sont bons ou mauvais), l'auteure amène une vraie originalité dans la construction de son monde. L'origine post apocalyptique pour l'instant un peu floue, le fonctionnement par arches, grandes îles flottantes dominées chacune par un esprit de famille, des pouvoirs avec toujours un élément de nouveauté par rapport à ce qu'on connait d'habitude (maîtrise des objets qui va jusqu'à lire dans leur histoire et celle de leurs différents propriétaires, création d'illusions plus vraie que nature, télépathie qui crée un lien entre tous les membres d'une famille). On commence par se dire "Ah oui, ça on a déjà vu dans... " et puis on ne finit pas la phrase parce qu'en fait on a finalement vu ça nulle part ailleurs exactement comme ça.


Le potentiel sous-jacent non encore développé promet des tomes très intéressants, avec on l'espère une action qui prendra de l'ampleur au fur et à mesure de l'évolution du personnage principal. A la lecture, j'avais tendance à rapprocher de la saga A la croisée des mondes (je n'ai lu que le premier tome de celle-là aussi pour l'instant, ne me sautez pas dessus si vous estimez que ça n'a rien à voir ! Je plaide coupable d'avance !). Ce serait en tout cas une jolie référence et expliquerait bien le nombre de prix que cette série de livres a apporté à son auteure.
Commenter  J’apprécie          722
Envoutant.

Ophélie, jeune fille effacée et timide est animiste, elle lit dans les objets. Elle refuse les hommes en mariage de son clan où elle n'est d'ailleurs pas considérée comme un beau parti. Et voilà que les doyennes de son arche, tendance coocooning l'ont promise en mariage « diplomatique » au clan des dragons. En route pour leur arche, mystérieuse et glacée ou règne les faux-semblants, les mensonges et les complots. Passage d'un univers où on lit les objets, on répare le papier à celui où la violence, la manipulation sont la base des pouvoirs de ses habitants.

Un univers baroque et gothique, tout en poésie. Mystérieux et délicieusement exotique mais loin d'un glamour de monde de princesse ou du confort d'une célèbre école de magie. Un univers jeunesse certes, mais pour jeune mâture quand même, tant par le style de l'auteure que par le contenu.

Une jeune fille gauche et maladroite à laquelle le lectorat féminin pré ado friand de sfff (celles qui généralement préfèrent le papier au maquillage – bien que ce ne soit pas incompatible – je ne juge pas).
Quitter le confort douillet de sa vie d'enfant, réglée, pour rentrer dans la vie réelle, dangereuse et imprévisible. Se révéler, s'adapter tout en restant soi-même. (Si vous ne l'aviez pas vue celle-là, il faut arrêter la littérature jeunesse)

Au final, il nous manque quelque chose : Soit des chocogrenouilles, soit des tripes sanguinolentes arrachées au cadavre encore chaud de notre ennemi.

Dans ce premier tome, Ophélie reste un peu trop longtemps en mode Cendrillon persécutée par sa vilaine marâtre et ne semble vouloir prendre en main son destin qu'à la toute dernière ligne de l'ouvrage.
Mais malgré tout, l'auteure a su m'emporter dans son univers foisonnant et résolument novateur.

L'intrigue réelle, pourquoi ce mariage ? Pourquoi moi ? (c'est vraiment trop injuste) met très (trop) longtemps à se révéler, mais ce n'est que le premier tome.
Et force est de constater que l'auteure a réussi son pari et m'a embarqué dans son histoire, comme envoûté, me voilà en route pour le tome 2 et directement.
Commenter  J’apprécie          715
Merveilleux ! Immense coup de coeur pour ce premier tome d'une série de 4. Je ne suis pourtant pas férue de fantastique, mais dès les premiers mots, une main invisible m'a happée par le col et fait plonger littéralement dans le livre, son monde, son histoire, confortablement enrobée de la plume de l'auteure comme son héroïne Ophélie est emmitouflée dans son écharpe. Ou enlacée par son écharpe, devrais-je dire, puisque celle-ci est vivante. J'aime l'idée que certains objets proches de nous ont une vie propre. Ils ont tous une vie, quand on y pense. C'est ce que nous rappelle Ophélie, qui appartient à la communauté des Animistes. Ophélie est une « liseuse » : lorsqu'elle touche les objets, elle voit, entend et ressent la vie qu'ils ont eu jusqu'alors, c'est à dire qui s'en est servi, comment, pourquoi, les pensées et émotions de leurs utilisateurs, etc…


« Entrer en contact avec un objet, c'était le contaminer de son propre état d'esprit, ajouter une nouvelle strate à son histoire ».


Extrêmement douée, elle peut retracer le passé de tous les objets figurant dans le musée de sa communauté, dont elle est la gardienne. de tous ? Non, le livre de « l'esprit de famille » lui reste hermétique. Pourtant, ses pouvoirs sont immenses et très recherchés… notamment par une communauté rivale : Les dragons.


Et justement : Tout commence quand les doyennes arrangent un mariage entre Ophélie et un héritier du clan du Pôle, un Dragon. Cet immense homme tout maigre, sérieux et autoritaire est censé être un chasseur… Mais comment chasse-t-il alors qu'il n'a pas d'arme ? Vous le découvrirez avec effroi et délice en ouvrant ce premier tome. Et Ophélie n'est pas au bout de ses surprises. Car comme tout clan, le Pôle a à sa tête son propre « esprit de famille », et sa cour est… particulière ! On fait connaissance avec des architectures à passages secrets qui en feront rêver plus d'un, avec aussi le clan des Mirages, qui créent des illusions aux yeux des autres et leur font passer des vessies pour des lanternes à paillettes, et bien d'autres gens dangereux qui, dès qu'elle arrive, veulent la mort d'Ophélie. Pourquoi veulent-ils sa mort ? Quel est l'enjeux de ce mariage ? La pauvre Ophélie, avec sa dégaine de Cendrillon et son pouvoir gentillet, semble bien inadaptée à sa nouvelle vie parmi les requins habitués aux bains de sang - c'est en tous cas ce que pense de premier abord son désormais Prince sans rire…


Ces deux âmes ont d'ailleurs beaucoup de mal à s'apprivoiser dans ce premier opus, mais ils sont si émouvants d'essayer maladroitement à tour de rôle. Je craque complètement pour ces « Fiancés de l'hiver », ce couple qui n'en est pas encore un mais que je sens pourtant palpiter à travers les pages. Serais-je en train de devenir animiste à mon tour ? Une chose est sûre, Ophélie devra déjouer intrigues et manipulations pour sauver sa peau. Saura-t-elle voir derrière les apparences ? Elle a ses chances, car elle possède un autre pouvoir fantastique : Celui de se déplacer d'un lieu à un autre en passant… à travers les miroirs !


« Lire un objet, ça demande de s'oublier un peu pour laisser la place au passé d'un autre. Passer les miroirs, ça demande de s'affronter soi-même. Il faut des tripes, pour se regarder droit dans les mirettes, se voir tel que l'on est, plonger dans son propre reflet. Ceux qui se voilent la face, ceux qui se mentent à eux-mêmes, ceux qui se voient mieux qu'ils ne sont, ils pourront jamais. »


Comme dans Harry Potter, on peut simplement se laisser porter par le texte ou bien voir s'imprimer en filigrane un tas de métaphores dans les pouvoirs de chacun des personnages et leurs actes. le pouvoir de l'auteur, c'est de rendre palpable ce qu'elle raconte : on pourrait presque toucher du doigt tout ce que l'on lit… Mais ce n'est qu'une illusion, créée par cette auteure surdouée qui nous embarque sans difficulté dans son monde. D'ailleurs, dans quel monde sommes-nous ? C'est un monde dont l'ambiance semble reproduire notre passé mais qui, en réalité, est venu après le nôtre.


L'incipit demeure encore non résolu à l'issue de ce premier tome, mais il nous apprend qu' « un jour, où Dieu se sentait de très mauvaise humeur, il a fait une énorme bêtise. Dieu a brisé le monde en morceaux. ».


Le texte parlera plus tard de « déchirure », ou encore du temps où les hommes croyaient qu'ils émanaient d'une puissance supérieure. Beaucoup d'indices, de mystères, de découvertes merveilleuses, mais aussi des tas de questions en suspens et je dois vite y retourner, car j'ai laissé Ophélie dans une bien peu enviable situation à la fin de ce tome 1 : Vite la suite !! Vous ne saviez pas quoi faire de votre hiver ? Lisez ce bouquin, je vous le recommande !


PS : « Scelle tes charmes »… Qui a prononcé cette phrase, et pourquoi ?
Commenter  J’apprécie          6648
Je n'aurai probablement jamais commencé cette série sans le challenge Mauvais Genres, auquel je participe, je n'aurai probablement jamais commencé cette série, sans les critiques élogieuses de mes amis Babelio, et je n'aurai probablement pas commencé cette série sans l'illustration de la couverture, aussi intrigante et belle , que fascinante et habile...
Ophélie est une anti- héroïne , minuscule, affublée de grosses lunettes, passant totalement inaperçue , mais Ophélie ,a un don.. deux plus exactement ...Elle peut passer à travers les miroirs et elle peut lire les objets, connaître leur histoire, c'est ainsi qu'elle travaille au Musée des Archives. Aussi , c'est tout étonnée qu'elle apprend, que sa famille l'a fiancée avec un homme venu d'ailleurs, un des héritiers d'une des familles les plus puissantes du Pôle, et qu'il vient la chercher.

Propulsée presque aussitôt dans ce monde froid et hostile où tout n'est qu'illusions, mirages et intrigues meurtrières, Ophélie ne fait pas le poids. Mais Ophélie est curieuse . Pourquoi l' a t'on choisie elle ? Peut- elle vraiment se fier à son fiancé aussi accueillant qu'un iceberg, et à sa tante, aussi fausse que décorative ? Et surtout, peut-elle empêcher ce mariage ?

Ophélie ne pourra compter que sur elle - même et ... sur le fantastique talent de sa créatrice pour explorer son nouveau "home sweet home"...

Il ne m'aura fallu que quelques lignes pour tomber "en amour" devant la plume imaginative, poétique et farfelue de Christelle Dabos . Quel talent !

Comme Alice au pays des merveilles, on tombe à pied joint dans ce 1° tome avec délice et coeur qui palpite... Et si je pense à ce merveilleux livre, c'est qu'il y a un peu de Lewis Carol dans La Passe-Miroir, une grande fraîcheur... Ici les écharpes vivent autour du cou de leur propriétaire, le froid est intense mais le décor est tropical, les animaux sauvages du dehors sont démesurément immenses......

On pense au Passe-muraille de Marcel Aymé, on pense au Poudlard d'Harry Potter aussi. Un monde complètement inventé dans lequel, seul, l'auteure, se repère parfaitement, et vous perd comme un Petit Poucet , sur les traces d'Ophélie qui n'en sait pas plus que nous...

Une héroïne naïve, en apparence fragile, qui se cache d' une cour, qui rappelle celle de Versailles avec ses intrigues, et ses complots, un décor qui n'est que mirages... et des gens qui ne veulent ni le bien d'Ophélie , ni celui de son grand échalas de fiancé,( ni celui de personne d'ailleurs !). Ça bouge, on ne s'ennuie pas une seule seconde, et déjà, je me demande comment je vais pouvoir attendre la fin du confinement pour connaître la suite des aventures de la Passe-Miroir.

Il serait bien que cette oeuvre soit adaptée au cinéma ou en série, elle en a sous le capot...

Christelle Dabos : un immense coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          6617




Lecteurs (28446) Voir plus



Quiz Voir plus

La Passe-miroir 1.Les fiancés de l'hiver

Quel est le tout premier golem d'Ophélie ?

Ses gants
Son écharpe
Ses lunettes
Un miroir de poche

13 questions
929 lecteurs ont répondu
Thème : La passe-miroir, tome 1 : Les fiancés de l'hiver de Christelle DabosCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..