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EAN : 9782070408078
189 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.86/5   375 notes
Résumé :
8 mars 1963. Le jeune Lucien Ricouart, isolé dans une pension pour apprentis, s'acharnant à domestiquer sa solitude, est retrouvé mort noyé dans un bassin après que ses camarades l'aient traité de "fils d'assassin".
Un professeur efface dans la boue, sous la pluie, son dernier message et son cri de révolte qui affirment au contraire et jusque dans la mort : "Mon père n'est pas un assassin".
Vingt-cinq ans plus tard, un jeune historien enquête sur le vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Si la mort n'oublie personne, l'humanité a appris progressivement qu'une société sans oubli est tyrannique et c'est pourquoi la prescription grave dans la loi les conditions dans lesquelles il n'est plus possible de juger un délit. Cette loi de l'oubli est, au même titre que l'interdiction de l'auto justice, un marqueur intangible du niveau de civilisation atteint.

Didier Daeninckx illustre avec l'histoire de Jean Ricouart, la tragédie d'un patriote pris dans l'engrenage de l'occupation en pays minier qui rejoint un groupe de résistants au printemps 1944, participe à deux actions clandestines, est arrêté par la milice, incarcéré, déporté en Allemagne, libéré par l'armée rouge, rentre en 1946 pour épouser Marie … et se retrouve inculpé en 1948 et condamné pour vol et complicité d'homicide.

En 1963, Lucien, leur fils, se noie pour fuir l'opprobre des collégiens pour qui il reste « le fils d'un assassin » … la population n'a rien oublié, rien appris des années noires et le poison de la rumeur assassine lentement et surement.

Vingt cinq ans plus tard, Marc Blingel, compagnon de jeu de Lucien Ricouart, prend le risque de rouvrir l'enquête sur les événements de 1944 et constate que Jean a été manipulé et exploité dans un règlement de comptes familial qui n'avait rien à voir avec l'occupation ou la résistance. Funeste révélation qui provoque un nouveau drame …

En 1963, comme en 1988, la mort emporte des victimes d'un passé qui n'a pas été oublié et, en fermant ce livre, le lecteur ne peut que s'interroger sur la culpabilité de Marc Blingel qui, en ne respectant pas le droit à l'oubli, provoque un séisme mortel.

Un fois encore, par une enquête policière, Didier Daeninckx, analyse finement une atmosphère, une époque, un milieu, une région, et pose une question juridique et philosophique d'une brulante actualité en nous rappelant que si la mort n'oublie personne, la justice doit oublier des coupables pour préserver la paix … vaste débat convenons en !
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Une relecture que je ne regrette pas. Une de ces histoires courtes dont Didier Daeninckx à le secret. l'histoire de gens sans histoire ou presque, pleine d'humanité. l'amour des laissés pour compte, des héros de l'ombre qui vivent le silence. La vie est cruelle pour ceux qui n'ont rien à se reprocher. à lire.
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Recueilli au magnétophone le témoignage d'un ancien résistant du Nord nous fait toucher l'histoire à hauteur d'homme. Jeannot Ricouart prend la parole à contre-coeur. C'est douloureux. Il préfèrerait tourner la page définitivement. Pas de tentative de la part de l'auteur de restituer la parole imparfaite ou maladroite de l'ancien ouvrier d'Usimeca. Malgré ses hésitations et ses réticences Ricouart relate son expérience avec précision et concision. Quelques faits de résistance, essentiellement l' élimination de collaborateurs, des faits somme toute assez communs, constituent les faits de gloire de Ricouart. Progressivement ils vont prendre une ampleur dramatique. Avec l'arrestation, la déportation et surtout le jugement de Ricouart en 1948 la montée en puissance du récit va s'accélérer jusqu'à la fin.
Au-delà de l'histoire émouvante, Daeninckx soulève des questions restées en suspens.
En 1948 les procès d'après-guerre peuvent avoir lieu. Mais qui sont les fonctionnaires en place? Quelle a été leur attitude pendant l'Occupation? Comment faire confiance à une France où peu de temps avant ils avaient dû servir l'État français de Pétain, une France avec "tous ceux qui ont trafiqué avec les nazis, qui ont dénoncé leurs voisins juifs, qui ont envoyé une lettre à la Kommandantur... la moitié du pays", une France de résistants , ici des FTP, où là aussi tout n' était pas si limpide.
Une réflexion sur la difficulté du pardon , de l'oubli.
Un roman nécessaire basé sur des faits réels. Une fois encore Daeninckx démontre sa connaissance et sa passion du terrain, de l'atmosphère si particulière du Nord aux eaux glauques de l'époque.






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Un roman cruel, pessimiste mais ô combien crédible. de la Résistance à la déportation, du quotidien des cités ouvrières à celui des internats, Didier Daeninckx dresse les portraits de personnages qui supportent les charges de leur enfermement social ou de sinistres manipulateurs bien heureux de leur supériorité.
Écrit en 1989, le déroulement de l'histoire est d'une modernité qui n'a rien à rougir des auteurs étrangers à la mode (Scandinaves, anglo-saxons) : un court chapitre largement postérieur aux événements relatés (pendant la Seconde Guerre Mondiale) introduit le roman et fait planer le doute jusqu'aux dernières pages. D'une vision centrée sur le récit de quelques années du personnage principal, notre regard s'élargit au poids de la Grande Histoire sur l'individu, et questionne la notion subjective de "fatalité" à laquelle il est facile de s'abandonner.
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La mort n'oublie personne, « Ce cri contre l'injustice », comme nous l'a dédicacé Didier Daeninckx, lors de Sang d'encre, à Vienne, débute à Blavaincourt, le 8 mars 1963, dans une école professionnelle des Charbonnages de France. le jeune Lucien Ricouart n'en peut plus d'être toujours traité de « fils d'assassin » et il prend la fuite pendant que la troupe charge une manifestation de mineurs…
Le jeune Lucien est retrouvé noyé après avoir écrit, sur la terre : « Mon père n'est pas un assassin. » le récit revient alors en arrière, le 20 juin 1944, à Cauchel, et c'est Jean Ricouart, père de Lucien, retraité, qui raconte. Il avait 17 ans et résistait contre l'occupant. Ayant suivi Moktar pour tuer un soldat allemand, le coup tourne mal et Moktar est abattu alors qu'il protégeait la fuite de son jeune camarade. Ce dernier est obligé de se cacher, trouve l'amour avec Marie et, chez le facteur Lenglart qui l'héberge, il découvre les lettres de dénonciation envoyées par « les bons Français » à l'occupant nazi…
Justement, une nouvelle mission, avec le Capitaine Camblain, l'emmène dans une ferme où le père est un dénonciateur et le fils, délégué cantonal de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme. Auparavant, une autre mission, chez un imprimeur, ne s'était pas bien passée… le 5 juillet 1944, Jean Ricouart est arrêté par les Miliciens, battu et torturé. Il se retrouve dans la prison de Loos-lès-Lille où un co-détenu, instituteur, s'occupe de lui : « Il me fit connaître Rimbaud et Trenet, Fréhel et Apollinaire. »
« On nous transféra la veille du 14 Juillet, au petit matin. Les matons, des Français pour la plupart, nous éjectèrent de nos cellules à coups de matraques et nous remirent aux Allemands… » C'est ainsi que commence ce voyage vers l'enfer partagé avec tant d'autres et dont témoigne un numéro tatoué en bleu sur son bras. Après cinq jours d'horreur, c'est le camp de Shorfheide-Neumark puis les marches de la mort car les SS ne veulent pas laisser de traces de leurs crimes contre l'humanité.
Lorsqu'il revient enfin, il pèse à peine 34 kg et il est un ancien déporté de… 19 ans. Il retrouve enfin Marie et l'épouse en août 1947 mais voilà qu'il est convoqué par un juge d'instruction, accusé de complicité de meurtre et jeté en prison ! Il sont six anciens résistants devant un jury composé de riches paysans, de commerçants et de notables, « le Peuple français jugeait en toute sérénité des inconnus venus du pays des gueules noires, les assassins d'un fermier et d'un notable… Les jurés qui avaient dormi sur leurs deux oreilles entre 1940 et 1944 après avoir compté l'argent du marché noir… »
L'avocat général et les juges étant d'accord entre eux, ils sont tous condamnés mais des années après, la bêtise et la méchanceté ont tué un jeune homme qui ne supportait pas la calomnie. Après d'inattendues révélations, l'épilogue arrive enfin. Il faut lire "La mort n'oublie personne" car ce que décrit Didier Daeninckx est toujours d'actualité, hélas.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
En prison, on connaît son avenir, son temps d'incarcération, on s'organise en humain retranché du monde ordinaire. A Schorfheide, à Reiterberg, le temps était aboli, la frontière entre le bien et le mal effacée... On ne connaissait plus que la souffrance du corps, l'avilissement. Là-bas, il n'y avait pas de miroirs. On ne se voyait jamais. On en arrivait à fuir les mares d'eau pour éviter de rencontrer notre reflet. Si je m'étais vu une seule fois dans une glace, je ne serais sûrement pas ici à discuter de tout ça...ma vie tient peut-être à un reflet dans une vitre...
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[...] Les lourdes portes de la prison s'ouvrirent et le convoi traversa Lille, longea la citadelle avant de prendre la direction de Marcq-en-Baroeul. Je ne rencontrai que des regards mornes. Nous nous attendions tous au pire et n'avions aucune envie d'en parler.
Malheureusement ce n'est pas ce qui advint... ce fut encore pire... Je ne peux pas vous le raconter... Ca ne passe pas par les mots... [...]
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Je crois profondément que personne ne mérite de décoration pour avoir tué un homme. Quel qu'il soit... A certains moments, il faut en venir là, et il n'y a rien de plus triste au monde...
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- Qu'est-ce que vous faites avec ces lettres ?
Il prit un air très dur, qui me surprit.
- Tu m'espionnes ?
Je me sentis rougir, de la tête aux pieds. Je bafouillai.
- Non... Non... Je vous jure... Je me suis réveillé, et je vous ai vu, au-dessus de la casserole... avec les lettres...
Il redéplia le journal et vida l'eau chaude dans la cuvette.
- Eh oui ! On vit le cul par-dessus tête ! Les mômes font le coup de feu au lieu d'aller danser, et les facteurs manchots ouvrent le courrier avant d'aller le distribuer...
- Pourquoi vous faites çà ?
- Je m'en passerais, tu sais... Tu ne peux pas imaginer ce qu'il existe comme dégueulasses ! Çà ne me serait jamais venu à l'esprit avant la guerre...
[...]
Lenglart s'était levé.
- Tu veux un bol de chicorée ? J'ai juste à faire chauffer.
- Non merci... Çà me coupe l'appétit... Bien sûr, ces ordures ne signent jamais...
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Avant, tout était gris, tout était noir, les maisons, les trottoirs, les boutiques, jusqu'au ciel saturé de fumées et de poussier... On n'avait pas besoin de couleurs pour être ensemble... Les rues, les usines, ce n'était pas dé décor... C'était notre vie.
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Vidéo de Didier Daeninckx
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