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EAN : 9782072451416
251 pages
Gallimard (09/01/2014)
3.8/5   122 notes
Résumé :
«En l'espace de deux ans j'avais tenté d'oublier le quotidien de la guerre. Je voulais croire que je m'en étais sorti indemne.
J'en connaissais assez qui ne vivaient que dans le souvenir de la boucherie, partant comme en quatorze pour un nouveau round... La baraque pleine de trophées, baïonnettes allemandes, casque à pointe, obus de cuivre, etc., jusqu'au tibia de uhlan déterré dans une tranchée après un assaut victorieux. Un de ces connards m'avait montré le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Didier Daeninckx fait dans ce polar historique ce qu'il fait le mieux; parler des gens, de tous les gens, de l'injustice des uns par rapport aux autres.
Des pauvres et des nantis, des fêtards et des besogneux , des combattants et des planqués que ce soit dans le civil ou sur un champ de bataille.

Une histoire se déroulant à Paris et dans sa banlieue dans les années 20, les années folles, une histoire de chantage et de meurtres, d'anarchistes qui ne ciblent pas toujours ceux qu'ils devraient le tout tambour battant, sans pause comme l'écriture de Daenickx.

Une histoire de détective privé qui prend son travail au sérieux, trop au sérieux et qui lui aussi va être malmené et se retrouver personnellement touché par une injustice .
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Ce qui suit chronique le roman de Didier Daeninckx et la BD de Jacques Tardi qui en est l'adaptation.

Paris. Début des années 20. La France s'essaie sans nostalgie à tourner la page de 14-18 ; se refaire à neuf est délicat, voire impossible. Tant de haines à la traine d'un conflit sans raison. La cicatrisation prend mal, est douloureuse ; la blessure est si fraiche, si profonde, si intense. On se l'est pourtant promis, juré, craché, rancoeurs au panier: cette guerre serait "la der des ders" ; mais n'est-ce pas qu'un voeu creux, pieux, rassurant et fragile ? Des relents haineux trainent encore de part et d'autre de la frontière et déboucheront tôt ou tard sur la récidive guerrière. En Russie le tsar a abdiqué, le rêve bolchévique s'amorce. La France ouvrière se fait anarchiste, syndicaliste, se politise aux couleurs de l'Est lointain. le jazz vient des USA, les Années Folles pointent du nez, les femmes doucement s'émancipent. On liquide les stocks militaires US (corned-beef, jeans, automobiles ...etc) ; les filouteries pullulent sur ce que les GI's ont laissé à quai.

René Griffon, Varlot dans la BD (?), un désormais ex poilu, peine à reprendre pied dans la vie civile après trois ans de tranchées, de boue, de sang, de vermine et d'inutilité guerrière. Sa ligne de conduite : tâcher d'oublier (même s'il sait qu'il n'y parviendra jamais) et de rebondir loin des monuments aux morts, des commémorations, des défilés et de l'orchestration vaine du souvenir. Reconverti en détective privé il fouille le filon morbide des veuves éplorées en mal d'époux morts et enterrés, non encore identifiés ou même retrouvés ; le décès attesté leur ouvre les portes du veuvage, de la pension militaire et de la vie recommencée dans des bras autres. Triste et pragmatique réalité d'un monde où « the show must go on ».

Daeninckx a désormais entre les mains tous les ingrédients nécessaires à un bon polar noir historique. Au background d'époque, sur les traces d'un fouineur de privé qui ne va pas tarder à racler le pus sous la croûte, il y ajoute mine de rien son grain de sel habituel et corrosif, c'est un passeur d'histoires oubliées, un témoin à charge.

Un haut gradé demande à Griffon de filer discrètement une épouse soupçonnée d'adultère. L'amorce est typique du polar noir US qui met en scène, au choix, le gendre coureur de dot, arriviste et opportuniste, la nymphomane imprudente, l'épouse volage … Varlot, en acceptant, va, bien entendu, mettre le doigt dans un engrenage où, au-delà du grain de sable inattendu, le héros se montrera gène qu'il conviendra de vite court-circuiter.

Après « Cannibale », et sa diatribe sabrant (mine de rien) l'esprit colonialiste français des années 30, je m'étais promis de revenir vers Didier Daeninckx. J'y pressentais à mon goût une plume de conteur engagé, hargneuse et décidée, militante et citoyenne (si, si.. !). L'auteur trempe ses intrigues dans la vase noire d'évènements mineurs authentiques, oubliés ou sciemment tus, relativisés, classés à tort anecdotiques. Ces petits riens, presque en filigrane dans l'ombre officielle des grands événements, le touchent, l'inspirent et lui permettent de dénoncer et d'écorcher. Il les veut représentatifs d'une Grande Histoire qui semble ne retenir que ce qui l'arrange. Ces presque faits-divers enfin libérés pèsent sur la représentation que le lecteur se faisait d'une époque; un horizon de perceptions autres s'entre-ouvre; le regard jeté éclaire différemment ce qui a été appris sur les bancs de la communale.

Qui pour avoir entendu parler de certains détails biffés des manuels ? Qui, par exemple, pour connaitre l'épisode sanglant et peu reluisant des mutins russes de la Courtine, dans la Creuse de 1917, quelques mois avant la Révolution d'Octobre. Daeninckx use par la bande de faits à la traine et méconnus, de rouages mineurs de la Grande Machine à Souvenirs raturés. Il fait oeuvre de mémoire, déterre des scories qu'officiellement on aurait souhaité dans l'oubli, des faits laissés pour compte dérangeants car malodorants . Ils empuantissent une époque déjà peu ragoutante. Daeninckx gratte où çà démange pour que, jamais, la gomme de l'Histoire n'efface le moindre détail en sa défaveur.

Daeninckx, une nouvelle fois fidèle à lui-même, en conteur engagé sans concession, éclaire la Grande Histoire par le petit bout de la lorgnette, nous raconte la Petite au rythme du quotidien de ses acteurs de base sacrifiés. La seconde tordant le cou à la première, la vie quotidienne de ceux qui crevèrent pour les autres dénonce les errances d'un état-major nombriliste et opportuniste.

Qui, mieux que Tardi, aurait pu adapter en BD la noirceur bougonne, la hargne fataliste, ce "je narratif" résigné et désabusé, presque crépusculaire du petit polar noir de Daeninckx. le dessinateur possède en bouts de pinceaux et de plumes cette éternelle et incontournable noirceur d'Encre de Chine qui lui est propre et colle si bien au désespoir des Poilus.

"C'était la guerre des tranchées". Tout ce noir profond pleine page, en larges aplats de ténèbres ; un monde perdu dans une tombe obscure, sans espoir de lumière autre que celle d'un ciel de mitraille. Les ténèbres de l'Histoire. Ces regards sous les casques hantés par la folie. Ces ventres éviscérés. Ces cris dans la nuit du no man's land appelant les mères. Une autre vision, plus dantesque et réaliste, mordante, presque iconoclaste, que celle donnée par les monuments d'après-guerre où les Poilus représentés semblaient allégoriquement désireux de destins patriotiques, au-delà d'agonies dans une boue de sang, parmi les rats et la mitraille qui labourait les cadavres. Tardi avec sa "Guerre des tranchées" livrait sans fard des images sanglantes et horribles derrière les mots édulcorés de l'instituteur d'antan, il dessinait une vérité autre qui secouait et dénonçait au-delà du patriotisme obligé.

L'adaptation BD du « der des ders » prolonge logiquement dans l'après-guerre l'oeuvre commencée dans les tranchées de "La Grande Boucherie". Tardi, en noir d'encre embarqué, épais et omniprésent, après avoir peint de son indignation et de son empathie douloureuse « La guerre des tranchées », ses âmes meurtries, ses corps déchirés, toutes ces vies perdues, dessine un Paris qui s'essaie à la lumière retrouvée de ses rues et façades, de ses liesses nocturnes musicales de dansantes … avant que la lâcheté de certains au service de leurs seules ambitions ne remonte à la surface.

Daeninckx et Tardi. Deux complices, d'insatiables gratteurs d'Histoire qui sous sa croûte cherche la sanie. Après les ténèbres boueuses et sanglantes des tranchées, voici venir l'éclaircie trompeuse de l'immédiat après-guerre, s'y mêlent l'approche joyeuse des Années Folles, les séquelles traumatiques des gueules cassées, les poumons raclés par le gaz moutarde, les fusillés pour l'exemple (toujours traitres mais bientôt martyrs), les veuves de guerre qui au moindre cadavre de soldat s'empressent d'entrevoir un mari pour enfin refaire une vie, toucher pension.

« le der des ders » : un petit polar de rien mais qui, pourtant, via son prégnant background d'époque, vaut bien de longs essais historiques. de plus, s'y essayer, c'est croiser la prose bougonne et ronchonne, aisée et limpide de ses polars supposés mineurs qui, en damnés « mauvais genres », en valent bien d'autres, plus généralistes.

Vive Daeninckx. Vive Tardi.
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Polar ou roman noir ? c'est la première question que l'on peut se poser lorsqu'on lit le der des ders. Car s'il y a bien enquête, Daenickx se plait surtout à rendre vivant l'immédiat après-guerre : ses stocks de produits américains revendus à prix cassés, ses blessés empilés dans des hôpitaux périphériques, ses gradés trop soucieux de leur honneur, ses anarchistes révoltés etc. L'ensemble est servi par un argot savoureux et des personnages auxquels on veut croire.
Certes, il y a bien une enquête, avec ses méandres, ses impasses, ses doutes, et elle est plutôt bien fichue cette intrigue qui en défrisera plus d'un. Elle commence lorsque le colonel Fantin de Larsaudière fait appel à René Griffon, ancien soldat reconverti dans les enquêtes privées. Ce dernier, souvent narrateur de cette aventure, nous fait le portrait d'un colonel soucieux de préserver son honneur : sa femme le tromperait trop visiblement. Pas très intéressant en apparence, du moins rien d'extraordinaire : rien que du travail habituel. Mais René a un peu d'intuition et de furieux doutes sur cette enquête trop évidente, sur cette épouse trop docile à la filature, sur ce père trop peu soucieux de la tentative de suicide de sa fille. Alors René creuse. Et René trouve.
Encore une fois, le roman vaut autant pour cette énigme très bien menée que par la plongée dans le Paris des années 20 : pas de coupes garçonnes ici mais du corned mutton en boite, pas de jazz mais la dernière voiture à la mode et une société encore traumatisée qui ne cesse de clamer « si Jaurès avait été là ! ». Un plaisir double à la lecture de ce livre qui joue sur les rythmes, les encadrés qui cassent la page à la manière des surréalistes (je pense au Paysan de Paris) et les changements de narrateurs qui basculent sans cesse d'une vision omnisciente au point de vue interne. de fait, pas moyen de s'ennuyer !
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Didier Daenincks, écrivain citoyen et engagé gratte inlassablement dans ses romans des écrouelles historiques irritantes pour découvrir ce qu'il y a sous ces croûtes qui se refusent à cicatriser : La guerre d'Algérie, la 1ère et la seconde guerre mondiale, pas dans leurs victoires universellement flattées et applaudies, mais dans tous leurs dérapages immondes que l'Etat cannibale aurait bien aimé garder secrets.


La profession de détective privé est née après la première guerre mondiale. L'invraisemblable nombre de disparus au cours de la grande boucherie est devenu une mâne pour les petits malins qui aident les femmes de tous les pays partenaires de l'apocalypse, y compris australiennes, soit à divorcer, soit à devenir officiellement veuves, prêtes à reconnaître n'importe quel corps démembré pour être libérées et éventuellement recueillir les pauvres bénéfices secondaires liés à leur décès. Loin de moi l'idée de leur jeter la pierre !


René Griffon, détective sur rendez-vous, 15 rue du Maroc, Paris 19ème, a créé sa propre officine. Sa carte de visite aurait pu, selon lui, être ainsi libellée : “Détective Ducon, croix de guerre avec citation”. Son plus grand traumatisme guerrier est d'avoir défoncé à coups de crosse la tête d'un copain breton de tranchée qui venait de se suicider d'une balle dans la tronche, pour éviter que l'on déniche “un bureaucrate dans le service chargé de répertorier les pertes, trop heureux de détecter un “suicidé”, un lâche qui avait choisi de mourir de sa propre main plutôt que d'affronter les balles boches !”


Quand le Colonel de Larsaudière fait appel à lui pour une banale histoire d'adultère, il ne s'agit que d'un prétexte pour Didier Daenincks pour photographier le Paris d'après la première guerre mondiale. L'histoire policière est un squelette que l'auteur recouvre de muscles et de graisse à travers les innombrables anecdotes que l'on devine documentées au millimètre. Les stocks américains laissés en jachère par un Etat US qui ne pensait pas conclure aussi rapidement, Cochon, qui aide les plus démunis à trouver un logement , les anarchistes et communistes en pleine ébullition. Il ne manque pas au passage de rappeler à notre mémoire défaillante l'épisode de la mutinerie russe à la Courtine ainsi que le terrible destin des fusillés pour l'exemple.
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�ifiant

�ontrairement à ce que le résumé laisse penser, nous sommes bel et bien dans polar historique.

🚗René Griffon, ex poilu, est devenu détective privé à la fin de la guerre. En 1919, le colonel Fantin l'emploi pour retrouver un maître chanteur qui le menace suite aux infidélités récurrentes de sa femme.

�t c'est grâce à cette enquête, à priori anodine, que l'auteur nous embarque dans ce Paris d'après guerre. J'y ai découvert énormément d'anecdotes, et encore plus sur cette guerre des tranchées. Car, 2 ans après l'armistice, les mentalités, la politique et la vie en générale est encore dictée par celle qui devait être la der des der.
Certains faisant tout pour oublier, d'autres étant encore traumatisés mentalement et/ou physiquement.

�ôté style, il est bref et factuel. On vit toute l'histoire grâce aux yeux et aux pensées de René. Heureusement qu'il a quelques touches d'humour pour nous permettre de lire ce livre. Aucune atrocité n'y est détaillée... bien loin de la même. Mais, la vie courante à cette époque nous oblige à y croiser des gueules cassées, des orphelins [...].

�ôté Histoire ... c'est passionnant. Certes il y a un peu de politique notamment avec les communistes (vraiment au sens extra large du terme à lire pour comprendre 😉) mais vu depuis René. Je n'aime pas ce sujet, mais la ça passe tout seul car expliqué facilement, factuellement et rapidement. Mais j'ai aussi aimé aussi découvrir toute cette ambiance de cette France après guerre du point de vue des gens du peuple et ces dénonciations des injustices.

𧙎n conclusion, malgré l'extrait du livre qui sert de résumé, nous sommes bel et bien dans un pur polar historique. Même si tout au long de la lecture on a le sentiment de s'égarer, cette conclusion m'a laissé totalement bouche-bée et tout prend alors sa place. Un livre fort et puissant rehaussé par ce style bref et factuel ... mais très émouvant en meme temps et historiquement passionnant.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Depuis la construction des abattoirs une sorte d'aristocratie souterraine s'était créée. Quelques familles de déshérités se partageaient les meilleurs "points de pêche" du réseau d'évacuation des eaux usées proche de la Porte de la Villette. Les installations de récupération de matières animales des abattoirs laissaient, en effet, filtrer d'infimes particules de graisses diluées dans l'eau bouillante des échaudoirs. Parvenues dans les égouts, ces graisses se figeaient en surface. Il suffisait alors d'une simple écumoire pour récolter le suif miraculé.
Un matin de juillet , un gars avait décidé, au mépris de toutes les règles non écrites de la profession d'écumeur d'égout, de s'installer au bas de l'échelle de la rue Rouvet.
On ne parvint jamais à déterminer qui poussa la bordure de trottoir prélevée sur un chantier de voirie…
Un égoutier retrouva le corps, à moitié bouffé par les rats, flottant dans les eaux du grand collecteur, à Jaurès. Personne n'était venu trouver la police ; on ne se souciais pas, dans le quartier, de ce meurtrier inconnu… L'écrémeur solitaire n'avait eu que ce qu'il méritait. Les flics étant sensiblement du même avis : ils se contentèrent de remonter la bordure et l'affaire fut classée.
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Bonjour les escarbilles ! L'obscurité complète jusqu'à Charonne… D'ailleurs, ça valait tout aussi bien. Je préférais cent fois le quartier de La Chapelle, malgré ses gazomètres et ses interminables encombrements de camions, à ce secteur truffé d'usines métalliques, d'ateliers de laminage… En le traversant il n'était pas rare de se prendre des bouffées d'acide en plein nez quand un ouvrier, à demi asphyxié par une trop longue pause au-dessus des bacs d'électrolyse, venait reprendre souffle sur le trottoir.
On en rencontrait des dizaines comme ça, entre quinze et quarante ans maxi… J'évitais de regarder leurs mains grignotées par la chimie, crispant les poings au plus profond de mes poches.
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Un jeune Breton dont je ne connaissais pas le nom, tout juste si je savais qu'il venait des environs de Quimperlé, craqua le premier. La détonation de son Lebel s'était mêlée au sifflement d'une marmite. La balle était rentrée sous le menton puis avait traversé le casque, en ligne droite……
J'ai ramassé le fusil encore fumant en gueulant de désespoir. Pas un n'a réagi quand j'ai défoncé le crâne de ce pauvre Breton à coups de crosse. Ils me croyaient dingue, ça se lit vite dans les regards cette pitié pour ceux qui divergent.
Il le fallait. Pour lui. L'ont-ils compris ?
On aurait bien déniché un bureaucrate dans le service chargé de répertorier les pertes, trop heureux de détecter un "suicidé", un lâche qui avait choisi de mourir de sa propre main plutôt que d'affronter les balles boches !
Infâme connard, c'est en pensant à ton crâne que je réduisais en bouillie celui d'un jeune gars.
Il le fallait. Même si son nom gravé dans la pierre ne signifie pas grand chose. Simplement le repos d'une mère, d'une femme qui continuent à vivre sur un souvenir. Un numéro sur un registre des pensions, payant la peur au tarif de la mendicité.
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Aubry travaillait alors pour le ministère de la Guerre et demeurait très discret sur son emploi du temps. Je réussis vaguement à comprendre qu'on l'envoyait en mission en Suisse, tous les deux ou trois mois. Là-bas il avait ordre de traîner dans les cafés fréquentés par les Français et de sympathiser avec la clientèle.
Il faut dire que plusieurs milliers de soldats s'étaient réfugiés à Genève, à Berne, pour fuir la boucherie. Le flux s'était accentué après le mois d'avril 1917 et les offensives débiles de Nivelle. Dès qu'il ferrait un déserteur, Aubry s'arrangeait pour le saouler et le ramener, le soir venu, au poste frontière français… Avec, au bout du voyage, la cour martiale.
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Je descendis les marches le regard fixé au sol, bien décidé à quitter cet hôpital sinistre au plus tôt , mais la soeur principale m'arrêta à l'accueil .
-Pouvez-vous me laisser votre nom ? Nous notons l'adresse de nos visiteurs et nous les invitons à particper à notre kermesse annuelle .C'est en octobre..Les malades attendent toujours cette date avec impatience ...
Je m'immobilisai , refermai mon manteau , passai mes gants , prenant largement le temps de préparer ma réponse. La soeur attendait , le sourire de compassion figé dans son visage de cire .
- Permettez-moi , en échange , de prendre le vôtre . J'organise une petite sauterie pour le premier mai . ..Ça vous donnera sûrement des idées pour égayer l'ambiance..
La cire se changea en marbre .Nettement moins coulant . Apparemment , ce n'était pas la première fois qu'elle rencontrait le diable.
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Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Copenhague que l’on doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud - La sortie de l’album Le champ des possibles que l’on doit au scénario de Véro Cazot, au dessin d’Anaïs Bernabé et c’est édité chez Dupuis - La sortie de l’album L’homme miroir que l’on doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane - La sortie de l’album The Velvet underground, dans l’effervescence de la Warhol factory que l’on doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles - La sortie de l’album Sept vies à vivre que l’on doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - La réédition de l’album Mauvaises herbes que l’on doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis
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