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Citations sur Le Der des ders (10)

Bonjour les escarbilles ! L'obscurité complète jusqu'à Charonne… D'ailleurs, ça valait tout aussi bien. Je préférais cent fois le quartier de La Chapelle, malgré ses gazomètres et ses interminables encombrements de camions, à ce secteur truffé d'usines métalliques, d'ateliers de laminage… En le traversant il n'était pas rare de se prendre des bouffées d'acide en plein nez quand un ouvrier, à demi asphyxié par une trop longue pause au-dessus des bacs d'électrolyse, venait reprendre souffle sur le trottoir.
On en rencontrait des dizaines comme ça, entre quinze et quarante ans maxi… J'évitais de regarder leurs mains grignotées par la chimie, crispant les poings au plus profond de mes poches.
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Depuis la construction des abattoirs une sorte d'aristocratie souterraine s'était créée. Quelques familles de déshérités se partageaient les meilleurs "points de pêche" du réseau d'évacuation des eaux usées proche de la Porte de la Villette. Les installations de récupération de matières animales des abattoirs laissaient, en effet, filtrer d'infimes particules de graisses diluées dans l'eau bouillante des échaudoirs. Parvenues dans les égouts, ces graisses se figeaient en surface. Il suffisait alors d'une simple écumoire pour récolter le suif miraculé.
Un matin de juillet , un gars avait décidé, au mépris de toutes les règles non écrites de la profession d'écumeur d'égout, de s'installer au bas de l'échelle de la rue Rouvet.
On ne parvint jamais à déterminer qui poussa la bordure de trottoir prélevée sur un chantier de voirie…
Un égoutier retrouva le corps, à moitié bouffé par les rats, flottant dans les eaux du grand collecteur, à Jaurès. Personne n'était venu trouver la police ; on ne se souciais pas, dans le quartier, de ce meurtrier inconnu… L'écrémeur solitaire n'avait eu que ce qu'il méritait. Les flics étant sensiblement du même avis : ils se contentèrent de remonter la bordure et l'affaire fut classée.
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Aubry travaillait alors pour le ministère de la Guerre et demeurait très discret sur son emploi du temps. Je réussis vaguement à comprendre qu'on l'envoyait en mission en Suisse, tous les deux ou trois mois. Là-bas il avait ordre de traîner dans les cafés fréquentés par les Français et de sympathiser avec la clientèle.
Il faut dire que plusieurs milliers de soldats s'étaient réfugiés à Genève, à Berne, pour fuir la boucherie. Le flux s'était accentué après le mois d'avril 1917 et les offensives débiles de Nivelle. Dès qu'il ferrait un déserteur, Aubry s'arrangeait pour le saouler et le ramener, le soir venu, au poste frontière français… Avec, au bout du voyage, la cour martiale.
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Un jeune Breton dont je ne connaissais pas le nom, tout juste si je savais qu'il venait des environs de Quimperlé, craqua le premier. La détonation de son Lebel s'était mêlée au sifflement d'une marmite. La balle était rentrée sous le menton puis avait traversé le casque, en ligne droite……
J'ai ramassé le fusil encore fumant en gueulant de désespoir. Pas un n'a réagi quand j'ai défoncé le crâne de ce pauvre Breton à coups de crosse. Ils me croyaient dingue, ça se lit vite dans les regards cette pitié pour ceux qui divergent.
Il le fallait. Pour lui. L'ont-ils compris ?
On aurait bien déniché un bureaucrate dans le service chargé de répertorier les pertes, trop heureux de détecter un "suicidé", un lâche qui avait choisi de mourir de sa propre main plutôt que d'affronter les balles boches !
Infâme connard, c'est en pensant à ton crâne que je réduisais en bouillie celui d'un jeune gars.
Il le fallait. Même si son nom gravé dans la pierre ne signifie pas grand chose. Simplement le repos d'une mère, d'une femme qui continuent à vivre sur un souvenir. Un numéro sur un registre des pensions, payant la peur au tarif de la mendicité.
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Je descendis les marches le regard fixé au sol, bien décidé à quitter cet hôpital sinistre au plus tôt , mais la soeur principale m'arrêta à l'accueil .
-Pouvez-vous me laisser votre nom ? Nous notons l'adresse de nos visiteurs et nous les invitons à particper à notre kermesse annuelle .C'est en octobre..Les malades attendent toujours cette date avec impatience ...
Je m'immobilisai , refermai mon manteau , passai mes gants , prenant largement le temps de préparer ma réponse. La soeur attendait , le sourire de compassion figé dans son visage de cire .
- Permettez-moi , en échange , de prendre le vôtre . J'organise une petite sauterie pour le premier mai . ..Ça vous donnera sûrement des idées pour égayer l'ambiance..
La cire se changea en marbre .Nettement moins coulant . Apparemment , ce n'était pas la première fois qu'elle rencontrait le diable.
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On leur a organisé une fête sur la Canebière... Tu canes, après on te met en bière !
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Votre histoire n'est pas très claire... Il y avait des Russes partout... Lénine aurait pu proclamer l'indépendance du Massif Central !
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En 17, les Ricains étaient partis pour une guerre de dix ans. Ils n'avaient pas hésité sur l'intendance ; tout ce que nécessitait la vie d'un bon million d'hommes durant des mois était empilé bien droit dans des multitudes de hangars disséminés sur le territoire français. Manque de pot, en un an c'était réglé. Guillaume kaput...
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C'était bien la première fois qu'on évoquait devant moi une guerre franco-russe à l'automne 1917 dans le département de la Creuse ! Pourquoi pas un championnat du monde de boxe opposant Foch au roi des Pygmées !
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- Vous n'aimez pas les flics, vous non plus ! Je n'en suis pas un. Détective privé. Je travaille à mon compte.
- Vous faites le boulot en direct, en vous passant de l'Etat... C'est pas bête. Les troufions auraient dû y penser en 14, je ne serais pas là à me racler les bronches pour virer tous ces satanés résidus d'ypérite. Tu parles d'un bon air qu'on avait sur la Marne... J'ai jamais pu me faire à la campagne !
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