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Jacques Tardi (Illustrateur)
EAN : 9782844140104
48 pages
L'Association (01/10/2002)
4.07/5   52 notes
Résumé :
L'écrivain Didier Daeninckx et le dessinateur Jacques Tardi s'associent une fois encore avec beaucoup d'efficacité pour raconter un autre épisode de la vie d'Eugène Varlot, ancien poilu reconverti en détective privé dans Le Der des ders, engagé par un héros de la première guerre mondiale pour fouiller. Gueules cassées et vies brisées aiguillent son enquête vers des moments pas si glorieux de la Grande boucherie. Varlot soldat commence le 27 avril 1917 dans les tranc... >Voir plus
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La guerre 14-18 et ses combats dans toute leur horreur.

Bien qu'il soit en noir et blanc, le dessin est terrible, violent et donc très éloquent pour restituer cette boucherie. Les corps explosent, les membres sont arrachés, les visages déchiquetés, on ne distingue pas les cadavres des blessés sur les zones dévastées. La mort est partout, immédiate ou assurément proche, pour les combattants et les déserteurs. Certains des 'survivants' semblent d'ailleurs déjà morts : leurs yeux ont l'air énucléés.
Pour tenir le coup dans ce cauchemar : les camarades, mais aussi les nouvelles de la famille et des amis restés à l'arrière. Mais il y a parfois de mauvaises surprises les concernant…

L'intrigue de cet album est succincte comme celle d'une nouvelle, mais percutante. On reconnaît la patte des deux auteurs : un scénario simple et sombre - sur fond de guerre - signé Daeninckx, mis en image de façon détaillée et explicite par Tardi.
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Tardi aura réalisé des oeuvres plus ambitieuses sur la guerre 14-18, comme “Putain de Guerre” en particulier. Ici, c'est sous la forme d'une petite nouvelle écrite par Didier Daeninckx qu'il nous décrit cette guerre, avec un aventure rocambolesque autour du soldat Varlot. le dessin en noir et blanc est dur, violent. le contraste entre les évènements de guerre, violents, cruels et sordides, et la petite escapade du soldat pour apporter une lettre à une femme en territoire occupé, à la limite du risible mettent en avant l'absurdité de la guerre. C'est poétique et glauque à la fois. Cette bande dessinée est courte mais arrive en très peu de page à marquer et à toucher.
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Qui se souvient d'Eugène Varlot ? Ce fut le héros de « le der des ders » (chroniqué sur les //s), un polar noir de Didier Daeninckx (le regard désabusé d'un ex-poilu recyclé détective privé, porté sur les séquelles à court terme de la Grande Guerre sur la vie parisienne, l'amorce des Années Folles). Une adaptation BD (Jacques Tardi) (1997) suivra.

« Varlot Soldat ». Voici le héros de retour, en flash-back, plus jeune et plus naïf. En préquelle au roman, c'est un one shot graphique en N&B exclusifs, co-signé par le dessinateur et le scénariste, il est daté de 1999 (« L'Association Ed. »).

14-18 encore ... et toujours. Pour Tardi et Daeninckx c'est une obsession partagée. Les voici Ici en duo, en auteurs complices et engagés, éternellement friands de tranches de (sur)vie et de mort dans les tranchées ou à l'arrière, de récits véridiques ou fictionnels alimentant leur moulin antimilitariste. Tous deux, en aversions partagées, en haines communes, en dénonciations exacerbées ; toutes réactions hargneuses mêlées, on en prend la pleine gueule. le tout fait écho à la Boucherie légale, quatre ans durant, sur le Front des Tranchées. Deux frères d'armes, deux pacifistes convaincus et convaincants, acharnés à clamer leurs devoirs de mémoire.

Les crobars crépusculaires de l'un ; les mots-chocs, sombres et tragiques de l'autre. D'un côté : table à dessins, papier Canson, plume, gomme et encre de Chine; de l'autre : clavier d'ordi, traitement de texte, fichier Word et clé USB. Deux vignettes par page seulement, gorgées d'encre sombre pour illustrer ; en inserts, des mots pour raconter. le noir & blanc du sang sur les chairs livides ; le noir des caractères d'imprimerie, le blanc de la page vierge, unis bientôt en osmose parfaite. Un travail à quatre-mains imparable pour remuer les baïonnettes dans les plaies de l'Histoire.

Toujours, en leitmotiv : clamer l'infamie, dénoncer, ne jamais oublier, ne plus recommencer … voeu pieux.

Deux dessins par page format standard, rien de plus ; 36 planches durant seulement (c'est bref de lecture). de l'espace, ainsi, pour fignoler les détails, penser aux cadrages les plus éloquents, s'imaginer en 16/9 et cinémascope guerrier hollywoodien. S'y ajoute un fil narratif à minima (bref de lecture itou), une histoire de peu de mots, mais pleine et entière, des phrases-choc, concises, affûtées et calibrées à la lettre près. le tout parvient au lecteur en uppercuts lourds, secs et rapides, aptes à le mettre K.O. debout. Etourdi de directs pleine mâchoire il parait aussi coeur de cible sur le trajet rectiligne et tendu d'un tir ennemi.

Le récit (un tantinet rocambolesque, mais qu'importe) suit Varlot au gré des circonstances et de leurs conséquences. Son grand corps dégingandé, son regard éclaté, ses yeux écarquillés, son facies harassé et horrifié vont au Front face à l'ennemi, sous la ferraille volante ; à l'arrière, dans l'hosto de campagne, près de la gnole pour anesthésier et la scie pour amputer ; à deux doigts de l'exécution de fusiliers pour l'exemple ; de l'autre côté du no man's land, le temps d'une escapade chez les Teutons, à Mons en Belgique envahie … C'est que Varlot a une lettre à remettre, une dernière, destinée à une veuve qui ne le sait pas encore, celle d'un poteau qui s'est flanqué une balle de Lebel dans la bouche, entre les dents serrées sur le froid de l'acier. « Il avait juste les bras assez longs pour appuyer sur la détente »

La suite appartient au récit …

Le dessin vit, bouge, interpelle, stupéfie, horrifie, choque, se fait cicatriciel et indélébile dans la mémoire de qui les voit.

Les poilus crèvent en 2D sous nos yeux écarquillés : gueules cassées, béantes, sabrées de leurs dents, figées dans l'instant fatidique du fracas ; mâchoires disloquées, membres arrachés encore en suspension dans l'air ; hommes-pantins abandonnés, disloqués, écartelés, éviscérés. Sur fond de mitraille on lit : « Je me souviendrai toujours du 27 avril 1917, et pas seulement parce que c'était le jour de mes 20 ans. Ce matin-là, c'était des vies qu'on soufflait à la place des bougies. » La mort fauche sur le grain du papier Canson, décapite et ampute sous les hachures du dessin mimant les explosions labourant la terre, griffe et déchire les cadavres crucifiés sur les zébrures figurant les barbelés ; abandonne des mourants au silence revenu sous la brume ou la fumée. L'évocation graphique, le temps de quelques vignettes, se fait apocalyptique. Tardi est inspiré, habité ; on le sent souffrir de ce qu'il dessine, en empathie totale avec ceux qui meurent sous ses crayons, avec ceux qui, il y a cent ans, crevèrent pour une idée.

L'épisode belge, celui de Mons traversée de nuit, couvre-feu et patrouilles allemandes, rappelle la vision qu'avait eu de Vienne Orson Wells dans « le Troisième homme ». Quelle beauté.

Et puis il y a un bordel, des courbes molles comme sait si bien les rendre Tardi … mais là je ne dirai rien, parce que je suis pudique et que le récit se transforme en croche-patte.
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Je suis une grande fan de Didier Daeninckx, j'aime beaucoup ses livres, en particulier « le der des ders », roman ayant déjà eu droit à sa version BD avec un certain Tardi.
Je suis une grande fan de Jacques Tardi. J'aime beaucoup ses oeuvres qui analysent avec beaucoup de finesse les périodes troublées de notre histoire.
Les premières pages de «  Varlot soldat » sont ahurissantes … une mâchoire par ici, une tête par là, des corps avachis … et tout ça le jour des vingt ans de Varlot et ce n'était pas des bougies qu'on soufflait mais des vies.
L'épopée de ce soldat qui traverse la guerre avec la chanson de Craonne en tête (1).
Quand le silence remplaçait le fracas des obus … c'est le bruit de son propre sang qui cogne aux oreilles, aux tempes …
Nous l'accompagnons dans son errance des tranchées à la Belgique et son retour sur le front.
Les croquis sont horribles non pas dans leurs réalisations mais dans ce qu'ils représentent … la souffrance, la faim, la peur, le bruit … et la mort au bout … la sienne ou celle des copains !

(1)
🎶Quand au bout du jour le repos terminé
On va reprendre les tranchées
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
C'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le coeur bien gros comme dans un sanglot
On dit adieu aux civelots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête🎶

🎶Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendrons
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau
Car si vous voulez la guerre
Payez-la de votre peau🎶
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Quand Daenincks et Tardi nous parle de 14...
C'est du lourd, de la grosse artillerie ,
observés avec minutie et une
tendresse absolue pour ces poilus .

La boucherie, commandée de loin et de haut.
la révolte, l'épuisement, le désespoir
condamnés au peloton.

Tout est dit dans la chanson de Craonne
que chantent les soldats
entre deux coups de canon.

Tout est là,
Le dessin de Tardi en noir et blanc
accompagne avec justesse
ce court texte percutant.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ils m'ont expliqué que les trois gars avaient refusé de monter à l'assaut. Pour les jeunots du peloton, c'était le baptême du feu. Si on avait confié ce sale boulot à des vétérans, c'est l'officier qui aurait pris la salve.
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[guerre 14-18]
Ça faisait des mois et des mois que le fracas des obus rythmait chaque seconde de ma vie... Dans le silence, je n'entendais que mon propre sang qui me cognait aux oreilles, aux tempes...
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[ Incipit ]

Je me souviendrais toujours du 27 avril 1917, et pas seulement parce que c'était le jour de mes vingt ans.

Ce matin-là, c'était des vies qu'on soufflait à la place des bougies.
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Videos de Didier Daeninckx (40) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Didier Daeninckx
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