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EAN : 9782369141747
208 pages
Libretto (02/04/2015)
4/5   9 notes
Résumé :
Le 15 décembre 1891, le navire Niuroahiti disparaît en Polynésie. Quelques mois plus tard, à plusieurs milliers de kilomètres de son port de départ, il accoste sous un faux nom dans une île du Pacifique où il est arraisonné par les autorités locales. Seuls membres de l’équipage d’origine : deux frères, Joseph et Alexandre Rorique, et le maître-queux du bâtiment. Sur accusation de ce dernier, les Rorique sont arrêtés. Soupçonnés de meurtres et d’actes de piraterie, i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Voici un récit à multiples voix à la frontière entre le roman d'aventures, l'enquête policière et le roman historique.
L'ouvrage revient sur le destin véridique et peu commun des frères Rorique alias (vous découvrirez qui) accusés vers 1892 d'avoir pris le commandement d'une goélette tahitienne au prix de sept assassinats.
Leur accusateur est un repris de justice qu'on a autant envie de pendre que d'écouter et les deux frères, Alexandre et Joseph, ne font vraiment rien pour avoir l'air au dessus de tout soupçon.
Leur destinée est entrecoupée avec celles de célébrités comme Paul Gauguin, Joseph Conrad ou encore Robert Louis Stevenson.
Le procès qui aura lieu en France interviendra en plein pendant l'épisode de l'assassinat du Président Sadi Carnot. Je vous laisse en découvrir l'issue et comment les deux frères termineront leur existence...
Le style de l'auteur est incisif et très agréable. On pourrait éventuellement lui faire le reproche d'utiliser un vocabulaire et des tournures de phrases actuelles alors qu'il cherche manifestement à donner l'illusion du témoignage d'époque, mais ce n'est franchement pas trop gênant.
Bref, selon moi, un ouvrage très honnête, fort plaisant à découvrir, mais ce n'est là que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Jean-Marie Dallet est un écrivain marin et sa passion pour la mer et la Polynésie se ressent dans son écriture. Romancier discret, si discret que j'ignorais son nom, lui qui a pourtant un palmarès impressionnant, il entraîne ses lecteurs dans de magnifiques voyages vers les atolls de Polynésie et à travers le temps.
De pareils tigres nous entraîne donc sur les traces des frères Rorique, Joseph et Alexandre, qui ont défrayé la chronique à la fin du XIXème siècle, accusés d'avoir supprimé l'équipage d'un navire pour en prendre le contrôle.
La force de ce roman historique réside dans le fait que l'histoire se déroule au travers du témoignage des personnages du livre. Chacun, tour à tour, donne sa version de l'histoire et il est bien difficile de se faire un avis : les frères Rorique sont-ils coupables ou non? Seul témoin de leur forfait, un cuisinier qui va témoigner contre eux et faire arrêter les deux frères que tout accuse. Et lisant le récit des Rorique, on se met à douter de la véracité des dires du cuistot, tant ceux-ci n'ont de cesse que de clamer leur innocence.
Ce roman, très documenté et d'une grande érudition, se lit comme un roman d'aventures. On y croise de nombreux et illustres personnages, tel le peintre Gauguin en proie aux doutes et à la maladie, Joseph Conrad, Alfred Dreyfus lors de leur emprisonnement à Cayenne. On suit avec horreur le sort réservé aux bagnards, la cruauté de l'époque où le bagne signifiait la mort dans les pires des conditions.
Un très grand moment de lecture. Je remercie les éditions Libretto et Babelio de m'avoir permis de découvrir cet auteur.
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Quand Babelio m'a généreusement sollicitée pour critiquer un roman à choisir parmi pléthore d'autres livres, j'ai opté pour de pareils tigres. L'été approchant, j'avais sûrement envie d'évasion. du coup un roman ayant pour scène Tahiti et la Polynésie me vendait suffisamment de rêve et je me suis donc laissée tenter comme une touriste à l'affut d'un peu d'exotisme. Bon tout n'est pas vraiment exotique ni tout rose dans notre récit qui reprend un fait divers ayant défrayé la chronique judiciaire à la fin du XIX en France : celle des frères Rorique accusés d'avoir détourné un navire rempli de biens « vendables » et d'avoir assassiné la quasi-totalité de l'équipage. Accusés par le seul survivant, le cuisinier (loin d'avoir un passif irréprochable d'ailleurs, bref), ils sont arrêtés, jugés militairement à Brest avant d'être envoyés au bagne de Cayenne. Voilà pour le résumé en trois lignes chrono de notre roman. Mais la force et le talent de Jean-Marie Dallet (même s'il m'a perdue avec l'usage excessif de termes de marine, je n'y entends rien à tout ça) est d'avoir rendu picaresque et haut en couleur ce drame judiciaire. L'alternance des points de vue : ceux des frères (Joseph et Alexandre Rorique) au caractère bien trempé (ripailleurs, fornicateurs, menteurs, voleurs et tueurs ?), celui des protagonistes (réels ou inventés) ayant été - de près ou de loin - en lien avec cette histoire. On y retrouve ainsi Gauguin, en pleine déprime artistique ou encore l'écrivain joseph Conrad venu trouver matière à ses romans. Tout concoure à faire croire que notre duo fraternel diabolique a bien détourné le navire et tué ses occupants sans aucun scrupule ; le récit qui en est fait par le cuistot donne d'ailleurs froid dans le dos. Mais, et en cela cette affaire restera à jamais une énigme, en dépit de caractères bien trempés et de preuves accablantes, cette culpabilité sera toujours mâtinée de circonspection. On ne saura jamais vraiment si les frères Rorique sont bel et bien coupables de ce crime. Bravo donc à Jean-Marie Dallet qui a su restituer avec brio cette confusion dans les esprits et des contemporains de l'affaire et dans celui du lecteur. Frustrant pour moi mais d'un autre côté, intéressant et déconcertant. Et j'apprécie ! On pardonnera quelques légères longueurs et comme je le disais, cet usage à outrance des termes de marine. Je remercie donc Babelio et les éditions Libretto pour ce beau partenariat.
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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Merci à Babelio pour l'envoi de ce livre !
En 1891, le navire Niuroahiti disparait en Polynésie. Considéré comme perdu, il réapparait pourtant quelques mois plus tard, sous un faux nom et accostant à une ile dans le Pacifique. Arrêté par les autorités, le navire ne contient plus que trois membres : Joseph et Alexandre Rorique, ainsi que le maitre-queux.
Les frères Rorique vont être accusés de meurtres et de pirateries. Lors du procès et de leur emprisonnement, nous allons avoir droit à leur histoire, à leur volonté de prouver leur innocence, ainsi qu'aux témoignages retenus contre eux.
Lors de la masse critique de Babelio, j'avais retenu ce titre surtout parce les frères Rorique, de leur vrai nom Degrave, ont réellement existés et ont été jugés pour ces actes de piraterie. C'est une affaire judiciaire qui a eu un grand retentissement, notamment dans des milieux intellectuels assez élevés, comme Emile Zola. Il y a toujours eu un doute sur leur culpabilité, ce qui a fait couler énormément d'encres. C'est aussi une affaire qui a inspiré à Jules Verne son roman Les frères Kip, ce qui n'est pas rien !
Donc, il m'en faut peu pour me faire baver. Dites-moi « histoire vraie », « marins », « piraterie » ou « affaire non élucidée », et je fonce directement ! Surtout que vous ajoutez à cette histoire vraie des descriptions de pays pour le moins exotique, comme la Polynésie mais aussi le sérieux de l'auteur. Jean-Marie Dallet a publié une vingtaine de romans et a notamment obtenu la bourse Goncourt du récit historique pour Dieudonné Soleil (Laffont, 1983), mais c'est aussi un marin qui a énormément voyagé entre la Méditerranée, le Pacifique... Cette expérience se reflète indéniablement sur ce livre, et j'ai eu l'impression de me retrouver embarquée au milieu d'une tempête, avec des descriptions des paysages et des us et coutumes tout à fait fascinantes !
De pareils tigres est un récit très court, qui se dévore en un clin d'oeil. Mais c'est surtout toute une histoire qui repose sur une seule interrogation : les frères sont-ils coupables des faits dont on les accuse ? Les deux visions de l'affaire, celles des frères et celles de leurs détracteurs. Deux versions, deux histoires, deux points de vue entièrement différents. Malgré la curiosité de savoir si Joseph et Alexandre Rorique sont innocents ou pas, le plus intéressants est de voir comment ces deux personnages historiques mènent leur vie, très riches en aventures, ils refusent absolument de courber l'échine devant qui que ce soit et ne vont pas se laisser faire. Mauvais ou bons, ce sont deux individus très intéressants à suivre !
Avec cette lecture, je me suis retrouvée embarquer sur un navire, le visage fouetté par les embruns et le moral retourné par la vie dans le bagne. de pareils tigres est une lecture très addictive, à lire si vous vous sentez d'explorer les traces de la piraterie, un voyage au goût de Jules Verne !
Lien : http://chezlechatducheshire...
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http://lesruinescirculaires.blogspot.com/2010/04/de-mer-de-soleil-et-de-sang.html

De mer de soleil et de sang...

Jean-Marie Dallet est un romancier discret, il se tient loin du petit monde germano-pratin...et pour cause il écume les mers sur son bateau entre la France et le pacifique-sud (le monde est donc vaste). Tahiti semble être devenu son jardin et par extension le théâtre de son travail de romancier, de pareils tigres fait état d'une affaire de piraterie dans les eaux de la Polynésie qui défraya la chronique française à la fin du XIXème siècle. Parce qu'elle fut en marge de l'affaire Dreyfus, que les deux protagonistes les frères Rorique se retrouvèrent au bagne de Cayenne en même temps que lui, et surtout parce qu'en France des intellectuels (Zola, une journaliste libertaire du nom de Séverine...) prirent fait et cause pour les deux frères et constituèrent un groupe de pression pour obtenir leur libération.
Mais au fait de quoi les accuse t-on ?
De s'être emparé d'un navire le Niuroahiti et d'avoir tué son équipage.
Mais les accusations se fondent sur le seul témoignage du cuisinier de bord et de concours de circonstances qui jouent en leur défaveur.

En réalité, à la lecture du roman on ne peut pas savoir s'il sont coupables ou non, les deux visions de l'affaire sont racontées simultanément par un jeu très habile d'alternance de narrations. Les différents narrateurs viennent jouer les deux musiques en parallèle.

Le roman est très subtil parce qu'il n'est pas à thèse, il ne cherche pas à découvrir la vérité, mais seulement à montrer l'aventure humaine ( d'où en exergue du livre cette phrase de Conrad : "la réalité est cachée. Dieu merci").
Après tout peut importe que ces frères Rorique soient coupable ou non, leur histoire est celle de deux tigres qui ne veulent pas se laisser enfermer, dompter par les conventions du monde, une histoire d'hommes libres comme on peut en trouver chez Conrad, ou comme pouvait l'être Gauguin (un des protagoniste et narrateur de l'aventure)

De pareils tigres est à tout les niveaux un roman envoûtant, jouant de l'exotisme des mers du sud, mais sans tomber dans le cliché, il y a là un pouvoir d'évocation presque magique; d'une part le lecteur sent très bien le fond documentaire et la précision sur laquelle prend appuis l'histoire (les termes de marine ne trompent pas, Dallet connaît son affaire ), mais en plus par un très habile jeu de narrations et de voix qui tissent le fil du récit.

On ressort du roman avec la tête encore pleine des embruns de Tahiti mais aussi des affres de l'épouvante du bagne de Cayenne.

Ce n'est pas pour rien que l'on retrouve Conrad comme narrateur partiel de l'histoire ni que l'on pense fréquemment à Jules Verne (c'est un sujet dont il s'inspira pour écrire les frères Kip). En fait ne manque que Segalen au tableau (mais lui viendra à Tahiti que des années plus tard pour être le chroniqueur d'un monde disparu) et nous aurions une évocation de toute cette époque pour qui l'invitation au voyage fut une vraie source créatrice.

Dans le roman et pour le lecteur, il s'opère un renversement de la notion d'exotisme. Comme le note Segalen dans son journal des Iles :

« La relativité de la sensation d'exotisme est plus qu'avérée. Ce n'est qu'un recul dans l'espace, un lointain, ou bien, le lointain aboli, une surprise des premiers instants. Maintenant, voici que je vis très naturellement en des « pays enchanteurs » […] et que c'est le retour vers la vieille Europe qui me semble mirage. »

Dallet nous fait admirablement bien nous acclimater à ce Pacifique sud au point de nous faire sentir cette relativité de la notion d'exotisme.
Mais c'est certainement là un réflexe d'enfant. L'appel sauvage de l'aventure qui vient hanter le lecteur. parce que de pareil tigres est et reste avant tout un grand roman d'aventure.
Lien : http://lesruinescirculaires...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
GAUGUIN
Me contenterais-je de la vie sauvage des indigènes qui, à présent, n'a plus de secret pour moi, deviendrais-je l'ermite de Mataiea ? Non, pas vraiment, même si mon vieux stock de civilisé est bien détruit, je vis à l'heure des nouvelles qui me parviennent de France et j'espère à chaque courrier recevoir un mandat, hélas, rien du côté pesetas et, pour les nouvelles, j'apprends seulement que Mette vend de mieux en mieux mes tableaux au Danemark, tandis que moi, au bord de mon lagon, je suis de plus en plus raide, au point d'envisager de partir pour les Marquises jouer au juge de paix pour cinq cents francs par mois.
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- Mirey, vous avez le Christ en croix cloué au mur devant vos yeux, si vous pouviez tendre la main et jurer — ce qui vous est interdit, étant vous-même accusé —, oseriez-vous affirmer que tout ce que vous avez dit sur ces hommes, dont vous tenez peut-être la vie entre vos mains est vrai ?
Et ce fourbe métis déclare de sa voix de fausset :
- Tout ce que j'ai dit est vrai, monsieur le président, j'ai respecté, j'ai aimé ces deux hommes, mais après tous les assassinats qu'ils ont accomplis sous mes yeux, mon devoir était de les dénoncer.
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Du jour au lendemain, on repasse de Rorique à Degrave, ça ne me fait pas plaisir, en plus je préfère Alexandre à Léonce, pareil pour mon frère, il préfère Joseph à Eugène, détail, broutille, bien sûr, et ce qui nous fait souffrir c'est le mal qu'on cause à notre mère, elle nous croit bourlinguant dans les mers du Sud, elle nous retrouve en Bretagne condamnés à mort, on a beau lui écrire qu'on est innocents, qu'on l'aime, le déshonneur est là, elle n'y survivra pas, on en a des cauchemars la nuit, alors, pour se donner du moral, on se dit :
- Grâce à notre nom respectable, à notre passé valeureux étalé dans les journaux, on évitera peut-être la mort, on se rapprochera peut-être de la liberté.
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