Un recueil plaisant à lire, avec onze contes corses, en langue française.
Les héros ont souvent un petit quelque chose de très corse, le prénom, le métier : Orsantone, Tamburinettu ... Il y a des muletiers, des bergers ...
Mais ces contes sont aussi très universels, ils peuvent parler à chacun.
Il y a un peu de Midas dans Maria au fil d'or, un peu d'Ali Baba dans Tamburinettu, il y a des variantes corses de Cendrillon : Maria au fil d'or, Letizia tresses d'ail ...
Les héros sont souvent de jeunes Corses condamnés à l'exil ou une longue quête. Condamnés par leur pauvreté, par leur belle-mère odieuse ... Un couple est condamné à un pacte avec le diable, on verra pourquoi ...
La quête se révèlera toujours enrichissante, quête de soi-même, quête de sagesse. Comme avec Salamone qui délivre trois conseils bien utiles à un homme qui a pourtant beaucoup voyagé. Il pourra ainsi retrouver sa famille.
Intéressant à découvrir ou redécouvrir, si vous aimez la Corse, les contes ...
Si vous souhaitez encore voyager un peu, la même collection propose aussi des contes d'autres pays : Corée, Bohême, Croatie ...
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Dans la vie, Tamburinettu [un jeune muletier corse] était courageux et voulait vraiment s'en sortir. Il partit dans la montagne. Il chercha.
Il chercha et aperçut des gens avec de belles mules.
Tout un train de mules avec leurs pompons de couleurs. Riches, bien décorées, mais sans clochettes et les sabots enveloppés de chiffons pour faire encore moins de bruit. Et cela l'étonna.
"C'est curieux ! se dit-il, ces muletiers qui sont si discrets, je vais les suivre en me cachant et j'apprendrai bien quelque chose."
Comme elles étaient chargées, ces mules !
Elles étaient solides mais certaines semblaient peiner car elles portaient de grands tonneaux. De grands tonneaux pleins d'or.
Tamburinettu se cacha. Il vit tout le monde arriver à une entrée de grotte (...)
Il comprit vite comment ça fonctionnait. Il était intelligent, Tamburinettu, il était malin. (...)
Ce jour-là était un grand jour. Il descendit à pas de loup jusqu'au village en se glissant sous les arbousiers, les bruyères et les cistes.
Il choisit chez lui deux mules costaudes et sûres pour repartir aussitôt.
Arrivé en vue de la grotte, il vérifia tout autour. Puis il dit comme il savait.
Il remplit plusieurs tonneaux de quantité de pièces d'or. (...)
Tamburinettu est devenu riche. Ils se sont vus soudain tranquilles.
J'espère qu'ils ne s'embêtaient pas. Ils ont dû partir en croisière. Lorsqu'on a de l'argent et qu'on s'ennuie un peu, on ne craint même plus la mer.
On a pu raconter aussi qu'ils étaient devenus si riches qu'ils avaient des cousins partout. Des cousins dans toute la Corse, des cousins à Naples, en Espagne et même jusqu'aux Dardanelles. L'un d'eux s'appelait Sésame - un nom de là-bas très curieux - un autre Ali Baba.
- J'ai quitté ma femme et mon fils. J'ai vécu beaucoup d'aventures. J'ai traversé des mers nombreuses. J'ai rêvé de raisins bien mûrs : on y pense dans le Niolu parce qu'il n'en pousse pas si haut. J'ai mangé des raisins et grimpé des montagnes ...
J'ai fini par me rendre compte que j'avais oublié quelque chose et je voudrais le retrouver.
Et Salamone lui répondit :
- Tu as de l'expérience. Les malheurs de la vie t'ont fait le caractère.
J'aimerais te garder à moi pour t'enseigner des savoir-faire. Mais tu m'as fait confiance et tu as bien parlé. Tu comprends tout seul des secrets.
Rentre donc au plus vite. Ta femme est encore jeune et tu dois connaître ton fils.
Lui doit savoir qui est son père.
Jeune et tailleur de profession, il vivait seul dans son village. Pas des plus grands, assez costaud, il avait la tête bien faite et les idées bien claires.
Il était tailleur comme son père qui avait appris le métier au cours de ses quinze ans d'armée. Il faisait aussi cordonnier ... Il faisait rempailleur de chaises ... Il travaillait comme il pouvait.
Et il s'appelait Orsantone, à la façon de son grand-père, mais on le surnommait Regalinu (Petit cadeau ...) parce qu'il négligeait trop souvent de se faire payer. Et trop de gens en profitaient.
Dans un village, on lui dit qu'un très vieil homme, un genre de sage, voulait quelqu'un pour des travaux. Il ne cherchait pas un serviteur. Non ... Simplement quelqu'un qui l'aide. Pour mettre de l'ordre au verger, consolider les lauzes du toit, réparer un vieil alambic. Des travaux d'homme de confiance.
Le vieillard s'appelait Salamone. Salamone, c'est Salomon, un drôle de nom et de quoi vous impressionner.