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EAN : 9782752905420
604 pages
Phébus (07/04/2011)
4.31/5   26 notes
Résumé :
(Traduit de l'anglais. From the Holy Mountain). En 1994, William Dalrymple part sur les traces d’un moine de mille quatre cents ans son aîné, qui avait entrepris, au VIe siècle, un périple à travers l’empire byzantin, des rives du Bosphore aux déserts égyptiens. La chronique de ce voyage, un texte intitulé « Pré spirituel », va servir de guide à notre auteur dans ses pérégrinations. Parti du Mont Athos, Dalrymple traverse la Turquie, puis se rend en Syrie, au Liban,... >Voir plus
Que lire après Dans l'ombre de Byzance : Sur les traces des chrétiens d'OrientVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Récit d'un voyage sur les traces de deux moines byzantins Jean Moschos et Sophronius au temps de Justinien, au fil des pages du Pré spirituel. Parti du Mont Athos fin juin 1994, il rejoindra l'Europe vers Noël de l'oasis de Kharga en Haute Égypte. En route il prendra ses lettres de crédit au Patriarcat Orthodoxe du Phganar à Istanbul, cherchera les vestiges byzantins des monastères de Turquie, de Syrie, de Palestine ou des déserts Égyptiens.





Reportage d'un journaliste chevronné sur les communautés chrétiennes d'Orient et leurs problèmes actuels. La diversité des églises m'a étonnée : Arméniens restés en Turquie ou dispersés après le génocide de 1915 dans toute la région. Souriens s'exprimant en turoyo, proche de l'araméen que parlait Jésus, Grecs Orthodoxes directs héritiers de Byzance, Maronites du Liban, Coptes, pour les chrétiens actuels, sans compter les hérétiques du temps des moines byzantins : monophysites, nestoriens, zoroastriens,messaliens, marcionites; mêmes adorateurs du démon!



Compte-rendu érudit de l'exploration des textes anciens et des vestiges antiques. Érudit ne veut pas dire ennuyeux, au contraire! Rien n'est plus réjouissant, même drolatique que les luttes contre les démons -surtout ceux qu'on chasse des feuilles de laitue à grands renforts de signes de croix- les imprécations contre le pape de Rome et les francs-maçons. Une foule de détails raconte la vie des ermites, des stylites, perchés sur leur colonne, adulés comme des champions de football ou des vedettes de cinéma.



Roman d'aventure. Dalrymple traverse des zones de guerre larvée ou ouverte. Les affrontements entre les forces armées turques et le PKK font rage au sud de Dyarbakir. Si la Syrie d'Assad est un havre de calme, Beyrouth porte encore les stigmates de la guerre et certaines régions sont sous le contrôle des factions maronites, du Hezbollah ou de l'armée syrienne. Sans parler de l'occupation de la Cisjordanie. le livre se termine sur des carnages en Haute Égypte par les islamistes contre des Coptes. Journaliste, Dalrymple sait trouver les moyens de est souvent suivi parcelle des services de sécurité. On sent la peur.

Loin des "croisades bushiennes" :

...."au début de mon voyage je m'étais attendu que le fondamentalisme soit partout leur principal ennemi. Or les choses n'étaient pas si simples.

dans le sud-est de la Turquie , les chrétiens syriaques étaient pris dans une guerre civile entre deux nationalismes, l'un kurde, l'autre turc[....]. Au Liban les maronites récoltaient ce qu'ils avaient semé, et les vendanges étaient amères, leur inaptitude à forgé un compromis avec les musulmans avait entraîné une guerre civile[....] quand au dilemme des palestiniens, il était encore d'une autre nature. [....] seule l'Égypte voyait sa population chrétienne menacée par la résurgence déclarée du fondamentalisme...."

écrit-il en conclusion.

Cette attitude nuancée est encore plus intéressante quand il cherche les points de convergence entre le christianisme oriental avec l'Islam plutôt que les divergences. Et ces convergences sont nombreuses. Les lieux de cultes communs existent et un certain syncrétisme: l'intercession de Saint Georges à Beit Jala près de Bethléem où les chrétiens situaient le lieu de naissance du Saint, les Juifs, la tombe du Prophète Elie et les musulmans la ville natal d'un saint de la fertilité appelé El Khidr. Moschos et Sophronius parcourent la région quelques années avant la conquête arabe.

Les Perses ont pris Jérusalem en 614 et l'ont gardée quinze ans, jusqu'en 629. Les musulmans prennent donc une ville affaiblie en 638. (Wikipedia)

la nouvelle religion s'est imposée graduellement semble-t-il dans la mosaïque des hérésie et parfois l'hostilité locale aux byzantins.

A chaque étape, un va et vient incessant s'opère entre le texte de Moschos, l'histoire antique ou byzantine et la réalité actuelle. Certaines analogies sont frappantes. Dans certains monastère, il semble que le temps se soit arrêté. En Égypte, à propos des exactions des islamistes un moine répond :

"côté de ce que nous avons subi par le passé, nos ennuis actuels ne sont rien/

- de quoi voulez vous parler au juste?

- Eh bien, des massacres de Dioclétien, par exemple/. c'était de la persécution!"





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Il y a des livres qui ouvrent l'intelligence et Dans l'ombre de Byzance: Sur les traces des chrétiens d'Orient est de ceux-là.
Posons un peu le contexte: l'auteur s'en va sur les routes, suivant l'itinéraire de deux moines byzantins du septième siècle, et dans leur pas, découvre et redécouvre les chrétiens d'Orient , sous toutes leurs formes, de la Grèce à la Turquie à la Syrie et j'en passe.
Le livre a plusieurs années et je n'ai pu m'empecher de penser évidemment à la situation actuelle. Lorsqu'il écrivait ces lignes, les malheureux qu'il rencontre avaient déjà une vie bien difficile, et depuis ils ont été massacré et jeté sur les routes. le lecteur a un peu l'impression que William Dalrymple chronique un monde qui se meurt. Et non seulement qui se meurt mais qui est soigneusement effacé de la carte et des livres. Quand il visite des villes qui ont été des foyers rayonnant du christianisme à l'époque où celui-ci avait à peine touché les rivages français et que sur les lieux il reste une malheureuse famille...et que le reste de la population, musulmane, estime que les chrétiens sont des envahisseurs qui n'ont rien à faire là, alors qu'ils étaient là avant même la naissance de l'Islam!
C'est un livre de témoignage mais aussi un livre d'histoire et j'ai beaucoup appris sur les premiers temps du christianisme et sur l'histoire de ces régions en général.
C'est un livre qui peine, pour tout ce qui a été perdu et sciemment détruit, mais aussi un livre qui enseigne. William Dalrymple maîtrise son sujet et sait le faire aimer, c'est à la fois érudit et fascinant et donne envie d'en lire tellement plus.

Un grand livre, par un grand auteur.
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Quel conteur talentueux ! J'avais déjà beaucoup aimé le Retour d'un roi sur la conquête avortée de l'Afghanistan par les anglais. Dans ce livre, j'ai suivi l'auteur sur les traces de Jean Moschos moine orthodoxe qui a visité les monastères de l'empire byzantin d'Istanbul à Alexandrie, en passant par la Syrie et la Palestine. Ce voyage se teinte d'une certaine tristesse car Moschos assiste au déclin de l'empire Byzantin, peu de temps avant la conquête de la partie orientale par les Arabes. Ses impressions sont notées dans le Pré spirituel, recueil d'anecdotes qui offrent un aperçu de la vie quotidienne à la fin du VIème siècle dans les villes florissantes de l'empire. Quinze siècles plus tard, William Dalrymple suit le même itinéraire et constate la disparition progressive des chrétiens d'Orient qui émigrent en masse vers des pays plus accueillants pour fuir les discriminations et aussi les persécutions. Ecrit il y a vingt ans, ce constat est d'autant plus amer pour le lecteur que l'auteur remarque que la Syrie est le seul pays où il a vu des chrétiens heureux et confiants. On connaît la suite…
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Contrairement aux moines de l'Occident médiéval, les Pères du désert égyptien avaient aussi tendance à rejeter le concept d'érudition, le culte de la connaissance en soi. Saint Antoine était particulièrement virulent quand il s'en prenait aux livres, proclamant notamment que chez un esprit sain, nul n'était besoin de lettres, et que lui-même n'avait besoin d'autre livre que "la nature de la création de Dieu, qui est toujours là quand je désire lire Sa Parole". Les disciples coptes de Saint Antoine furent nombreux à suivre son exemple et à se détourner de l'étude en lui préférant les rigueurs du travail manuel et les longues heures de prière. C'est ainsi qu'un millénaire de culture littéraire classique tomba dans l'oubli et que, pour la première fois, les oeuvres d'Homère et de Thucydide cessèrent d'être lues, pour citer un chant monastique dédié à la Vierge: "les rhéteurs aux mille langues sont désormais muets comme des carpes".
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Mais l’élément le plus surprenant, dans le portrait que Jean Moschos brosse de l'Orient méditerranéen, est tout simplement qu'il soit...chrétien. Dans l'imaginaire collectif, le Levant passe presque sans hiatus de l'ère classique à l'hégémonie musulmane. Or, on a un peu trop tendance à oublier que, pendant plus de trois cent ans -depuis Constantin, au début du IVè siècle, jusqu'à l'avènement de l'islam, à l'orée du VIIè -, il est au contraire presque en totalité chrétien. A une époque où le christianisme commence tout juste à prendre racine dans les îles Britanniques [...], le Levant, lui, forme le coeur de la chrétienté, le centre de la civilisation chrétienne.
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Hormis de rares archéologues, personne ne fait plus jamais le détour par Antioche, ni les politiciens turcs, ni les journalistes, ni les touristes ; pas même le PKK.
Dire qu'à une époque la totalité de l’Europe, la majeure partie du Proche-Orient et toute la côte nord-africaine étaient gouvernées depuis ce petit bourg, ce trou aujourd'hui oublié même des Turcs ! Un jour, peut-être, il arrivera la même chose à Los Angeles ou à San Francisco.
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Redevenu sérieux, il a ajouté que si je ne me faisais pas arrêter par la police, et si je ne sautais pas sur une mine, il me restait la réjouissante perspective d'être enlevé par le PPK. C'était arrivé l'année précédente à trois Britanniques qui faisaient le tour du monde à vélo. On ne leur avait pas fait le moindre mal, mais comme les rebelles ne pouvaient pas faire de feu ( ce qui aurait révélé leur position à l'armée), les otages avaient dû se nourrir de tartare de serpent et de hérisson cru pendant trois mois.
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-Qu'y a-t-il donc à aimer dans le désert?
- Nous y trouvons la paix, le silence. Quand on a vraiment envie de parler à quelqu'un, on l'emmène dans un endroit tranquille ; on ne reste pas au milieu de la foule. Le contexte ne s'y prête pas. Eh bien, c'est pareil pour nous. Si nous sommes ici, c'est que nous voulons être seuls avec notre Dieu. Saint-Antoine a dit: "Fais taire ton cœur et Dieu parlera."
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Videos de William Dalrymple (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Dalrymple
Les relations entre philosophie et histoire peuvent prendre deux formes distinctes. Dans le premier cas, la philosophie interroge le sens des événements historiques (on parle alors de philosophie de l'histoire). Dans le second, la philosophie interroge la discipline historique et non plus son objet, s'intéressant au type de connaissance que produisent les historiens, et à l'extension de la classe des activités de recherche qui relèvent de la catégorie «histoire». C'est sur ce second type de réflexion que porte cette conférence. Celle-ci reviendra sur une question aussi ancienne que la philosophie des sciences : lorsqu'on explique en histoire, quelle forme prend cette explication, quelle relation entre l'explication historique et les explications qu'on trouve dans d'autres disciplines?
Dans un premier temps, Denis Forest reviendra sur la figure de William Whewell qui définit au XIXe siècle la classe des sciences «palétiologiques» (ou historiques) et propose un examen critique des explications que l'on peut rencontrer dans une science de ce type, emblématique à ses yeux : la géologie. Dans un second temps, il présentera la conception moniste de Carl Hempel qui, au milieu du XXe siècle, nie toute spécificité à l'explication en histoire (au sens ordinaire de ce mot) au nom de l'unité de la science. Enfin, il s'intéressera à un échantillon contemporain de connaissance historique (le livre récent de William Dalrymple, Anarchie) pour caractériser les explications que produisent les historiens, en soutenant qu'elles ne consistent pas à invoquer des lois causales, contrairement à ce que proposaient Whewell et Hempel. Il tentera également de montrer comment s'articulent une valeur comme celle d'objectivité et la dimension perspectiviste de toute connaissance historique.
Par Denis Forest, professeur de philosophie et d'histoire des sciences à l'université Paris 1 et membre statutaire de l'Institut d'histoire et de philosophie des sciences et des techniques
En savoir plus sur le cycle Comment écrire l'histoire aujourd'hui ? : https://www.bnf.fr/fr/agenda/comment-ecrire-lhistoire-aujourdhui
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