Dans l'aéroport de Varsovie, un homme attend. Il a manqué son vol pour Paris. Et le voilà coincé par une grève du personnel aérien. Il s'appelle Jean-Paul Rakover. Venu là pour un congrès de dentisterie, il en profite pour découvrir ses racines juives polonaises. Seul, sans argent, sans moyen de communication, il écrit dans son ordinateur sept chapitres plus ou moins longs, pour faire le point sur ses origines, sa famille, son éducation, sa judaïté. Lors de ses recherches, il a trouvé un texte signé Joseph Rakover, préservé dans une bouteille, dans le ghetto, après la Seconde Guerre Mondiale. Il cite et commente abondamment cet homme disparu, le considérant comme un parent, un ancêtre, une figure tutélaire surgie de la nuit des temps.
La première qualité de ce texte, écrit à la première personne, se trouve dans son humour aigre-doux, qui mêle subtilement des moments émouvants (les ruines du ghetto, les avis nécrologiques, les rencontres) et des accents cocasses, ironiques. Si bien que le récit, écrit comme s'il était d'un seul jet, présente une évidente fraîcheur, dont la structure est un télescopage de concepts, de références, de sentiments. Ainsi la Pologne, c'est nécessairement Copernic, le pape, le catholicisme, les camps, la carpe panée. Et que dire du judaïsme, alors qu'on est athée ? Que cela se réduit à la circoncision.
Pourtant, à force de digressions, une certaine lassitude s'installe. Mais voilà que l'épisode du rêve relance l'attention. En effet, tous les éléments rencontrés dans la première partie s'y retrouvent sous forme symbolique. Et, comme l'aurait fait
Sigmund Freud,
Jean-Paul, le dentiste français, analyse et en tire les conclusions qui lui permettront, peut-être, de résoudre sa crise identitaire, de refouler ses doutes existentiels et de confirmer son (non) rapport à Dieu.