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EAN : 9782070407750
768 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.99/5   904 notes
Résumé :
Andreas Schaltzmann est persuadé que les habitants de la planète Vega sont installés dans son quartier, à Vitry-sur-Seine, et étendent leurs ramifications jusqu'aux plus hautes sphères de l'État. Paranoïaque, l'homme décide de vider ses comptes en banque et ses chargeurs de revolvers ; il se lance dans une cavalcade meurtrière à travers la France.
Arrêté, il apprend qu'on lui attribue des crimes qu'il n'a pas commis. Un trio de scientifiques persuadé de son i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (78) Voir plus Ajouter une critique
3,99

sur 904 notes
Un polar très légèrement futuriste, un des romans les plus connus de l'auteur avec Babylon Babies. Il a obtenu en 1996 le grand prix de l'imaginaire et le prix Rosny aîné.

Nazis, aliens et rayons cosmiques rythment la vie d'Andreas Schaltzmann, qui au nom de sa propre rationalité, va se mettre à tuer. Mais après son arrestation (et je ne spoile pas car c'est écrit dès les premières pages du livre) une équipe de psy et cogniticien aidé par une neuromatrice, intelligence artificielle que son concepteur Darquandier dit dark, a spécialisé dans la compréhension des phénomènes sériels et des tueurs de masse entre en jeu. S'opposant à la bureaucratie aveugle et la justice intransigeante qui tient son coupable, il va devoir contre vents et marées imposer sa théorie : il y a d'autres tueurs dans la nature, et ils sont bien plus organisés et puissants que ce pauvre schizophrène.

En propos liminaire, je tiens à signaler que le côté sf du livre tient essentiellement dans l'emploi de l'IA, du développement de l'internet et des réseaux de communication (le livre a été écrit en 1995, à l'aube de l'internet grand public). Contrairement à ce qu'auraient pu faire penser la quatrième de couverture et/ou la lecture des premiers chapitres, vous n'aurez pas de théories fumeuses sur les ET et autres puissances du mal agissant dans le dos des serial killers. Un bon point d'ailleurs..

En commençant cette lecture, donnée et classée comme sf, je me suis retrouvé engagé dans une zone obscure. Quelle sf ?, c'est du polar noir (lehane-fan au secours), et si les zombies ne vous donnent pas satisfaction en matière d'action sanglante, lisez Dantec. Bienvenue chez les fous, et du sévère.
Mais ce n'est qu'une première et petite partie du livre (125 pages). A. Schaltzmann devient presque anecdotique après l'entrée en jeu de Dark et de sa neuromatrice. Car c'est finalement sur lui qu'est concentré le reste des 750 pages du roman. Sa prise de conscience du phénomène, son opposition à la justice, son renoncement et son retour sur le devant de la scène de la chasse aux criminels aidé par un formidable Watson (qui rempli aussi le rôle d'Holmes d'ailleurs) : son IA ultrapuissante.

Au final, un polar scientifiquement plausible, qui aborde tout un tas de théories tout en restant très lisible, très bien écrit, addictif.
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De Dantec, je connaissais le nom, la réputation sulfureuse et les titres de certains de ses ouvrages, mais je n'avais jamais rien lu de lui. C'est chose faite désormais avec Les racines du mal, paru en 1995.

Le roman débute - et se poursuit - comme un thriller particulièrement efficace. L'auteur y adjoint une légère dose d'anticipation, sans tomber totalement dans la science-fiction. Ayant terminé l'écriture en 1994, c'est très intéressant, à rebours, d'observer où le conduisait son imagination en matière de nouvelles technologies notamment, et de leur impact sur la société.

Revenons au début. le roman s'ouvre sur le personnage d'Andreas Schatzmann, jeune homme au psychisme pour le moins instable et enfoncé dans une furie paranoïaque. Il se croit entouré d'aliens venus de Véga ayant pris forme humaine et qui lui dérobe ses organes, le tout mâtiné de résurgences nazie et d'une mère violente et tyrannique quoique morte. Andreas est inspiré en grande partie du tueur en série américain Richard Chase, surnommé par la presse le Vampire de Sacramento.
Les descriptions que rédige l'auteur sur ses délires psychotiques et ses actes sont ahurissantes de crédibilité et souvent à la limite du soutenable.

L'enquête s'emmêle ensuite avec d'autres meurtres qui lui sont attribués alors que le trio de scientifiques chargés d'étudier son cas pensent qu'il s'agit d'un autre tueur. Dans ce trio, le narrateur Arthur Darquandier, dit Dark, est un spécialiste des sciences cognitives et de la conscience neuronique. Il est à la source d'une intelligence artificielle appelée Docteur Schizzo avec laquelle il converse et enquête.

Le roman s'étale sur plusieurs années où Dark s'attelle à d'autres projets avant de se retrouver confronté à de nouvelles preuves de l'existence d'un ou de plusieurs tueurs particulièrement prolifiques et sadiques. Là aussi Dantec nous réserve quelques descriptifs qui ont mis à mal mon estomac.

Dans Les Racines du Mal, il a poussé très loin les limites de la perversion humaine. Il atteint des sommets en matière de noirceur romanesque. Il instaure également un monde où le numérique est omniprésent. A cette ultra technologie il mêle des éléments ésotériques, la Kabbale juive du Zohar et les préceptes chinois du Tao. le tout forme un syncrétisme sur lequel Dantec s'étend parfois copieusement via les réflexions de Darquandier. J'avoue qu'il m'a parfois un peu perdue en route même si certaines de ses interrogations sur la conscience et sur l'évolution possible des rapports entre l'IA et son créateur m'ont beaucoup intéressée.

Dans l'ensemble, Les Racines du Mal est un thriller palpitant et efficace dans sa construction et son suspense. le monde imaginé par Dantec ne donne pas très envie tant il semble déshumanisé et tenu par la violence à tous niveaux. Force est de constater que certaines de ses perspectives se sont réalisées.
Mieux vaut avoir l'estomac bien accroché pour en entreprendre la lecture. Au-delà de ça, il offre un roman intelligent et source de réflexions.
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J'ai abandonné la lecture de ce livre à peu près à la moitié. Lorsque l'enquête rebondit avec une autre équipe d'enquêteurs. On perd la trace du meurtrier puis à nouveau l'enquête est relancée. Je n'ai pas cru à ce revirement qui romps brutalement avec la première partie. Cette première partie est un pur chef-d'oeuvre. Jamais, je n'ai lu les pensées d'un schizophrène, de l'intérieur. C'est ce que nous offre l'auteur pour comprendre le malheureux. Son monde n'est pas le notre. Il a sa propre réalité qui le met en danger de mort. Alors il se bat avec violence contre des êtres imaginaires pour nous mais qui se révèlent extrêmement dangereux pour lui et mettent sa vie en péril. Une vieille dame qui traverse la rue tranquillement devient dans son cerveau malade un envahisseur d'une autre planète qu'il faut éliminer. Tout cela est magnifiquement décrit. On comprend ce personnage. Dommage que la suite soit pour moi comme du « réchauffé », beaucoup moins ancré dans la réalité, peut-être pour les besoins de l'action… Je ne sais pas pourquoi le roman change de cap à ce moment là. Pour redonner du souffle au récit ? Je n'en sais rien. Toujours est-il que c'est là que j'ai décroché. Dommage. Rien que pour la première partout, il faut lire ce livre.
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Andreas Schaltzmann vit dans un monde où les aliens se sont alliés au nazis pour gouverner la Terre et assujettir ses habitants. Il se sent contaminé par un virus qui le fait pourrir de l'intérieur. Mais Andreas ne lâche pas le morceau, il se révolte et essaie tant bien que mal de rester fidèle à ce qu'il est, en tuant les agents de la Gestapo ou les collabos qu'il croise.

Le lecteur sait et devine très rapidement qu'Andreas Schaltzmann vit dans son propre monde intérieur, un univers psychologique dans lequel il est traqué, mort de peur, et qui fait de lui l'un des tueurs en série les plus craints du "commun des mortels". Finalement arrêté, sa folie est étudiée par une cellule psychologique, composée d'un cogniticien, d'une psychologue et de notre protagoniste, Darquandier (alias Dark), concepteur d'une neuromatrice ultra-performante capable de simuler un cerveau humain afin de le comprendre et de prévoir ses réactions.

Passée la courte introduction du tueur en série paranoïaque, c'est donc l'histoire de Dark que nous relate ce roman de Maurice G. Dantec. Écrit en 1995, ce livre est réellement futuriste dans les technologies de pointe qu'il utilise, ne manquant certainement pas d'imagination alors que le monde n'en était qu'à l'aube de l'Internet. D'ailleurs en ce qui me concerne, cette superbe neuromatrice (qui m'a souvent fait penser au Jarvis d'Iron Man en passant), est le personnage central de cette histoire. C'est de la science-fiction bien entendu, mais je trouve qu'il serait beaucoup plus représentatif de parler de ce roman comme d'un polar scientifique, qui aborde des sujets aussi vastes et variés que la psychologie, la sociologie, l'intelligence artificielle, la philosophie, l'ésotérisme, et j'en passe...

Malgré quelques passages trop longs à mon goût (trop de blabla scientifique pour moi), j'ai adoré ce roman, que j'ai lu avec avidité jusqu'à un épilogue à la hauteur de mes espérances (j'avais un peu peur d'être déçue par une fin trop facile) et je le recommande chaudement !

PS : faut quand même parfois avoir le coeur bien accroché, je vous préviens...
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Ce roman débute comme un simple polar, avec l'angoisse shizophrénique d'Andreas Shaltzmann, jeune homme rejeté, humilié, pratiquement crucifié par sa mère décédée depuis peu et plus ou moins abandonné par un père qui veut surtout "ne pas faire de vagues." Très jeune, le petit Andreas - en qui l'on reconnaît des traits empruntés à Richard Chase, tueur en série américain - ne trouve la paix qu'en allumant des incendies. Malgré des séjours en hopitaux psychiatriques, il est en fait abandonné à lui-même et aucun effort réel n'est fait pour l'aider. Ce qui fait qu'un jour, tout naturellement, dans les affres d'une angoisse épouvantable, il commence à tuer "parce que son estomac pourrissait." Shaltzmann est en outre persuadé qu'un complot aliéno-nazi le traque, lui, le seul Terrien authentique et pur, qui a besoin de sang pour survivre et rester pur. Quelque part, dans les limbes, erre le spectre hideux de sa mère qui, de temps à autre, lui téléphone pour continuer à l'empoisonner ...
Voilà notre premier tueur. Et curieusement, on finit par avoir pitié de cet homme qui abat n'importe qui parce qu'il est sincèrement persuadé de se trouver en face d'un "espion", d'un ennemi, d'un envoyé de la Mère, dans le pire des cas. Il commence une cavale meurtrière à travers notre pays, cavale qui le mène notamment à la frontière montagneuse de l'Est de la France.
Et c'est là que, brusquement, Andreas, qui écoute la radio entre deux crises et qui est loin d'être idiot bien que complètement "fou", se rend compte qu'un autre tueur agit en parallèle. Or, s'il est tout-à-fait d'accord pour finir par payer tôt ou tard les crimes qu'il a commis, il est indigné à l'idée qu'on lui mette sur le dos des meurtres qui ne sont pas les siens et qui portent d'ailleurs la marque d'un sadisme beaucoup plus prononcé, beaucoup plus pensé. Andreas tue pour se défendre mais le (ou les) Tueur(s) parallèle(s) tue(nt) par plaisir, pour la jouissance du Pouvoir.
Nous sommes à l'aube du troisième millénaire lorsque commence l'action. Arrêté après une tentative de suicide solitaire dans sa voiture, Andreas est soigné et soumis aux questions d'un trio de chercheurs. Très vite, ceux-ci se rendent compte que quelque chose ne "colle" pas. Commence alors pour eux une longue quête sur la piste des véritables monstres ...
Vous en dire plus serait vous dévoiler l'intrigue. Sachez en tout cas qu'on ne sort pas indemne de cette lecture qui prouve que l'on peut utiliser avec génie - le mot n'est pas trop fort, croyez-moi - les bases d'une intrigue policière (fortement mâtinée de futurisme étant donné l'ordinateur tout-à-fait étonnant qu'utilise l'un des chercheurs après l'avoir créé) pour faire passer un message quasi métaphysique. Dantec s'est, il faut bien le dire, solidement documenté tant sur le cas du "Vampire de Sacramento" - nom donné par la presse américaine à Richard Chase - que sur les grands courants philosophiques et religieux issus essentiellement du Manichéisme avant de gagner en finesse et en complexité.
Sa force, son coup de maître, c'est de réussir à entraîner son lecteur avec lui, au coeur le plus sombre de l'Etre Humain, là où tout peut basculer dans des abysses dignes de Jérôme Bosch ou, au contraire, s'élever à jamais vers la Lumière. Une grande question qu'un autre très célèbre tueur en série au quotient intellectuel particulièrement élevé, Ted Bundy, ne cessa jamais de se poser en désespérant d'y répondre.
Bonne lecture mais n'oubliez pas : "Les Racines du Mal" n'est pas un policier comme les autres et ça peut même faire penser à Ellroy ... ;o)
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Citations et extraits (58) Voir plus Ajouter une citation
Son petit tailleur gris perle, strict et anodin, quoique élégant. Ce sourire infernal qui devait bien atteindre les mille degrés centigrades. Je me suis demandé qu'elle était la force qui me retenait de lui sauter dessus dans la seconde. Sans doute une strate de morale résiduelle, ou pire encore, de timidité, me suis-je dit avec un sourire involontaire.
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Il y avait des camps de concentration par ici. Déguisés en cités de transit et autres grands ensembles HLM (dont les initiales signifiaient réellement Horizontaux Logements Mortels, selon la nomenclature secrète des ministères aliens).
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« Le monde entier était mort, il était sous le contrôle de ma mère. Je savais qu'elle étendait ses tentacules à partir de sa tombe. Ma maison, mon quartier, toute la ville, la planète, bientôt l'univers entier serait sous sa domination. Je n'avais que le Feu pour ami. Ça a toujours été mon seul ami. Il fallait que je fasse disparaître tout cela par le Feu, et je me comptais dedans évidemment »
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Je vais vous dire à quoi sert un bureaucrate, à l'ère de la communication instantanée, à l'âge de la vitesse-lumière. Il sert à bloquer l'information.
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Le monde de la fin du XXe siècle est une colossale expérience darwiniste, où les conditions de survie sont dictées par une poignée de règles fondamentales. L'une d'entre elles tient en ces quelques mots : Vous-devez-payer-votre-loyer-tous-les-mois.
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Quel que soit le truc que vous inventiez, il vaut mieux se faire une raison quand on est un scientifique : il y a toujours, quelque part, un militaire prêt à transformer votre zinzin en machine de destruction massive. Nous n'étions pas les premiers à être confrontés à la dure thermodynamique du pouvoir humain et de l'histoire. En 1940-45, les savants européens et américains réunis autour du projet Manhattan en avaient déjà prouvé les effets inconfortables, quand ils furent mis devant le fait accompli : la Bombe serait bientôt produite. C'était devenu techniquement faisable, donc ce serait fait (aucune invention de l'humanité n'échappe à cette règle). On avait le choix entre une Bombe nazie et une Bombe américaine. Ils eurent ensuite le choix entre la Bombe du monde libre et la Bombe de l'empire communiste.
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— Oublie un peu tes raisonnements rationnels, Dark... Tu as affaire à des humains. Complexité, chaos.
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Il faut bien comprendre que les « véritables » scientifiques sont avant tout des êtres doués d'imagination. C'est-à-dire capables de faire « rupture » avec l'ordre informationnel qui les entoure. Il faut de l'imagination pour entrevoir les structures cachées qui sous-tendent l'univers, au-delà de ce que nous donnent à voir nos sens et nos instruments.
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Nous étions en train de discuter, Svetlana et moi, des travaux de Colin Wilson, datant du début des années soixante-dix, il avait mis dès cette époque le doigt sur un certain nombre de points essentiels, comme par exemple la nécessité de disposer de pas mal de temps libre, pour tuer de manière répétitive pendant des années. L'apparition des meurtriers en série est en effet inséparable de la naissance de la civilisation des « loisirs ». Et ce, pour une raison bien simple : il faut du temps pour tuer. Et surtout il ne faut rien avoir de mieux à faire. La civilisation des « loisirs » masque un sous-développement flagrant de l'esprit humain, et elle ne produit en fait qu'un mécanisme banal, parfaitement ennuyeux et dépersonnalisant, décortiqué depuis longtemps par les situationnistes, par exemple. Ces derniers ont expérimenté d'emblée la seule solution radicale, donc possible : celle de transformer l'espace urbain en terrain de jeu. En fait, les tueurs en série opèrent d'une façon similaire, quoique sous des modalités quelque peu différentes, je le reconnais. Les situationnistes étaient des artistes et des êtres relativement épanouis, même s'ils étaient en rupture avec l'ordre du monde. Tous les artistes sont des démiurges ambivalents ; ils sont en rupture et en harmonie, de façon synchrone, c'est-à-dire « paradoxale ». C'est de la confrontation entre ces deux aspects de leur personnalité que naît leur prise de conscience. Mais pour d'autres individus, plus instables, la dépersonnalisation agit de manière différente : face à la perte de l'ego qui en résulte, la seule façon de continuer d'« exister », c'est-à-dire de « sentir » que l'on existe, ne peut résulter que d'une combinaison de violence et de rituel : la magie. Le raccourci symbolique, qui redonne consistance et intensité à la vie. La plupart des meurtriers en série ont en effet un QI se situant dans les strates supérieures du tableau. Ils font partie de ces cinq pour cent de la population considérés par les psychologues behavioristes comme « dominants », voire « sur-dominants ». Les meurtriers en série ont souvent un goût prononcé, voire des prédispositions réelles pour des activités nécessitant intelligence, créativité, et audace. Mais lorsque la vie tout entière n'est plus qu'un vaste « espace de loisirs », sans but ni direction, neutre et sans affect, « média froid » où les séries télé s'enchaînent aux jeux stupides, au déluge publicitaire et à l'ennui, le nombre des solutions se restreint au fur et à mesure que s'empilent les frustrations. Face à la dépersonnalisation de la civilisation des « loisirs », le tueur en série invente son propre Jeu, son territoire symbolique personnel, dont il est le maître absolu. Le jeu est en effet une activité où l'identification est forte, c'est un « média chaud », pour reprendre la classification de Mac Luhan. La « vie » y est bien plus intense que dans la vie. Le jeu est magie pure. Le sexe lui-même ne devient plus que le vecteur « magique » par lequel exercer la soif de domination, de créativité et de pouvoir, frustrée à tous les stades de l'évolution personnelle, stratifiée par Marslow selon sa « théorie des besoins » : nourriture/sécurité-territoire/sexe/reconnaissance de soi/ activités métaphysiques ou créatrices.
.../...
Elle a chuchoté mon nom, dans un souffle qui attendait depuis des siècles, cette vérité me frappa de plein fouet. Sa main s'est enroulée autour de mon bras et je me suis retrouvé soudé à elle. L'amour ressemble à s'y méprendre au mécanisme des bombes atomiques, deux morceaux de matière fissile rassemblés brusquement pour atteindre la masse critique. Réaction en chaîne. Haute énergie.
.../...
—Vous vous souvenez d'Henry Lee Lucas et de son pote Ottis Toole, et la petite amie du premier, qui était la nièce du second ?...
— Oui, oui, ai-je marmonné, ils font partie des cas que j'ai consignés avec Gombrowicz, à l'époque...
— Vous vous rappelez comment leur histoire s'est terminée ? J'ai fait travailler mes méninges.
— Oui... Henry a supprimé Lorraine « Becky » Powell, sa petite amie, lors d'une dérive tueuse en couple. Ensuite, j'crois qu'lui et Ottis se sont fait chopper... — C'est ça... Vous savez, on constate souvent la même chose avec les tueurs en série qui opèrent en groupe... Leur sens de la solidarité est extrêmement réduit. Le groupe n'est qu'un objet, comme le reste, comme leurs victimes, la bagnole, la télé, les canettes de bière, ou pour ceux qui nous occupent un PC portable. S'il ne fonctionne plus, ou s'il est devenu inutile, il doit disparaître...
.../...
La neuromatrice allait-elle nous échapper pour de bon ? Et n'était-ce pas la logique même de la création, et en particulier de la première forme d'intelligence artificielle digne de ce nom ? Allait-elle nous supplanter définitivement, nous rejetant sans peine dans les musées d'anthropologie ? Homo sapiens sapiens, primate évolué ayant disparu au début du troisième millénaire de son « ère chrétienne », éliminé par la plus aboutie de ses productions...
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Feu rapide, consume-moi, voici la flamme secrète
Sauve-moi des chambres à gaz et des exterminateurs de bébés
Feu rapide, montre-moi comment brûler
Sans que jamais la vie ne s'éteigne
Sans que jamais le Mal ne m'atteigne.
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L’apparition des meurtriers en série est en effet inséparable de la naissance de la civilisation des « loisirs ». Et ce, pour une raison bien simple : il faut du temps pour tuer. Et surtout il ne faut rien avoir de mieux à faire.
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