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EAN : 9782070403073
148 pages
Gallimard (23/04/1998)
3.07/5   1115 notes
Résumé :
«Le directeur a été très gentil avec moi le jour de mon embauche. J'ai eu la permission de gérer ma parfumerie toute seule. Ca marchait bien. Seulement, quand les premiers symptômes sont apparus, j'ai dû quitter la parfumerie. Ce n'était pas une histoire de décence ni rien ; c'est juste que tout devenait trop compliqué. Heureusement, j'ai rencontré Edgar, et Edgar, comme vous le savez, est devenu président de la République. C'était moi, l'égérie d'Edgar. Mais person... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (102) Voir plus Ajouter une critique
3,07

sur 1115 notes
Dans « Le deuxième sexe », Simone de Beauvoir nous expliquait, péremptoire : « on ne nait pas femme, on le devient »… eh bien Marie Darrieusecq, dans ce "Truismes", nous démontre de fort belle manière qu’on peut être femme et devenir cochonne …

L’héroïne de ce petit roman, un peu perdue, se retrouve employée dans un salon de beauté-massage où à force de faire des « cochonneries » et à force de se faire exploiter voit progressivement son corps se transformer pour prendre une forme porcine ; elle se transforme en truie… d’où le titre « truismes », au pluriel, truismes… sans doute pour signifier qu’on n’assiste pas à une transformation définitive mais plutôt à un changement d’état de type loup-garou qui nécessite la présence de circonstances particulières… et qui dit loup-garou dit Yvan, le directeur de Loup-Y-Es-Tu.
Tout ça sur fond d’élections et de politiciens pervers, finalement renversés par des plus pervers encore… on dirait du Houellebecq… dans un Paris dévasté.

Un livre d’odeurs, aussi…

Après une sortie très remarquée et très médiatisée, qui m’en avait éloigné, voilà un bouquin acquis au hasard de la liquidation d’une bibliothèque, que j’ai lu avec un certain plaisir : un style narratif plaisant, une histoire à dormir debout (les nuits de pleine lune)… on est bien loin de Kafka et de sa « Métamorphose », mais qu’importe. Une lecture plaisante, finalement : un peu sexe, un peu fantastique, un peu d’horreur… Une diatribe dénonçant la triste condition féminine, disent certain(e)s. Oui, peut-être… mais ce serait une erreur, je pense, que de limiter ce roman qui présente une esthétique certaine à cette interprétation militante.
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Ovni littéraire. Premier livre. Un énorme succès. Mais clivant, à cause de l'image de la femme qui apparaît fortement dégradée.
Il peut être vu comme une satire sociale, une fable, une farce ou un récit d'aventures décrivant minutieusement les étapes de la transformation d'une jeune femme en animal.

Evidemment une truie, l'animal le plus décrié, le plus sale mais aussi l'un des plus proche de nous. Un bain de boue? Des saillies à volonté avec n'importe qui? La truie c'est la prostituée des bas fonds.

Mais une truie bien dans sa peau alors que l'esthéticienne du départ est constamment salie par son patron ou des clients qui abusent de sa candeur. La critique de la condition féminine est évidente.

Au départ, surpris par le ton des années 1990: pas de filtre pour nommer les minorités ou les femmes. J'ai aimé le ton de Marie Darrieussecq, elle ose tout.

J'ai particulièrement goûté la noirceur du roman et son contexte totalitaire. Comme un miroir des violences et des travers humains dans la société ou vis à vis des animaux.

Encore plus de nos jours, le récit retombe sur ses pattes avec des thèmes comme l'égalité des genres et les maltraitances animales.

Ma relecture, bien des années après, m'a comblé, Marie Darrieussecq a créé une histoire simple mais riche qui alimente encore bien des sujets d'actualité.
Grouic...
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Bizarre parfois la perception que l'on peut avoir des auteurs et des livres.
Ignorant tout de Marie Darrieussecq, je ne sais absolument pas pourquoi je l'avais associée à Christine Angot, que j'avais vue dans une émission et que j'avais trouvée malsaine à souhait. Et du coup, je n'ai jamais lu aucune des deux.
Hasard d'une brocante, encore, pour un euro je me suis dit que je ne risquais pas grand-chose et j'ai donc acheté Truismes pour me faire une opinion.
Bien m'en a pris. J'ai été très agréablement surprise. J'ai trouvé le ton et le sujet très originaux.
La narratrice, naïve, crédule et soumise m'a fait penser à Darling de Jean Teulé.
C'est la même descente dans la déchéance. On tombe vite dans le glauque. Pourtant, même dans les pires moments, l'auteur effleure simplement le hard et n'est jamais vulgaire.
Elle nous offre une satire du statut de la femme, et de son corps en particulier. Son image ne lui appartient pas.
En même temps que le corps de la narratrice, la socoété se transforme aussi et on arrive à une deuxième satire, celle de la politique.
On peut aussi penser à la part animale qui est en nous, en dualité avec notre intellect.
Bref, il y a matière à réflexion dans ce livre fable qui peut passer pour loufoque.
Je suis vraiment curieuse maintenant de lire autre chose de Marie Darrieussecq.
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La narratrice écrit ce texte alors qu'elle est en situation d'urgence. Elle ressent le besoin de coucher sur le papier l'expérience qu'elle vit depuis plusieurs mois. le lecteur sent que c'est difficile, elle semble en danger et dans l'incapacité physique et intellectuelle de mener son projet à bien.
C'est que la narratrice est en phase d'évolution vers l'état de cochon, de porc, de truie.
C'est sur un ton a priori naïf qu'elle nous raconte la progression de sa transformation.
Le thème essentiel de ce court roman est la condition féminine. L'autrice en passe toutes les facettes au crible : le corps de la femme ne lui appartient pas, il est la cible des hommes qui se transforment en prédateurs. Cela s'exprime tant dans le monde du travail que dans le domaine privé. La femme existe pour donner du plaisir aux hommes et assurer leur confort domestique. Marie Darrieussecq évoque la dépendance financière, l'interdiction d'avoir du plaisir sexuel, la maltraitance gynécologique, l'hostilité sociétale à l'avortement, etc. (je ne vais quand même pas tout vous raconter).
Alors qu'elle devient ce que l'on a fait d'elle, une cochonne, la narratrice explore des mondes interdits et décrit l'harmonie à se sentir au diapason de son corps.
Vous avez compris, ce roman est tout sauf un truisme, il est un pavé dans la mare, écrit au milieu des années 1990, bien avant la révolte Metoo et les revendications féministes actuelles.
Mais Marie Darrieussecq ne s'arrête pas là. Elle place son héroïne dans une temporalité de science-fiction ( ??), celle de la prise de pouvoir de l'extrême droite et de la mise en place d'une dictature visant notamment à se débarrasser des minorités. La violence et la négligence faites à la nature n'échappent pas à sa vision globale du 3e millénaire.
Bien que publié au rayon littérature blanche, ce roman est une vraie dystopie, permettant à l'autrice de taper fort sur un monde pas si imaginaire que ça.
Le titre dit tout par son inverse : distorsion de la vérité, fondamentalité du propos, cynisme assumé par la voix ingénue de son personnage. On notera également un magnifique jeu de mots (ça y est, vous l'avez ?).
Ce livre fourmille de trouvailles sous forme d'analogies, chaque mot compte dans ces quelques 160 pages que le lecteur reçoit en pleine face tel un uppercut.
Marie Darrieussecq brosse le portrait décadent de notre société et par contraste avec la candeur de la narratrice, le propos est glaçant. D'autant plus que 25 ans après la parution, le roman est d'une terrible actualité, la réalité s'approchant dangereusement de sa fiction.
Je vous fais la grâce de vous épargner le paragraphe sur le style de l'autrice qui est impeccable, incisif, ciselé et percutant.
C'est un roman d'une intelligence féroce, d'une grande richesse, j'ai pleuré de rire, à moins que ce ne soit de consternation devant une analyse aussi fine du devenir pathétique de notre société.
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Une femme, ingénue et naïve devient un objet sexuel et en vient à se prostituer. Peu à peu, elle s'animalise pour devenir une truie. Cette histoire à priori farfelue et complètement déjantée se passe dans un futur lointain à l'aube du troisième millénaire où visiblement, le monde est par certains côtés redevenu sauvage et la perversité des puissants s'étale au grand jour sans retenue. On pense très vite à la « Métamorphose » de Kafka. La description de la condition féminine confère à cette comédie acerbe un étrange sentiment de mal-être. On est pris de pitié pour cette pauvre femme qui passe par toutes les conditions sociales. Ce roman peut être vu comme une dystopie illustrant le dérèglement général de notre société. Je ne connaissais pas Marie Darrieussecq, mais ce roman me donne envie de lire les autres.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
De plus en plus, je me réfugiais dans le petit square entre deux clients, je les faisais patienter un peu. Je prenais des risques avec le directeur, mais je n’en pouvais plus. Je subtilisais les crèmes conseillées par les magazines et je les étalais soigneusement sur ma peau, mais rien n’y faisait. J’étais toujours aussi fatiguée, ma tête était toujours aussi embrouillée, et le gel micro-cellulaire spécial épiderme sensible contre les capitons disgracieux de chez Yerling ne semblait même pas vouloir pénétrer. Honoré disait qu’il était bien le seul. Honoré devenait vulgaire, il se doutait vraiment de quelque chose. En plus de développer une profonde graisse sous-cutanée ma peau devenait allergique à tout, même aux produits les plus chers. Elle épaississait fort disgracieusement et se révélait hypersensible, ce qui était un bonheur quand j’avais, pour parler crûment, mes chaleurs, mais un vrai handicap pour tout ce qui concernait les maquillages, les parfums et les produits ménagers. Or dans mon métier ou pour tenir la maison d’Honoré, j’étais pourtant bien obligée d’en faire usage. Alors ça ne ratait pas : je me couvrais de plaques rouges, et après la crise ma peau devenait encore plus rose qu’avant. Et j’avais beau passer toutes les crèmes du monde sur mon troisième téton, rien n’y faisait, il ne voulait pas disparaître. Quand j’ai commencé à voir enfler comme un vrai sein par-dessous, j’ai cru que j’allais m’évanouir.
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[ Incipit ]

Je sais à quel point cette histoire pourra semer de trouble et d'angoisse, à quel point elle perturbera de gens. Je me doute que l'éditeur qui acceptera de prendre en charge ce manuscrit s'exposera à d'infinis ennuis. La prison ne lui sera sans doute pas épargnée, et je tiens à lui demander tout de suite pardon pour le dérangement. Mais il faut que j'écrive ce livre sans plus tarder, parce que si on me retrouve dans l'état où je suis maintenant, personne ne voudra ni m'écouter ni me croire. Or tenir un stylo me donne de terribles crampes. Je manque aussi de lumière, je suis obligée de m'arrêter quand la nuit tombe, et j'écris très, très lentement. Je ne vous parle pas de la difficulté pour trouver ce cahier, ni de la boue, qui salit tout, qui dilue l'encre à peine sèche. J'espère que l'éditeur qui aura la patience de déchiffrer cette écriture de cochon voudra bien prendre en considération les efforts terribles que je fais pour écrire le plus lisiblement possible. L'action même de me souvenir m'est très difficile. Mais si je me concentre très fort et que j'essaie de remonter aussi loin que je peux, c'est-à-dire juste avant les événements, je parviens à retrouver des images.
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C’était la première fois que je voyais des arbres aussi hauts, et qui sentaient si bon. Ils sentaient l’écorce, la sève sauvage ramassée au ras du tronc, ils sentaient toute la puissance endormie de l’hiver.
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J’ai passé une nuit horrible. A peine m’assoupissais-je sur mon tabouret que des images de sang et d’égorgement me venaient à l’esprit. Je voyais Honoré ouvrir la bouche sur moi comme pour m’embrasser, et me mordre sauvagement dans le lard. Je voyais les clients faire mine de manger les fleurs de mon décolleté et planter leurs dents dans mon cou. Je voyais le directeur arracher ma blouse et hurler de rire en découvrant six tétines au lieu de mes deux seins. C’est ce cauchemar-là qui m’a fait me réveiller en sursaut. J’ai couru vomir à la salle de bain, mais l’odeur des rillettes m’a soulevé le cœur encore plus. Ça a fait comme si mon intérieur se retournait, le ventre, les tripes, les boyaux, tout à l’extérieur comme un gant à l’envers. J’ai vomi sans pouvoir m’arrêter pendant plusieurs minutes. Après j’ai ressenti le besoin urgent de me laver. Je me suis frottée sur tout le corps, savonnée dans les moindres recoins, je voulais enlever tout ça. Il y avait une odeur très particulière attachée à ma peau. Les poils surtout me dégoûtaient. Je me suis séchée soigneusement dans une serviette bien propre, je me suis frottée au talc, et je me suis sentie un peu mieux. Ensuite, je me suis rasé les jambes et, comme je pouvais, le dos. Un peu de sang a coulé, c’est difficile de se raser le dos. La vue du sang m’a pétrifiée. (p. 52)
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Heureusement, il restait des fidèles, une poignée de doux dingues. Ceux-là me faisaient toujours mettre à quatre pattes, me reniflaient, me lèchaient, et faisaient leurs petites affaires en bramant, poussaient des cris de cerf en rut, enfin, ce genre de choses.
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Vidéo de Marie Darrieussecq
Comment se fabriquent les femmes ? de quelles expériences et injonctions sont-elles pétries, et comment s'en accommodent-elles ? C'est ce qu'explore l'écrivaine Marie Darrieussecq dans son nouveau roman "Fabriquer une femme", récit en miroir du passage à l'âge adulte de deux amies, Rose et Solange, dans les années 1980-90. Elle est l'invitée de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Perre Verdy / AFP
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