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Mes chers amis, mes chères amibes,
je souris ce matin. Non tant que l'époque ou la situation fussent particulièrement risibles à l'échelle où nous nous trouvons, vous et moi, mais elles le sont sans doute, forcément, à une échelle autre. Laissez-moi tenter d'illustrer cette affirmation. Peut-être avez-vous vu l'épisode 9 de la quatrième saison de la série Mad Men ?

Si tel n'est pas le cas, laissez-moi, très brièvement, vous brosser la scène à laquelle je songe. Nous sommes dans une agence de publicité new-yorkaise qui bat de l'aile dans les années 1960. Des clients, qui n'ont rien de sensationnels, sont là en salle de réunion et l'équipe dirigeante, composée de créatifs et de commerciaux, essaie tant bien que mal de décrocher un contrat avec eux. Pendant ce temps, l'une des vieilles secrétaires de l'agence vient de tomber raide morte à son bureau.

Imaginez la situation, les dirigeants, la sueur au front, la mâchoire crispée, essayant de garder la face, de donner le change et surtout, d'éviter que les clients ne se retournent et n'aperçoivent le cadavre de la secrétaire derrière la cloison vitrée. de leur côté, les autres secrétaires et employés effondrés, sous le choc, s'échinant à déplacer le macchabée hors de la vue des clients.

Nul doute que pour les dirigeants de l'agence, cette situation est un véritable calvaire. Nul doute que pour l'assemblée des secrétaires apprenties croque-morts également. Mais pour nous autres, spectateurs avachis, situés là d'où nous sommes, le cocasse, l'incongruité de la scène est à mourir de rire.

Eh bien c'est peut-être ça que nous vivons en ce moment, vous ne croyez pas ? Peut-être nous suffirait-il de changer de point de vue pour trouver la situation incroyablement désopilante et c'est peut-être notre vieil ami Charles Darwin qui pourrait nous y aider, pourquoi pas ?

J'ai sous les yeux un article du Monde diplomatique datant du mois de mars 2021 intitulé : « Les Brevets, obstacle aux vaccins pour tous ». le ton y est, comme souvent, sombre, solennel, démoralisant, écoeurant, révoltant, larmoyant… Jugez plutôt : « Et à l'intérieur même de l'Union européenne, les premières livraisons ont révélé des inégalités flagrantes : l'Italie a reçu 9.750 doses, la France 19.500 et l'Allemagne 151.125 (suit une référence à un article de Virginie Malingre publié dans le Monde du 6 février 2021). Même ramenés à la population respective de ces pays, ces écarts demeurent inexplicables et semblent suggérer que certains sont plus égaux que d'autres. L'Allemagne, de surcroît, négocie de gré à gré pour se procurer des doses supplémentaires, en dépit de son adhésion au mécanisme d'achat conjoint de vaccins par la Commission. » etc., etc. dans la même veine jusqu'à la fin.

On y apprend que derrière tout ça, des laboratoires peu scrupuleux, notamment américains (directement ou indirectement via leurs actionnaires) s'attachent à s'en mettre plein les fouilles, bien cachés derrière un joli paravent de langue de bois et d'apparente miséricorde universelle, etc., etc. Or, que je sache, chaque président de ce joli pays que l'on nomme États-Unis d'Amérique, depuis que la fonction existe, prête serment tous les quatre ans sur un gros bouquin poussiéreux où il est écrit en toutes lettres quelque part — j'ai vérifié — « Les premiers seront les derniers ».

Je me suis laissée dire qu'outre chez Bob Dylan, on trouvait une formule approchant dans le Coran et sans doute dans pas mal d'autres livres où les préceptes, maximes et lignes de bonne conduite se ramassent à la pelle. Mais qu'est-ce que ça veut dire au juste « Les premiers seront les derniers » ?

Serait-ce, les premiers (de la classe, à savoir les vipères à veston de type Emmanuel M. & consort, tous copains de promo, d'une même année ou des années précédentes voire suivantes) seront les derniers (à comprendre ce qui se passe vraiment pour la population et la lame de font qui monte du côté des gilets jaunes et affiliés) ?

Ou bien, comme le suggère un vieux maître à penser comme Jared Diamond, les premiers (à morfler des épidémies dans les centres populeux des premiers bassins de population antiques) seront les derniers (à résister encore aux maladies, notamment lors de la colonisation du territoire américain par les conquistadors) ?

Ou bien encore, les premiers (antibiotiques utilisés) seront les derniers (qu'on vous administrera aujourd'hui car les résistances bactériennes sont telles que cela ferait pire que mieux) ?

Alors qu'ajouter à la fin de : Les premiers (pays largement vaccinés) seront … … … (je vous laisse compléter vous-mêmes) ? Charles Darwin nous explique ça très bien, et ça fait même plus de 150 ans qu'il nous l'explique très bien, malgré quelques petites évolutions, depuis lors, dans la théorie de l'évolution. Quel est le business plan le plus viable pour tout être vivant ? Avoir une pléthorique descendance (plus qu'il n'en peut survivre), espérer qu'au sein de cette descendance il y ait nombre de variants, laisser calmement agir la sélection naturelle en fonction des avantages sélectifs propres à chaque variant afin d'éliminer ceux qui s'avèrent inaptes à la survie à long terme. L'équation est finalement fort simple : mutation + sélection = adaptation.

Qu'est-ce que ça veut dire « être adapté » pour un virus ? Torpiller le plus de monde possible ? Terrasser son hôte du mieux qu'il peut ? ou le laisser au contraire sagement survivre afin qu'il dissémine au mieux la précieuse semence tout du long de sa courte vie terrestre ? Allez, comme ça, citez-moi de mémoire un virus mortel. Paf ! très bien, très bon choix mademoiselle, le virus herpès. Comment ? Mortel un bouton de fièvre ? Oui, monsieur, parfaitement, dangereux à crever, capable de vous balayer un régiment en un rien de temps… enfin, ça, c'était avant…

L'herpès A, c'est-à-dire le nôtre, est absolument terrifiant pour d'autres espèces de singe (car nous sommes des singes, est-il besoin de vous le rappeler, que cela vous plaise ou non). En retour, politesse oblige, l'herpès B, celui qui ressemble comme un frère au nôtre mais qui touche les babouins & macaques en les faisant marrer s'avère mortel pour nous. C'est régulier de leur part, il fallait s'y attendre : ça se passe comme ça chez les virus, un peu comme au foot quand les capitaines s'échangent leur fanion avant le match…

Le SIDA, ça vient des chimpanzés, n'est-ce pas ? Et qu'est-ce que ça leur fait à eux ? Un gros rhume… Imaginez, il y a cent ans, lorsqu'un médecin se penchait sur la poitrine d'un enfant malade avec son stéthoscope. Toute la famille, livide, se mangeait les doigts au bord du lit. le médecin se relevait, la mine grave, et disait, telle une sentence divine : « C'est la grippe espagnole, Mesdames, je suis désolé ! » Toutes les mamans, les soeurs, les grands-mères se mettaient à hurler, à chialer, à s'arracher les cheveux, à s'allumer des cierges et à se compter les graines de chapelet en se pleurnichant des Ave Maria et des Confiteor en face de leurs crucifix.

Aujourd'hui, le gosse ne se sent pas très bien, le médecin arrive, il l'ausculte : « Ce n'est qu'une grippe, Madame, tout va bien. Un bouillon, du Doliprane et au lit. Dans une semaine il pètera le feu, je vous le garantis.
— Ah, ouf ! répond la mère reconnaissante, j'ai eu peur que ce soit un truc grave ! »

Bon, vous avez compris, je pense. « Être adapté », pour un virus, ça veut dire, devenir de moins en moins virulent et de plus en plus contagieux. Quels sont, sans volonté de psychose aucune, les virus suprêmes de l'espèce humaine ? Les virus provoquant des rhumes, pas vrai ? Or… or… un tiers sont des… des… coronavirus ! « Oh ! non, la vache ! Dites-moi pas qu' c'est pas vrai ! Putain d' merde ! Comment qu'on va faire, alors ?! »

Ah, Charlie ! Mon p'tit Charlie, mon p'tit Chacha Dada, mon p'tit Darwin, tu sais que je t'aime bien, en fait. Car dans le fond, on sait très bien que c'est exactement ce qu'il lui arrivera au corona machin 19 bidule truc, hein Charlie, exactement comme tous les virus avant lui et comme tous les virus après lui. Au départ, par maladresse, ils sont violents ces petits ballots, puis, au fur et à mesure, ils se corrigent comme l'a expliqué papa Darwin, ils savent se tenir : mutation, sélection, adaptation ; mutation, sélection, adaptation ; mutation, sélection, adaptation… « En somme, qu'il se dit, le machin, en langage ARN, si j'ai le mauvais goût de faire trépasser tout mon petit monde, je vais y perdre à la bourse de Wall Street des virus et alors, des petits malins de virus, moins virulents mais plus contagieux vont me passer devant en parts de marché et me faire couler la boutique. Faut que je réagisse, y a pas de raison ! »

Parallèlement, nous autres, et malgré l'outrecuidance ambiante de penser que l'on puisse s'extraire nous même du mécanisme de sélection naturelle, nous allons aussi évoluer, que cela vous plaise ou non et selon le même procédé. Si vous ne me croyez pas, allez voir le taux de résistance naturelle au paludisme, vous verrez qu'entre le Pakistan et l'Allemagne, il y a une sacrée différence. Même chose quant à notre aptitude à digérer le lactose à l'âge adulte. Pratiquement 100 % de lactase adulte chez les peuples sibériens ou lapons, là où la consommation du lait était par le passé un enjeu vital, pratiquement 0 % pour les peuples vivant autour de l'équateur dans la zone intertropicale, là où le lait était dispensable, à tout le moins non conservable, et l'élevage des grands mammifères, difficile.

Donc, oui, une fois encore, n'est-ce pas Mathieu, les premiers seront les derniers… « Certes, certes, diront certains, mais certainement pas, en ce qui me concerne, moi, ça me déconcerte, ces villes désertes, ces enseignes vertes, ces cris d'alerte, ces bouches ouvertes. C'est pas le tout, j'ai envie d'échapper à la mort, moi, et pour de bon ! »

Hmm… échapper à la mort, tiens, tiens, quelle drôle d'idée… Quand je vois nos dirigeants qui s'agitent, les Emmanuel Macrel, les Angela Merkon & autres virus apparentés, qui se mettent en quatre, disent-ils, pour « éviter des morts », pour nous « sauver des vies », ça me fait délicatement sourire… Ça me rappelle une fable que j'ai lu il y a longtemps. Elle s'appelait comment déjà ? le Mièvre et la Tordue, peut-être bien, à moins que ça ne soit La Porc et le Moucheron, ou alors Pire Être et le Poteau laid… je ne sais plus, c'est dingue que je ne puisse pas m'en souvenir… J'ai beau transpirer, j'ai beau suer, je n'y arrive pas…

Tiens, tiens, j'ai beau suer… J'ai Bossuet… Que disait-il lui déjà à ce propos ? Je l'avais noté quelque part, pourtant, il faut que je regarde dans mon calepin, permettez, une seconde, je tourne les pages… ah, voilà ! Je la tiens, tenez : « J'ai échappé la mort à telle et telle rencontre : c'est mal parler, j'ai échappé la mort : j'ai évité ce péril, mais non pas la mort : la mort nous dresse diverses embûches ; si nous échappons l'une, nous tombons en une autre ; à la fin, il faut venir entre ses mains. »

Mais avant cela, tout de même, il nous reste une petite chose à faire : lire au moins une fois dans notre vie minuscule, vie minutée, vie pipée, mais vie tout de même, jusqu'à échéance, jusqu'à déchéance, l'un des plus grands textes fondateurs de la science et de la philosophie modernes. Et pour le reste, souvenez-vous, c'est bien peu de chose qu'un avis sur internet, et tout ce qui a fin est bien peu de chose. le temps viendra où cet avis qui vous semblait si long ne sera plus, où il sera comme l'enfant qui est encore à naître, où il ne sera rien. Si longtemps qu'on soit au monde, y serait-on mille ans, il en faut venir là.

P. S. : je me souviens encore, quand j'étais gamine, cet article dans un numéro de Science & Vie où le journaliste s'extasiait qu'on eût enfin pu photographier LE fossile vivant, c'est-à-dire, sous sa plume, un coelacanthe vivant dans les profondeurs de l'Océan Indien non loin des côtes africaines. Quel dommage, s'il avait ne serait-ce que lu la quatrième de couverture de L'Origine des Espèces, il aurait pu s'éviter pareille erreur et mesurer l'étendue de l'ineptie qu'il venait de débiter. On entend ça aussi parfois des limules… Fossile vivant ! Quelle sottise ! Quel contresens ! En réalité, les fossiles vivants, ça n'existe que dans les rédactions de Science & Vie ou de toute autre enseigne s'ingéniant à colporter de telles absurdités.

Est-ce qu'une espèce peut s'arrêter d'évoluer ? Évidemment non, donc, si elle ressemble trait pour trait à son ancêtre d'il y a des millions d'années, cela veut seulement dire que les pressions de sélection qui s'exerçaient alors s'exercent toujours maintenant pour cette espèce donnée, rien de plus. le fait qu'on « n'évolue pas » apparemment, ou au contraire, qu'on évolue très vite sous certaines conditions ne doit pas nous faire perdre de vue l'essentiel : l'adaptation au moyen de la sélection naturelle. Pour ceux que la question intéresse, je conseille volontiers L'Éventail du vivant, La Vie est belle, L'Équilibre ponctué, voire La Structure de la théorie de l'évolution de Stephen Jay Gould qui rafraîchissent, qui mettent à l'heure la théorie de Darwin en y adjoignant des connaissances nouvelles depuis 1859 et qui ont permis d'affiner la compréhension du mécanisme évolutif.

Il en va de même de ce fameux dessin, vu, revu, détourné, parodié, usé et qui est censé représenter « l'évolution » de l'homme depuis un ancêtre australopithèque. de petit, rabougri, poilu, l'homme devient grand, droit, glabre, remarquablement beau, fort et intelligent… Ouais, bon, il suffit de sortir dans la rue pour constater que tel n'est pas forcément le cas, et surtout, quel homme peut être assez idiot et prétentieux pour croire qu'il pourrait battre à la course ou en force pure un Néandertalien ? Et même en intelligence pure, face à un nouveau problème, n'ayant pas de rapport avec la technologie numérique, je serais curieuse de voir comment un Néandertalien et un homme d'aujourd'hui s'y prendraient. Personnellement, j'aurais tendance à miser sur le plus poilu des deux…

Bref, il faut tordre le cou à ce concept trompeur « d'évolution » dans l'acception qu'y donnent certaines ou certains. Lorsqu'on observe « l'évolution » d'une maladie, cela ne présage en rien du sens de cette évolution. Aussi, il faut se retirer de l'esprit ce qui est également un contresens, à savoir le mythe du progrès, du schéma divin, le plan préétabli vers une supposée perfection. Personnellement, je n'aurais aucune confiance en un dieu aussi mal bâti et qui ferait à son image ses créatures bourrées de contrefaçons. Pourquoi la crosse aortique ? Pourquoi l'appendice ? et la liste est infinie.

Il n'y a pas de sens à l'évolution, il n'y a que l'adaptation. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder à quoi ressemblaient les ancêtres de la sacculine (parasite de l'abdomen des crabes) pour s'apercevoir qu'elle suit apparemment le chemin inverse de l'homme vers plus de simplicité. Il faut se retirer de la bouche des horreurs du type « l'homme est plus évolué que le ver de terre ». L'homme est, par définition, « aussi évolué que » le ver de terre. Dire qu'il est plus complexe, ça c'est autre chose. En revanche, le lombric est plus évolué, au sens propre, que des animaux aussi complexes que le grand pingouin, le mammouth ou le tigre de Tasmanie, du fait même que les pauvres ont arrêté d'évoluer, grâce aux bons soins de nos amis les hommes modernes…
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L'Origine des espèces a secoué le monde scientifique et a donné lieu à des débats enflammés qui ne se sont pas encore éteints aujourd'hui. Darwin développe dans cet ouvrage les concept de « sélection naturelle » et de « descendance avec modification », qu'il étaie avec une foule d'exemples issus de la biologie et de la géologie, et de son expérience personnelle.

La version que j'ai lue est une des plus tardives, et il prend le temps de répliquer aux principales critiques des opposants à sa théorie (critiques qu'il prend très au sérieux, se disant quelque fois ébranlé par les arguments avancés).

Chose inattendue pour moi, aucune mention de l'homme dans cet ouvrage. J'avais dans l'idée que l'origine des espèces était LE livre qui avait posé l'idée que le singe et l'homme avaient des ancêtres communs, mais rien du tout. Darwin parle principalement des plantes, et des animaux les plus petits comme les insectes.

Il est amusant de constater que certaines critiques (les organes trop complexes, le manque de fossiles des « chaînons manquants ») avaient déjà été avancées du temps de Darwin, et qu'il y avait répondu. Il a notamment mis en avant quelques « candidats » intermédiaires de l'oeil. Pourtant, les critiques modernes continuent de mettre en avant ce problème de l'oeil, sans tenir compte des explications de l'auteur. Autre critique qu'on fait à la théorie de l'évolution, le manque de réfutation possible. Darwin dit cependant à de nombreuses reprises « Si quelqu'un met telle chose en évidence, ma théorie est fausse ».

Ce livre n'est pas indispensable pour comprendre la théorie de l'évolution moderne (il y a des imprécisions et des arguments considérés comme faux aujourd'hui), mais c'est vraiment intéressant de comprendre comment un scientifique a pu passer de la théorie d'une création indépendante de chaque espèce à une théorie de l'évolution, en suivant son raisonnement, en analysant ses indices et en constatant les « trous » que les théories existantes à l'époque étaient incapables de combler.
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Dans la présentation de cette réédition, Jean-Marc Drouin cite Wilberforce, l'évêque anglican d'Oxford qui demandait ironiquement au zoologiste Thomas Huxley « s'il descendait du singe par son grand-père ou par sa grand-mère ». Huxley lui rétorquait en substance « qu'il rougirait plutôt d'avoir un ancêtre comme l'évêque qui se mêle de problèmes qu'il ne connaît pas dans le seul but de les embrouiller ».
Malheureusement, nombreux sont encore ceux qui, sans aller, comme les adeptes du créationnisme, jusqu'à nier l'évolution des espèces vivantes, n'en tirent pas toutes les conséquences philosophiques sur l'interdépendance et la fraternité universelle. Aujourd'hui, ces successeurs de Wilberforce ne peuvent plus nier cette filiation, mais ils ont honte de leurs ancêtres. Ils veulent encore, en dépit de toutes les évidences, se sentir étranger au monde réel, séparés, différents et, bien sûr, supérieurs ! C'est bien dommage pour eux et pour le monde car ils perdent le bonheur de faire partie d'un fantastique organisme planétaire vivant et ignorent donc, ou sous-estiment, toutes les conséquences concernant notre immense responsabilité, en particulier dans le domaine de l'écologie.
Les rééditions de ce texte fondateur de Darwin sont d'utilité publique !
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Prenez un jeune anglais espiègle et distrait, qui s'ennuie un peu sur les bancs de l'école. Ne lui procurez ni de télé, ni de téléphone portable, ni internet : la zone. le morveux va se mettre à ramasser tout un tas de trucs qu'il trouve par terre : des coquilles, des pièces de monnaies, des cailloux et même des chenilles. Un bon à rien, quoi. Destinez-le à devenir curé, ou médecin. du coup, le garnement devenu jeune homme va se faire la malle pendant cinq ans sur un bateau, pour tenir compagnie à un capitaine irascible. Là, il va faire le tour du monde, et continuer à ramasser tout un tas de cochonneries : des oiseaux morts, des insectes bizarres, des vers dégoûtants. Une fois revenu à Londres, enfermez-le pour qu'il réfléchisse à son comportement inadéquat pour quelqu'un de sa classe, tout juste pourra-t-il correspondre avec les meilleurs spécialistes en zoologie d'Angleterre.
Laissez-ce vaurien mijoter pendant vingt ans.
Vous obtenez ce livre qui va révolutionner la biologie, et, au-delà de ça, replacer l'homme au sein du monde animal. Donc contribuer à changer la vision que nous avons du monde.
Le livre en lui-même ne fait pas dans le sensationnel : pas de photos chocs ni de formules chics ; il ne s'agit que « d'une longue argumentation », s'appuyant sur « d'innombrables petits faits », comme dit Stephen Jay Gould.
Ce livre résume le fruit de longues années d'observations minutieuses, de prises de notes, de la culture de deux cents trente-trois plants de choux, d'échanges avec des éleveurs de pigeons ou de naturalistes amateurs, de comparaisons de crânes, d'études de géologie, de physiologie, de géographie, des poils sur le poitrail des dindons mâles, et aussi, de discussions avec d'éminents spécialistes. C'est un traité sur l'élevage des animaux domestiques, un traité de botanique, un ouvrage de zoologie, tout cela à la fois.
Le génie de Darwin, c'est que, de tout ces humbles et sans doute peu glorieux travaux, il tire des conclusions extraordinaires : la descendance induit des variations de l'espèce, et de cette descendance, seuls les plus aptes survivent, sélectionnés par les conditions naturelles. Il n'y a plus d'espèces fixes, créées ex-nihilo.
Cependant, Darwin sait qu'il demeure de nombreux points obscurs à sa théorie : parmi ces points, la question des formes intermédiaires. « Pourquoi ne trouvons-nous pas, dans toutes les formations géologiques, une grande abondance de ces formes intermédiaires ? » se demande ce sacré Charles. C'est qu'il s'accroche à sa conception de transformations lentes et graduelles ! La réponse est : « Parce qu'il n'y en a pas, Charles ! »
Mais impossible de lui en vouloir : Darwin faisait avec les connaissances scientifiques de son époque, et, malgré ses qualités de déduction extraordinaires, il ne pouvait quand même pas tout découvrir. Il lui manquait la biologie moléculaire, la génétique, la théorie des équilibres ponctués, l'embryologie, et toutes ces sciences qui ont amélioré et continuent à affiner cette magnifique théorie, qu'il avait tracée dans les grandes lignes. Chapeau, Monsieur Darwin !
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« L'origine des espèces » est un ouvrage scientifique de haute volée, présentant de manière précise et argumentée les conclusion passionnées de plusieurs années de recherche théorique et de travaux d'observations de la faune et de la flore sur tous les continents du monde.

L'auteur se montre je trouve tout à fait humble et lucide, n'hésitant pas à mettre en évidence l'incompréhension de l'homme sur des phénomènes se situant à des échelles de temps le dépassant complètement.

J'ai beaucoup apprécié sa conclusion optimiste en forme de transmission de témoin à de nouvelles générations de chercheurs qu'il espérait plus ouverts d'esprit.

Lire « L'origine des espèces » est pour moi s'intéresser à l'origine de la vie, tache ambitieuse, dérangeante, effrayante bien que Darwin laisse soigneusement de coté la question tabou de l'origine de l'homme.

Si aujourd'hui la théorie de l'évolution affronte toujours la théorie de la création, on reconnaîtra qu'avec cet ouvrage doté d'une véritable approche scientifique et de beaucoup d'intuition à une époque ou la génétique était encore inconnue, Darwin marqua les esprits à tel point qu'on peut considérer qu'aujourd'hui sa théorie comme massivement dominante.
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On peut le lire une bonne fois pour toutes afin de connaître personnellement la théorie de l'évolution de Darwin et résoudre toutes ses querelles autour desquelles s'affrontent les chiffonniers : cette théorie réfute-t-elle la religion ? conduit-elle à l'eugénisme ? est-elle scientifique ?

Le doute qu'affirme sans cesse Charles Darwin face à sa théorie vous fera comprendre que celle-ci est une figure de Rorschach proposée à chaque individu, et qu'à la limite elle est simplement intéressante comme hypothèse, mais rien de plus.
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L'origine des espèces, ouvrage largement controversé, fait partie de ces livres qui ont révolutionné le monde intellectuel. Partant de l'idée que les espèces n'ont pas été créées indépendamment les unes des autres mais qu'elles descendent d'autres espèces soumises à des différences interindividuelles susceptibles d'être transmises aux descendants (variations), Charles Darwin tente de prouver que les espèces sont le produit d'une évolution et non seulement un caractère définitif. En admettant que les variations peuvent s'expliquer en partie par les conditions extérieures (climat, alimentation...), Darwin montre que celles-ci sont également le résultat d'une coadaptation des êtres vivants tenant compte de leurs conditions de vie. Si l'on sait aujourd'hui que les résultats des mutations ne relèvent pas de modifications liées à l'environnement, cet ouvrage, résultat d'un long travail d'observation et d'expériences, est une oeuvre de référence dans l'histoire des sciences.

Publié dans sa première édition en 1858, L'origine des espèces a depuis sa sortie, provoqué de nombreuses polémiques (6 éditions successives). La présente édition introduite par Jean-Marc Drouin, tente de rendre le sens initial du texte (1ere édition) par une reconstitution du texte original (suppression de passages ajoutés au fil des éditions successives et ajout de traduction de passages supprimés par Darwin dans les différentes éditions). Comparé à juste titre à Copernic ou Galilée (cf. également La vie de Galilée de Berthold Brecht) qui ont en leur temps bouleversé les mentalités et secoué l'église, Darwin démontre que l'homme n'est pas un être divin et qu'il est le résultat d'une évolution laborieuse fondée sur la survie de l'espèce. A une époque où le monde est en pleine mutation (progrès technique dans de nombreux domaines tels que l'industrie, le commerce, la médecine...), ceux qu'on appelait les découvreurs, les explorateurs et les savants se multiplient. La botanique, l'entomologie, la biologie, le géologie.. se développent à toute vitesse. On assiste d'ailleurs à une véritable révolution industrielle qui a durablement laissé son empreinte dans nos sociétés modenes. Darwin tout comme ses contemporains et adversaires Linné (nomenclature binomiale), Lamarck (théorie de l'hérédité des caractère acquis) et bien d'autres, préfigurent l'avènement de nouvelles sciences..

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"Les espèces qui survivent ne sont pas les espèces les plus fortes, ni les plus intelligentes, mais celles qui s'adaptent le mieux aux changements."
Telle est la façon dont est habituellement énoncée, y compris dans le marbre du hall de l'Académie des sciences de Californie, le précepte fondateur de la théorie sur l'évolution, du naturaliste et paléontologue anglais Charles Darwin.
Pourtant, cette phrase est falsifiée à deux titres, d'abord parce qu'elle n'a jamais été écrite par Darwin, mais plus embarrassant encore, parce qu'elle ne traduit pas correctement la théorie du scientifique.
Je vous invite à la lecture de ce livre fondateur pour y découvrir la supercherie, non de Darwin, mais de ses zélateurs plus capitalistes que biologistes.
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Ça c'est sûr, "L'évolution des espèces" ne se lit pas comme un roman et j'avoue que j'ai sauté quelques pages mais ce n'est pas par manque d'intérêt pour l'extraordinaire travail scientifique de Charles Darwin.
Il est difficile de résumer les théories développées par Darwin mais quelques points importants permettant de comprendre l'impact de cet ouvrage publié en 1859 peuvent être évoqués.
A l'époque, l'Angleterre et une grande partie du monde croient au créationnisme : dieu a créé la terre et toutes les espèces qui y vivent. La religion domine les idées et les scientifiques font, la plupart du temps, un travail d'observation sans remise en cause : ils observent les créations divines au sommet desquelles trônent Adam et Eve.
Dans son ouvrage, Darwin cite de nombreux scientifiques (naturalistes, géologues) car il n'était pas le premier à questionner ce principe. Mais il a été plus loin, il a mis en évidence que le temps nécessaire à l'évolution des espèces était possible en reliant les observations géologiques aux observations du vivant. Il a également généralisé l'universalité du principe à l'ensemble des espèces.
Il faut dire aussi que Darwin était autant philosophe que chercheur. On voit sa rigueur de scientifique dans le plan de son livre mais c'est sa vision globale qui a donné à ses travaux une telle ampleur.
Sa théorie repose sur quelques principes forts : l'évolution se fait par sélection naturelle, où les espèces qui s'adaptent le mieux survivent indépendamment de leur force ou de leur intelligence. L'évolution n'a pas une direction donnée ou un déterminisme logique mais prend place en fonction de la pression des conditions externes. L'homme n'est pas le faîte de l'évolution mais une mutation comme les autres, amenée elle-même à évoluer.
Alors non il n'a pas écrit que l'homme descendait du singe.
Je suis admirative de cet observateur hors pair qui a cherché à comprendre ce qu'il voyait de manière objective, en assemblant des faits plus que des idées imposées.

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Ce livre a marqué un tournant dans l'histoire de la connaissance du vivant. Il ne fut ni le premier (Maupertuis dès le 18e annonçait cette théorie) ni, naturellement le seul. Il explique pourquoi les espèces changent, évoluent, se diversifient, c'est-à-dire qu'il explique que des "lois" universelles gouvernent les modifications du vivant que l'on peut observer dans les documents fossiles qui nous viennent de la géologie et dans les populations vivantes qu'étudient les botanistes et les naturalistes. Plusieurs théories complémentaires sont venues depuis enrichir l'idée maîtresse de Darwin (on pense à l'épigénétique déjà annoncée par Lamarck, à l'évolution générale du cosmos par Chaisson/Reeves, à la coévolution de Picq, aux équilibres ponctués de Gould, etc...), mais celle de Darwin a incontestablement marqué un tournant qui entérina la fin -- définitive ? -- des hypothèses téléonomiques et théologiques. Rien que ça. A lire pour celles et ceux qui s'intéressent au cheminement de la pensée nécessaire à la connaissance des phénomènes.
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