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EAN : 9782283029183
592 pages
Buchet-Chastel (11/05/2016)
4.8/5   5 notes
Résumé :
"Delhi Capitale" est un récit puissant et lyrique qui embrasse à la fois les origines et les implications de l’explosion urbanistique et démographique de Delhi.

De capitale à capitalisme il n’y a qu’un pas, et c’est cette métaphore que file avec érudition et talent Rana Dasgupta : il dresse ici un portrait saisissant de la mégapole, et de l’arrogante classe aisée qui la domine aujourd’hui.

Mais Dasgupta s’aventure aussi au-delà de ce po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Né en Grande-Bretagne dans une famille aux origines indienne, Rana Dasgupte décide de s'installer à Delhi. Il consacre ce livre à cette ville, à son histoire en partant du XIXe siècle jusqu'à maintenant, ce qui nécessite d'évoquer aussi l'histoire de l'Inde, les moments clés de cette histoire, mais surtout les transformations sociologiques récentes. Mais Rana Dasgupta n'est pas un historien ni un universitaire, son livre a une approche plus journalistique, il rencontre et fait parler les habitants de Delhi, sur leurs vies, sur eux, sur la façon dont les transformations récentes du pays et de la ville les ont touchés, pour cartographier en quelques sortes les mentalités de ce qu'il considère comme la métropole du futur.

Il faut dire que ce futur n'est pas franchement désirable. Corruption, violence, l'enrichissement par n'importe quel moyen, le plus rapidement possible. Un état qui favorise les agissements des puissants, les hommes politiques à leur service, les fonctionnaires n'ayant comme but que de s'approprier la part la plus importante du gâteau en vendant leurs services au plus offrant. Et une masse de plus en plus importante d'exploités, d'exclus des biens de base, qui sont la conséquence inévitable de l'appropriation des ressources de plus en plus importantes par un petit nombre. Au milieu une classe moyenne minoritaire, qui a trouvé son compte au système et qui a pu s'enrichir dans une certaine mesure, adopter un mode de vie libéré en partie des contraintes culturelles ancestrales, mais qui se retrouve progressivement poussée vers une sorte de périphérie, en ayant par exemple de plus en plus de mal à suivre les prix du marché immobilier et dont les perspectives se restreignent, ce qui ne l'empêche pas de rêver à un enrichissement rapide, et à un changement de statut.

Le livre est sans conteste intéressant, la description des transformations très rapides de ce début du XXIe siècle réaliste, même si elle donne froid dans le dos. J'ai quand même été un peu gênée par la façon dont l'auteur se positionne par rapport au monde qu'il décrit. Une sorte de fascination semble l'habiter, une sorte de satisfaction aussi de voir le pays auquel il s'identifie de donner en quelque sorte le ton, d'être à la pointe, de gagner en puissance, de préfigurer ce qu'il pense devenir ailleurs dans un futur relativement proche. Parce que le monde qu'il décrit est quelque monstrueux, auto-destructeur, et que cette façon de vivre et de gérer les ressources communes mène tout le monde dans un mur. le livre évoque d'ailleurs le problème que sans doute très rapidement va se poser pour l'accès à l'eau, la gabegie, pollution, utilisation massive par certains pour des utilisations contestables, qui détruit rapidement ou rend inutilisable.

Je crains qu'il n'ait raison sur le rapprochement entre le monde indien qu'il décrit et les démocraties occidentales, de moins en moins démocratiques, de plus en plus gangrenées par la corruption, protégeant de moins en moins les plus démunis, avec des écarts de revenus qui se creusent, avec une partie de plus en plus importante de la classe moyenne menée vers une paupérisation progressive, une violence de plus en plus forte, l'argent qui devient la seule valeur et dont l'acquisition justifie tous les comportements, y compris délictueux et destructeurs.

Encore une fois, il ne s'agit pas d'une études avec une méthodologie scientifique rigoureuses, mais d'une série de témoignages et d'interprétations personnelles. Cela donne incontestablement un aspect vivant, plaisant à lire, même si la réalité décrite n'est guère réconfortante et que l'approche choisie limite la portée du constat. le livre incite tout de même fortement à la réflexion, et m'a fait découvrir les changements très rapides de l'Inde, loin des stéréotypes de la culture traditionnelle que je pouvais en avoir. A découvrir.
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Babelio et les Editions Buchet Chastel ne pouvaient mieux tomber en m'offrant ce livre, magnifique cadeau de double découverte. Je ne connaissais ni DELHI, ni Rana DASGUPTA. Je suis tombée « en amour » de ces deux là, Kali la dévoreuse comprise et adorée par Rana.
L'écriture légère, fluide et rythmée de l'auteur n'enlève en rien à la profondeur de ses réflexions sur tous les sujets abordés. Il ne juge pas mais cherche à comprendre le pourquoi du comment, à l'expliquer sans parti- pris. Il est extrêmement doué pour lier le présent à l'histoire, à la mythologie et propose des passerelles intéressantes qui éclairent les comportements actuels avec subtilité.
Le côté sombre, c'est cette incroyable corruption à un niveau bien supérieur à celui que nous connaissons de nos politiciens véreux. Par exemple, les bidonvilles sont régulièrement rasés dans le but de récupérer chaque parcelle de terre assainie pendant des années par les plus pauvres. Qu'importe que ces derniers soient alors repoussés toujours plus loin dans des zones insalubres et inondables. Corruption aussi au niveau des hôpitaux où les médicaments les plus chers et complètement inappropriés sont vendus aux patients. Au moment où je lisais ce passage, un article de l'Obs parlait d'une arrestation d'un directeur d'hôpital pour trafic de bébés..
Delhi, surnommée la capitale du viol est terrorisante : « une guerre larvée, mais généralisée contre les femmes ».
Le côté lumineux, c'est cette ville en constante mutation, avec un passé riche, des hommes et des femmes attachants, quelque soit le niveau social. J'ai beaucoup aimé aller à la rencontre de ceux qui ont reçu Rana et se sont dévoilés en toute sincérité. J'ai découvert aussi l'art musical qawwali, la beauté grandiose de la Yamuna, au nord Delhi, lorsqu'elle est encore propre et tant d'autres aspects de cette ville fantastique que je vous invite grandement à explorer avec Rana Dasgupta.
Mille mercis car je sais que lorsque je découvrirai Delhi d'ici un mois mon regard sera plus aigu et ouvert, grâce à ce livre qui m'a tant donné.
P.S. Seul petit « hic » au tableau, quelques fautes mais surtout quelques phrases bancales et parfois l'utilisation de mots qui n'ont rien à voir dans la phrase.
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Cette série de témoignages, recueillis avec beaucoup d'empathie, apporte une vision très instructive de la véritable révolution qui à transformé l'Inde ces dernières décennies, et tout particulièrement la ville de Delhi. Une ville qui semble concentrer tous les excès, de corruption, d'inégalités sociales et de développement anarchique. Une vision très sombre des travers de notre société mondialisée où l'argent se substitue à toutes les valeurs traditionnelles. Et pourtant l'auteur n'est jamais entièrement pessimiste :" Ce gâchis durera pas. Delhi se bat contre une rivière vieille de millions d'années : la ville ne peut remporter ce combat. Delhi aura cessé d'exister que la Yamuna coulera encore".
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A l'époque où j'ai lu "La Cité des Djinns" de William Dalrymple, je me suis demandée que reste-t-il de cette Delhi de la fin des années 80, une ville qui s'écroulait déjà sur elle-même seulement quatre décennies après l'Indépendance. Connaissant un peu Delhi, je me suis aperçue de certaines métamorphoses sur le terrain, certaines ayant eut lieu en seulement deux années. Pour la connaître profondément, il faut bien plus qu'un passage furtif dans cette ville, il faut la vivre quotidiennement.

Rana Dasgupta, à travers "Delhi Capitale" m'a apporté la réponse tant attendu et bien plus encore. Dans cet ouvrage, Rana Dasgupta s'est concentré en premier lieu sur l'élite de la "The new Indian middle class", une classe émergente que l'on pourrait classer de bourgeoise et situe son analyse sur la Delhi au début du 21ème siècle. Pour mener à bien son investigation, il s'est intéressé aux habitants de Delhi (de toutes castes, de toutes origines, des quartiers huppés aux bidonvilles du Nord) à travers divers entretiens certains sous couvert d'anonymat. "Delhi Capitale" est un ouvrage parfaitement bien orchestré, on y apprécie ces plongeons dans l'histoire, les faits divers, la politique, la corruption, l'économie, le domaine de la santé ... Il n'y a aucun tabou et (presque) tout y est révélé. Rana Dasgupta n'est pas là pour dresser un portrait idyllique de la capitale indienne. Il nous présente Delhi telle quelle, sans artifices et ne lésine pas sur les détails même les plus infâmes, les plus sordides, les plus inhumaines, ... Presque apocalyptique.

"Delhi Capitale" est un ouvrage à lire sans tarder. Il permet de comprendre Delhi et à travers Delhi, l'Inde. Merci Rana Dasgupta pour cet excellent portrait.

Lien : http://atasi.over-blog.com/2..
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Passionnée par la culture et l'histoire de l'Inde depuis de nombreuses années, je me laisse souvent tenter par des titres qui évoquent ce pays: romans, essais, albums jeunesse ou BD. C'était donc l'occasion d'en apprendre davantage sur cette mégapole indienne.

Certaines réalités de Delhi sont ici décryptées, à travers des témoignages (des discussions privées) et des analyses de l'auteur, tentant d'expliquer la manière dont elle a évolué, revenant sur les évènements marquants de son histoire, ses multiples traumatismes, évoquant le contexte politique, présentant une société contrastée, ayant évolué très vite. Trop vite? C'est une question qui est d'ailleurs soulevée.

Une écriture de qualité, un contenu intéressant et sérieusement documenté, tout s'articule bien, c'est même assez prenant. Malgré mon intérêt pour les sujets abordés, la lecture m'a demandé une concentration importante, il m'a fallu plusieurs semaines pour atteindre les dernières pages.

J'ai ressenti le besoin de faire de nombreuses pauses, car c'est une lecture qui a un peu heurté ma sensibilité: de nombreux passages sont durs, poignants et ont provoqué tristesse et révolte intérieure pour ces populations manipulées et spoliées, pour tous les exclus, expropriés au nom de l'urbanisation et du capitalisme.
Sensation de dégoût aussi devant la corruption, la violence urbaine ou celle faite aux femmes dans leur quotidien, et les existences médiocres de cette classe aisée vivant dans un luxe écoeurant.
Je n'étais pas sans ignorer ces réalités, mais entrer dans les détails, c'est autre chose surtout à travers des témoignages, ça prend vraiment aux tripes.

L'auteur n'épargne pas le lecteur, mais il le fait avec une certaine objectivité, et incite à une profonde réflexion. La beauté de Delhi s'efface presque devant ce portrait si pessimiste, de mon point de vue. J'attendais un peu plus de la conclusion, qu'elle vienne nuancer ce qui a été dit, en ouvrant d'autres perspectives. Je me suis finalement laissée porter par la Yamuna.

Découvrir Delhi sous cet angle était éprouvant par certains aspects mais captivant, je recommande ce livre.
Lien : http://www.lelivroblog.fr/ar..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
....l'approvisionnement en eau de ces puits dépendait d'un réseau vaste, mais mis à mal par la bétonisation à l'époque moderne. La profusion de surfaces bâties empêche l'absorption de l'eau par ce réseau souterrain qui, de plus, est considérablement diminué par la disparition des forêts. Le drainage industriel détourne les rivières de leur ancien cours. Le bitume des chaussées empêche l'infiltration séculaire de l'eau dans la terre.
Les craquèlements de telles ruptures sont à peine audibles à nos oreilles contemporaines. Ce que nous imposons aujourd'hui à la nature est à ce point ancré en nous qu'il nous est difficile d'évaluer l'excellence des anciens procédés que nous avons remplacés. Nous sommes programmés pour trouver infantile toute technique pré moderne et pour opposer notre scepticisme aux visions fantasmagoriques d'empereurs du Moyen Age.
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Le cynisme de Delhi découlait de son histoire et d'un sentiment ancien qu'elle avait : le monde n'existait que pour dérober, détruire et profaner votre bien le plus cher. Delhi aurait été corrompue en toutes circonstances. Mais la raison pour laquelle, au début du XXIe siècle, la corruption y avait atteint des niveaux faramineux, était sa position de capitale, de siège, de politique fédérale.
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... Regardez les, ces hommes à qui on a tant appris à refouler leur part de féminité qu'ils ne peuvent s'empêcher de piétiner filles et femmes à l'extérieur. Voyez combien ils désirent ce soufi sur la scène, le beau musulman pleureur et mélodieux, aux passions débordantes, l'homme de poésie et d'éloquence, l'homme qui incarne le désir universel, l'homme qui n'a pas sacrifié ses sentiments, qui n'a jamais appris qu'extase et chant étaient efféminés...
...Voyez comment il est capable de leur restituer tout ce qu'ils ne sont plus.
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Jeux du Commonwealth de 2010.
On a estimé que les préparatifs des jeux, sans compter les projets de développement annexes, coûtèrent finalement plus de 6 milliards d'euros, contre un budget initial de trois cent millions ; il était évident que la plus grand partie de l'augmentation était due à l'immense racket des bureaucrates et de leurs amis dans le bâtiment et le commerce, qui surfacturaient (à titre d'exemple, les organisateurs payèrent le papier-toilette 90 euros le rouleau) et livraient moins que prévu.
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"L'un des seuls endroits que j'aime encore, que j'aime du plus profond de mon coeur, est le mausolée de Nizamuddin Auliya. Il représente la continuité de cette ville, du moins dans les sept cents dernières années : sa culture, son âme, sa langue, sa poésie. Allez-y aujourd'hui et vous y croiserez des riches et des pauvres, des hindous et des musulmans, des indiens et des étrangers - car Hazrat Nizamuddin continue de promouvoir une culture égalitaire, tout comme il l'a fait toute sa vie."
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Video de Rana Dasgupta (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rana Dasgupta
Rana Dasgupta - Solo .Rana Dasgupta vous présente son ouvrage "Solo" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire 2012.http://www.mollat.com/livres/rana-dasgupta-solo-9782070127085.htmlNotes de Musique : The rough guide to the music of India - 2 O, River
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