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EAN : 9791039203555
600 pages
Archipoche (13/07/2023)
4.07/5   27 notes
Résumé :
Un garçonnet de sept à huit ans, poussé trop vite, un peu ridicule dans le costume à l'anglaise dont il est affublé, mais séduisant par sa grâce et son air de douceur, voilà Jack. Pourquoi le supérieur du collège de Vaugirard murmure-t-il avec tant de compassion « Pauvre enfant... » quand Mme Ida de Barancy, furieuse, sort avec son fils dont il n'a pas voulu comme élève ? Pourquoi Mme Moronval a-t-elle la même réaction quand il devient pensionnaire au Gymnase Moronv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Nous avons eu l'occasion de le souligner à maintes reprises lors de précédentes chroniques : Alphonse Daudet n'est pas que le chantre de la Provence qui nous a enchantés avec « Les Lettres de mon moulin » et « Tartarin de Tarascon ». Il est aussi un grand romancier réaliste dans le sillage de Flaubert, et même naturaliste dans celui de Zola, De Maupassant et des frères Goncourt, tous écrivains qu'il admirait, et dont il était l'ami.
« Jack » est un roman injustement méconnu. Comme son auteur. Il faudra bien un jour replacer à leurs vraie place ces belles réussites que sont « Fromont jeune et Risler aîné » (1874), « Jack » (1876), « le Nabab » (1877), « Les Rois en exil » (1879), « Numa Roumestan » (1881), « L'Immortel » (1888), etc.
De cette poignée de titres, il faut réserver une place de choix à « Jack » qui est sans doute le chef-d'oeuvre de l'auteur (même en comprenant son oeuvre « provençale ») : il met l'auteur au niveau des meilleurs écrivains français (en particulier ses amis cités plus haut) mais également au niveau de ses confrères européens comme Dickens en Angleterre, Tourgueniev, Tolstoï ou Dostoievski en Russie.
L'histoire de Jack, c'est la narration pathétique d'une vie qui ne l'est pas moins. Avec ce préambule, vous vous dites : on a compris c'est un bon vieux mélo qui annonce « La Porteuse de pain » de Xavier de Montépin, ou « l'e Maître de forges » de Georges Ohnet. Eh bien permettez-moi de vous dire que vous vous mettez le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate (et c'est bien parce qu'on ne peut pas aller plus loin !) : Jack est certes un roman triste, et souvent tragique, mais c'est un roman réaliste, qui ne tend qu'à montrer comment une enfance malheureuse se poursuit une jeunesse qui ne lui apporte pas plus de bonheur. Si vous connaissez Alphonse Daudet, vous savez que c'est un auteur sensible mais pas spécialement complaisant, un homme qui sait compatir avec les plus pauvres que lui, sans pour autant « faire pleurer Margot ».
Le petit Jack n'a pas de père mais hélas il a une mère. Oh, pas spécialement méchante, mais écervelée, égoïste et peu farouche côté relations humaines (vous voyez ce que je veux dire). Pour avoir les mains libres (et quand je dis les mains…) elle met Jack en pensionnat où il essuie brimades et mauvais traitements. Elle-même s'amourache d'un prof, type même du raté qui mettait déjà en pratique la citation que fera Bernanos un demi-siècle plus tard : « les ratés ne vous rateront pas » Il prend Jack en grippe dès le premier jour et sera son persécuteur toute sa vie. Après l'école des écoliers, c'est l'école des travailleurs (l'école de la vie) : Jack est embauché dans une sidérurgie (tout ce passage du roman fait furieusement penser à Zola), puis il est chauffeur dans le ventre d'un bateau à vapeur, et enfin ouvrier d'usine… Mais ses épreuves ne sont pas finies…
Bien sûr, avec un scénario comme ça, Margot finit par pleurer, forcément, même si l'auteur ne l'a pas écrit dans ce sens. On ne peut que l'aimer ce pauvre garçon, si peu favorisé par l'existence. Dans ses descriptions, jamais Daudet n'a été aussi proche de Dickens, à la fois dans le compte rendu minutieux et terriblement impitoyable des évènements, mais aussi dans l'attention portée aux humbles, aux déclassés.
Si vous avez du coeur vous aimerez Jack, son amour pour sa mère (si mal payé de retour), et vous serez sensibles à ses déboires.
Si vous n'avez pas de coeur, vous admirerez le cynisme de ces personnages odieux, vous apprécierez à leurs justes valeurs leurs manigances répugnantes, et vous applaudirez à l'aube triomphante d'une industrialisation qui ne lésine pas sur les dommages collatéraux.
En tous cas vous aurez la confirmation qu'Alphonse Daudet est vraiment un grand écrivain.

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Jack (avec un k) est un blondinet doux et gentil qui n'a jamais connu son père. Sa mère, Ida de Barancy, fausse comtesse mais vraie « cocotte » plutôt écervelée veut le placer dans un pensionnat pour avoir les coudées franches et profiter de la vie. Refusé par un établissement sélect, il échoue au Gymnase, piètre internat spécialisé dans l'accueil des « Petits pays chauds », enfants de notables, potentats ou roitelets d'Afrique ou d'Asie, désireux de donner à leur progéniture une éducation à la française. Sa mère tombe follement amoureux du professeur de français du Gymnase, un certain Vicomte d'Argenton, raté notoire et ombrageux poète qui va s'acharner à rendre la vie infernale à l'enfant. Et ce n'est que le tout début d'un long calvaire...
Un roman social et émouvant qui permet de suivre le sinistre déroulement d'une vie gâchée par l'insouciance d'une mère indigne et la méchanceté d'un beau-père sadique. le malheureux Jack d'Alphonse Daudet peut dignement tenir la comparaison avec les autres enfants souffre douleur de la littérature comme Olivier Twist, David Copperfield, Poil de Carotte ou le Petit Chose. En plus d'une analyse particulièrement fine des caractères et des situations sociales d'une époque (condition des filles-mères subissant la honte et le déclassement), Daudet nous fait découvrir le travail ou plutôt l'exploitation honteuse des enfants dans la sidérurgie où Jack souffrira quatre années et dans les entrailles des grands bateaux à vapeur où il sera « chauffeur ». Sur ce registre naturaliste et social, Daudet rejoint Zola. Avec sa fin dramatique, ce livre peut paraître un peu mélo pour un lecteur d'aujourd'hui alors qu'il n'est que dramatique et surtout réaliste. Daudet, auteur apparemment léger, aimable et distrayant, ne se faisait aucune illusion sur la nature humaine et sur les rapports sociaux de son temps. Un grand classique.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Jack est un petit garçon blond, au visage angélique, fou d'amour pour sa maman, la fausse comtesse Ida de Barancy. Venue de la ville de Tours avec son enfant illégitime, cette femme est entretenue par un monsieur plus âgé, que Jack appelle « bon ami ». plutôt « embarrassée » au quotidien par la présence de l'enfant et poussé par son protecteur, la mère tentera tout d'abord de placer Jack chez les Jésuites de Vaugirard (qui n'en voudront pas, soupçonnant une naissance coupable et rejetée par la bonne société …) Finalement, le « pauvre enfant » se retrouvera pensionnaire du Gymnase de Moronval (avenue Montaigne) qui – contre toute attente – se révèlera être un bouge immonde où végètent de malheureux enfants, oubliés là par des parents riches et indignes …

Après la mort tragique du « petit roi » du Dahomey (traité comme un esclave, peu après la destitution de son royal père) dans cette sordide pension – et seul ami de Jack – celui-ci se sauvera afin de rejoindre sa mère, exilée à Etiolles où elle s'est installée en compagnie de son nouvel ami, l'orgueilleux d'Argenton (un ancien professeur qui se pique d'être un poète méconnu …)

De nombreuses années de chagrin et de déceptions attendent notre jeune « héros », qui aura eu plus que sa part de souffrance (physique et affective) sur cette terre ! …

Un magnifique (et bien sombre !) récit que nous a laissé Alphonse Daudet (voir les notes de l'écrivain en fin d'ouvrage, ainsi que celles de son fils Lucien Daudet) Et ne pas manquer de lire – également – la préface d'Émile Zola
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Quel poissard ce pauvre Jack !
Alphonse Daudet n'est pas tendre avec son personnage, il le ballote de galères en galères non sans cruellement lui ménager de fugaces et trompeurs intermèdes de bonheur.

Né sans père, il est choyé par sa mère, une tête de linotte entretenue par un riche vieillard. Plus tard elle s'entiche d'un bellâtre prétentieux qui s'ingéniera à l'éloigner de ce fils encombrant. Jack traverse de nombreuses épreuves, des bancs d'une école très particulière à une formation d'apprenti dans une aciérie pour échouer dans l'alcoolisme et la salle des machines d'un paquebot transatlantique. Il échappera à ce terrible labeur à l'occasion d'un naufrage pour goûter à la rude vie d'ouvrier d'usine.

Ces pérégrinations permettent à l'auteur une peinture réaliste de la vie parisienne de son époque et particulièrement de la condition ouvrière, des pauvres .

Comme Maupassant, Daudet n'échappe pas aux clichés racistes de son temps mais sur ce point, son récit déroute et esquisse ça et là des inflexions plus progressistes.

Intéressant pour moi qui depuis la primaire, ne connaissait de l'auteur que ses "Lettres de mon moulin ".
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De routes en rues, les aventures se font déboires aux détours parfois tortueux.

Aventures à lire et découvrir avec intérêt et curiosité pour le personnage.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C’est pour cette raison qu’il a envoyé l’enfant si loin, si loin. Mais le cœur des mères, même de celles-là, est fait de telle sorte, que plus les enfants sont loin, plus elles les aiment, comme si elles voulaient, à force d’amour, combler la distance et rapprocher les cœurs.
Depuis le départ de Jack, sa mère, tourmentée par ses remords, l’adorait de toute la faiblesse qu’elle avait mise à l’abandonner. Elle évitait de parler de lui pour ne pas irriter le poète, mais elle y pensait.
Il devinait cela. Sa haine pour l’enfant s’en accrut, et aux premières lettres de Roudic se plaignant de l’apprenti, il avait eu des dédains satisfaits.
— Tu vois ! on ne pourra pas même en faire un ouvrier.
Mais cette pensée ne suffisait pas à le contenter. Il aurait voulu humilier Jack, l’abaisser encore. Cette fois, il allait être heureux. Aux premiers mots qu’il lut de la lettre d’Indret, car enfin il s’était décidé à l’ouvrir, cette lettre, sa figure pâlit d’émotion, ses yeux flambèrent d’une espèce de triomphe méchant :
— J’en étais sûr !
Puis, tout de suite, devant la mise en demeure qui leur était faite de rembourser la somme, il prévit une foule de complications désagréables, et ce fut d’un air navré qu’il tendit le pli à Charlotte.
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Rappelle-toi bien ceci, mon enfant, les livres sont les vrais amis. On peut s’adresser à eux dans les grands chagrins de la vie, on est toujours sûr de les trouver. Moi d’abord, sans mes bouquins, avec le malheur que j’ai eu, il y a beau temps que je ne serais plus là. Regarde-moi cette caisse, petit. Il y en a une vraie tapée, hein ?… Je ne te réponds pas que tu les comprendras tous maintenant. Mais ça ne fait rien, il faut les lire. Même ceux que tu ne comprendras pas te laisseront de la lumière dans l’esprit.
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Rappelle-toi bien ceci, mon enfant : les livres sont les vrais amis. On peut s’adresser à eux dans les grands chagrins de la vie, on est toujours sûr de les trouver.
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Et c’est là la vraie grandeur, la vraie puissance des poètes, de s’adresser à tous dans l’histoire d’un seul, de suivre, en apparence immobiles en leur génie, tous les voyageurs de la vie, comme la lune, par les beaux soirs, semble se lever en même temps à tous les coins de l’horizon, accompagnant d’une pitié tendre, d’un regard ami, tous les pas isolés, tous les errants du chemin, et les éclairant à la fois, jamais pressée ni jamais lasse.
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Singuliers types ces garçons des banlieue, flétris, effrontés, avec leurs mentons rasés, leurs grands favoris tombants laissant voir la bouche, lui donnant des expressions ironiques, sévères, administratives. On aurait dit des préfets destitués et réduits à des besognes humiliantes
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Quel livre possède à la fois le parfum de l'enfance et tient lieu d'elixir de jouvence ? Un moulin… des lettres… et surtout le mistral et le chant des cigales…
« Lettres de mon moulin » d'Alphonse Daudet, c'est à lire au Livre de poche.
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